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Critiques de Nina Bouraoui (515)
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Grand Seigneur

Nina Bouraoui, confrontée aux derniers jours de la vie de son père, a réussi à confier ses sentiments et ses souvenirs pour faire vivre à ses lecteurs ces moments si difficiles. Au travers de ces lignes, elle réalise un magnifique et émouvant hommage à cet homme entré en soins palliatifs le 28 mai 2023.

J’avais déjà lu Nina Bouraoui dans Tous les hommes désirent naturellement savoir et je retrouve son homosexualité assumée dans Grand Seigneur. Ce Grand Seigneur, c’est bien sûr son père qui, malgré ses absences longues et fréquentes à cause de ses responsabilités, a su accepter sa fille telle qu’elle est pour qu’elle vive heureuse et qu’elle s’épanouisse.

Proche de la fin de sa vie à cause d’un cancer généralisé, son père se trouve dans la maison médicale Jeanne-Garnier, dans le XVe arrondissement, à Paris.

Le nom de cet établissement dont je n’avais jamais entendu parler me permet d’apprendre que Jeanne Garnier (1811 – 1853) est la pionnière dans le domaine des soins palliatifs. C’est à Lyon où, à 24 ans, elle vient de perdre son mari et leurs deux enfants, qu’elle a fondé les Dames du Calvaire, une association de femmes. Animée par une foi et un amour sans pareils pour l’humanité, elle a décidé de s’occuper des malades incurables, délaissés. Plus tard, d’autres femmes, comme Aurélie Jousset, à Paris, en 1874, ont poursuivi son œuvre.

Je reviens à ma lecture de Grand Seigneur pour indiquer que Nina Bouraoui ne cache pas que l’argent n’est pas un problème dans cette famille qui a quitté Alger alors qu’elle n’avait que 14 ans. Si sa mère est française, Rachid, son père, haut fonctionnaire international pour l’Algérie, voyait sa sécurité menacée. Celui-ci lui avait appris que Bouraoui signifie le conteur en arabe… tout un programme pour Nina devenue une écrivaine qui compte.

Alors, l’autrice écrit encore remarquablement, réussit une impressionnante plongée dans ses sentiments, ses souvenirs, avec beaucoup de très justes et de très émouvantes réflexions.

Entre ses visites et le temps passé auprès de son père, elle rend hommage à son Amie précieuse et, surtout, elle rappelle l’existence de celle qu’elle nomme A et qu’elle aime. Au passage, elle n’oublie pas une certaine Hélène avec laquelle les relations n’ont pas été simples. J’ajoute qu’elle ne néglige aucunement sa mère et sa sœur ainsi que d’autres relations.

Ce qui m’a le plus touché dans ce récit, c’est l’amour entre ce père et sa fille : c’est énorme et la qualité de l’écriture de Nina Bouraoui permet d’aller au-delà des apparences pour cultiver ce monde des souvenirs souvent enjolivés mais quelle importance ?

Dans Grand Seigneur, l’autrice réalise une recherche approfondie sur son père, ses origines, ses goûts, son enfance et sa jeunesse. Si les phrases sont longues, elles sont parfaitement maîtrisées. Au passage, beaucoup de questions essentielles sur la mort sont posées et méritent que nous y réfléchissions, ce que Grand Seigneur m’a permis.


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Grand Seigneur

Une synthèse intéressante. De l’ensemble se dégage l’impression que la structure a grandi trop vite, absorbant du coup des entités ayant du mal à pleinement adhérer au projet collectif. Il est d’ailleurs étonnant qu’elle planifie tout de même de fédérer une dizaine d’autres nations.
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Grand Seigneur

Il y a les souvenirs qui reviennent, les souvenirs de l’enfance, de celle de son père, les moments racontés et ceux dont on ne se souvient plus vraiment alors on brode, on invente les parties oubliées.

Il y a les moments de bonheur qui reviennent, et aussi ces instants plus tristes.

Il y a les derniers mots que l’on glisse au creux de l’oreille, les derniers mots avant de partir, les derniers mots avant qu’il ne soit trop tard. Les confessions que l’on ne veut pas oublier de chuchoter pour ne pas avoir de regrets.

Ces très belles pages, sont les derniers jours d’un homme, d’un père raconté par sa fille. Ces derniers jours avant de dire adieu. Ces derniers jours accompagnés de toute sa palette d’émotion, de la tristesse à la colère, du rire aux larmes, de l’espoir au déni.

