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Critiques de Caroline Hinault (137)
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Traverser les forêts

Découverte grâce à son premier roman, Solak, magnifique huis-clos arctique, comment ne pas continuer à lire Caroline Hinault pour le plaisir de savourer une fois encore une écriture de qualité, un sujet étonnant, une excellente maîtrise de la construction romanesque. Alors en route pour "traverser les forêts".



Les forêts en question sont celles qualifiées de primaires, qui se situent aux confins de la Pologne et de la Biélorussie, renfermant une frontière particulièrement espérée par les centaines de migrants arrivant du Sud et de l'Est, désireux de passer en Europe pour fuir les oppressions et autres dictatures. Mais cette frontière, simple barbelé défendant le monde occidental est, depuis 2021, surveillée en permanence tant par les soldats biélorusses côté est que par les militaires polonais côté ouest pour traquer les sans-papiers, les sans-lieu, les désespérés en quête d'un exil supportable.



Cette forêt primaire, peuplée d'une faune sauvage, ne recèle que peu de chemins forestiers, et se développe en un enchevêtrement d'arbres immenses, de fourrés épais, intraversables, de caches improbables et inhospitalières. Trois femmes, aux origines très différentes, vivent dans cet environnement hostile, et le lecteur les découvre l'une après l'autre, illustrant des circonstances qui pourraient concerner chacun de nous au gré des événements de la vie.



Alma, tente de franchir la frontière en direction de la Pologne pour fuir le durcissement du climat répressif en Russie, où d'ailleurs sa soeur est morte dans un attentat. Elle a pu arriver en Biélorussie car son passeport l'y autorisait, mais l'Europe c'est autre chose !



Nina, elle, vient de se séparer de son mari, et habite de nouveau la maison forestière qu'elle a héritée de ses parents, à l'orée de la forêt primaire. Elle avait tenté sa chance en Pologne, sa beauté lui servant de passeport pour le mannequinat, mais de désillusion en rejet, elle est rentrée au pays, et travaille désormais dans un supermarché, se laissant peu à peu gagner par une rancoeur sourde.



Véra, enfin, journaliste biélorusse engagée, ayant couvert nombre de conflits, jusque dans son propre pays, a choisi de s'exiler après la manifestation de trop, et s'installe pour un séjour prolongé dans une cabane immergée côté polonais, tout près de cette fameuse frontière. Elle espère se retrouver, lire, écrire, prendre du recul.



La forêt n'est pas la même pour ces trois femmes, chacune aux prises avec ses envies, ses peurs, ses souvenirs, ses illusions, ses espoirs. Et pour nous lecteurs, le lien se fait peu à peu entre ces trois vies si différentes, dans la tension qu'imprime l'actualité politique et dans la découverte d'une nature où l'homme n'a pas son "mot" à dire, sauf à y introduire une violence trop humaine. de fois en fois dans le texte de ce formidable roman, des citations, des extraits de la Divine Comédie de Dante, viennent rythmer la lecture et lui donner une dimension poétique qui adoucit la force brutale de ce qui se raconte.



Caroline Hinault nous donne à lire un roman fort, épique, au plus près d'une nature non abîmée par l'homme, où le lecteur ne peut que s'impliquer organiquement dans la compréhension de ses peurs et désirs, en prise directe avec les temps actuels.
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Solak

Ce premier roman met en scène 4 personnages dans un huis clos simultanément étouffant et glacial dans l’interminable nuit polaire pleine de dangers. Parmi ces derniers, la folie qui guette n’est pas le moindre. Les hommes sont aussi rudes que le climat et seul Grizzly, le scientifique dégage un peu d’humanité. Caroline Hinault dans un style très personnel impulse beaucoup de puissance à son récit sans temps mort où l’on sent résonner la solitude et la rigueur du Pôle Nord. Le final totalement inattendu m’a cueillie. Une auteure à suivre.
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Solak

Solak est un roman pour le moins étonnant, dont le style et la narration risquent d'en surprendre plus d'un. Solak c'est aussi une exploration extrême dans les méandres de l'âme humaine, à la mesure du cadre du roman, rude et impitoyable, car le froid conserve tout, y compris les souvenirs les plus enfouis qui ne font que sommeiller.

