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Critiques de Mathieu Borderon (8)
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Le traité de Faro

Merci à Babelio et aux éditions L’Harmattan pour l’octroi de ce livre au contenu assez subversif. Gageons qu’il sera peu distribué, peu vendu, peu commenté...

Pourquoi tant de pessimisme ? Par réalisme ; on n’aime pas trop, en France comme ailleurs, contempler ses contradictions, ses turpitudes. Humain, trop humain comme dirait le philosophe...

Ce livre est une dystopie immédiate, une dystopie de demain... Pas de grande révolution technologique, pas de nouveaux systèmes politiques ou religieux à découvrir : le roman n’utilise que du matériel connu et éprouvé. Certes, l’auteur pousse un peu l’utilisation de technologies à leur paroxysme, notamment avec les drones, mais rien de vraiment exagéré, on reste dans la dystopie technologiquement crédible.

On peut grossièrement découper le roman en deux parties, de contenu et d’intérêt inégaux. La première, après une présentation hâtive du contexte politique européen est presque un thriller consistant pour notre héros et une famille ivoirienne à traverser une partie du continent Africain pour « remonter » vers la terre promise européenne. On devine un peu l’accentuation de la pression climatique qui touche les pays du Sud, sans en faire une catastrophe déjà insurmontable. Elle est juste suggérée, à la limite de notre perception, c’est réussi. C’est la partie qui prend aux tripes. Car elle nous dresse un tableau franchement nauséabond du fonctionnement de notre petite planète. Les migrants, les passeurs, les racistes, les systèmes politiques fascistes dans leur essence, l’abject du quotidien déjà en place poussé à son paroxysme, c’est dans la position du curseur que se situe la dystopie, pas dans le fond. Et c’est justement cela qui met très mal à l’aise. Pour mémoire le HCR (Haut-commissariat aux réfugiés) comptabilisait plus de 2 500 personnes « mortes ou disparues » de Janvier à Septembre 2023 en méditerranée... Et dans ce roman, on touche du doigt la réalité des morts avant cette étape, presque jamais mentionnés. Pire encore, on est plongé dans l’abject du sort réservé aux plus faibles, femmes et enfants. Le viol systématique. Dès qu’un rapport de dépendance, de domination se met en place... humain, trop humain...

Vient ensuite la partie plus politique. J’ai moins aimé, pour beaucoup de raisons. En premier lieu parce que cette dystopie étant proche (2028-2037), l’auteur mêle des figures politico-médiatiques réelles à d’autres dont on se demande qui elles sont censés incarner... Facile de reconnaître le premier ministre Frédéric Roummaz, un peu moins l’opposante Mélanie Traoré... Battaglia à l’intérieur, facile mais qui est Jaime Balaguer le catalan ? Un réalisateur entrant demain en politique ? Mystère...

Pareil pour les partis. Facile d’imaginer un parti de droite, le FPF (dont j’ai oublié la signification) regroupant le RN actuel, le LR actuel et d’autres sous-catégories affiliées (Renaissance, Renouveau, Ressuscitation, Ré ensoleillement etc.…) mais difficile d’imaginer un Molip (Mouvement de Libération des Peuples) transnational comme il se doit pour faire pendant au premier. C’est peut-être pour cela qu’il est plus facile de retrouver les figures du FPF dans le paysage politique actuel que ceux du Molip... Pareil pour les médiatiques : on connaît Hanouna à droite, mais qui est Richard Halter ?

Ici, ce qui m’a le plus gêné est l’ostensible parti pris de l’auteur et le manque de distance avec ses opinions politiques. On les devine toujours un peu mais dans ce roman, c’en est presque pamphlétaire. Que l’un des protagonistes cités plus haut soit dénommé « Le rat » (je vous laisse deviner lequel) par ses détracteurs romanesques est une chose, mais l’auteur s’approprie cette dénomination ce qui brouille les genres. Est-ce un roman ou une fable politique contemporaine ?

