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Critiques de Caroline Hinault (137)
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Solak

Un livre que j'ai acheté en me rendant "quai du polar".



Après avoir acquis un livre écrit par Henaff, qui me rappelait ma Bretagne natale... Les initié.e.s suivront... Je n'ai pas pu ne pas acheter un livre écrit par Hinault. Car Bernard est également un enfant du pays.



Bon j'avoue que mes jeux de mots sont pourris.



Solak est un roman qui sort de l'ordinaire. Ce n'est pas franchement un polar dans le sens classique car il n'y a pas de détective et il n'y a pas de recherche de l'assassin.



Non c'est plus une montée en puissance. La certitude qu'un drame va arriver.



Et cette montée en puissance, elle est portée par un vieux briscard qui est présent depuis 20 ans au fin fond du monde... Dans une station polaire. Ce vieux soldat surveille un drapeau. Il est accompagné par 3 autres hommes dont un qui vient de les rejoindre après un suicide du fait du froid, de la solitude...



Ce qui rend ce roman aussi intense, ce sont les expressions du narrateur, Piotr.



On peut faire la fine bouche et regretter que la fin ne soit pas un peu plus / mieux travailler. Mais pour un premier roman... Perso, je tire mon chapeau et cela me donne envie de découvrir la suite.



Petite anecdote: Solak est le nom d'un village en Arménie de moins de 3000 habitants... Je.serai curieuse de savoir pourquoi l'autrice a choisi ce nom.



Quelques exemples... pour garder une trace de ce style.



"On est tous arrivés ici pour la même raison, l'espoir d'amnésie à moins que ce soit d'amnistie, c'est le problème des grands mots, à deux lettres près comment savoir? En tout cas l'espérance vénéneuse qu'à force de bouffer de la banquise, y aurait un peu d'innocence ou un truc originel bien limpide qui viendrait nous laver d'être des hommes. Le faux espoir que si le temps peut servir à une chose dans nos vies de cafard, ça devrait au moins être à ça, rouler les choses trop laides pour être racontées et en faire un grand cigare amer qu'on fume seul, le soir, avant d'en faire retomber les cendres froides sur nos âmes jaunies."



"Il passait ses mains dans sa tignasse d'ours brun, tournait lentement ses pages, on le voyait bien qu'il était loin de nous, qu'il voyageait dans la chair des mots, ça se sentait qu'il y prenait une saloperie de plaisir, il aurait fallu nous expliquer comment, à nous autres, comment on pouvait plonger comme ça dans des phrases écrites par d'autres et que ça vous injecte direct du sucre au coeur. J'aurais bien aimé savoir y faire, je sentais que j'aurais pu y trouver quelque chose moi aussi, ça me frustrait. J'ai essayé de lire une ou deux fois, j'ai essayé, quand Roq était pas là. Mais c'était comme de pas réussir à jouir alors j'ai laissé tomber."
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Solak

Véritable coup de cœur pour ce début d'année. Certes ce n'est pas dans la lumière ni la joie,mais un tel roman est un cadeau littéraire précieux !

Je l'ai lu et ressenti un peu de la même façon que " Le colonel dort" de' Emilienne Malfatto. C'est un écrit de la même veine.

A Solak,quatre hommes vivent dans les conditions extrêmes. A cause du climat et de la Grand Nuit bien sûr, mais pas seulement. Ils ne sont pas en mission guerrière contrairement au contexte du roman d'E.Malfatto,mais ils sont pourtant bien en guerre!

Dans ce huis- clos, les conflits intérieurs font bouillir le sang comme la lave d'un volcan qui n'attend que l'éruption, alors qu'à l'extérieur règne le froid absolu.

