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EAN : 9782010130519
259 pages
Hachette Littérature (19/04/1990)
3.5/5   17 notes
Résumé :
Elles s'appelaient Divine. Elisa, Marie en Tête, Marie Coups de Sabre, Marguerite, Aglaé, Caca, Bijou, Olympia, Pépé la Panthère, Poil ras, Poil long, Crucifix, Irma, Amanda, Octavie, Belle Cuisse, Titine, Pieds fins, Paulette, La Grimpée, Gina, Nana, Fernande, Rosa... On les nommait courtisanes, filles de joie, de nuit, d'allégresse, de beuglant, d'amour, filles en circulation, filles à parties, à barrière, pierreuses, soupeuses, marcheuses, cocottes, hétaïres, hor... >Voir plus
Que lire après La vie quotidienne dans les maisons closes, 1830-1930Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Les maisons closes font aujourd'hui encore débat, et ce débat ne date pas d'hier. Il n'a d'ailleurs pas beaucoup évolué, et les mêmes « solutions » reviennent en boucle avec une certaine régularité : les fermer et pourchasser les prostituées, ou au contraire les régulariser pour mieux les canaliser et les surveiller. Mais au final, chacun des deux camps en donne une image caricaturale et il est très difficile d'avoir une vue d'ensemble de la situation.

Cet essai détaille l'histoire des maisons closes en France durant un siècle, de 1830 à 1930 : qui les tient, qui y entre, qui les fréquente, et pourquoi. Même dans cet intervalle réduit, dans l'espace et dans le temps, les situations varient à l'extrême, entre les maisons luxueuses des grandes villes et les bauges miteux près des ports.

Ce qui frappe particulièrement en parcourant l'essai, c'est l'arbitraire qui règne sur le quotidien de toutes les personnes impliquées. Elles peuvent difficilement se plaindre puisque la plupart sont dans des situations irrégulières, et les abus ne provoqueront pas beaucoup d'indignation : quelle personne de bonne réputation oserait prendre la défense des prostituées ? Toute prise de position en leur faveur va forcément attirer les suspicions.

Alors, quels que soient les lois et les arrêtés municipaux, qu'ils soient en faveur ou en défaveur des maisons closes, c'est au final l'agent sur le terrain qui décidera du sort de l'endroit. La corruption règne en maître sur le milieu : celui qui devait fermer la maison en devient le pensionnaire le plus assidu, et à l'inverse celui qui est chargé de la protection des lieux n'hésitera pas à prélever une lourde taxe pour ses services, par la violence s'il le faut.

Le voyage dans ce drôle de milieu était plutôt intéressant. Et placé comme il est, au coeur de tous les points sensibles de la société : argent, sexualité, organisation sociale, … il n'a pas fini de faire couler de l'encre.
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J'ai trouvé ce livre dans une boîte à livres. La prostitution est un sujet qui m'intéresse beaucoup et Laure Adler une journaliste que j'ai appréciée.
Le titre m'a fait croire qu'il s'agissait d'un travail d'historienne. Ce qui prouve que je suis plutôt forte pour m'inventer des histoires.
Pourquoi penser qu'une journaliste ferait un travail poussé avec comparaisons et diversification de sources, avec tableaux chiffrés et un compte rendu aussi neutre que possible de ces recherches analytiques ?
Laure Adler romancière nous a fait ici principalement du roman. Je n'y étais pas prête.

Y compris dans le style que je n'ai pas l'heur d'apprécier,trop " je tourne autour du pot,je dis ça mais je dis rien". Les paraphrases c'est bien à petites doses. Et en ce qui me concerne l'avis personnel de l'auteur ne m'intéresse pas trop, il n'a de valeur que celle d'exister.
Les sources sont pour beaucoup littéraires. Je ne m'attendais pas à ce que l'auteur se réfère si souvent ( presque essentiellement) aux textes de Zola,Carco,Sue, Bruant, Dumas, Huysmans Hugo,que des gens bien, mais romanciers certes témoignant de'leur époque,mais avec leurs tripes leurs ressentis,pas historiens,et aussi ces langues de vipères aristocratiques de Goncourt frères,etc... Il aurait été bien que les autres personnes auxquelles elle se réfère par ailleurs soient présentées d'une phrase.

Pour moi c'est insuffisant pour être aussi proche que possible de la réalité historique. C'est d'autant plus surprenant que la bibliographie est importante . Mais le nombre ne fait pas la qualité des sources.

Alors quand même il y a un chapitre sur les rôles de la police qui m'a intéressée.

Tout le reste c'est du resucé,si je peux me permettre cette expression. Pour moi en tout cas.

Donc,oui, déçue, mais ça me passera.




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J'ai été déçu de cet ouvrage.

Je m'attendais à obtenir de plus amples explications sur la vie au sein d'une maison close.

Mal m'en a pris.

J'ai eu l'impression de relire Filles de noce d'Alain Corbin - Un calvaire.