Quand vient en fin d’ouvrage la liste des soutiens au Molip, puisés dans le vivier des grands démocrates et artistes contemporains, on se demande s’il s’agit du panthéon de l’auteur ou le fruit d’une analyse sérieuse. Même Guillaume Meurice, pourtant peu suspect d’avoir des accointances avec le racisme et la xénophobie a le droit à son petit paragraphe peu amène.

A trop vouloir dénoncer l’insupportable, on peut vite se laisser emporter...

Deuxième réserve : l’optimisme dépassé de l’auteur quant à la prise de conscience populaire au sujet des drames humains qui nous entourent. Il semble croire en la possibilité d’un sursaut humaniste comme l’humanité en a produit parfois dans l’histoire. D’une certaine manière, c’est analogue à ce qu’un Jancovici imagine dans le champ de notre consommation énergétique. A eux deux (et quelques-uns de plus, une minorité) ils imaginent un monde gouverné par des altruistes démocrates et construisant un monde écologiquement vertueux. Belle utopie.

D’une certaine manière, le seul espoir que laisse la lecture de ce roman vient de la nécessité d’une quantité phénoménale d’énergie nécessaire à la réalisation du « traité de Faro » dont j’ai peu parlé mais qu’on imagine un peu si on m’a lu jusqu’ici. Construire une zone tampon anti-immigration couvrant le Maghreb muni de système de surveillance, de répression, d’élimination des « cafards » migrants est certes un rêve de délocalisation très tentante pour tous les néofascistes désignés par l’auteur. Mais cela nécessite une telle dépense d’énergie que, si l’on ne croit pas à la possibilité d’une amélioration de notre part d’humanité collective, il reste la possibilité sérieuse d’un effondrement énergétique nous renvoyant au moyen-âge. Plutôt mort que voir le traité de Faro. Dont les prémices ont inspiré l’auteur. Humains trop humains...

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Le traité de Faro

Livre lu dans le cadre de la Masse critique "Mauvais Genre" de mars 2024

Je remercie Babelio et les éditions L'Harmattan pour cette découverte

Mathieu Borderon nous projette à travers son roman dans un futur proche dans un univers politico-sociale.

L'histoire commence en 2027 où le nationaliste Bertrand Valquiez est élu Président de la République française.

Dès lors, il va prendre des mesures radicales contre les migrants. Ces mesures aboutissent au traité de Faro, traité qui inclut des mesures autoritaires quant à la lutte contre la migration

Ce traité aura pour conséquence dans ce roman deux histoires migratoires. Celle de la famille Amani et de Mohamed Koné où leur migration sont narrées dans les deux premières parties du livre. La dernière partie est consacrée quant à elle à la candidature de Mélanie Traoré pour les présidentielles de 2037. 1ère candidate noire à être proche d'emporter ces élections.

La première odyssée, celle des Amani, sera accompagnée par un journaliste de l’agence Nommé WAAR où ils traverseront des situations aussi bien traumatiques que dramatiques.

La seconde odyssée (la seconde partie) est celle de Mohamed Koné qui ressemble plus à une catastrophe humaine et une compétition extrême.

Quant à la dernière, c’est l’avènement de la Présidentielle de 2037, celle qui peut tout changer.

Mon ressenti sur ce roman est mitigé. Oui, d’un côté il est toujours émouvant de raconter l’histoire tragique de ces migrants et du danger permanent dont ils font face lorsqu’il fuit leur pays. Mais les odyssées ne m’ont pas touché comme cela devraient être. Et puis tout l’aspect me met un peu mal à l’aise. On est dans ce roman dans un discours bienpensant avec les méchants et les gentils.

Dommage !



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Le traité de Faro

L'idée de départ était bonne et a attiré mon attention. Nous voilà projeté dans un futur à court terme qui semble très probable (même si très sombre). L'élection présidentielle française de 2027 a abouti par l'accession au pouvoir d'un homme qui progressivement va rejoindre ses partenaires européens vers l'autoritarisme en signant le "traité de Faro". Afin de protéger les peuples concernés, mais surtout pour satisfaire les désirs populistes et céder aux dérives autoritaires, les démocraties, qui ne sont plus que des simulacres, se barricadent derrière des mesures limitant les droits humains, changent les frontières afin de limiter l'afflux des personnes migrantes, crise climatique oblige (des pans entiers du continent africain ne sont plus habitables).

