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Critiques de Dennis Lehane (1909)
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Coronado

J'apprécie beaucoup Dennis Lehane dont je pense lire l'intégralité de la bibliographie dans les années qui viennent, je me suis attaqué ici à un recueil de nouvelles avec la curiosité de savoir si le format court allait autant m'enchanter que le long.

La réponse est oui, l'auteur est objectivement doué pour écrire des nouvelles, il réussit avec un style agréable et efficace à façonner en peu de pages des ambiances d'une belle densité.

Les personnages, dans chacune de ces histoires, prennent rapidement une consistance psychologique qui nous fait entrer dans chaque histoire sans ennui et c'est toujours ce que l'on souhaite dans ce type de récit et de format.

A peine une dizaine de nouvelles dont la majorité va concerner des "bad boys" ou des gens qui vivent un peu en marge de la société à l'exception de "En observation" qui est un peu inclassable.

La seule chose qui m'aura un peu frustré c'est ce parti pris de laisser systématiquement une fin "ouverte" en conclusion, excepté pour la dernière nouvelle qui sera donc ma préférée (Avant Gwen).

A noter que cette dernière va être l'objet d'une variation sous forme de pièce de théâtre en deux actes en fin de volume, le tout précédé de l'historique de sa création par l'auteur, intéressant de découvrir les ajouts qui étoffent un récit que l'on vient de lire et le passage de la nouvelle à la pièce de théâtre.
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Le Silence

Sous quelle étoile est-elle née cette femme, confrontée à la violence dès son plus jeune âge, violence considérée comme légitime puisqu’elle venait de ses géniteurs. Et quelle route chaotique !



Si le roman peut paraître long à certains moment, nombre de pages sont indispensables pour apprendre à connaître ce personnage central du récit, non pour excuser ni pour compatir, mais pour comprendre ce parcours et pour se mettre à sa place : et c’est ce que j’ai pu ressentir souvent en cours de lecture : comment réagirais - je si, comme l’héroïne, on enlevait ma fille, que je devais me débattre pour la retrouver, me heurter à une communauté qui a fait vœux de silence, aidée par un parrain qui a savamment tissé une toile d’araignée pour entretenir la peur, le doute, l’inaction des autorités et pour paralyser la population.



De quoi dispose-t-elle ?



D’une fameuse conviction, d’une certaine force physique, comme de persuasion, de suite dans les idées, du langage approprié pour faire passer ses idées, j’ai d’ailleurs beaucoup apprécié les dialogues et le répondant de Marie-Pat.



Et c’est dans cette ambiance de ségrégation que se déroule d’histoire, une histoire sordide qui prend sa source dans les générations antérieures, un racisme qui se transmet insidieusement dans des communautés qui, en toute logique et bonne foi, rejette ce qui est différent, ce qui ne correspond pas à leur façon de vivre.



Pour faire passer son message, l’auteur commence doucement, par un certain questionnement émanant de Marie-Pat, puis s’ensuivent quelques réflexions des collègues, pour cheminer vers les horreurs que peuvent proférer les blancs à l’encontre des populations de couleur. Il n’hésite pas à employer des termes d’une violence inouïe, sans doute beaucoup plus employés dans les années 70.



Je me suis sentie bien malmenée tout au long de ce livre, malmenée par l’injustice, malmenée par le peu de belles personnes rencontrées sur le chemin de Marie-Pat, malmenée par les individus qui mettent leur génie au service du mal, malmenée par une fin pour laquelle je me suis demandé si la justice s’exerçait sans vraiment pouvoir répondre à cette question.



Bel exploit de l’auteur, le message est passé, c’est le plus important.
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Un pays à l'aube

Ayant une expérience limitée de Dennis Lehane (le 1er Kenzie-Gennaro et c'est tout), je m'attendais à un polar du même type, avec le même style impayable, mais situé dans la Boston des années 1918-1920 et prenant comme héros les grands-parents des détectives de la tour d'église. Un pays à l'aube, ce n'est pas ça du tout... et c'est probablement tant mieux pour nous !



Pour commencer, ce n'est pas un thriller à proprement parler, plutôt un roman historique sombre autour de 2 thèmes importants : le syndicalisme et le racisme (j'oubliais, ça parle aussi d'un 3ème thème important de temps en temps : le baseball). Le livre apporte certes son lot de morts violentes, d'agressions et d'injustices, mais sans qu'il y ait enquête ou qu'on s'interroge sur les auteurs et les mobiles. Non, ce sont simplement des événements de la vie courante pour ceux qui ne se trouvent pas du bon côté de la barrière en cette période troublée (et ils sont nombreux, que la barrière vienne du statut social, de la couleur de peau ou simplement d'une histoire personnelle malheureuse).



Ensuite, les personnages sont plus nombreux, plus complexes, et on fait connaissance avec eux plus en profondeur (alors que dans un polar ''classique'', l'intrigue policière occupe presque toute la place). Évidemment, on s'attache à Danny, flic qui suit au départ les traces de son père le capitaine, jusqu'à ce que sa conscience s'éveille au fil de ses missions d'infiltration, de l'aggravation des terribles conditions de travail de ses collègues et des injustices faites aux Noirs. À Luther aussi, qui personnalise les impasses auxquelles un Noir se trouvait confronté à cette époque-là, aussi doué, idéaliste et malin soit-il. À Nora enfin, dans une certaine mesure la femme fatale de l'histoire, embourbée dans ses souhaits paradoxaux de liberté et de respectabilité. J'aurais aimé les connaitre, tous les trois, partager un verre de vin avec eux sur le toit, plaisanter et refaire le monde. Les portraits des personnages secondaires sont très réussis aussi : de Babe Ruth qui aimerait être un grand homme mais ne parvient qu'à être un grand joueur de baseball (assez sympathique, malgré tout) au lieutenant Eddie, le gentil parrain de Danny qui bascule parfois dans les préjugés et la haine (nettement moins sympathique, pour le coup). Puis toute la famille Coughlin, Lila, les Gidreaux, les communistes, les anarchistes, les policiers, les syndicalistes...