Seul point positif, c'est un ouvrage de vulgarisation. Par conséquent, n'importe quel lecteur intéressé, pourra s'immerger dans ce monde.
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Finalement, il s'agit plus d'une histoire de la prostitution française (voire parisienne) qu'une histoire des maisons closes, car l'essai brosse un portrait plus général que celui annoncé par le titre. On trouve un foisonnement de chiffres et de références qui ne plombe pas la lecture, bien au contraire, cela se lit comme un roman, excepté que les horreurs racontées là (notamment le chapitre sur les petites filles...) se sont vraiment produites.
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Une étude effrayante sur la condition des prostituées et des femmes en général. Un livre salutaire, documentaire et qui ne plait pas à tout le monde. Évoquer les maisons closes a laissé supposer aux personnes à qui j'en ai proposé la lecture des descriptions de scènes affriolantes. Nous sommes bien loin de ça, très très loin même. Je suis sortie de cette lecture effarée, pas étonnée mais sidérée par l'ampleur du phénomène et la manière de le traiter au cours des décennies. Un voyage particulier, qui ne peut pas laisser de marbre.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Elles attendent la tombée du jour. Tapies dans les maisons, habillées en bébés ou couvertes de mousseline transparentes, debout derrière les volets éclairés par la lueur du gros numéro rouge ou assises dans les fauteuils profonds du salon, elles patientent. La nuit sera longue. Bottines hautes, corsages échancrés, bouche rouge, yeux charbonneux, elles descendent dans la rue et gagent, de leur démarche à la fois lascive et joyeuse, le coeur des villes. Elles cherchent les flaques de lumière, les cafés animés, les restaurants ouverts. Elles relèvent un peu leurs jupes et décochent des oeillades. Quelques fois, elles apostrophent l'homme et, d'une voix caressante, parlent d'amour et d'argent. Blancheur des jupons, beauté des regards. Circulation de désirs. Ces femmes sont à vendre et elles le disent. Chair offerte à monnayer. On peut toujours discuter. Les prix sont libres. Ils dépendent de l'heure, de l'aspect et de la gentillesse du client, de l'état d'esprit de la fille.
Dans la chambre à coucher, le lit n'est pas encore défait. La nuit est pourtant avancée. De la salle à manger parviennent des voix, des bruits de verres qui s'entrechoquent. Autour de la table, des femmes sont enlacées. Les hommes, l'air hébétés par la fatigue et par l'alcool, regardent d'un oeil agacé et gourmand ces cajoleries entre femmes. Parmi eux, un homme sait qu'il va rester. Lui aussi il patiente. Il penses au moment où il se retrouvera dans les bras de cette femme à qui il donne à corps perdu sa fortune, son honneur, sa dignité, il aime ça. Il aime qu'on dise de lui dans les dîners, sur les champs de course, dans les salons, qu'il flambe tout ce qu'il a amassé pour une beauté que ses amis aimeraient tant posséder.
(...)
Au-delà donc de la prostitution comme phénomène de société qui a engendré pendant un siècle les commentaires passionnés des différents acteurs de la scène sociale, j'ai cherché à retrouver les prostituées, des femmes après tout comme toutes les autres femmes.
Dans cette déambulation, le réel et le fantasme vont donc s'enchevêtrer inéluctablement.
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L'odeur de l'amour dans les maisons closes est celle des marais chéris des iguanodons. Ce n'est pas une odeur conjugale, mais une odeur où la préhistoire se révèle .
c'est donc amusant de n'être qu'une cellule vivante, étalée sur un divan de velours rouge, cependant que le Jazz band infernal de Paris rythme la danse quotidienne des affaires (Pierre Mac orlan, l'inflation sentimentale)
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Depuis les découvertes de Wassermann, la syphilis n'est plus une maladie incurable et le client peut, en toute tranquillité, aller assouvir ses pulsions.. moins de fantasmes, certes, mais plus de sécurité. La maison d'abattage commence à fonctionner et l'eros center
n'est plus très loin... Finie l'étrange langueur qui saisit l'homme à l'approche de la femme, oubliée l'atmosphère glauque et vénéneuse des amours de la nuit où le monde peut basculer. Pas question de reprendre la complainte et de tomber dans le piège des
clichés les plus romantiques de la prostitution. Mais le bordel n'était peut-être pas, comme l'ont pensé si fort moralistes de tous bords, une bastille à détruire.
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La pierreuse misérable des fortifs comme l'horizontale richissime du faubourg Saint-Honoré appartiennent à la même communauté et partagent la même expérience : elles connaissent les hommes dans leurs tréfonds. Elles ont appris jusqu'à l'amertume les mécanismes du désir sexuel et savent que le monde n'est qu'un gigantesque lupanar.
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Partout les règlements municipaux, d'une sévérité inouïe, sont appliqués. Voici une échelle des peines majeures appliquée par les tribunaux, dans les années 1880: 15 jours à un mois de prison pour
s'être montrée à des heures indues,
attaquer les hommes avec insistance de manière à les fatiguer en voulant les entraîner malgré eux.[ Extrait.]
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