Au fil des pages, le passé et le présent s’entremêlent. Les souvenirs d’enfance se juxtaposent au dernier instant dans cette chambre, le dernier lieu. Une chambre dans un quartier parisien, au milieu des arbres et des fleurs. La vie qui continue à l’extérieur. La vie entre deux dimensions temporelles. Une partie qui est suspendue dans cette chambre, pour les derniers jours. Une partie qui continue à vivre lorsqu’on franchit la porte. La vie en sursis s’oppose à la vie en mouvement.

Le portrait d’un homme. Un père, à la carrure imposante, au regard fier, à la volonté tenace. Un père face à la maladie. Un homme plus faible. Les membres frêles, la fragilité se ressent dans ce corps diminué. Un corps que l’on veut à la fois envelopper pour protéger et en même temps que l’on ose toucher de peur de faire mal.

Un roman aux mots doux et sensibles.

De la tendresse tout le long des pages.

Les mots pour faire son deuil, pour chasser sa tristesse, pour apaiser sa peine.

Une force de l’écriture et de très beaux mots pour conter le lien qui unit un père et sa fille.

Une magnifique déclaration d’amour d’une fille à son père.


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Grand Seigneur

La douleur s’exprime de différentes façons en fonction des individus, cela est propre à chacun. Pour Nina Bouraoui, mettre des mots sur ce sentiment pénible lui permet de réaliser que son Grand Seigneur n’est plus. L’autrice décrypte et analyse ses souvenirs l’aidant à cheminer vers l’absence de celui qui pour elle est une figure paternelle unique et un modèle d’admiration. Un joli témoignage du lien et de l’amour qui unit une fille à son père.



Une écriture tendre, précise mais hélas je n’ai pas été aussi émue que je l’aurais voulu. Je le regrette vraiment car le sujet de la perte d’un proche m’intéressait beaucoup. Nina Bouraoui en abordant sa jeunesse et son homosexualité a cassé le récit qui gravitait autour de son père. Je ne doute pas ces périodes de vie soient intéressantes mais celles-ci n'auraient pas dû être traitées dans ce roman. Je garderai donc en mémoire une jolie déclaration d’amour d'une fille à son père.



http://www.mesecritsdunjour.com/2024/05/grand-seigneur-nina-bouraoui.html
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Grand Seigneur

Hommage posthume.



Nina Bouraoui prend la plume suite à la mort de son père.



Ce livre est un hommage. Un hommage au père de Nina Bouraoui. Alors que son père vit ses derniers jours dans une maison de santé, l’auteure se réfugie dans l’écriture pour faire face à la douleur. Souvenirs et présent s’entremêlent dans la narration. La plume poétique de Nina Bouraoui rend ces moments aériens, hors du temps.



Le père de l’autrice a eu une vie tumultueuse. Haut-fonctionnaire algérien, il a côtoyé de nombreuses personnalités et échappé à un attentat. Nina Bouraoui imagine également les secrets que son père aurait pu garder.



Ce livre est très touchant. L’émotion est présente de la première à la dernière page. J’ai ressenti toute l’admiration et la gratitude de l’autrice pour ce père extraordinaire. Élevée comme un garçon, Nina Bouraoui aura eu une place à part dans la vie de son père. Place qui ne changera pas à l’âge adulte avec la découverte de son homosexualité. Les dernières pages sont magnifiques, le plus bel adieu qui soit.



Bref, ce livre est un très beau témoignage, celui d’une vie et d’une très belle relation père-fille.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024.
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Garçon manqué

Ponctué de nombreuses anaphores, ce récit autobiographique se rapproche d’une scansion autour de questions sur l’identité, sur le genre, sur la peur, des territoires, la souffrance et l’amour. On sent là un besoin urgent de dire, de laisser sortir les souffrances et les déchirements d’une fille qui se cherche : femme – homme « garçon manqué » – française – algérienne, mais qui a, avant tout, ce besoin d’être elle-même.