Parmi ces hommes, trois militaires et un chercheur scientifique. Après la mort dramatique de l'un d'eux,un jeune homme vient le remplacer. Son allure chétive et son mutisme le place aussitôt en marge bien que son regard agisse comme un glaçon de plus dans cet univers glacial. Aucun n'est là par hasard. Le narrateur, Piotr,le plus ancien sur cette banquise mortifère s'est convaincu qu'il existe une constante chez " les terriens", une combinaison indémèlable : la guerre,le pouvoir,la haine et l'argent. Alors,que peut-il se tramer entre ces quatre hommes ? Quel lien ténu peut-il exister entre eux? Peut-il se dessiner une issue à leur enfermement ?

La plume inscicive de Caroline Hinault m'a totalement captée, tenue prisonnière, à la fois choquée et séduite !

On la dirait parfois davantage trempée dans la testostérone que dans de l'encre,mais son efficacité est redoutable et sa beauté glaçant!

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Solak

En voilà une pépite, une merveille, autant dans l’histoire que dans l’écriture, le style ! J’ai tout de suite été transportée comme dans « Boreal » de Sonja Delzongle, mais aussi dans les livres du Canadien Giles Blunt.



« Quelque part au nord du cercle arctique, avant la fin du siècle passé ».



Au nord du Cercle Arctique, un hélico en vol stationnaire déroule un filin pour faire descendre un militaire, « un jeunot », et remonte le corps d’Igor, un autre militaire qui n’a pas supporté la nuit Arctique. Ils sont là pour veiller sur le drapeau de leur pays. Mais le jour qui dure des mois, et la nuit totale encore plus longue, sans parler du froid, peu de gens le supportent.



Le narrateur est Piotr, le vieux Piotr, qui est là depuis vingt ans. Il est là par désespoir, on ne sait pas, mais il est sûr de mourir ici. C’est le « chef », parce qu’il en faut bien un. C’est un calme. Mais qui ressent tout, et il le faut, ce calme, dans ces conditions extrêmes. Il y a aussi Roq, un autre militaire, qui a un passé trouble également. Il est à moitié fou, et pour tenir, il boit, justement l’hélico leur a descendu des caisses et des caisses de nourriture, et pour une fois, autant de vodka qu’il faut pour tenir pendant la Grande Nuit. Parce que veiller au drapeau et au territoire, ça ne demande pas beaucoup de temps. Il y a aussi Grizzly, surnom dû à sa taille et à sa démarche, qui doit repartir à la fin de la Grande Nuit, après quelques années ici. Il est climatologue, et passe son temps à faire des relevés, et revenu à « la Centrale », comme ils appellent leur base et leur lieu de vie, il cartographie, fait des graphiques et s’énerve que « les terriens » ne sentent pas ce qui est en train d’arriver. Il parle beaucoup des conséquences de la fonte glaciaire, ce qui met en rage Roq, qui est tout le temps saoul, et qui est quasiment illettré.



Et il y a ce jeunot qui descend de l’hélico pour remplacer Igor. Il est assez frêle, mais son visage est particulier : une cicatrice boursouflée, et deux yeux très bleus qui semblent tout scanner. Piotr, dans ses pensées, se dit que ce sont des yeux à attirer des emmerdes. Les autres se présentent : le jeunot ne répond rien. Ils rentrent dans la Centrale, les trois anciens s’installent sur leur fauteuil près du feu, après avoir rentré les caisses de ravitaillement. Roq s’en prend au jeunot, qui ne répond rien et se contente d’écrire dans son carnet. Toute la soirée, Roq le provoque et finit par lui hurler qu’il est sourd comme un pot, ce jeune, et autres gracieusetés ..le jeune finit par écrire en gros sur son carnet : » JE SUIS MUET MAIS PAS SOURD, CONNARD »…



Piotr sent tout de suite que ça va mal finir. Le Jeunot passe son temps avec Grizzly qui lui montre leur territoire, les glaciers, la mer qui va bientôt geler, et ses découvertes. Roq est enragé parce que le Jeunot n’a pas ramené de nouveaux magazines pornos. L’inaction est un poison. Et tout ça va bientôt exploser.



Dans un style qui m’a bluffée, à la fois fait de langage parlé, de descriptions surprenantes, profondes et condensées, ce roman, plein de suspense, fait de quatre personnages racontés par l’un d’eux, est une pure merveille. Je n’ai pas d’autres mots. C’est un coup de coeur, profond. C’est un des meilleurs romans que j’aie lu depuis longtemps.



