L'île de la Française

« Allez… Encore un ou deux… » Fit le Phoenix « Profitez-en !! C'est pas tous les jours que j'aurais l'énergie et le temps de chroniquer 4 ou 5 Livres… » « David, le manuscrit, je te prie » C'était « L'île de la Française » de Metin Arditi.

« Oui, Dieu les avait oubliés. Ils vivaient dans la pauvreté, le deuil, et très souvent, le désespoir. Mais y avait-il au monde plus bel endroit ? »

Ca parle beaucoup de Christ, de Religion… Et des Grecs, ça oui les Grecs reviennent tout le temps sur le tapis…

« C'était Emilia, qui ne supportait pas la vue du sang et refusait de se mutiler. Ostracisé, n'ayant nulle part où aller, elle s'était pendue.
Clio la regarda, liquéfié. Où avait-elle mis les pieds ? »

A-t-on vraiment besoin d'aller plus loin ?! … Sautons quelques pages… C'est l'éternel histoire de la domination et soumission chrétienne. Je veux juste savoir si l'héroïne arrive à s'en sortir… Mais je ne vous le dirais pas.

Alors, ça passe ou ça casse ?

Phoenix
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Après le bâtard de Nazareth, Metin Arditi ne quitte pas Jésus-Christ, d'une autre manière, moins iconoclaste, dans L'île de la Française. le roman comporte deux intrigues, très liées, l'une concernant la disparition mystérieuse de la fille d'une photographe française sur une petite île grecque, l'autre se déroulant dans un monastère de la même île, qui ne respire pas la joie de vivre. L'auteur, que ses lecteurs les plus fidèles suivent avec plaisir depuis le milieu des années 2000, possède un art de la narration qui perdure même s'il semble évident qu'il ne nous offrira plus un livre aussi brillant que le Turquetto, par exemple. L'île de la Française se lit d'une traite, comme un thriller haletant, écrit dans un style dégraissé qui vise l'efficacité et y parvient sans effort apparent. Un certain nombre d'événements pourraient faire tiquer, cependant, à commencer par la manière dont les religieuses découvrent soudain que leur foi n'a pas besoin d'être aussi chevillée au corps (désemparées, les moniales), ceux qui ont lu le livre comprendront l'image. Arditi passe sous silence un certain nombre de détails qui rendent plusieurs situations incongrues, pour le moins, voire même impossibles à croire. On lui pardonne car il s'agit d'une fiction, avec ses raccourcis et ses facilités, et parce que les portraits de femmes sont très beaux. Sans compter l'émotion qui vient peu à peu prendre toute la place à la toute fin du livre, entre deuils et renaissances.
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Sur Saint Spyridon, une île grecque, la vie est difficile.
Nombre de jeunes filles entrent au couvent pour échapper à la misère. C'est le cas de Clio, 13 ans, qui après avoir travaillé chez Odile, une française passionnée de photographie, prend le voile et entre au monastère.
Le quotidien est dur... Silence, auto-flagellation, humiliation... La jeune fille passe quelques années à vivre de cette manière. Mais un jour, Pénélope, la fille d'Odile disparaît... Pour alléger la peine et le quotidien d'Odile, le maire demande alors à la mère supérieure, l'autorisation de laisser Clio travailler quelques heures chez Odile. Elle découvre alors la photographie et à travers cela, la beauté des corps...

Quel roman magnifique!

Je retrouve avec beaucoup de plaisir la plume et le ton de Metin Arditi. Tout n'est que douceur, volupté, sensualité et sensibilité pour traiter de sujets difficiles tels que le deuil, le regard que l'on porte sur soi et sur l'autre, le rejet... Les thèmes chers à l'auteur sont également présents et traités avec toujours autant de finesse : l'art, la foi, le corps, l'exil et l'identité.
La photographie est ici mise à l'honneur, en ce qu'elle permet aux corps de se révéler et à la beauté de s'illustrer. La manière de vivre sa foi est aussi beaucoup interrogée. Faut-il s'oublier jusqu'à la souffrance pour rendre justice et gloire au dieu auquel on croit? Reconnaître la beauté en toute chose et l'importance de la vie, ne serait-ce pas la meilleure manière de pratiquer et remercier son dieu?

Tout cela est autant de questions que l'on se pose lorsque l'on tourne les pages de ce roman magnifique, que je vous empresse de découvrir!
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Dans son dernier roman, Metin Arditi nous emmène sur Saint-Spyridon, une île grecque (imaginaire) loin d'une Grèce de carte postale, sur laquelle éclata un scandale qui secoua toute le pays. Fin 1950, le pays est exsangue et beaucoup de jeunes femmes n'ont pas d'autre choix que celui de rentrer au monastère de l'île. Ce sera le cas de Clio, qui a travaillé pour Odile, la Française photographe avant de s'y résoudre.  Lorsque la fille d'Odile, Pénélope, avec laquelle elle a toujours eu une relation compliquée, disparait, elle renoue avec Clio autorisée alors à sortir du monastère...

C'est une histoire de regard à la fois sur le corps et sur la foi. Il y a un vrai parallèle entre la photographie, où la photographe s'efface pour mieux révéler l'âme de ceux qu'elle photographie et la vie monastique où les moniales s'effacent pour mieux servir le Christ.
L'higoumène ( la supérieure) impose, par une interprétation dévoyée des textes, des comportements qui sont la seule façon dont les moniales ont conscience de leur corps. L'irruption de la photographie au sein du monastère va être une révélation et transformer leur vie.

C'est une histoire de femmes car si les hommes sont présents dans le roman, à part André, le mari d'Odile dont l'esprit est partout, les autres sont lâches. Les femmes, elles, ont de fortes personnalités et de profondes failles. Odile, Clio, Andonia, Dimitra, toutes ces femmes vont vivre une sororité qui va leur permettre de se reconstruire mutuellement.

C'est une histoire de destin. La fatalité à travers la disparition de Pénélope. le sort des moniales qui va se trouver bouleversé à la suite du scandale qui éclate lorsque les photos prises au monastère seront exposées. le destin des grecs exilés d'Asie Mineure dans les années 20  considérés comme des étrangers chez eux. le destin de Clio, tellement différent de sa vie au début de l'histoire...

C'est un roman assez court, rythmé, les chapitres s'enchaînent sans temps morts. C'est un très beau roman plein de sensualité où l'on retrouve les thèmes chers à l'auteur: l'exil, la filiation, le rapport au corps, la foi et... la beauté !

Metin Arditi nous livre ici une histoire tragique pleine de bon sens et de remises en question. Dans les années 50, Odile, photographe française, passe de nombreux été sur l'île de Saint-Spyridon, en Grèce. Une île ravagée par les guerres successives, pauvre mais tellement authentique. Elle voue une véritable passion pour la photographie, une passion qui va d'un côté lui apporter la renommée artistique, mais d'un autre côté lui faire perdre tout ce qui lui était précieux. J'ai été transporté par cet univers monacal et artistique, cette détresse que l'on ressent mélangée à de l'espoir. Un roman fort et juste qui nous rappelle que finalement, tout n'est qu'une question de point de vue.