Parce que c'est ça, la dernière particularité de ce roman : il est basé sur un fait réel méconnu, la grève de la police de Boston en 1919, et nous apprend énormément de choses sur la période, les mentalités et les événements. Cela se traduit dans le style, plus sérieux et moins percutant, mais toujours fin et agréable. On se sent (un peu) plus intelligent après la lecture, je me suis même surprise à reconsidérer ma position sur les syndicats (ou à tout le moins à me dire que je devrais me documenter plus sur la question).



Bref, une lecture tout à fait passionnante (mais je me réjouis quand même de retrouver le Lehanne de Kenzie-Gennaro dont j'avais vraiment adoré l'humour, par ex 'Gina-du-bain-moussant' qui est devenu culte pour moi).
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Mystic River

Un roman noir, très noir.

Cette première découverte (un peu tardive) de cet auteur m'a littéralement convaincue quant à la certitude de lire ses autres polars.

J'ai eu cette chance de ne plus me rappeler le film tiré de ce livre.

L'histoire de ces trois enfants, reliés par un même drame, est au final assez tragique. Réunis quelques années plus tard suite à la mort d'une des filles de ces "gamins", la vie de ces trois hommes en sera bouleversée.

Tous les ingrédients sont là pour nous maintenir au coeur de ce polar: gang, meurtre, amour, haine, vengeance, traumatisme, drame, noirceur, psychologie...

L'écriture de Dennis Lehane est envoutante et transcendante.

En un mot: magistral...

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Le Silence

Denis Lehane, si vous ne l'avez pas lu, vous l'avez sans doute "vu", car parmi ses oeuvres on compte des adaptations célébrissimes :"Mystic" River", "Gone baby gone", ou encore "Shutter island" pour ne citer que les plus connues.

Et à mon humble avis, ce "Silence" pourrait bien faire l'objet également d'un film, tant son héroïne est marquante et son décor très cinématographique.

Nous sommes à Boston, en 1974, ce n'est pas si loin n'est-ce pas ? Et un juge vient de prendre une décision dont il est loin d'imaginer les conséquences : pour mettre fin à la ségrégation, il imagine d'envoyer des élèves d'un quartier populaire blanc (et irlandais !), Southie, dans des lycées d'un quartier noir, Roxbury. Il appelle ça le "busing". Alors oui, ça va faire le buzz, même si on ne connaissait pas ce terme à l'époque, mais alors un très mauvais buzz. La communauté irlandaise de Southie n'est pas du tout prête à envoyer ses enfants dans des lycées de Noirs, et parmi les familles concernées, celle de Mary-Pat Fennessy, du moins ce qu'il en reste. Elle a perdu son premier mari, le second est parti, son fils Noel a sombré dans la drogue après son retour du Vietnam et en est mort. Elle n'a plus que Jules, sa fille de 17 ans, à laquelle elle tient plus que tout malgré les accrochages fréquents. Or voilà qu'un soir, Jules ne rentre pas, après une sortie avec des amis. Justement ce soir-là, un jeune noir, Auggie Williamson, fils d'une collègue de Mary-Pat est retrouvé mort, heurté par un train, du moins c'est ce que les premières constatations laissent croire. Très vite, il apparaît que la disparition de Jules et la mort d'Auggie coïncident. Et c'est là que le tempérament volcanique et la volonté farouche de Mary-Pat vont se révéler. Elle sera prête à tout, y compris à se mettre au ban de la petite société très fermée de Southie, et à défier les caïds locaux pour savoir ce qu'il est advenu de sa fille.



Elle force l'admiration, cette mère déterminée à découvrir la vérité, même si elle a tous les défauts de sa petite communauté renfermée sur elle-même. Ici, ça trafique, ça picole, ça ouvre grand la gueule pour affirmer qu'on vaut bien mieux que ces assistés de Noirs, et ça n'hésite pas à cogner dur, y compris en famille. Mais on est solidaire, on se tient les coudes quand un membre est dans la détresse...enfin pas toujours, car quand Mary-Pat va oser briser certains tabous, il n'y aura vite plus grand-monde pour la soutenir. A part un flic, peut-être...Qu'importe, elle ira jusqu'au bout pour avoir le fin mot de l'histoire.



Le contexte historique est réel, la ville de Boston a connu ces émeutes liées aux mesures anti-discrimination. Les quartiers sont si bien dépeints qu'on s'y croirait, et les habitants constituent une galerie de portraits saisissante. Mary-Pat est l'une de ces héroïnes qui vous marquent, avec tous ses défauts qui la rendent si humaine, et même si l'histoire en elle-même n'est pas particulièrement originale, elle est si bien racontée qu'on est totalement immergé dedans. Je lisais un autre roman parallèlement, je peux vous dire qu'il a un peu souffert de la comparaison, même s'il s'agissait d'une histoire totalement différente.