(avec Hamnet que je dois encore chroniquer)



Ma note : 5,5 sur 5
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Solak

Mais qui êtes-vous, Caroline ??? (vous permettez que je vous appelle Caroline ?)

D'où venez-vous, de quelle planète ?

Par quel prodigieux maléfice avez-vous conçu Solak, ce diamant brut, solide, aiguisé comme une lame, tranchant comme un scalpel ?

Et Piotr, et Grizzly, et Roq, et le gamin, quelle faute impardonnable ont-ils bien pu commettre pour mériter l'exil dans cette prison de glace à la beauté terrible que vous leur avez bâtie, tout là-haut en plein coeur du cercle polaire arctique (qui dans votre Divine Tragédie, ressemble à s'y méprendre au dizième cercle de l'enfer) ?

Comment et pourquoi se sont-ils retrouvés là ?



Beaucoup de questions, très peu de réponses. Une vague mission d'étude climatologique, assortie d'objectifs militaires tout aussi confus ("garder un drapeau planté sur un glaçon", comme pour "revendiquer la propriété du blanc et du vide"...), mais pour le reste Solak reste un grand mystère. Un concentré de colère et de violence pure, sourde, quasi bestiale.

C'est aussi et surtout une claque magistrale assénée en pleine face par une plume merveilleusement affutée, une plume qui saisit le lecteur à la gorge à la manière d'un blizzard mordant et qui en peu de mots dit tout. L'isolement et la promiscuité, les idées noires corrosives, l'urgence de la survie, la nuit qui gagne et le froid qui rend fou.



Quelle épreuve !

Quel supplice que d'assister à l'inexorable chute des températures et d'observer, impuissants, le délitement des corps et les esprits !

Quelle terrible expérience que ces quelques mois passés hors du temps, sur cette base en lisière du monde, à embrasser à pleine bouche "la vraie solitude avec son haleine de renard crevé" !

Et quelle puissance d'écriture, quel saisissement dans les descriptions ciselées d'un univers hostile et clos, d'une banquise effroyable qui anesthésie tout !

N'y venez pas pour la frime, pour la soif d'aventure et de dépaysement, car "il y a loin du fantasme du grand frisson à la réalité de Solak, qui n'est rien que du néant au fond d'une grande bouche de froid". Ici les âmes sont mises à nues, la menace est partout, le silence règne en maître. Ici l'homme se fait bête, il se terre et se recroqueville. "Ici il n'y a qu'un mot-roi. S'adapter. S'adapter ou mourir, il n'y a pas d'entre-deux. Il y a le jour et la nuit, faut pas chercher à exister dans les interstices."



Piotr l'a bien compris. À sa manière sèche et bourrue, avec ses mots de vieux soldat revenu de tout, il nous raconte la vie dans la Centrale, les mille dangers du dehors (Winter is coming !), l'agressivité de Roq, les secrets de Grizzly et le mutisme de cet étrange gamin qui vient de les rejoindre...

À mesure que la nuit et le froid gagnent du terrain, l'atmosphère sur le camp se fait plus électrique, et le lecteur comprend vite que le pire est inévitable. Alors il guette, retient son souffle, se demande lequel des quatre colocataires maudits sera le premier à perdre la raison. Il redoute l'implosion imminente du groupe, il s'attend à tout mais Solak lui réserve encore deux surprises de taille ... et tout ça en seulement 128 pages, c'est dingue !



Alors merci à vous, Caroline, pour ce roman coup de poing, bravo pour ce petit bijou brillant dans les ténèbres comme un cristal de glace.

Vous m'avez cueilli.

❄️ ❄️ ❄️ ❄️ ❄️
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Solak

Ouh que c’est sombre, que c’est violent, que ce premier roman noir de Caroline Hinault.