Nina Bouraoui écrit page 10 « Ma vie algérienne est nerveuse. Je cours, je plonge, je traverse vite. La rue est interdite […] la rue est derrière la vitre de la voiture. Elle est fermée, irréelle et peuplée d’enfants. La rue est un rêve. Ma vie algérienne bat hors de la ville. Elle est à la mer, au désert, sous les montagnes de l’Atlas. Là, je m’efface enfin. Je deviens un corps sans type, sans langue, sans nationalité. Cette vie est sauvage. Elle est sans voix et sans visage. » Et il en va ainsi de son écriture : sauvage, pas encore domptée comme elle le sera dans certains romans à venir comme Satisfaction par exemple.

Elle se confronte à ses questionnements que le regard des autres soulève à tout moment. Ainsi, en parlant du contrôleur dans le train l’amenant à Rennes : « comme il ne sait rien de cet amour que je viens chercher à Rennes. Pour ma mère. » (p.100) Effectivement, l’amour et la reconnaissance de ses parents fait également partie de la quête de l’auteur. Plus loin, elle nous explique qu’elle est le fruit de leur silence, de leur choix : « c’est la mémoire de nos parents qui est importante. De leur souffrance. De leur humiliation. Notre berceau. Ce qui nous attendait. Le contexte. Ce qui a été fait. Ce qui a été dit. Leurs blessures transmises. Cet héritage-là. » (p.134) Alors Nina Bouraoui écrira que c’est cela qui l’amènera à l’écriture : « Et mon silence toujours. Parce que ma voix n'est rien. Elle s'échappe comme du vent. Bien sûr qu'il ne fallait pas répondre. Je trouverai mieux. Je l'écrirai. C'est mieux, ça, la haine de l'autre écrite et révélée dans un livre. J'écris. Et quelqu'un se reconnaîtra. Se trouvera minable. Restera sans voix. Se noiera dans le silence. Terrassé par la douleur. »

Il est des douleurs qui transcendent, c’est ce qui nous permet de lire Nina Bouaroui aujourd’hui. Ces douleurs qu’elle tisse et partage au fil de son œuvre : un moyen de nous aider dans la vie aussi !
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Grand Seigneur

Grand Seigneur de Nina Bouraoui







Premier livre que je lis de Nina Bouraoui, auteur très médiatique, invitée des plateaux à chaque parution d’un de ses nouveaux ouvrages. Le livre, plutôt un récit qu’un roman ou un essai, relate avec émotion sa relation intime avec son papa en fin de vie, admis dans une maison de soins palliatifs à Paris.

Premier livre pour moi et première déception. J’ai trouvé le livre mal construit, très décousu et maladroit dans sa rédaction et son propos, avec un style d’écriture certes de qualité, mais où la patte de l’écrivain professionnel est trop voyante. Si je comprends parfaitement qu’elle ait eu besoin de coucher sur papier sa relation, ses impressions, sa terreur de voir partir son père, de donner un grand coup d’œil dans le rétroviseur de sa vie, mon sentiment est que son récit, mal cadencé, mal rythmé, part dans plusieurs directions successives. Si la place du père est centrale, une partie non négligeable du propos est lié à son homosexualité, comme si elle-même ne l’avait pas complètement intégrée, avec « le presque besoin » de faire accepter sa « singularité » par son père, si cela n’était pas déjà fait. J’ai été très surpris par sa démarche. Beaucoup de détails concernant le reste de sa famille (sa maman, peu présente au fond) et d’autres personnes intimes déconstruisent une part de son histoire au fond peu captivante pour le lecteur. Ce qui aurait dû nous émouvoir, les derniers jours de son père, dont finalement on apprend peu de choses sur la biographie, la place des soins palliatifs et sa façon de les vivre, de les ressentir et d’en témoigner est très peu abordé. L’émotion n’est pas au rendez-vous, pour moi lecteur, et j’ai refermé le livre avec le sentiment d’avoir lu par erreur une histoire familiale privée qui ne me concernait pas. Je suis resté étranger à un livre trop personnel et trop égocentré, et je le regrette, à un propos, qui n’a rien d’universel ce qu’il aurait dû être et donc, dans lequel on ne peut ni s’identifier ni même se retrouver. Dommage.



PS : Cela ne m’empêchera pas de faire, un jour, une autre tentative avec cet auteur.
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Grand Seigneur

Bien que la qualité de l'écriture de Nina Bouraoui soit indéniable...j'ai eu du mal à lire son livre jusqu'au terme. J'ai trouvé que son histoire était beaucoup trop personnelle, presque nombriliste pour qu'elle arrive à me captiver et à la partager.