Il n'y a pas à tortiller, Denis Lehane sait y faire pour vous accrocher, il le prouve une nouvelle fois avec ce roman que je n'oublierai pas de sitôt. Et que j'espère voir porté à l'écran !

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Le Silence

PPPfffiioouuu …. Mais qu’est-ce qui se passe en ce moment ?

Nouveau livre encensé par mes amis de babélio, et à nouveau, déception au bout du fil…

Comme pour ma précédente lecture, j’ai trouvé que l’intrigue mettait un temps fou à démarrer à l’image de Bess, la vieille guimbarde de l’héroïne Mary Pat Fennessy.

J’ai erré pendant de nombreuses heures au volant de Bess dans les dédales du quartier de Southie, le quartier irlandais de Boston dans lequel est née, et a vécu toute sa vie Mary Pat. Parce que naître là, c’est y vivre, puis y mourir, pas d’échappatoire possible dans la tête de ses habitants.

Comme avec une bonne vieille DeLorean, j’ai fait marche arrière en 1974, à l’époque d’une ségrégation raciale qui bien qu’abolie par la loi était encore omniprésente, en particulier dans ce quartier pauvre, dont les habitants blancs se consolaient de leur triste sort en méprisant ceux qui leur semblaient alors encore plus bas qu’eux dans l’échelle sociale. Pour rappel, ce n’est qu’en 1968 que le Civil Rights Act a interdit toutes les lois et réglementations ségrégatives sur l'ensemble des États-Unis…

Dennis Lehane braque le projecteur dans la tête de Mary Pat, personnage qui n’a rien de très sympathique : raciste, pas éduquée, bornée, pleine de préjugés, toujours prompte à régler ses problèmes avec ses poings plutôt qu’avec ses neurones, à enfoncer les portes ouvertes sans se poser de questions (ou alors trop tard) …

Mary Pat a quelques circonstances atténuantes, les préjugés de l’époque, des parents violents, pas de perspectives, le décès de son premier mari, sa séparation d’avec le deuxième, le décès de son fils mort par overdose.

La seule personne qui la raccroche à la vie, sa fille Jules, disparait sans crier gare un soir qu’elle est sortie avec une bande d’amis. Le même soir, le fils d’une collègue noire décède dans des circonstances troublantes, heurté par un train alors qu’il semble être victime d’une course poursuite.

Mary Pat va remuer ciel et terre pour retrouver sa fille, prête à tout dynamiter dans le quartier, elle n’a plus rien à perdre…

La dernière partie du roman m’a vraiment plu, d’où tout de même les 3 étoiles, mais enfin que c’est long à démarrer !!! Pourquoi avoir planté le décor pendant aussi longtemps ? Je pensais lire un thriller haletant, j’en ai été pour mes frais …

Cette lecture ne me restera pas en mémoire… Je n’ai pas été non plus particulièrement accrochée par le style d’écriture, certains dialogues sonnaient un peu faux parfois.

Cependant je ne resterai pas sur ce demi-échec, et je me suis promis que je lirai un autre Lehane un de ces jours…

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Mystic River

Un super polar. J'en lis peu, mais lorsque je me laisse tenter par ce genre de roman, j'aime éprouver cette ambiance.

C'est glauque, pesant, parfois limite malsain, mais c'est aussi une ambiance d'amitiés, de clans, de loyautés et d'amours.

Le film, tiré du roman, est juste, il ne manque rien. Parfait...

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Shutter Island

***ALERT SPOILER***



- Votre Honneur, nous avons ici deux pièces à conviction qui prouvent que Gwen21 avait bel et bien réuni toutes les conditions pour apprécier la lecture de "Shutter Island". Si vous me permettez…



Pièce à conviction #1

Check-list d’avant lecture

Objectif 1 : se procurer le polar -> fait, emprunté à ManU17

Objectif 2 : lecture exclusive pour rester concentrée -> autres livres bannis dans les geôles de la PAL. Double vérification des cadenas -> ok

Objectif 3 : lire le soir, détendue, à la faible lueur d’une veilleuse, dans une maison silencieuse -> je risque l’insomnie mais tant pis, ça fait trop longtemps que j’attends de lire mon premier Lehane !



Pièce à conviction #2

Recette de la mayonnaise maison

Mélangez le jaune d'oeuf, un peu de sel, poivre, la moutarde et le vinaigre. Fouetter en versant peu à peu l'huile, la mayonnaise doit peu à peu épaissir.



Votre Honneur, vous conviendrez qu’une telle préparation indique sans qu’il soit permis d’en douter que ma cliente est innocente du crime dont elle est accusée, à savoir ne pas avoir pleinement apprécié la lecture de "Shutter Island", le plus célèbre polar de Mr Dennis Lehane. Par conséquent, nous plaidons "non coupable", votre Honneur.

- Merci, maître. La parole à l’accusée. Accusée, levez-vous au lieu de vous tenir ridiculement tassée sur votre banc. L’heure est grave. Qu’avez-vous à dire pour votre défense ?

- Votre Honneur !

- Maître ?

- Je me permets d’intervenir, songez qu’en s’exprimant ma cliente va s’exposer à l’incompréhension de la plupart de ses concitoyens et ami-lecteurs voire à leur opprobre.

- Accusée, levez-vous et parlez !