Nous voici hélitreuillés au bord de l'océan Arctique, dans une minuscule base militaire et scientifique nommé SOLAK. Ils ne sont que quatre à vivre là : soldats confinés du bout du monde, se considérant à part des "terriens", ils sont chargés de surveiller un drapeau et de veiller sur le travail d’un scientifique. Ces hommes vont se confronter à la sauvagerie du milieu dans lequel ils évoluent, alors que le lecteur se verra confronté à leurs sauvageries.

Dès les premières pages, la violence s’installe : nous écoutons le récit du suicide de l’un d’entre eux. Et cette nature désolée ayant horreur du vide, un petit nouveau débarque pour le remplacer.

Problème : il est muet. Ce qui ne facilitera pas son intégration, on s’en doute. Et puis d’abord, qu’est-ce qu’il fout là ce jeune blanc-bec ? Quelle faute a-t-il commise pour être ainsi envoyé dans ce lieu de désolation?

On l’aura compris, tous les éléments de la tragédie à venir sont en place. Un équilibre fragile entre les trois anciens, un élément perturbateur, et une tension qui montera crescendo jusqu’à l’explosion finale.

Tout le roman est construit sans pause, sans reprise de souffle. L’écriture de Caroline Hinault est aussi angoissante et violente que l’histoire qu’elle met en scène. Le style est sûr, sans digression, chaque scène est savamment découpée. En bref , tout est fait pour que le lecteur, en quelques pages seulement, soit collé à la glace.

Un roman puissant, noir, âpre, brûlant comme la morsure de la glace.
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Traverser les forêts

Plaquée contre la frontière avec la Biélorussie, une immense forêt polonaise sert de scène au destin de trois femmes : Alma, migrante syrienne, doit franchir cette frontière malgré les dangereux militaires et les excités d’extrême droite polonais qui surveillent nuit et jour ; Véra, journaliste biélorusse, s’est en quelque sorte retirée du monde dans cette forêt pour se retrouver elle-même : enfin, Nina, installée dans la maison familiale de sa jeunesse avec son fils, essaie d’oublier ses déboires professionnels et se sent basculer du côté obscur de la société.

Trois chemins si différents, si improbables même, que le hasard va rapprocher.

Caroline Hinault ou l’art et la manière de construire, de donner de l’épaisseur à ses héroïnes. Rares sont les auteurs/autrices capables de proposer une telle richesse, une telle densité, une telle force, dans la description psychologique des personnages qui vont animer toute une histoire. Inspiré de faits réels (2021), ce récit est tout simplement formidable !
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Solak

"Il a saisi la petite forme d'un geste fébrile, l'a serrée contre lui avant de la regarder comme un diamant dans une nappe de goudron."



Je ne m'attendais pas du tout à cette histoire ! Cette écrivaine est vraiment une belle découverte !

C'est glaçant, c'est brut, c'est poignant, c'est intense.

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Solak

A part “Roman noir” je ne sais pas définir ce livre où il n’y a pas d’action, sans histoire tissée, sans réelles relations sociales, juste la nuit, le froid, la haine !



4 hommes cantonnés dans des baraquements pour surveillés un drapeau sur un territoire au-delà du cercle polaire. Des militaires dont nous ne savons rien et ne saurons pas vraiment grand-chose à la fin ! Je n’ai pas réussi à me sentir touchée par les personnages, il manquait le petit quelque chose qui fait qu’on s’intéresse à des personnes mauvaises !



Choisi pour intégrer un challenge mais ma tête en l’air a fait qu’il ne peut pas aller ! Vite lu, il sera vite oublié car je n’ai rien à en raconter !



Challenge Riquiqui 2022
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Solak

De l'étonnement pour ce court ouvrage.

Un huis clos glacial et viril.

Quatre hommes et autant d'énigmes.

Une animosité latente qui part en spirale.

Quand, et comment ça va péter ?

Les humeurs et le climat ne sont que violences.

"Ces militaires qui gardent un drapeau sur un glacon"

Qui sont ils au juste?

L'écriture bouge avec le roman,

Le départ est presque trop écrit.