Pour ce qui est du style, je crois bien que c'est le premier roman que j'ai lu qui soit complètement exempt d'adverbes de négation, un peu pénible au début, cela dit, avec un narrateur unique, on comprend vite que celui-ci écrit comme il parle. Un autre aspect m'a, par contre, beaucoup plu : la grande majorité des phrases sont des métaphores, pas toujours très fines, mais toujours précises et ciselées, très en phase avec ce contexte hostile et délétère.

Je vais faire une petite digression qui s'adresse aux nombreux lecteurs de "La horde du contrevent", tout au long de ma lecture, j'ai eu l'impression de lire et "entendre" Golgoth en mode mélancolique et désabusé, une impression agréable pour tout dire.

Caroline Hinault m'a impressionné, pour un premier roman, c'est vraiment bon avec un suspense parfaitement maîtrisé et une tension qui monte crescendo. Le scénario imaginé par l'auteur est un modèle d'efficacité, l'utilisation des ingrédients climatiques extrêmes est parfaitement employée pour nous offrir un huis-clos étouffant et anxiogène qui va nous tenir en haleine jusqu'au bout, le tout sans en faire trop, ce que j'ai apprécié.

Le point fort du roman selon moi, tient avant tout dans le traitement des quatre personnages et dans l'équilibre instable nécessaire à la survie, il n'est même pas question ici d'harmonie, quand viendra la grande nuit, la solidarité devra être totale...

Ce roman, est aussi à sa façon une réflexion sur le genre humain et la difficulté à cohabiter quand les règles écrites ou tacites n'ont plus cours.

Sur ce bout de territoire Arctique, quatre hommes, "Grizzly" le scientifique pacifique, Roq et Piotr, les deux militaires au passé incertain, et la nouvelle recrue, "le gosse", un taiseux et pour cause, il est muet, s'apprêtent à affronter la grande nuit. Piotr, le narrateur a un mauvais pressentiment...

Pour conclure, j'ai passé un très bon moment de lecture, avec un intérêt et une curiosité en éveil tout du long, je mettrais juste un bémol avec le tout dernier chapitre et son épilogue, je l'ai trouvé un peu invraisemblable et pas en harmonie avec l'ensemble de l'histoire, j'ai ressenti une "pointe" de frustration, cela dit, j'ai vraiment aimé.

Il me reste à remercier les nombreux babeliamis qui ont lu ce roman et notamment Onee et sa liste "Un bon roman sous la neige" qui m'ont porté vers cette lecture.
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Solak

Embarquez pour le Grand Nord… non pas pour une croisière, entre visites, excursions et observation de la faune locale, non non..

Solak, sera un voyage sombre au cœur du Grand Nord, cette terre inaccessible au commun des mortels, où seules des têtes brûlées ont décidé de s’y expatrier, y vivre pour y défendre un drapeau. Là où la Grand Nuit dure des mois durants, où le froid vous congèle sur place en un rien de temps.

Une fois le pied posé sur terre, faites la rencontre de personnages au passé trouble dont on ne sait presque rien. Deux militaires, un scientifique et une jeune recrue qui débarque aussi à Solak, suite au décès d’un autre militaire dans de sombres circonstances.



Solak est un court roman très immersif, un huis clos glaçant . Le paysage est aussi grandiose qu’il est cruel. La tension est palpable dès la première phrase, on sait qu’un drame est en préparation.. quel sera-t-il ? La tension monte, le drame tarde à venir… Un dénouement auquel je ne m’attendais absolument pas.



Les personnages ne sont pas attachants ; mais au contraire distants, insaisissables, extrêmement froids comme le vent qui souffle dehors. Ce qui participe à la mise en place du climat glauque et étouffant.



Pour ce qui est de la forme ; j’ai souvent eu du mal avec la mise en page du roman, pas de différenciation entre les pensées du narrateur et les « dialogues », peu de ponctuation, un texte peu aéré.



Concernant la plume en elle même,je dois dire que je suis plutôt mitigée, partagée entre les mots parfois très crus et les passages plutôt bien écrits, des métaphores recherchées, presque « poétiques ». A l’occasion, je testerai un autre roman de l’autrice.



Pour conclure, un roman sombre sympathique, une fin en apothéose que je ne soupçonnais pas une seconde, une belle découverte.
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Solak

Quel roman dérangeant qui dès les premières lignes met le lecteur mal à l'aise et le tient sur ses gardes !