- Votre Honneur, j’ai pleinement conscience qu’en émettant un avis mitigé sur une œuvre aussi applaudie par les amateurs de polars et par la presse internationale je risque de perdre beaucoup de ma crédibilité, ce n’est pas rien… Tout a commencé il y a plusieurs mois quand j’ai découvert qu’il existait un écrivain nommé Dennis Lehane ; cette découverte fut fortuite, c’est l’avatar d’un lecteur, lehane-fan, qui a attisé ma curiosité et étant très curieuse par nature, j’ai voulu en avoir le cœur net ! Je me suis donc procuré "Shutter Island" lors d’une transaction parfaitement légale, votre Honneur.

- Pouvez-vous expliquer à la Cour ce qu’il s’est passé ensuite ?

- Tout de suite votre Honneur. J’ai commencé ma lecture ; j’avoue que le style de l’auteur m’a quelque peu déboussolée au départ, je manquais d’éléments pour me représenter le marshall Teddy Daniels, son âge, ses traits, etc… mais ça n’a pas véritablement gêné ma lecture. Tous les ingrédients pour créer une ambiance glauque et oppressante étaient bien réunis : une île, une tempête, un peuple de savants-fous en blouse blanche, un asile de criminels aliénés, une patiente psychopathe évadée… bref, j’étais confiante, votre Honneur. Hélas, tout a commencé à aller de travers quand j’ai compris 100 pages avant le moment où il fallait le comprendre qui était le fameux… patient 67.

- Poursuivez.

- Là-dessus, j’ai fait un faux pas, je l’avoue, j’ai découvert qu’il existait une adaptation cinématographique du polar.

- Vous l’ignoriez vraiment ? Vous vivez dans une grotte ?

- Tout juste, votre Honneur, dans un lieu reculé de la campagne bourguignonne.

- Poursuivez votre défense.

- Jamais l’idée de regarder ce film ne m’a traversé l’esprit votre Honneur, je le jure ! Mais je suis curieuse, j’ai voulu savoir qui incarnait le marshal et quand j’ai découvert que c’était Di Caprio, une faille irrémédiable s’est produite en moi car même avec le peu d’éléments fournis par l’auteur sur son enquêteur, jamais, votre Honneur, JAMAIS je ne lui aurais donné les traits de ce minet imberbe ! Et après… après, votre Honneur, plus moyen de m’ôter de la tête la face de premier de classe de cet acteur, ça a gravement nui à la suite de ma lecture, c’est une circonstance atténuante !

- Mais vous avez quand même frémi, eu peur, non ?

- A peine, je le déplore. Faut vous dire aussi que je ne le sentais pas moi, ce Chuck qui n’arrive même pas à retirer son arme de son étui. La vérité, votre Honneur, c’est que pas à un seul moment j’ai eu la sensation d’être absorbée par la lecture, happée, frémissante et haletante, avec la perception très nette que quelqu’un m’observait dans l’obscurité de ma chambre, rampait jusqu’à ma couette et allait surgir devant moi armé d’une arme blanche pour me trucider. Tout ça, je l’ai parfaitement ressenti en lisant "le Chuchoteur" de Donato Carrisi, je PEUX le ressentir ! mais avec "Shutter Island", hélas, rien de tout cela… Votre Honneur, je reconnais que l’ambiance est plutôt bien rendue mais le rythme de l’action est lent avec quelques éclats disséminés ici ou là…

- Concluez, vous épuisez la patience de ce tribunal, madame !

- Je suis navrée, votre Honneur, et vous mesdames et messieurs les jurés, de vous affliger. En conclusion, je peux affirmer que je ne me suis pas ennuyée et que ce n’est pas une mauvais lecture, loin de là, mais je crains fort de devoir contredire un de mes autres ami-lecteurs, Eric75019, car j’ai la certitude de vite oublier "Shutter Island"…

(Huées virulentes de l’assemblée)

- Accusée !

- Oui, votre Honneur ?

- Par ces aveux complets vous m’incitez à la clémence. Je vous condamne à lire dans l’année « Un dernier verre avant la guerre » pour rendre justice au talent de Mr Dennis Lehane.

- Ce n’est que justice et je m’acquitterai de cette peine, votre Honneur, avec plaisir car je déteste l’échec et je suis persévérante.





Challenge ABC 2012 - 2013
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Un pays à l'aube

Un moment de l’histoire d’une ville américaine, à travers trois personnages qui représentent trois visages de l’Amérique du vingtième siècle.



Il y a Babe Ruth, le joueur de baseball qui sera un des plus célèbres de l’histoire (et l’idole de mon grand-père, mais je ne peux pas m’empêcher de me demander comment les exploits des sportifs étaient connus à travers le monde à l’époque où il n’y avait ni télé, ni internet…)



Il y a le jeune policier Danny Coughlin, un Irlandais catholique, dont le père est capitaine de police. C’est aussi un idéaliste qui veut bien faire son métier et gravir les échelons. Il n’est pas attitré par la religion ou la politique, mais il veut défendre les siens et sera impliqué presque malgré lui dans ce qui deviendra un syndicat de policiers.



Il y a aussi Luther Lawrence, un noir qui est peut-être aussi doué au baseball que Babe Ruth, mais qui, bien sûr, ne peut pas participer, car on est alors en 1918 et le premier Noir ne sera admis dans les ligues majeures qu’à partir de 1947. Luther ressent avec acuité le malaise de ces gens qui sont exploités et méprisés à cause de la couleur de leur peau, tout en étant tiraillé entre son besoin de liberté et l’amour de sa famille.