Puis ces "cromagnons" prennent la parole..

Alors les tons se mêlent et c'est réussi.

La fin est apocalyptique et ce n'était

pas envisageable autrement.

Très loin de l'happy ending

Très loin des sentiers battus

que nous parcourons habituellement .

C'est une belle surprise !



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Solak

Huis clos glacé et glaçant. On pourrait presque parler d'une œuvre monochrome si l'écriture noire sur cette banquise intacte n'était pas ponctuée d'aspersions sanglantes.



Une écriture que l'on pourrait comparer à l'obsidienne car aussi noire et tranchante aussi obscure mais précieuse car elle porte en elle ce petit éclat dû à l'aspect vitrifié qui interpelle et émerveille et sollicite l'intérêt. Cet éclat brille via le prisme de la qualité du choix. Beaucoup de poésie dans les métaphores , de finesse dans le choix des comparaisons, de tact dans la sélections des termes pour exprimer avec grâce l'indicible. C'est mélanger la noirceur d'un récit de personnages aux prises avec leurs propres passions ou démons, qui luttent contre la folie qui découle d'une promiscuité choisie ou imposée on ne sait plus trop.



Lutter contre une nuit de 6 mois imposée par la latitude, une ambiance fuligineuse qui assombrit le jugement et pousse les protagonistes à se rincer la vodka, l'alcool phare pour résister à ces températures glaciales. Au coin du feu les langues se délient et certains gosiers aussi. Des comptes se règlent et la camaraderie n'est plus aussi au beau fixe que lors du jour sans fin.



J'ai apprécié fortement ce petit mix de racontar de Jorn Riel pour le côté promiscuité congelée et un sens du verbe et de la lecture d'âme qu'on pourrait rapprocher de celui de Benoît Philippon, le tout orchestré par Rouergue pour une fois de plus la qualité du texte noirs édité.



Un beau petit texte très travaillé sur le noir corsé dans l'enfer blanc.



Merci à O. Pour le coup de motivation à me pencher sur cette pépite et bravo à l'Auteure pour des personnages si convaincants et sa plume si immersive.
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Solak



Amateurs de huit-clos glaçant doublé d’une prose à la poésie enfiévrée, je vous conseille ce court mais intense roman noir.

Il met en scène quatre individus confinés dans une base russe au nord du cercle arctique. Alors qu’un fragile équilibre s’était établi entre les deux militaires, Piotr et Roq , et le scientifique surnommé Grizzly compte tenu de sa carrure impressionnante, l’arrivée d’une jeune recrue, un militaire semblant tout droit sorti de l’adolescence et venu remplacer un des membres s’étant suicidé, risque de briser cette stabilité déjà bancale. Vivre dans cet enfer de solitude, cette immensité blanche et froide enveloppée plusieurs mois de l’année par cette nuit qui ne semble jamais vouloir finir, est effectivement une épreuve dont certains ne sortiront pas indemnes. Un purgatoire propice à là rédemption et à l’oubli mais qui demande un effort incommensurable sur soi-même, une épreuve qui se paie cash compte tenu des conditions climatiques extrêmes. Il faut également supporter l’exiguïté des lieux ,cette promiscuité imposée qui peut mettre vos nerfs à dure épreuve . L’immensité hostile dehors, l’étroitesse des relations humaines à l’intérieur de la Centrale qui vous pousse dans vos retranchements existentiels ...jusqu’à commettre possiblement l’indicible.



Un premier roman qui marque. Une montée en abime angoissante et un final surprenant et détonnant.

La chronique d’un drame annoncé par différents signaux glissés par l’auteure au cours du récit. On sent que l’étincelle peut s’allumer à tout moment entre ces quatre individus dont on sait peu de choses de leur passé et des raisons qui les ont emmené à Solak. Piotr, le chef et l’ancien de la bande, 20 ans de Solak au compteur (et notre narrateur ), Roq ,un chasseur brutal qui tente de noyer ses manques dans les verres de Vodka , Grizzly, le scientifique, écologiste dans l’âme et qui garde - sauf exception - un calme olympien quelle que soit les circonstances ; le « gosse» est le dernier maillon de cet étrange équipage, un jeune homme muet qui s’exprime par écrit et qui tranche avec la voracité verbale de Roq. Comme nos deux militaires aguerris le jeune homme semble cacher de lourds secrets qui se dévoileront de manière fulgurante plus tard dans le roman.