Cependant pour l'avoir aussi vécue, la fin de vie d'un être cher en soins palliatifs est réaliste.
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Mes mauvaises pensées

Désolée mais j'ai dû interrompre cette lecture à la 54ème page car c'était tout simplement FATIGUANT! Cela ne m'était auparavant arrivé que deux seules fois...

Ce flot ininterrompu de pensées, de critiques, de regrets, de plaintes, de rage ne m'a absolument pas emportée!

Il n'y a ni paragraphe, ni chapitre, c'est un style mais à présent cela me fait mieux ressentir leur intérêt évident!!!

On est très vite essoufflé par ce monologue, ces confessions à un psy...

Pas de grand intérêt pour moi dans cette lecture bien que l'on m'ait fait à plusieurs reprises de beaux louanges de cette auteure....

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Mes mauvaises pensées

Née à Rennes d'une mère française et d'un père algérien, Nina-Bouraoui part à la recherche de ses racines franco-algériennes. Elle confie à une psychothérapeute ses états d'âme et ses questionnements, relatant les souvenirs d’enfance depuis l'Algérie jusqu'à son retour contraint en France, avec sa mère malade mais séparée de son père, dont l'absence permanente pour des raisons professionnelles lui pèse. Ces bouleversements dans sa vie affective de jeune adolescente perturberont son équilibre émotionnel. Elle se retrouvera alors en perte de repères, perdue dans cette nouvelle existence, ballotée entre deux cultures, entre Alger, Paris et Rennes, entre le passé et le présent, au sein d'un cercle familial, certes aisé, mais dépourvu d'empathie et peu disposé aux marques d'affection.



Ce roman autobiographique, rédigé sous la forme d'un long monologue, dévoile les pensées les plus secrètes mais pas forcément les plus mauvaises de la romancière. Cette dernière, en manque d'amour et tiraillée en permanence entre illusion et réalité, exprime clairement ses doutes, ses peurs et ses colères, révélant une profonde souffrance psychique, principale cause de son mal-être.

La lecture de cet ouvrage, très dense, n'est pas facile en raison de la complexité des sentiments évoqués ; elle reste toutefois captivante, portée par une écriture remarquable, empreinte d'une grande pudeur et d'une extrême sensibilité.

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Grand Seigneur

Le père de Nina Bouraoui est sur le point de mourir d'une très grave maladie. Dans ces derniers instants, sa famille l'entoure et Nina se retourne sur ses souvenirs avec son père, ce grand seigneur.

C'est un texte emprunt de tendresse.

C'est un témoignage d'amour d'une fille pour son père.

Elle essaye de faire face à la perte de son père au mieux.

En revanche, même si c'est très bien écrit. Je me suis perdue dans les phrases très longues. J'ai eu le sentiment que l'auteure prennait de la distance avec ses souvenirs pour mieux les analyser, sans se perdre dans l'émotion. Du coup, je n'en ai pas ressenti autant que je m'y attendais.

Bref, c'est un roman digne et tendre.
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Otages

Lu en 2021. Ma seconde rencontre avec l'auteure.

Une histoire assez triste, certes, mais un récit introspectif pertinent, qui fait réfléchir à propos de ce qu'on appelle la charge mentale et sur les traumatismes affectifs (plus ou moins inconscients) qui engendrent la frustration, la colère, la solitude et la violence, voire la folie... L'écriture à la fois épurée et percutante de Nina Bouraoui avait encore fait mouche, même si je garde une préférence pour "Beaux rivages".

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Beaux Rivages

Lu en 2017. Ce texte m'avait touchée, souvent émue, surtout les passages sur le désir, la dépendance, la résistance et la liberté des êtres. Une lecture faite quasiment d'une traite ; une résonance pouvant être autant personnelle qu'universelle, c'est ce que j'avais aimé.

C'est la radiographie d'une séparation, du point de vue de la personne quittée, lésée, impuissante. Un récit réaliste et ciselé sur la douleur physique et psychologique, le traumatisme, l'abandon, l'humiliation, l'orgueil d'une femme profondément blessée. Le deuil d'un amour, en fait, suivant toutes les étapes du chagrin.