Le protagoniste principal toutefois, c’est peut-être la société américaine elle-même. On la découvre à travers les évènements de l’histoire, la fin de la guerre, la grippe espagnole, mais aussi la violence sociale, comme à East-Saint-Louis où des Américains blancs ont incendié un quartier noir. Mais il n’y a pas que des tensions raciales, c’est aussi le début des luttes de travailleurs, avec une répression souvent sauvage de la part d’une escouade policière spéciale. Ces affrontements peuvent dégénérer en émeutes où de paisibles citoyens se transforment en vandales et en pillards qui frappent allègrement leurs semblables.



Un excellent thriller qui ouvre une page d’histoire et rappelle la fragilité de la liberté et de la paix sociale.

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Shutter Island

"Shutter Island", roman incroyable, avec une fin totalement inattendue.

Contrairement à ce que certains lecteurs conseillaient, je me suis lancée dans la lecture de ce roman alors que j'avais vu le film bien avant, mais j'en avais oublié la fin ou en partie en tout cas.

Donc une fois les dernières pages du roman arrivées, tout m'est revenu, et là je me suis dis que j'avais vraiment aimé ce FINAL. Du grand art!



Ayant mis le visage de Di Caprio, que j'ai d'ailleurs trouvé très bon dans cette adaptation, J'ai tourné les pages au gré des aventures de Leonardo, et c'était plutôt agréable, cela réchauffait un peu cette ambiance glauque et oppressante de cet univers psychiatrique.



Ce roman est d'une logique implacable, tout s'emboîte, c'est aussi un hymne très noir à la puissance du cerveau humain( je n'en dirai pas trop...), à sa capacité d’adaptation et de protection.



En ouvrant ce roman, j'ai débuté un voyage au pays de la folie ou rien de ce que l'on croit tangible ne l'est.



J'ai aussi vu l'adaptation de Mystic river avec le merveilleux Sean Penn, et je n’hésiterai absolument pas, encore une fois à lire le roman, malgré les souvenirs qui me restent du film. car pourquoi se priver d'une extraordinaire lecture sous ce prétexte.










Lien : http://livresque78.over-blog..
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Le Silence

Mary Pat croyait vivre dans une communauté soudée. Mary Pat croyait que c’était mieux que les gens qui se ressemblent vivent ensemble et que ceux qui ne leur ressemblent pas vivent ailleurs. Mary Pat se croyait protégée dans son petit quartier. Mary Pat croyait que le danger c’était la différence. Mary Pat croyait beaucoup de choses, jusqu’à ce qu’elle ait vraiment besoin d’aide et de solidarité et que son monde se fracasse contre un mur de silence. Un silence qui occupe tout l’espace, qui se propage et se répand comme un mauvais virus. Un silence d’une violence inouï qui se nomme omerta.



Dans ce silence grandit une tension psychologique. Pas une tension qui vous torture tant elle est insoutenable. Plutôt celle qui est insidieuse et monte crescendo, inéluctablement. Celle qui tourne en arrière plan et vous obnubile. Une tension qui couve et enfle dans le seul but de tout faire voler en éclat.



Sur fond de racisme ordinaire et de ségrégation Mary Pat mène l’enquête pour briser le silence et découvrir ce qui est arrivé à sa fille, Jules. Un combat désespéré pour lever le voile sur ce mystère qui pèse si lourd dans son cœur. Aussi redoutable soit ce gang de vauriens, ce n’est rien face à la fureur d’une mère, et Mary Pat compte bien leur faire apprendre la leçon. Par cœur, pour l’éternité.



L’auteur déroule l’intrigue sous une plume chirurgicale. Rien n’est laissé au hasard, tout est pesé avec soin et dans un but précis. L’enquête est menée tout en finesse et en subtilité jusqu’à ce que l’auteur décide de sortir l’artillerie lourde. Un récit qui critique ouvertement le racisme sans pour autant jeter la pierre. Expliquer sans excuser, chercher à comprendre pour mieux changer les choses. Ne pas cautionner mais dénoncer intelligemment sans diaboliser. Si on comprend, on peut avancer et améliorer les choses. Une petite lueur d’espoir dans un monde désespérant de noirceur.



J’ai tout particulièrement aimé l’évolution du personnage de Mary Pat et l’honnêteté de celle ci. Dennis Lehane nous offre un personnage qui ne se trahit pas et qui sait qui il est, pour le meilleur et pour le pire, le meilleur étant mort. Un excellent polar avec un message fort. Ça envoie du lourd !
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Gone, Baby, Gone

La disparition d'une enfant! Quelle horreur! Le pire scénario possible?! La cave du pédophile. "Volatilisée" ! Béatrice et Lionel sont atterrés... On penche pour un kidnapping. Angie Gennaro & Patrick Kenzie ne sont pas chaud chaud pour reprendre l'enquête ! Cellle-ci commence par l'interrogation des proches, la tournée des bars... Puis ça piétine... Les policiers n'ont jamais eu une telle affaire, aussi médiatique... Un peu trop de noms propres à retenir x)... Hélène la super maman qui détruit sa fille de l'intérieur petit à petit... genre j'en connais un... On découvre que beaucoup de gens sont mouillés et que les enquêteurs vont se sentir très seuls. Sombre histoire des MaCready autour de laquelle gravite un bon gros tas de pognon...

Des débats sur la société et s'il convient d'y faire venir un enfant ou pas...

J'ai presque pas lâché le livre des yeux en 550 pages ; )...