Bien entendu, ce traité a des répercussions sur les individus, qu'on suit plus ou moins nettement au cours du récit.

Et là où l'intrigue aurait pu être réellement être passionnante, car le sujet l'est ainsi que les idées disséminées, on rencontre déjà des soucis avec le fil narratif. Les personnages sont assez mal définis, peu caractérisés. Le récit, découpé entre prolepses et analepses, est plutôt mal maîtrisé, avec des paragraphes hachés et trop courts pour qu'on puiss s'immerger dans le fil de l'histoire.



Je n'ai rien contre les narrations découpées, à condition qu'elles soient bien faites. Malheureusement, ici, la construction du récit est déséquilibrée, ce qui rend la lecture difficile (non, on ne saute pas d'une dizaine d'années en dix lignes, ni même de point de vue de personnage...)



J'aurais vraiment aimé pouvoir m'absorber dans cette lecture dont le thème me paraît d'un intérêt crucial de nos jours mais il y a trop de défauts pour que cela soit le cas. Malgré tout, le style n'est pas désagréable, quant aux idées, elles sont tout à fait pertinentes. Dommage.





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Le traité de Faro

Dans un futur proche, l'histoire rabâche ses leçons de haine : crimes contre l'humanité, racisme, xénophobie, corruption, esclavage. Mais même quand le mal semble avoir gagné la partie, il est encore permis d'espérer.



Mathieu Borderon nous emporte à l’Élysée en 2027, là où est intronisé Bertrand Valquiez, fasciste, raciste et fraîchement élu Président des français. La liberté de la presse est muselée et c'est dans l'ombre que Georges Brigelet (Laurent Moquet de son pseudonyme de journaliste) se rend au Maroc pour prendre part au périple de la famille de Kouamé, partie d’Abidjan (Côte d'ivoire) pour la France. Depuis le traité de Faro (un accord international xénophobe qui a mit en place une politique intolérante et une barrière anti-migrants au nord de l'Afrique), ce qui n'a jamais été un voyage reposant est devenu une plongée en enfer où chaque mètre parcourut, chaque seconde de vie relève du miracle. Passeurs véreux, violents, violeurs, l'exil tourne en cauchemar, la famille Amani est impitoyablement broyé dans les griffes du destin. De son côté Georges Brigelet n'oubliera jamais la lumière du mur anti-migrant en travaux qui ne cesse de croître.





Le style est percutant et chaque personnage du roman à sa voix propre et un idiolecte palpable grâce au recours fréquent du discours direct. Le narrateur omniscient n'est pas effacé pour autant, au contraire il commente avec cynisme ses personnages pour qu'on distingue en quelques mots les traits principaux de leur psychologie.



Ce roman dystopique aborde les thèmes de la corruption du pouvoir, de la liberté d'expression menacée et témoigne d'un engagement politique. « L'imaginaire doit être perçu comme une extension du réel plus vaste que ce à quoi le quotidien nous habitue », tel est l'intitulé de la collection « miroirs du réel » de l'édition l'Harmattan dont fait partie Le traité de Faro, il permet en effet de nous plonger dans la fiction pour jeter un regard neuf sur la société. Situé dans un futur proche, le roman expose des nouveautés technologiques détournés à un usage de surveillance et d'oppression. Dans Le traité de Faro toutes ressemblances avec des personnes réelles ne sont pas forcément fortuites et par le biais de la fiction, c'est le reflet déformé de notre monde que dépeint le regard critique de l'auteur.



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Le traité de Faro

Je ne sais comment aborder cette critique... Je ne me sens absolument pas légitime pour juger ce genre de travail dont je suis moi-même incapable.

J'ai lu les autres critiques du Traité de Faro et je me retrouve dans certains commentaires alors veuillez m'excuser si des mots reviennent dans le mien.