Vivement le prochain !
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Solak

Presqu’île de Solak, au nord du cercle polaire arctique. Quatre hommes dans une station isolée que l’hiver emprisonnera bientôt pour six mois dans les glaces et la nuit. L’un des gars se fait sauter le caisson. En reste trois. Piotr le narrateur, vieux militaire reclus depuis vingt ans à Solak où il digère sa misanthropie. Son subalterne Roq, brute épaisse et bas de plafond qui prend un plaisir jouissif à dégommer tout ce qui porte une fourrure. Et puis Grizzly, doux poète passionné, un scientifique dont la mission est de sonder le glacier proche. L’histoire débute alors que le corps du quatrième larron est hélitreuillé vers l’ailleurs, et qu’en échange, les trois résidents héritent d’une jeune recrue à l’uniforme. Un bleu maigrichon et muet qui ne semble pas taillé pour l’endroit. Ainsi le décor est planté.



Solak, c’est d’abord une ambiance de huis clos au milieu d’une immensité dangereuse balayée par les vents. Solak, c’est aussi et surtout un style qui charge en bourrasques métaphoriques et en blizzard d’images tantôt charnelles tantôt minérales. Ce récit à la première personne jaillit de la cervelle du vieux Piotr avec une brutalité poétique. Il est étonnant de trouver une langue si belle et enluminée dans la voix intérieure de cet homme peu cultivé. Même si le discours est émaillé de vulgarités, de formules populaires et d’une syntaxe volontairement déconstruite, on ne parvient pas à se détacher d’une certaine impression de décalage entre l’homme et ses mots. Mais je n’ai pas pour autant boudé mon plaisir de caracoler au rythme de ces phrases si bien alambiquées. Car l’alchimie du vent, de la glace et de l’isolement opère avec un charme dont on pressent qu’il nous emmène vers le drame. La tension est savamment distillée et la conclusion bouleversante à souhait. Alors même si les ficelles de ce final m’ont paru un peu grosses, je retiens l’éclosion d’une plume de talent dont j’espère qu’elle n’a pas fini de nous montrer de quoi elle est capable.
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Solak

Pour un premier roman je trouve celui-ci réussi, dans un style particulièrement maitrisé. Quelques billets négatifs m'avaient un peu douchées. Hésitant à me lancer dans cette lecture. Finalement je n'ai pas lâché cette histoire, assez énigmatique, dans une région où le froid glacial et les paysages sont des personnages à part entière.

Trois hommes sont " abandonnés" sur ce bout de terre en Arctique. Deux militaires et un scientifique. Un hélicoptère amènera un nouvel arrivant, jeune , maigrichon et muet qui prendra la place de celui qui repart par les airs et dans un cercueil. Cet univers peut rendre fou.

Les 4 hommes doivent vivre ensemble, tenus à leurs occupations. Peu à peu on sent que l'atmosphère devient pesante et les sentiments s'exacerbent. L'histoire monte en puissance, on sait que tout cela va mal se finir. Piotr nous le dit au fil des pages.

" Qui sait vraiment quand commencent les drames, dans quel terreau pourri s'enfoncent leurs racines? "

Un monde d'hommes, violent et glacé, jusqu'au dénouement implacable et inattendu porté par une langue superbe.

C'est froid, saignant, cruel. Solak une bourgade imaginaire qui nous emmène hors de l'humanité.

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Solak

À un an d’intervalle, deux écrivains ont eu la même inspiration pour leur roman : Caroline Hinault, avec Solak et Olivier Bleys avec Antarctique. Deux huis-clos pesants mettant en scène des hommes reclus à l’intérieur d’une station isolée au cœur de l’hiver glaçant des antipodes. Le continent antarctique d’Olivier Bleys a été remplacé dans Solak par un endroit situé dans l’hémisphère Nord, contenant, à lui seul, sa charge étouffante d’isolement.

