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EAN : 9782869432222
46 pages
Actes Sud (30/09/1989)
4.33/5   23 notes
Résumé :

" Histoires... histoires aurait pu être le sous-titre de ce recueil. Chacune de ces pièces, en effet, met en scène le conflit de deux personnages de grand format (Talleyrand et Fouché, Descartes et Pascal, Mme du Deffand et Julie de Lespinasse) qui vivent, inscrite dans l'Histoire, une histoire qui leur est propre. Il m'a fallu, pour les faire parler, tenter de retrouver - et sans tomber dans le pastiche - une langue française ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Entre silencieusement le Vice appuyé sur le bras du Crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît. »
C'est par cette citation des « Mémoires d'outre-tombe » De Chateaubriand que Jean-Claude Brisville termine sa pièce « le souper ». Je pense pour ma part qu'elle pourrait bien être à l'origine de l'idée de la pièce.

6 juillet 1815. Napoléon est emprisonné. le Congrès de Vienne a eu lieu. Louis XVIII attend à Saint-Denis de pouvoir retrouver sa capitale. Mais les Parisiens ne semblent pas prêts à voir revenir cet ancien Régime sans donner de la voix et du fusil. Si un homme à poigne et volontaire les canalisait, ils pourraient tenter un retour à la République contre l'avis des aristos et de leurs alliés étrangers. Fouché en est convaincu ; il se verrait bien incarner cet homme.
Mais ce n'est qu'une option. Talleyrand le sait ; ils savent tout l'un sur l'autre et plus encore. Talleyrand invite Fouché à souper pour le convaincre qu'il est de leur intérêt commun de se rallier à la monarchie. Ensemble, les vieux adversaires peuvent encore contrôler la situation.

Et l'on assiste à un vrai ballet culinaire où chacune de ces monstrueuses personnalités essaie de persuader l'autre entre foie gras et saumon tout en ne pouvant s'empêcher d'essayer de la dominer. Les vagues d'assaut se succèdent, les abjections de chacun sont lancées sur la table comme des cartes d'atout. L'un ploie le genou, s'énerve, fait un balayage de jambe et envoie son adversaire à terre pour mieux l'aider à se relever ensuite. Cela les amuse ; ils sont deux grands champions d'échecs qui apprécient une partie comme un adversaire qu'ils considèrent comme leur égal. Mais avant l'amusement, ils traitent, ils marchandent.

Ils se ressemblent quand même beaucoup malgré leurs disparités. Au moins sur un point : ni l'un ni l'autre ne sont des idéalistes, des tenants des idées d'égalité et de fraternité. le peuple n'est pour eux qu'une masse sans cervelle qui doit être guidée et durement traitée si besoin. Il donne de la voix ? Il faut en faire son profit comme l'on profite de la marée pour attraper le poisson, et l'écraser s'il devient incontrôlable. Rien de bien nouveau au sommet du pouvoir me direz-vous. Cependant ici les phrases de mépris frappent violemment, déçoivent malgré tout.

Le texte est superbe. La politique s'accommode bien avec la cuisine et le champagne. Les détails de l'Histoire sont profondément instructifs pour qui ne connaît pas très bien cette période (c'est mon cas). S'il y avait un bémol à faire entendre, ce serait celui d'une impression de « surjoué », comme si les personnalités de Claude Rich et Claude Brasseur se dévoilaient sous celles de Talleyrand et Fouché pour me dire trop nettement qu'on est au théâtre.

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Pièce courte mais intense, dialogues comme un duel entre les personnages, les mots sont comme acérés comme des épées.
Dans cette pièce, Brisville fait revivre une rencontre entre Talleyrand et Fouché, le soir du 6 au 7 juillet 1815. C'est la fin des Cents Jours, l'avenir politique est entre leurs mains: Bourbon, empire, république?
Lorsque le théâtre rencontre l'histoire, sous la plume d'un amoureux des mots justes, c'est la mémoire collective du pays qui revit.
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J'ai lu ce livre et j'ai vu son adaptation pour la scène par Mesguich père et fils.

6 juillet 1815, minuit, hôtel particulier de Talleyrand. Fouché est invité pour un dîner en tête à tête; objet de la discussion: rétablissement de la république (Fouché) ou de la monarchie (Talleyrand)entre le républicain
 'Entre silencieusement le Vice appuyé sur le bras du Crime, M. de Talleyrand marchant soutenu par M. Fouché ; la vision infernale passe lentement devant moi, pénètre dans le cabinet du roi et disparaît.' (Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe) En effet, s'affrontent deux politiciens pour qui la raison d'état –
très jolie trouvaille ce mot pour dire tous les crimes
que l'on commet pour assurer sa gloire et son emprise sur les autres –
donne tous les droits et vaut acquittement dévot.
Et chacun va essayer de convaincre l'autre
par le raisonnement,
par la flatterie,
voire par l'enjôlement...
Et ils se ressemblent tellement,
ces deux là -
cela tombe bien
ils sont père et fils -
Le texte est d'une étincelante intelligence.
Daniel Mesguich est à son niveau, c'est à dire le plus haut d'un acteur.
Tant par ses réflexions sur le théâtre,
la perception qu'il a de ses rôles, son jeu,
il est, à mes yeux,
l'un des rares portant les mêmes qualités et valeurs
que Michel Bouquet ou Laurent Terzieff ...
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Excellente joute verbale, d'une actualité parfois brulante. On prélèverait des citations à chaque instant. Pas étonnant que ce texte magistral ait été servi par de grands acteurs comme Claude Rich et Claude Brasseur ou encore Niels Arestrup et Patrick Chesnais.
Et peu importe que la vérité historique ne soit pas vraiment au rendez-vous. La création littéraire en dit davantage que la simple énonciation des faits.
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Un texte aux petits oignons
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
(on entend quelques coups de feu dans la rue)
FOUCHÉ: Pourquoi tiraillent-ils encore?
TALLEYRAND: Parce qu'ils ne sont pas contents. Et vous savez ce qu'est un mécontent, Fouché? C'est un pauvre qui réfléchit.
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FOUCHÉ (admiratif): Foie gras truffé!

TALLEYRAND: Du Périgord... donc de chez moi.

FOUCHÉ: Prince, vous savez vivre.

TALLEYRAND: Une habitude, monsieur Fouché: le savoir-vivre et le savoir mourir, cela, chez nous, se sait à la naissance.
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Fouché (à Talleyrand) - Ils (les nobles) se croyaient bien à l'abri sous le brocard et les honneurs, mais quand on perce la dorure...Ah! Monsieur, tout ce pus qui s'écoule. Ils se dessèchent à vue d’œil.
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TALLEYRAND. Que vous a-t-il semblé de Wellington ?

FOUCHE. Je l'ai trouvé tout à fait creux.

TALLEYRAND. C'est qu'il n'est plein que de lui-même.
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FOUCHE. Il n'y a point d'affaires, il y a la vie, monseigneur. La vie c'est seulement le nom que prennent les affaires en passant par nos veines.
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Video de Jean-Claude Brisville (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Brisville
L'Antichambre de Jean-Claude Brisville. Pièce intégrale.
Dans la catégorie : Littérature dramatiqueVoir plus
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