Je lis un peu, souvent, tous les soirs, certes mais de là juger le dur exercice de l'écriture... non... Je ne juge donc pas.

Cependant il faut souligner que pour un 1er ouvrage, c'est fort. L'auteur a su nous livrer ici un récit percutant. Complètement d'actualité, terriblement d'actualité même et tellement plausible. J'ai été secoué par cette histoire visuelle. Visuelle car le style immersif nous donne l'impression d'être dans l'[H]histoire... J'ai été happé (ça faisait trèèès longtemps que je n'avais pas loupé ma station de train !).

L'auteur n'invente rien, il se sert de ce qui existe, de ce que nous pressentons... et c'est moche, moche et angoissant. Ça dérange mais j’aime être un peu bousculé dans mes lectures ou les films, même si ça donne parfois la nausée…

Bref, ce récit prend aux tripes car en fin de compte… on y va. C’est une voie tellement possible que nous empruntons…

Il y a très certainement quelques lacunes, inégalités ou maladresses mais en toute franchise, c’est très prometteur et j’ai adoré.

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Le traité de Faro

Un livre percutant, sans concession et servi par un style direct. Ancré dans un présent parallèle , il nous met en garde contre les dérives des extrémismes de la haine et de la peur de l'autre. Pas de technologie extraordinaire, d'idées qui nous sembleraient aujourd'hui inimaginables. L'auteur se sert des éléments du présent pour nous en proposer une version teintée d'angoisse (plutôt crédible puisque certaines idées émergent déjà).



La construction du récit est plutôt bien faite, quoi que parfois inégale. Cela n'entame en rien la qualité du récit qui nous prend jusqu'à la dernière page.

Ce roman est de ceux qui, une fois terminés, nous revient régulièrement à l'esprit, à la lumière des actualités qui nous rappellent qu'aucune limite au clivage de la société n'est infranchissable.



Un excellent premier livre, qui en appelle d'autres.
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Le traité de Faro

Prenant, haletant, émouvant, parfois perturbant… tant dans le récit que dans le style.



Alors que je suis un lecteur difficile, peinant souvent à donner leur chance aux premières pages de nombreux livres ouverts, je me suis littéralement laissé embarquer par « Le Traité de Faro » et les destins tantôt épiques, tantôt tragiques, de Georges, Kouamé, Mélanie…

Me voilà donc pris dans ce récit dystopique proche, mêlant faits et personnages passés et actuels aux faits et personnages fictifs, dans une monde où les partis nationalistes européens ont pris le pouvoir et érigent des barrières physiques et technologiques pour lutter contre la migration, dans un monde où l’humanisme peine à se faire entendre face au populisme.



Je lis que certains sont dérangés de lire trop clairement les opinions personnelles de l’auteur. Comment faire autrement que d’insuffler une âme réelle aux personnages phares, notamment Georges et Mélanie, compte tenu du contexte politico-social dépeint et de l’axe choisi ? Je suis au contraire heureux que l’auteur mette en lumière les dangers du populisme, mais aussi le parcours tragique des migrants, la dure réalité des réseaux de passeurs…



Essai transformé, à mon sens, par Mathieu Borderon dans l’exercice difficile de faire naître et vivre un premier récit.

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Le traité de Faro

J'ai été très sensible au style direct, immersif, percutant, très 'visuel' (l'impression de regarder un film ou de suivre une série, qui plus est avec les cliffhangers de rigueur) de l'auteur.



Pour les qualificatifs qui me viendraient immédiatement à l'esprit ? Oui. Je dirai tout simplement une oeuvre touchant des sujets brûlants d'actualité, très humaine (dans tous les sens du terme), intelligente (il y a de quoi nourrir débats et réflexions), sensible (via une superbe galerie de personnages très bien pensés), noire (mais jamais 'gratuite' : prévoir les harnais de sécurité, cela 'secoue' souvent beaucoup) et lumineux (vous saurez pourquoi en faisant comme moi-même et lisant cet excellent roman) à la fois.
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