Nous sommes à la fin du vingtième siècle sur une presqu'ile imaginaire au-delà du cercle polaire arctique. Un minuscule camp militaire avec quelques baraquements rouillés et un drapeau à relever tous les jours. Voici le décor. L'automne touche à sa fin et bientôt vont apparaitre les premiers signes de l'hiver, les jours raccourcissent et la longue nuit va tomber pour six mois. Une obscurité déprimante dans un froid perçant, le souffle violent du blizzard, la banquise à perte de vue avec ses crevasses, congères et autres failles dangereuses et dans cette immensité glacée attention aux ours polaires affamés de chair fraîche, les redoutables Paters comme les nomme l'autrice.



Dans ce désert blanc éloigné de toute civilisation cohabitent, par la force des choses, trois personnages : deux militaires au passé trouble et un scientifique idéaliste. Piotr, le narrateur, est le plus ancien sur la base, vingt ans d'exil volontaire. Quel secret est-il venu dissimuler ici ? Pour l'épauler dans sa mission de surveillance du territoire, Roq un individu primaire, violent, une véritable brute, très bon chasseur. Enfin, à côté d'eux, un jeune scientifique idéaliste surnommé Grizzli. Il est chargé d'étudier des phénomènes climatologiques et de faire des relevés dans la glace.



Au début de l'histoire, débarque, hélitreuillé, un quatrième personnage, une recrue militaire destinée à renforcer l'équipe de Piotr et Roq et remplacer Igor qui s'est suicidé récemment en se tirant une balle dans la tête, face à ses compagnons. D'allure assez frêle, mutique, énigmatique, le jeune soldat, que les autres appellent simplement le gosse, s'avère inquiétant ; il vient perturber le fragile équilibre existant, injectant immédiatement une forme de tension dans le groupe.



Comment ces quatre-là vont-ils réussir à cohabiter dans cet espace restreint et passer la grande nuit arctique ensemble ? Dans des conditions extrêmes ils vont devoir se retrouver face à eux-mêmes, à leur propre humanité et à leur passé qui peut ressurgir à tout moment. Caroline Hinault, dont c'est le premier roman, signe un huis clos oppressant dans la nuit glacée. J'ai beaucoup aimé le rythme lent du récit, telle la vie monotone et l'ennui ressenti dans cet univers hostile, puis la tension qui monte irrémédiablement. La tragédie arrive, on la sent approcher mais on ignore encore quelle forme elle va prendre et quel danger va frapper.



L'autrice déclare en interview que la rédaction de son livre a été poussée par le sentiment de révolte qu'elle éprouvait sur l'état du monde, la perte des valeurs et la violence persistante. Elle a « voulu faire un livre féroce. » dit-elle, où des hommes sont confrontés à la sauvagerie de la nature et à l'angoisse existentielle. Elle remplit parfaitement son objectif, aidée en cela par une écriture brute, imagée, familière, souvent très crue mais parfois humoristique et même poétique, ses descriptions des paysages enneigés et des aurores boréales sont magnifiques. Elle écrit comme parle Piotr, le narrateur. Le moins qu'on puisse dire est qu'il ne fait pas dans la dentelle...



Dès le prologue, j'ai été happée par l'atmosphère angoissante de ce roman, me demandant jusqu'où l'autrice allait m'emmener. Presque figée dans ce décor glaçant, j'ai assisté impuissante à la violence des hostilités entre les personnages et au drame à venir. Par contre, le dénouement surprenant et romanesque m'a laissée dubitative. Néanmoins je recommande cette lecture aux amateurs de thrillers et aux autres aussi.



#Challenge Riquiqui 2024

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Solak

Un livre que j'ai acheté en me rendant "quai du polar".



Après avoir acquis un livre écrit par Henaff, qui me rappelait ma Bretagne natale... Les initié.e.s suivront... Je n'ai pas pu ne pas acheter un livre écrit par Hinault. Car Bernard est également un enfant du pays.



Bon j'avoue que mes jeux de mots sont pourris.



Solak est un roman qui sort de l'ordinaire. Ce n'est pas franchement un polar dans le sens classique car il n'y a pas de détective et il n'y a pas de recherche de l'assassin.



Non c'est plus une montée en puissance. La certitude qu'un drame va arriver.



Et cette montée en puissance, elle est portée par un vieux briscard qui est présent depuis 20 ans au fin fond du monde... Dans une station polaire. Ce vieux soldat surveille un drapeau. Il est accompagné par 3 autres hommes dont un qui vient de les rejoindre après un suicide du fait du froid, de la solitude...