Chargés de veiller sur un drapeau usé à la corde hissé au bout du mât de leur Centrale, deux militaires, un biologiste et une jeune recrue héliportée en août s’apprêtent à passer la saison froide en tête-à-tête forcé. Chaque chapitre porte son mois amenant inexorablement à la longue nuit hivernale, chacun s’enfermant dans ses pensées et ses tourments. La parole est portée seule par le narrateur, Piotr, vétéran de vingt années sur la banquise. Qu’ont-ils fait, pour certains d’entre eux, avant de se retrouver dans cet enfer blanc? Quel passé trouble cachent-ils?

Caroline Hinault nous tient jusqu’à la toute fin sur le fil du rasoir avec ce récit polaire aux retournements imprévisibles. Un texte court et percutant sur l’enfermement psychologique et physique qui trouvera sa place dans ma liste Grande Noirceur.

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Solak

Huit clos oppressant, personnages marqués, tous les ingrédients nécessaires à cette descente dans l'enfer blanc et froid des confins de la nature humaine. Mais, au-delà du récit lui-même, et peut-être même de l'émotion suscitée, c'est la profonde attention attachée à l'écriture, ciselée, précise tout en étant vindicative, un peu comme le serait l'écriture utilisée par les premiers écrivains, ceux qui transforment les récits à la première personne du singulier en textes posés sur le papier, en guise de témoignage. C'est gravé au couteau. C'est posé là. Ça a quelque chose de définitif.

Le genre d'histoire soufflé dans le fémur d'un mort.
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Solak

Quelle solitude, quel désespoir, quelle violence!

Caroline Hinault, dans ce premier roman, décrit les conditions extrêmes dans lesquelles vivent 4 hommes, livrés au grand froid, juste après le suicide de Igor, leur compagnon.

Le quatrième arrivé est un jeune homme muet "le gamin" auquel on ne donnera pas de prénom tout au long de ce livre.

Il y a aussi Roq, le violent, le cynique et Grizzly le scientifique. Le narrateur, c'est Piotr, dont on ne connaîtra pas l'histoire.

Piotr et Roq sont deux militaires au passé trouble.

La présence du gamin, observateur sans voix , qui écrit beaucoup dans ses carnets, exacerbe les rancoeurs.

Il fait de plus en plus froid, de plus en plus nuit dans cette histoire...Et l'on va vers un dénouement inquiétant. Le lecteur sent monter l'angoisse au long des pages.

Ce roman n'est pas sans me rappeler les écrits de Franck Bouysse.
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Solak

Au Nord du cercle polaire, un drapeau russe dans une station gardée par trois militaires, de peur que quelqu'un ne veuille annexer ce bout de banquise. Ce sont deux rustres, Piotr et Roq, deux punis, mis au placard sans que l'on sache pourquoi. On devine des histoires dramatiques. Le troisième, "le gosse", un jeune homme dont la présence est encore plus énigmatique. Muet, fragile, il va ébranler le frêle équilibre de ce huis clos glacé. La quatrième personne, Grizzly, est un scientifique venu faire des analyses dans la région, représentant d'un autre monde vomi par Roq.

C'est Piotr qui raconte. Caroline Hinault nous livre son monologue intérieur de août à mars durant la grande nuit polaire. J'ai d'abord été gênée par la syntaxe, puis je suis entrée dans ce langage imagé, truffé d'expressions populaires, dans cette écriture inventive. Piotr nous décrit la vie quotidienne dans l'immensité vide qui ressemble à un tombeau, les tâches qu'il faut accomplir pour vivre, survivre, les occupations qu'il faut trouver pour rester dans l'humanité. Même si comme Piotr, on méprise les "Terriens". D'ailleurs, il est là depuis vingt ans et ne souhaite pas revenir à la civilisation.