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Grand Seigneur

Au moment où son père décède, notre autrice raconte ce qu'elle a partagé avec cet homme-modèle, sa vie politico-diplomatique secrète aussi. Et surtout comment elle envisage cette future perte. Comment on fait, dans quel état on est quand il s'agit de choisir le dernier costume ? Comment on dit au-revoir quand on envisage l'inévitable. De belles phrases, mais globalement un témoignage très personnel. Voilà voilà !
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Grand Seigneur

Pourquoi ai-je eu envie de lire ce texte ? Ayant manqué d’une figure paternelle petite, je suis avide de vivre cette relation si particulière par procuration. Epaulant, ces derniers temps, ma vieille maman qui perd de sa force et s'étiole, semaine après semaine, j'ai eu envie de découvrir comment d'autres percevaient ce changement de statut, ce passage de l'enfant à l'adulte aidant.



Parce que, quoi qu'on en pense, on reste un enfant tant que nos parents sont encore là ; leur fin constitue un nouveau passage à l'âge adulte. C'est aussi ce que nous explique Nina Bouraoui dans ce roman : elle nous parle de son père, certes, mais elle nous parle surtout d'elle (et donc de nous), de cette peur qu'elle a de perdre une partie de son « toit », d'avoir à se reconstruire une maison sans LE patriarche qui a fait d'elle ce qu'elle est.



J'ai aimé les remontées, très désordonnées, dans les souvenirs d'enfance, qui donnaient une image éclatée de cet homme présenté davantage comme une idole que comme un papa-gâteau. J'ai moins aimé les retours sur certaines relations de la jeunesse de l’autrice, relations avec lesquelles elle a apprivoisé son homosexualité. Je conçois cette souffrance passée, ce besoin de rendre des comptes (on en vient encore à se dire que la disparition des parents fragilise, remet en question beaucoup de notre construction et de nos choix passés, oblige à un recul sur ce qu’on a vécu), mais je trouve que ce livre, bel hommage au père et, à la fois, au corps médical qui accompagne, n’était pas le lieu.



Mais c’est mon humble avis et je m’en veux de juger cela : on sent que Nina Bouraoui a traversé une étape difficile de sa vie, que ce roman l’a aidée, qu’il lui a permis de dire ce qu’elle n’a pas forcément su dire au père. Forcément, la complexité des sentiments ressort et ne peut pas toujours être cadrée dans un tel moment. Comment le vivrais-je, moi ? M’en sortirais-je aussi bien?

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Grand Seigneur

En mai 2022, le père de Nina est admis en soins palliatifs au centre Jeanne-Garnier, dans la chambre 119 ; il est entouré de sa femme et de ses deux filles et il va y séjourner pendant une dizaine de jours.



Cela va induire une réflexion de Nina sur la souffrance, la maladie, la mort, le deuil mais en parallèle les souvenirs d’enfance remontent à la surface. Elle évoque ainsi cet homme brillant et cultivé qu’est son père, l’exil, car il a dû quitter son pays natal, l’Algérie, au moment où sévissait la violence.



Elle évoque aussi ses absences, elle guettait ses retours avec impatience, car comme elle le dit si bien il était « l’homme de sa vie », et ce sera le seul en fait, celui qui l’a aidée à se construire. Elle faisait tout ce qu’elle pouvait dès le plus jeune âge pour qu’il soit fier d’elle, même s’il l’a élevée en garçon.



Nina Bouraoui parle de ce « grand seigneur » avec tendresse et respect, évoquant au passage l’exil, le déracinement, le couple qu’il formait avec sa mère, Bretonne, la double culture, et également son homosexualité et comment il la percevait.



Elle livre dans ce récit intimiste la progression vers la fin de vie, la manière dont son père est devenu l’ombre de lui-même, rongé par la maladie, ainsi que ses réactions vis-à-vis de la mort qui approche, ainsi que toutes les démarches qui accompagnent : choisir « la tenue » organiser le grand départ.



J’ai été touchée par sa pudeur aussi, quand elle n’ose pas le toucher ou quand elle lui parle, ainsi que la relation qui se noue avec Georges dont la sœur occupe la chambre d’en face et ne veut plus se battre.



J’ai beaucoup aimé ce livre qui m’a permis de découvrir la plume de Nina Bouraoui et je vais rester dans la même thématique avec « Kaddour » de Rachida Brakni.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès qui m’ont permis de découvrir ce livre et la plume de son auteure.