Ce qui rend ce roman aussi intense, ce sont les expressions du narrateur, Piotr.



On peut faire la fine bouche et regretter que la fin ne soit pas un peu plus / mieux travailler. Mais pour un premier roman... Perso, je tire mon chapeau et cela me donne envie de découvrir la suite.



Petite anecdote: Solak est le nom d'un village en Arménie de moins de 3000 habitants... Je.serai curieuse de savoir pourquoi l'autrice a choisi ce nom.



Quelques exemples... pour garder une trace de ce style.



"On est tous arrivés ici pour la même raison, l'espoir d'amnésie à moins que ce soit d'amnistie, c'est le problème des grands mots, à deux lettres près comment savoir? En tout cas l'espérance vénéneuse qu'à force de bouffer de la banquise, y aurait un peu d'innocence ou un truc originel bien limpide qui viendrait nous laver d'être des hommes. Le faux espoir que si le temps peut servir à une chose dans nos vies de cafard, ça devrait au moins être à ça, rouler les choses trop laides pour être racontées et en faire un grand cigare amer qu'on fume seul, le soir, avant d'en faire retomber les cendres froides sur nos âmes jaunies."



"Il passait ses mains dans sa tignasse d'ours brun, tournait lentement ses pages, on le voyait bien qu'il était loin de nous, qu'il voyageait dans la chair des mots, ça se sentait qu'il y prenait une saloperie de plaisir, il aurait fallu nous expliquer comment, à nous autres, comment on pouvait plonger comme ça dans des phrases écrites par d'autres et que ça vous injecte direct du sucre au coeur. J'aurais bien aimé savoir y faire, je sentais que j'aurais pu y trouver quelque chose moi aussi, ça me frustrait. J'ai essayé de lire une ou deux fois, j'ai essayé, quand Roq était pas là. Mais c'était comme de pas réussir à jouir alors j'ai laissé tomber."
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Solak

Solak, une presqu'île minuscule au Nord du cercle arctique. Un désert blanc où règne la nuit totale plus de la moitié de l'année. Mais un drapeau flotte là, qu'il faut garder : C'est pour ça que Piotr et Roq sont là, deux militaires venus se faire oublier, et oublier peut-être eux-même, un passé que l'on redoute de connaître. Ils cohabitent avec un chercheur humaniste qui mesure la glace de la banquise. Le récit (mené par Piotr, sur place depuis vingt ans, qui contient bien plus que l'histoire elle-même) commence par l'hélitreuillage du ravitaillement annuel et de la nouvelle recrue, qui vient remplacer le troisième militaire, suicidé, dont on emporte en échange la dépouille. Aussi maigre que mutique et mystérieux, le Gamin, comme le surnomme tout de suite Piotr, est vraiment bizarre. Huis-clos aussi original que tendu et violent, voilà un thriller glaçant, qui vaut autant par son intrigue que par sa langue, inventive et pleine d'images qui aiguillonnent le lecteur, porteuse d'un contenu sombre et mélancolique au-delà de l'histoire elle-même.
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Solak

Un roman magistral, en effet. Une découverte en ce qui me concerne, qui me donne furieusement envie de suivre l'autrice. Caroline Hinault a réussi un coup de maître avec ce premier roman. Une écriture formidable, forte, directe, voire crue, et poétique à la fois. Des personnages hauts en couleur, bien campés, dont les personnalités explosent dans ce huis clos arctique où nous ne saurions nous installer tant les conditions de vie y sont dantesques.



Ils sont trois à essayer de cohabiter dans cette Centrale si inhospitalière, où chaque sortie dans le froid polaire relève de l'exploit tant les dangers sont partout : ne pas glisser, ne pas tomber, ne pas se blesser, ne pas tomber en hypothermie, se méfier des ours polaires et pourtant consolider les installations, organiser les réserves, entretenir les poêles, aller chercher des sceaux de glace en hiver pour avoir de l'eau. L'été il y a la chasse, c'est le domaine réservé de Roq, le plus fruste des trois ; il profite de cette activité pour organiser son trafic de peaux, celles des bêtes qui s'aventurent jusqu'à la base. Il y a aussi la pêche, la contribution de Piotr, le plus ancien sur Solak, et celui qui commande ce territoire au nord du cercle polaire. Roq et Piotr sont deux militaires, exilés là pour des raisons troubles, chargés de maintenir le drapeau de leur pays pour bien indiquer à qui ce bout de banquise appartient ! Le troisième est Grizzly, surnom que son physique lui a valu de la part de ses deux colocataires, c'est un scientifique, climatologue, en mission pour un an.