Je n'aime pas vraiment le roman policier moyen habituellement, mais celui-là ; )... Et puis si c'est signé du même nom que Shutter Island !!... Je crois que je lirais d'autres Dennis Lehane, c'était un super conseil! ... Finalement, lire un peu plus de romans policier, car pour moi qui aime davantage le fond que la forme, c'est une bonne pioche! ; )...

Recommandé par CasusBelli & seshat123. Merci.
Lien : https://vella.blog/
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Le Silence

South Boston, les années 70, le quartier irlandais, un quartier très populaire mais blanc, contrairement au quartier d'à côté qui est à majorité noir.

Le quartier se révolte contre une décision des autorités, le « busing » qui consiste à transporter des élèves noirs américains dans les écoles où les blancs prédominent et inversement.

Mary Pat du quartier de South Boston se révolte contre ce système, mais ce jour elle est à la recherche de sa fille Jules qui n'est pas rentrée à la maison.

Le même soir, un jeune noir est mort dans une station de métro.

Est-ce une simple coïncidence ou y a-t-il un lien entre les deux événements ?

Elle a déjà perdu son fils à cause de la drogue, omniprésente dans le quartier, et se battra jusqu'au bout, même contre les barons de la drogues s'il le faut, pour connaître la vérité.



Ce roman propose un magnifique personnage de mère combattante, d'Irlandaise au caractère fort qui ne lâchera rien, au risque de sa vie.

C'est aussi un témoignage de ces années 70 où le racisme, le communautarisme et les ravages de la drogue hantent la ville (et en l'écrivant je me rends compte que rien n'a probablement changé aujourd'hui...)

Dennis Lehane a du métier, il a le sens du rythme pour mener cette histoire et il évite tout manichéisme avec des personnages contrastés, le policier notamment.

Et bien sûr on imagine déjà ce roman, très cinématographique, adapté à l'écran...

Voilà un très bon roman, très sombre, comme tous ceux de Lehane.

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Mystic River

Mystic River est un roman noir d’une facture classique que ce soit par la profondeur des personnages ou la précision de l’écriture. Incontestablement, un chef-d’œuvre du genre.

Dave, Jimmy et Sean sont amis d’enfances. Amis ? Pas si sûr en réalité. Jimmy et Sean jouent ensemble parce que leurs pères passent leurs samedis après-midi ensemble. Quant à Dave, il est plus toléré que recherché par les deux autres. Dave est enlevé sous leurs yeux par deux hommes qu’ils pensent être des policiers. Il parvient à s’échapper, est ramené par de vrais policiers chez sa mère. Jimmy et Sean, du haut de leurs onze ans, culpabilisent sans réaliser ce qu’il s’est passé, quelque chose d’horrible, ça, c’est sûr.

Vingt-cinq ans plus tard, la fille de Jimmy est assassinée…

Mystic River est un roman noir, mais aussi une tragédie tellement le mécanisme tend vers d’autres drames, implacablement. La fatalité est là, qui poursuit certains personnages depuis leur naissance, en fonction du quartier où ils vivent.


Lien : https://dequoilire.com/mysti..
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Un dernier verre avant la guerre

Oui, bonne idée de boire un dernier verre avant d'entamer son premier Lehane... Par précaution, pour supporter l'insupportable.



Si le récit commence plutôt doucement avec la recherche d'une femme de ménage noire disparue en emportant des documents compromettants, il sombre vite dans la violence. La guerre, ici, est l'affrontement sanglant des gangs des quartiers noirs de Boston. Mais c'est aussi le combat de deux détectives qui aspirent à une certaine forme de justice. Car la violence n'est pas que dans la rue, la plus insidieuse se cache à l'intérieur des foyers, parfois chez des êtres dont on honore publiquement la morale.



Patrick Kenzie et Angela Gennaro, les héros de Dennis Lehane sont tout sauf lisses. Ils sont imparfaits et cabossés par la vie et c'est justement ce qui les rend attachants. Patrick nous confie peu à peu les traumatismes de son enfance, tandis qu'Angie finit par réagir aux coups de son mari d'une manière assez jubilatoire.



Le style n'est pas lisse non plus, c'est le moins que l'on puisse dire, et cela m'a énormément plu. C'est cru et parfois grossier, souvent exagéré et surtout plein d'humour, ce qui distingue l'élégance de la vulgarité.



L'intrigue se tient et donne envie d'aller au bout du livre, même si certains éléments sont prévisibles. Petit bémol pour les scènes de fusillades, dignes de films à grand spectacle, où les gentils ont une propension surnaturelle à échapper aux tirs de leurs poursuivants. Mais sans ce petit coup de pouce du destin, l'histoire s'arrêterait, n'est-ce pas ?



L'auteur aborde les rapports sociaux avec lucidité: l'hypocrisie des puissants, le machisme et surtout le racisme donnent lieu à des tirades remarquables. Avec la virtuosité d'un équilibriste, Lehane tranche dans le vif et montre plusieurs points de vue, sans fausse note.



Une première lecture qui en appellera d'autres. Merci à Jeranjou pour cette entrée réussie dans l'univers de Lehane.
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Moonlight Mile

Qui aime bien châtie bien...



Comme l’atteste mon icone aux allures ténébreuses, je suis un admirateur inconditionnel du maitre du polar américain. J’essaie patiemment d’évangéliser la Lehanuetude partout en Europe, surtout en Belgique où d’irréductibles lecteurs du roi anglais de l’enquête à deux livres six sous sévissent encore sur ce site.