Tout le long du livre, les tensions montent, le drame va arriver. Mais ce qui arrive est tellement inattendu !! L'autrice nous bluffe complètement.

Pour conclure, un livre court mais très dense, un style qui m'a happée, un sujet particulier. Je suis très curieuse de découvrir un prochain deuxième roman de Caroline Hinault.
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Solak

Un choix audacieux pour ce premier court roman, un huit clos entre hommes dans le grand nord. C'est dur et laisse peu de place à l'espoir mais cela nous entraine nous aussi et, alors que la chaleur nous environne, on en arrive à presque sentir ces lames de froid. Le twist final est peu être un peu trop appuyé, chacun verra. L'homme est cruel envers lui même et parfois envers la nature qui celui rend bien parfois. Je suivrai avec curiosité le futur roman de cette auteure.
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Solak

Un challenge de lecture qui me demande de lire un roman dont le titre ne contient qu'un seul mot ... et voilà comment Solak a été propulsé tout en haut de ma Pile A lire ! 



Et quelle claque à sa lecture ! 



D'abord j'ai eu froid, très froid, à lire les conditions de vie de ces deux militaires, Piotr et Roq le chasseur, et d'un scientifique, Grizzli, ravitaillés une fois l'an juste avant que tombe la nuit polaire, et qui cette fois, accueillaient un nouveau soldat en échange du cercueil de leur collègue suicidé. 



C'est Piotr, le vétéran, le chef, présent depuis 20 ans sur ce bout de terre loin de tout qui raconte, un chapitre par mois, ce qui se passe cet hiver là. 



A peine le nouveau formé que la nuit est arrivée, et avec elle, les excursions dangereuses sur la banquise pour aller vérifier les sondes de Grizzli, les longues soirées à jouer au cartes, s'ennuyer, picoler, vivre rudement dans la promiscuité, les opinions opposées, la rudesse de Roq, cherchant à tout prix à tuer la faune locale pour en retirer les fourrures dont il fait commerce.



Une montée des tensions tout au long des chapitres qui s'écoulent aussi lentement que les mois de cet hiver polaire ... 



Jusqu'au dénouement à la veille du printemps, un dénouement rude violent, auquel je ne m'attendais absolument pas et qui m'a laissée souhaiter que le roman se poursuive encore un peu pour que tous les fils laissés pendants trouvent leur place ! 



Une belle découverte
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Solak

Partir sur une île,

Au delà du cercle polaire, la nuit arrive au mois d’octobre pour repartir au mois de mars,

Inaccessible six mois de l’année au minimum car même quand les glaces envahissent tout, les conditions météo ne permettent pas l’accès,

Un caillou où trois militaires gardent le drapeau et héberge un scientifique chargé de faire des recherches sur ce milieu polaire.

Les seuls visiteurs occasionnels sont les perdrix des neiges, les renards et le roi de ces terres arctiques, Monsieur l’ours polaire, celui qui est nommé le Pater.

Nous passons une période avec eux d’août à mars … l’été avec ses couleurs et sa lumière … l’automne où apparaît le frasil puis le nilas … l’hiver avec sa nuit perpétuelle … pour l’un ses constantes, juste pour s’occuper, la guerre, le pouvoir, la haine et l’argent … pour un autre ses mesures encore et toujours pour servir à quelque chose … pour un autre sa vodka et ses magazines pourvoyeurs de rêves … pour le dernier ses carnets où il pourra se raconter.

Chacun attend l’inéluctable sachant très bien qu’il faudra que ça s’arrête … en essayant d’oublier le passé qui a fait qu’on est arrivé là … en attendant la fin de l’histoire.

Un huis clos étouffant malgré le froid, décrit au scalpel, des sensations décortiquées jusqu’à l’os, le tout avec un style et une recherche du vocabulaire pour les descriptions qui nous font nous arrêter à la lecture, à fermer les yeux pour s’immerger sur les lieux … Solak moi aussi j’y suis allée … merci Catherine Hénault pour ce superbe récit.
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