Normalement, les militaires doivent être trois, aussi une très jeune recrue arrive-t-elle sur la base après le décès de Igor. Et dès ce moment, la tension va encore monter d'un cran. Déjà la violence était sous-jacente au sein de l'équipe, mais "l'équipe" se trouve confrontée au mutisme du nouveau apportant une menace insidieuse. Alors le lecteur comprend qu'un drame risque de se produire.



Voilà une intrigue parfaitement menée, une tension qui va croissant, rendue plus prégnante du fait de la grande nuit polaire qui s'installe, confinant les quatre hommes dans cette Centrale où ils n'ont aucune échappatoire et doivent se supporter jusqu'à l'écoeurement.



Un roman puissant, saisissant, passionnant, qu'il est impossible de lâcher avant le dernier acte, bouleversant.
Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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Solak

Un roman glaçant dans tous les sens du terme. Solak ; presqu'il située au milieu du cercle polaire, où se trouve implanté une zone militaire. 4 hommes vivent , survivent au quotidien. Suite au décès d'un des leurs, un nouveau vient d'être hélitreuillé. Un personnage, discret, mystérieux, taiseux, qui avoue être muet. Nous sommes à la vielle du fameux hiver arctique, où la nuit va s'installer pour un moment. Les descriptions sont époustouflantes . Ce huit clos, d'une noirceur extrême, cette tension qui s'installent entre les protagonistes, font peur, une sorte de folie se fait ressentir. L'écriture est tout en longueur, certains pourraient se lasser rapidement de la lecture, mais c'est existentielle dans cet univers. Nous sentons les tensions qui se multiplient, un mal être, une violence, une cohabitation qui par en vrille. L'auteure nous livre un premier roman remarquable. Un suspens qui nous suivra tout au long de la lecture, avec une fin totalement inattendue.

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Traverser les forêts

Moins convaincu par ce roman que par son précédent, il reste néanmoins une manière de faire vivre des personnages dans des situations difficiles voire insoutenables, dans un style touffu, d'une densité qui transmet le malaise vécu par les protagonistes de ces drames. La forêt primaire de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie est impénétrable au sens où devaient l'être les forêts du moyen-âge chez nous, en France. Peuplée de loups, de bisons et d'ongulés divers, la nature sauvage digère les migrants comme le désert sous d'autres latitudes. Les trois femmes dont il est question vivent simultanément dans ce lieu, à des degrés divers, elles représentent ce qui se joue aux frontières de notre monde protégé. La victime, la témoin, et le peuple européen chez Nina, symbole de cette peur engendrée par l'inconnu, dépassée déjà par ses propres soucis personnels. Le migrant est le souci de trop, responsable de tous les autres.

Alma paie le prix fort, elle fuit une impossible vie derrière les barbelés, ne trouve que la haine, puis l'inconnu, l'incertitude sur son sort.

Véra a la lutte dans le sang, s'est juste posée là, a fui aussi, se retrouve au centre d'un futur reportage, de ce qu'elle était censée fuir et retourne au combat.

Le cynisme et le calcul politique le plus abject jettent dans une nature hostile de pauvres gens déjà épuisés par une fuite dictée par l'instinct de survie.

Mais trop, c'est trop de souffrances.

Le livre est dur dans ce qu'il décrit, la langue fait corps avec ce mélange réussi entre une nature immuable et des êtres déchirés et meurtris.

Personne ne sort indemne de ce constat.

Dante parcourt par son "Enfer" la condition humaine, et rien n'a changé depuis plusieurs siècles.

A lire
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Traverser les forêts

Plaquée contre la frontière avec la Biélorussie, une immense forêt polonaise sert de scène au destin de trois femmes : Alma, migrante syrienne, doit franchir cette frontière malgré les dangereux militaires et les excités d’extrême droite polonais qui surveillent nuit et jour ; Véra, journaliste biélorusse, s’est en quelque sorte retirée du monde dans cette forêt pour se retrouver elle-même : enfin, Nina, installée dans la maison familiale de sa jeunesse avec son fils, essaie d’oublier ses déboires professionnels et se sent basculer du côté obscur de la société.