Dès lors que je pense à Pat et Angie, les héros de Lehane, je suis à genoux et impatient de les retrouver après des années d'absence et le passionnant "Gone baby gone". J'ai même failli acheter "MoonLight Mile" en anglais pour briser cette attente interminable !



L’objet entre les mains, avec un plaisir non dissimulé, je retrouve nos personnages favoris mais sans leur job de détective privé malheureusement. Patrick travaille pour une compagnie de surveillance et Angela a repris ses études pour devenir sociologue. Plus étonnant, Pat et angie ont une petite fille de quatre ans Gabriella et se sont assagis définitivement dans leur maison de Boston.



Autant le dire tout de suite, il est préférable d’avoir lu « Gone, baby, gone » de Lehane afin de mieux comprendre pourquoi Patrick Kenzie essaie de « réparer » une blessure profonde qu’il contractée dans ce dernier roman.



Douze ans après cet évènement, Beatrice McCready réapparait et s’inquiète une nouvelle fois pour sa nièce Amanda qui a disparu. A vous de découvrir comment Patrick se lancera dans une nouvelle aventure lehanienne…



A la lecture de « Moonlight Mile », j'ai trouvé nos deux héros un peu fatigués, usés et l'auteur peut-être également. Je n'ai pas trouvé la plume aussi aiguisée que d’habitude et il m'a manqué des rebondissements comme Lehane sait les distiller. Bien sûr, l'humour subsiste encore et s’avère toujours efficace.



Malgré tous ces points négatifs, la lecture est plaisante et le roman reste très correct. Mais Lehane a mis la barre tellement haute durant sa série précédente que j’en attends toujours des merveilles.



Pour moi, « Moonlight Mile » reste donc un cas de conscience car je me devais de critiquer l’ouvrage sans trop écorcher mon dieu vivant du roman noir. Exercice périlleux vous allez me dire !



Les nouveaux lecteurs seront surement ravis de découvrir un nouvel auteur de polar, les fans resteront un peu sur leur fin. Je ne parle même pas des pseudos néo-fans à la plage qui s’agitent avec leur verre à la main, les doigts de pied en éventail.



Finalement, il faut que je reprenne absolument "Un pays à l'aube" de Lehane que j'avais arrêté malencontreusement durant la trop longue partie de base-ball pour glorifier de nouveau le maitre.



Fan de Lehane un jour, Fan de Lehane toujours...





Ps : L’icône me suffit, moi !

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Mystic River

C'est Lehane. Sans hésiter, c'est 5 étoiles. Mais je l'ai lu quand même ce bouquin. Je ne me serais pas permise. 5 étoiles pour ce roman noir ne sont pas plus volées que 5 étoiles pour son thriller Shutter Island. 5 grosses étoiles dodues pour une histoire aux petits oignons (frits) et à l'écriture impeccable (ben oui, ça compte surtout que les bons romans noirs ou les bons thrillers ou les excellents polar n'encombrent pas les étagères).



L'enfance maltraitée se paye des années après. Rien à faire. On n'y coupe pas.

L'éducateur Lehane (en vrai) l'a confié à l'écrivain Lehane (tout aussi réel). Lequel Lehane a donc pondu ce remarquable roman noir (vous pouvez souligner remarquable au surligneur) que je vais m'empresser de dévoiler pour vous gâcher le plaisir de lire (Tatie Danielle ma cousine, Carmen Cru mon amie):



Par une douce soirée d'été, trois amis jouaient gentiment au lieu de réviser leurs tables de multiplication. Un camion benne arriva fourré d'un éléphant déguisé en syndicaliste de la CGT et d'une écrevisse déguisée en facteur. Le grimage était parfait. Le petit Potiron fut enlevé au nez et à la barbe de ses copains Julien Sorel et Marc Twain, lesquels contemplèrent la disparition de leur pote sans plus bouger que des légumes, aussi saisis que des poivrons rouges sur un grill.

Potiron réapparaissait quatre jours plus tard, les pépins tuméfiés.

Les années passèrent. Les amis grandirent, s'éloignèrent. L'écrevisse partit à la nage en Alaska épouser un phoque. L'éléphant se recycla dans la serrurerie. Et les perdus de vue finirent par se retrouver grâce à Jacques Pradel. Les retrouvailles furent peu concluantes. Julien et Marc tombèrent amoureux de Barbie rencontrée sur le plateau de TF1, se provoquèrent en duel. Louis XV les embastilla. Barbie échoua dans un bouge de la Nouvelle-Orléans (bien fait pour elle. On salue Lehanne le moraliste). De son côté, Potiron paya James Bond pour retrouver l'écrevisse (mariée à un phoque, je vous le rappelle). Un mouvement écologiste, mystérieusement informé, spécialisé dans la protection des crustacés pédophiles, noya James Bond dans la Mystic River (d'où le titre).



Ce roman très noir fouille l'âme humaine (oui oui et animalière), interroge sur les conséquences d'un fait des années après. Pour moi, l'un des meilleurs romans noirs de ce XXI° siècle ainsi que du XI° siècle. Et du IV°.

