En cet été de 1974, à South Boston, quartier irlandais de Boston, Mary Pat Fennessey mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes.
Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble.
D’autant que la récente politique de déségrégation mise en œuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu’une grande manifestation se prépare. Dans la recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, aussi dévastatrice soit-elle.
Grand roman américain, Le Silence met à nu le cœur sombre d’un pays en plein désarroi à travers le portrait d’une mère au cœur brisé.
Après une trop longue absence (6 ans depuis son dernier roman), Dennis Lehane revient avec un très grand roman de la trempe de Mystic River ou de Shutter Island, Le Silence.Le contexte du roman : la déségrégation
En préambule, l’auteur rappelle dans une note historique le contexte de son roman.
Le 21 juin 1974, le juge fédéral W. Arthur Carrity Junior, constatant que le comité de l’enseignement public de Boston a systématiquement désavantagé les élèves noirs dans les établissements de Boston, décide de transférer quotidiennement en bus des enfants des quartiers majoritairement blancs vers des écoles des quartiers majoritairement noirs et inversement pour mettre un terme à la ségrégation dans les lycées publics de la ville. On parle alors de déségrégation et de busing (pour le transfert en bus).
Les lycéens et leurs parents ont 90 jours pour s’y préparer et des émeutes ont alors lieu pour protester contre cette décision.
Des personnages qui luttent pour briser Le Silence
Mary Pat habite South Boston, un quartier ouvrier qui compte une forte communauté d’origine irlandaise. Elle élève seule sa fille Jules, 17 ans, et cumule deux jobs pour payer les factures (quand on parle aujourd’hui de travailleurs pauvres, on se rend compte que cela n’a rien de nouveau).
L’auteur installe les personnages qui gravitent autour de Mary Pat : Brian Shea, au service de Marty, chef de la mafia locale, Ronald Run Collins, petit ami de Jules, Brenda Morella, sa meilleure amie, Kenny, l’ex-mari de Jules parti au bout de 7 ans de mariage. Il peint peu à peu un portrait riche et tout en nuances de la communauté de South Boston et de cette aide-soignante, prête à tout pour sa fille.
Au travail Mary Pat est amie avec Dreamy, qui incarne “la bonne noire”: "mais c’est une amitié entre Blancs et Noirs, pas le genre d’amitié où on échange son numéro de téléphone."....
Si ce roman est universel, même si on n’est pas américain, ni irlandais et qu’on a jamais côtoyé de près comme de loin l’univers de la mafia, c’est parce qu’à travers cette histoire, l’auteur dit la difficulté d’être parent, ce besoin quasi inconscient de vouloir protéger nos enfants de toute souffrance alors que c’est impossible.
Du très grand Dennis Lehane avec des phrases qu’on lit et relit en applaudissant intérieurement leur justesse et leur puissance ( bravo au traducteur François Happe).
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