Trois chemins si différents, si improbables même, que le hasard va rapprocher.

Caroline Hinault ou l’art et la manière de construire, de donner de l’épaisseur à ses héroïnes. Rares sont les auteurs/autrices capables de proposer une telle richesse, une telle densité, une telle force, dans la description psychologique des personnages qui vont animer toute une histoire. Inspiré de faits réels (2021), ce récit est tout simplement formidable !
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Solak

Je pense que sur les 4 dernières années c’est ma pire lecture.

Il n’y a rien.

Aucune histoire

Pas de personnage attachant

On tourne les pages en se disant « ça va démarrer » et ça démarre jamais

Les phrases sont souvent incompréhensibles et cumulent des détails inutiles

Un huit clos glacé je dirais

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Traverser les forêts

Second roman de Caroline Hinault …

Encore une claque!

Style ciselé et contenu d’une cruelle actualité. La forêt primaire polonaise vécue par trois femmes, une “autochtone” revenue de ses rêves, une migrante syrienne qui essaye de la franchir et une journaliste qui cherche la solitude. Trois histoires, trois personnalités dans une seule majestueuse mais cruelle forêt…

Plus qu’un coup de cœur, un embrasement.

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Solak

Aujourd’hui on parle grand froid, roman noir et fin magistrale. T’es prêt ?



Solak c’est une presque île au nord du cercle polaire. Là où le froid règne en maître et où la nuit dure 6 mois l’hiver.



Terre hostile qui accueille 3 hommes, Grizzly; un scientifique qui étudie la banquise, Roq et Piotr deux militaires chargés de surveillance.



Quand un nouveau membre arrive, ça laisse les 3 hommes sceptiques, maigre, regard fuyant, taciturne … la recrue est un gros point d’interrogation dans le quotidien glacé de l’équipe.



Très vite une tension palpable et latente va nimber le quotidien … un quotidien déjà auréolé de vodka et de testostérone à outrance.



Une écriture que j’ai trouvé vraiment incroyable qui flirte avec la poésie. L’autrice m’a embarqué jusqu’à cette terre figée par le froid.



Une nuit à Solak; tout va basculer … cette tension va éclater pour se transformer en bain de sang et en révélations absolument… incroyables.



Un roman court … que j’ai lu en apnée.

Happée par la vie de ces hommes jusqu’à cette fin siderante qui m’a laissé sans voix.



Prépare ta boisson chaude et ton plaid, c’est une lecture qui va te glacer le sang …
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Solak

Pour un premier roman je trouve celui-ci réussi, dans un style particulièrement maitrisé. Quelques billets négatifs m'avaient un peu douchées. Hésitant à me lancer dans cette lecture. Finalement je n'ai pas lâché cette histoire, assez énigmatique, dans une région où le froid glacial et les paysages sont des personnages à part entière.

Trois hommes sont " abandonnés" sur ce bout de terre en Arctique. Deux militaires et un scientifique. Un hélicoptère amènera un nouvel arrivant, jeune , maigrichon et muet qui prendra la place de celui qui repart par les airs et dans un cercueil. Cet univers peut rendre fou.

Les 4 hommes doivent vivre ensemble, tenus à leurs occupations. Peu à peu on sent que l'atmosphère devient pesante et les sentiments s'exacerbent. L'histoire monte en puissance, on sait que tout cela va mal se finir. Piotr nous le dit au fil des pages.

" Qui sait vraiment quand commencent les drames, dans quel terreau pourri s'enfoncent leurs racines? "

Un monde d'hommes, violent et glacé, jusqu'au dénouement implacable et inattendu porté par une langue superbe.

C'est froid, saignant, cruel. Solak une bourgade imaginaire qui nous emmène hors de l'humanité.