#GrandSeigneur #NetGalleyFrance !
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Otages

Sylvie, la narratrice, est cadre dans une petite entreprise. Sa vie est faite de routine : l’usine, ses enfants, son mari. Un quotidien qui semble lui convenir jusqu’à ce que tout se dérègle, qu’elle perde pieds et passe à l’acte en séquestrant toute une nuit son employeur, un sale type, lâche et manipulateur.

Otages, c’est l’histoire d’une femme qui s’est oubliée, broyée par le vide, le silence, par une existence dont le sens se délite, dans laquelle on se noie et on s’éloigne des gens qu’on aime un peu plus chaque jour.

C’est un texte dense, poignant, dont on ne sort pas tout à fait indemne ; la souffrance exsude de chaque phrase et l’immense lassitude qu’éprouve la narratrice finit par être contagieuse. Otages au pluriel, parce qu’on l’est tous un peu : otages d’une place assignée, d’un quotidien qui étouffe le désir, d’un monde laborieux qui broie jusqu’au plus profond, d’un épisode traumatique qui plombe toute possibilité de s’autoriser le bonheur. Bref, un peu secouée par cette lecture.

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Grand Seigneur

Le père de Nina Bouraoui va mourir; nous sommes en mai 2022 dans une unité de soins palliatifs à Paris. Nina, ainsi que toute sa famille, va accompagner son père pendant les 11 jours que dure son agonie. Elle nous livre dans cet ouvrage très personnel, très intime, ce qu'était le lien très fort qu'elle entretenait avec son père, en convoquant des souvenirs de lui, d'elle, d'eux deux, parfois sous forme d'instantanés, parfois sous forme de descriptions, de pensées.

Ce livre est un hommage au père qui a été l'homme de sa vie, son "seul ami", auquel elle voue admiration, amour et qui fut son roc sur lequel elle s'est construite. Elle se pose d'ailleurs la question sur ce que va être son identité quand celui qui en est un acteur principal aura disparu.

Mais c'est aussi un soutien, une aide pour Nina. Les mots l'aident à accepter le départ de son père, elle lui dit adieu en convoquant l'homme qu'il fut et le père qu'il a été. Les mots rendent la mort réelle et lui permettent en même temps de le retrouver à jamais.

Ce livre m'a touchée car j'ai moi-même accompagné mon père pendant ses derniers jours en soins palliatifs mais en même temps, je ne me suis pas vraiment sentie proche de Nina face à la mort du père car mon ressenti a été différent, moins intellectualisé, plus brut, plus violent.

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Grand Seigneur

Nina Bouraoui nous livre un récit très intime, celui de son vécu et de ses sentiments face aux événements ayant mené au décès de son père.

Très personnel, ce livre est une façon pour l'autrice de décrypter et de comprendre les derniers mois avec son père, de l'évolution de sa maladie, à sa prise en charge dans un centre de soins palliatifs, jusqu'à son décès. L'écriture est cathartique ; elle lui permet de réaliser et de s'y confronter. L'espoir, l'amour, les doutes, l'appréhension, l'incompréhension, le déni, les souvenirs et la nostalgie s'y mêlent.

Cette confidence nécessaire à l'autrice est émouvante mais trop personnelle à mon goût. J'ai été gênée par cette lecture, trop intime ; je l'ai lue avec difficulté, ne souhaitant pas me confronter à ces émotions que chaque personne ayant perdu un être proche a un jour ressenti.

Malgré la qualité indéniable de la plume, de par son thème, cette lecture sera vécue différemment par chaque lecteur : ceux qui comme moi trouvent cette lecture difficile et ceux pour qui cette confession est un écho apaisant à leur vécu.



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Grand Seigneur

Ceux qui ont accompagné un proche savent ce que les soins palliatifs (hélas) représentent, cette “antichambre de la morgue, elle-même antichambre du cimetière “. Grand seigneur, c'est l'hommage poignant d'une fille à son père, c'est une déclaration de tendresse et de fidélité. Ce sont aussi des interrogations lorsque ce dernier emporte avec lui une part de ses secrets, son identité, le lien avec l'Algérie. Tout ce qui a permis à Nina Bouraoui de devenir la femme qu'elle est. Oui, il y a de la gratitude, au-delà d'une certaine admiration.

Voici un texte sobre, douloureux, délicat qui mérite d'être lu.
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