13 juin 2022
« Cest une sorte de dystopie ou les rapports de genre sont inversés, dans un monde dirigé par des femmes et où les hommes font office de chair fraiche. »
On a adoré écouter Ovidie nous parler de sa série, Des Gens Bien Ordinaires, disponible sur CANAL+
La beauté et la soumission sexuelle sont les seules choses que nous ayons à monnayer contre une bonne situation ou contre un capital social, une particule ou un poste, et pourquoi pas contre des papiers, puisque les hommes sont prêts à croire, en toute bonne foi, qu'une jeune fille de la moitié de leur âge, rencontrée en Thaïlande, pourrait tomber amoureuse de leur gros bide. Leur capacité à se mentir à eux-mêmes me fascine.
Le problème est que casser une norme pour en imposer une autre n'est jamais libérateur.
Je ne dis pas que tous les hommes sont des violeurs. Je dis que tous les viols sont commis par des hommes.
La liberté sexuelle, c'est la liberté de disposer de son corps. (...) Mais c'est aussi la liberté de ne pas en avoir envie, sans passer pour une ringarde.
Mais si on accepte que la mort d'un animal nous plonge dans une telle douleur, ne doit-on pas aussi accepter la valeur de sa vie ? C'est peut-être pour ça que le deuil canin reste un impensé. Parce qu'il nous force à envisager la valeur de ces vies animales que nous concevons si volontiers comme mineures ou sacrifiables.
Il va falloir enrouler Raziel dans un drap pour le transporter à pied jusqu'au cabinet. Sur le chemin, les passants regardent passer le cortège funèbre, le vétérinaire en blouse vert clair, le père de ma fille qui porte le corps, et moi qui pleure derrière.
Strelka passera de chienne cobaye à utérus sur pattes pendant que des hommes joueront à la guerre. Après avoir été réduite à un corps, un organisme vivant envoyé dans l'espace, elle retrouvera son destin de femelle terrestre : génitrice.
Il ne faudrait pas non plus passer pour des méchantes sorcières misandres, des féministes poilues, qui, c'est bien connu, finiront seules avec leur chat.
J'éviterai égalent de commenter le twerk que je peinais à cerner jusqu'à ce qu'une de ses adeptes ne m'explique qu'il s'agissait à l'origine d'une danse abortive censée aider les femmes à décrocher les embryons non désirés. J'adore l'anecdote, mais je reste dubitative face à la mise en scène des nanas à quatre pattes twerkant dans des jacuzzis à côté de mâles très fiers d'étaler leur pognon de parvenus et boire du champagne en prenant des poses prétendues viriles. Je doute que les rappeurs y fassent l'apologie de l'avortement.
En cautionnant le fait que notre identité se définisse essentiellement par notre fonction décorative et notre capacité à faire bander - puisque nous faisons de notre corps notre capital - nous acceptons de nous recouvrir de toutes ces couches d'oppression, de plonger la tête la première dans la servitude en nous infligeant douleurs et meurtrissures. Quel est ce monde où des femmes acceptent de risquer leur vie dans un bloc opératoire pour avoir des gros seins ? Pour que des hommes viennent y coller leur bite en attendant qư'on leur fasse une cravate de notaire ? Et c'est bien pratique de nous maintenir dans cet « enclos symbolique » - la formule n'est pas de moi mais de Bourdieu, tiens, encore un homme - ce contrôle du corps des femmes. Qu'il s'agisse de nous imposer d'être de parfaites fées du logis ou de nous envoyer courir sur un tapis roulant, en fin de compte, c'est toujours la même histoire, le fond idéologique reste identique.