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Solak

Un roman court et efficace. On se retrouve sur la banquise dans le cercle polaire. Le contraste entre la blancheur des paysages et la noirceur des personnages est saisissante. On sent dès le début que ce huis-clos va mal se terminer mais la fin reste surprenante.
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Solak

quelle claque ce livre !! On en ressort pas indemne, je suis encore complètement déboussolée ! L'histoire est tellement prenante, l'intrigue insoutenable, le huit clos angoissant, le dénouement inattendu... ! Le personnage qui raconte nous fait passer des sentiments forts à travers son récit, le lecteur est dans sa tête, suit ses pensées et ressent émotions, ses ressentis... ce livre raconte la solitude, l'enfermement, le froid, la folie qui guette. C'est dur, brut, direct, c'est un uppercut en pleine tête ce livre !!
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Solak

Les huis-clos ne sont pas les lectures de prédilection mais le résumé me plaisait bien. C’est court, étouffant percutant mais je n’ai pas accroché, les personnages sont loin d’être engageants. J’ai trouvé l’histoire longue à se mettre en place et la fin bâclée. Déçue
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Solak

À un an d’intervalle, deux écrivains ont eu la même inspiration pour leur roman : Caroline Hinault, avec Solak et Olivier Bleys avec Antarctique. Deux huis-clos pesants mettant en scène des hommes reclus à l’intérieur d’une station isolée au cœur de l’hiver glaçant des antipodes. Le continent antarctique d’Olivier Bleys a été remplacé dans Solak par un endroit situé dans l’hémisphère Nord, contenant, à lui seul, sa charge étouffante d’isolement.

Chargés de veiller sur un drapeau usé à la corde hissé au bout du mât de leur Centrale, deux militaires, un biologiste et une jeune recrue héliportée en août s’apprêtent à passer la saison froide en tête-à-tête forcé. Chaque chapitre porte son mois amenant inexorablement à la longue nuit hivernale, chacun s’enfermant dans ses pensées et ses tourments. La parole est portée seule par le narrateur, Piotr, vétéran de vingt années sur la banquise. Qu’ont-ils fait, pour certains d’entre eux, avant de se retrouver dans cet enfer blanc? Quel passé trouble cachent-ils?

Caroline Hinault nous tient jusqu’à la toute fin sur le fil du rasoir avec ce récit polaire aux retournements imprévisibles. Un texte court et percutant sur l’enfermement psychologique et physique qui trouvera sa place dans ma liste Grande Noirceur.

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Solak

Ah ça, pour être un roman écrit à l’os, c’est vrai ! Le récit est expurgé de tout ce qui pourrait le parasiter, comme les tirets cadratins, les guillemets, et tout est condensé dans les 128 pages de l’édition (160 pages pour la version poche).



Entre nous, pas besoin de plus ! Cette avarice de détails ou ces dialogues non mis en évidence par des guillemets, sied bien au récit dont le narrateur est Piotr, un homme taiseux, en poste à Solak depuis 20 ans.



Peu de protagonistes aussi, puisque dans ce huis clos qui se déroule dans l’Arctique, il n’y a que trois hommes : Piotr, Roq et Grizzly. Le quatrième sera la nouvelle recrue et les figurants seront les ours blancs, les renards arctiques, les phoques… Dont certains ne feront pas que de la figuration…



Les personnages sont décrits à l’os aussi, nous n’en saurons pas plus que ce qu’il n’en faut pour faire vivre ce récit. Ils resteront tous un peu mystérieux, le strict minimum ayant été fait pour épaissir leur personnalité. Là non plus, il n’en fallait pas plus.



Ce qui est le plus décrit, ce sont les conditions de vie dans cet endroit où les températures descendent fort bas sous le zéro, dans ce coin paumé, où trois pelés et un tondu doivent garder le drapeau, pour que leur pays conserve ce morceau de glace.



Là-bas, tout est neuf et tout est sauvage, libre continent sans grillage… Mais attention, il y a des bêtes sauvages, des jours qui ne connaissent pas de nuits et des nuits qui ne connaissent plus le jour. Là-bas, tout peut être noir, sombre, à se donner envie de se pendre (d’ailleurs, paraît qu’un canal s’est pendu, tandis qu’un autre s’est perdu) ou, au contraire, être lumineux au point de rendre les hommes fous.



Huis-clos oppressant, roman très sombre, tension à couper au couteau, ce ne sera que dans les dernières lignes que tout sera dévoilé, me laissant hébétée. Ben merde alors, je ne m’y attendais pas…



Un roman à lire un jour où il fait froid, pour prendre encore plus la mesure des températures qui règnent dans cette presqu’île de Solak (ne lisez pas dehors tout de même) et en se blindant, parce que des animaux souffrent de la folie de la gâchette d’un des protagonistes (et de son envie de se faire du fric).


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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