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Le Silence

South Boston, 1974, un quartier ouvrier blanc où la mafia est partie intégrante de la vie quotidienne. Un jugement fédéral reconnaît que, en matière d'éducation, les élèves noirs ont été systématiquement défavorisés par rapport aux blancs. Pour y remédier, on décide de mettre en place le « busing », une déségrégation scolaire : chaque jour, on transportera des élèves noirs dans des écoles des quartiers blancs et vice-versa. Sans surprise, les deux communautés s'inquiètent de la prochaine rentrée. Un manifestation se prépare dans le quartier irlandais et Jules (Julie) est directement concernée. Elle est la fille de Mary-Pat Fennessy, une forte femme qui a connu toutes les galères et qui, si elle est honorablement connue, s'est attirée quelques jalousies parce qu'elle ne mâche pas ses mots. Un matin, on retrouve un jeune Noir mort sur les rails du métro. Or Mary-Pat remue ciel et terre parce que Jules n'est pas rentrée chez elle depuis la veille au soir. Une coïncidence se demande l'inspecteur Bobby Coyne ?

***

Je ne sais pas trop pourquoi, mais j'ai mis quelques pages à m'habituer à la narration au présent qui ne me gêne pas d'habitude. Dès que je l'ai oubliée, j'ai plongé dans ce roman intense où Dennis Lehane nous présente un quartier ouvrier de sa ville, Boston, dans les années 1970, et nous plonge dans une époque qui n'est révolue qu'en apparence. Mary-Pat n'est pas présentée comme une femme très sympathique au début du roman. On comprend qu'elle a vécu des galères, qu'elle a du mal à joindre les deux bouts malgré deux boulots, qu'elle élève sa fille sans aide, etc., dans ce quartier où elle a toujours vécu et dans lequel une solidarité de façade peut vite se transformer en harcèlement. de petits mafieux règnent en maître et rien ne se fait sans qu'ils soient au courant. On va assister à la prise de conscience sociale de Mary-Pat qui commence à considérer la communauté noire avec un regard différent : les deux groupes se côtoient sans se mélanger, mais ils se ressemblent beaucoup. Dans leur propre quartier, à Dorchester, les Noirs vivent des mêmes petits boulots, affrontent le même type de problèmes, s'inquiètent pour les mêmes motifs, tremblent pour l'avenir de leurs enfants… Plus Mary-Pat pose de questions pour retrouver sa fille, plus elle fait peur à sa communauté et plus elle se retrouve isolée : face à elle, le Silence. L'inspecteur Bobby Coyne tente de lui venir en aide, mais elle ne l'écoute pas toujours. Sa colère se transforme en rage au fil de ses découvertes. J'ai beaucoup aimé ce roman noir. La quantité de dialogues et un découpage très cinématographique laissent espérer une adaptation au cinéma. Un beau roman qui parle de courage, de racisme, de repli communautaire, d'influence du milieu social, de jalousies et de rancoeurs inter et intracommunautaires, de corruption active et passive et d'une héroïne formidable qui réussit à grandir dans cette ambiance délétère. Un coup de maître, sans aucun doute. J'espère qu'il ne faudra pas attendre six ans pour le suivant !

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Shutter Island

Jusqu’au bout ! Jusqu’au bout l’auteur nous balade au coeur de l’humain et de ses psychoses.

Incroyable roman fascinant, déstabilisant, addictif.



Je partais en vacances sur mon île et j’avais emporté ce roman retrouvé au fond de ma bibliothèque et encore non lu. Je m’étais dit qu’il suffisait d’un pont pour relier ces deux îles. Que nenni ! L’histoire se déroule dans les années cinquante. Shutter Island n’a rien d’un paradis. C’est un petit bout de terre où séjournent des fous furieux meurtriers et retenus dans un hôpital psychiatrique. Alors pourquoi y débarquer ? Pour retrouver une patiente disparue. Et cette mission a été confiée par les autorités de la prison-hôpital au marshall Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule...



En dehors de l’intrigue finement ficelée, j’ai également apprécié la dénonciation des expériences physiques subies par les patients internés, la puissance galopante des laboratoires pharmaceutiques et des apports financiers octroyés, même si tous ces thèmes ne servent pas de base à ce roman noir efficace.
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Face à face

Sur le papier , le projet était prometteur, alléchant... Pensez donc : réunir 22 auteurs de Policiers/thrillers, leur proposer d'écrire en duo, une nouvelle , en y incorporant au moins un, de leurs personnages récurrents. Chacun devant composer avec l'univers de l'autre. Parfois les personnages n'habitant pas la même ville, il a fallu ruser, imaginer un prétexte qui tienne la route...

Sur les 22 auteurs réunis, J'en connaissais 11. (Et vraiment sur le bout des doigts : 3 ). Aussi quand j'ai vu l' association Ian Rankin/Peter James, je buvais du petit lait...

Mais j'ai été déçue, le format "nouvelle" a fait que je n'ai pas réussi à rentrer dans l'histoire, je l'ai trouvée pâle par rapport à ce que ces deux auteurs sont capables de faire habituellement, chacun de leur côté...

D'ailleurs , je me suis copieusement ennuyée pour beaucoup.

Seuls Dennis Lehane /Michael Connely , puis Raymond Khoury et Linwood Barclay ont su m'alpaguer. Et leur façon de faire était identique : une petite phrase un peu décalée, balancée l'air de rien au début, un milieu avec du suspens, et en chute finale, une réplique qui claque et qui fait sourire, destinée à boucler l'histoire...

Oui, vraiment, ces quatre là ont "fait le job", comme on dit...

Reste que les droits de ce livre seront reversés à l' ITW (association des auteurs de thrillers) , qui , ainsi, pourra promouvoir de jeunes talents. Alors merci aux "vieux" talents de s'être prêtés à cet exercice pour que de jeunes écrivains puissent un jour devenir de vieux talents ...
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