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EAN : 9782073033987
Gallimard (18/04/2024)
4.5/5   24 notes
Résumé :
"Il était essentiel que j’écrive ce livre : une manière d’accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l’art."

Pour la première fois, Salman Rushdie s’exprime sans concession sur l’attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. Le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d’une telle violence ; jus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
J'ai toujours pensé que la tentative d'assassinat du grand auteur d'origine indienne était dû "grâce" à la fatwa prononcée en 1989 par l'imam Khomeini, mécontent du co.ntinu du best-seller "Les versets sataniques" de la victime.
Or selon Salman Rushdie ce n'est pas le cas, car son agresseur de 24 ans en avait lu à peine 2 ou 3 paragraphes et avait regardé sur YouTube 2 ou 3 clips de fanatiques religieux.

Toujours est-il que ce fou de Hadi Matar, d'origine libanaise mais né aux États-Unis, a effectivement essayé, le 12 août 2022, de tuer Rushdie et a réussi à le blesser gravement et à lui faire perdre l'oeil droit et la main droite.

Étant a-religieux, je trouve l'existence d'une fatwa, ou ordre de tuer quelqu'un pour ses idées, totalement inadmissible et criminel. Qu'ils soient des hauts dignitaires religieux ne devrait pas être une raison de ne pas les traîner devant des cours de justice civile, comme tout et chacun responsable de la mort d'autrui. Surtout si le véritable responsable laisse faire la sale besogne par un tiers. Aucune religion n'a le monopole de la vérité et ne devrait résoudre des désaccords métaphysiques par l'élimination physique.
Et dire qu'en Iran et parmi les chiites enragés, ce sinistre spécimen est considéré comme un héros et un saint !
Je m'excuse de cet intermédiaire personnel, mais lorsque je me souviens de cet acte monstrueux, mon sang se met à bouillir. Si l'infaillibilité du Pape constitue déjà une aberration, la fatwa des vieux ayatollahs dans leur monde clos de Téhéran relève d'un tout autre ordre.

Salman Rushdie se pose la question pourquoi il n'a pas réagi et tenté de se défendre ?
Comment aurait-il pu ? Il a été surpris par un fana idiot armé de 51 ans plus jeune que lui, qui avait suivi des cours de boxe ! Il admire par contre le courage des gens autour de lui qui se sont attaqués à cet individu illuminé. Il a eu le sentiment de mourir lorsqu'il a vu l'énorme perte de sang et à pensé à sa jeune épouse bien-aimée, Eliza, marié même pas un an avant.

Avec beaucoup d'affection, l'auteur raconte sa rencontre lors d'un congrès, en 2017, avec la belle poétesse afro-américaine Rachel Eliza Griffiths, auteure de 6 oeuvres, parmi lequel son recueil de poèmes "Mule y Pear" (non traduit) de 2011, qui est tombé dans les prix littéraires. Malgré leur 31 ans de différence, le couple s'est marié le 24 septembre 2021.

L'auteur raconte son séjour à l'hôpital, son pénible programme de rééducation et son retour à la maison et termine par une réflexion comment il faut tourner la page.

L'ouvrage autobiographique compte un chapitre (le chapitre numéro 6) tout à fait remarquable, dans lequel Rushdie présente une conversation fictive entre lui et son agresseur, dont il ne mentionne jamais le nom, mais qu'il qualifie de la lettre "A".

L'auteur rappelle aussi qu'en 1994, le Nobel égyptien, Naguib Mahfouz, a été également, à l'âge de 82 ans, victime d'une agression similaire en pleine rue, parce qu'il avait osé accuser les fondamentalistes islamistes de "terrorisme culturel".

Entretemps, Hadi Matar, qui plaide non coupable, se trouve en taule et s'il est condamné au cours de son procès, qui aura lieu cette année, il risque 25 ans d'emprisonnement pour tentative d'assassinat et 7 ans pour attaque à main armée.

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Je n'ai jamais vraiment lu les précédents livres de Rushdie. Son univers, ses références culturelles, sa fantasmagorie ne m'intéressent pas vraiment, mais même si je ne suis pas un lecteur assidu de cet écrivain, je crois reconnaitre le talent lorsque je le croise, et, indubitablement, c'est un auteur de talent, un grand, même s'il ne me « parle » guère.
Et puis, un soir, je l'ai entendu parler à la radio de son livre « le couteau ». Pas une fiction, hélas, le récit d'une improbable survie. La sienne. Alors je l'ai lu, et j'ai apprécié.
Rappelons les faits, le 12 aout 2022, accomplissant la Fatwa de Khomeini plus de trente ans après qu'elle ait été prononcée, un musulman fanatique porte quinze coups de couteau à Salman Rusdie, qui va survivre. de justesse. Ce livre, c'est l'histoire de cette survie, mais c'est aussi bien plus que cela.

Le livre comporte deux parties : la première, l'ange de la mort, raconte l'attaque, les soins, la guérison lente du corps, et les réactions de la famille et de l'entourage de l'écrivain. La seconde, l'ange de la vie, est une description du retour à la vie, à la cette vie publique qui dépasse l'individu devenu symbole de la liberté d'expression.

L'auteur raconte, et fort bien, ce qui l'avait amené, ce jour-là, dans l'amphithéâtre de Chautauqua, dans l'état de New York, pour une conférence consacrée, ô ironie, à la protection des écrivains menacés. Nous partageons sa vie quotidienne, quelques souvenirs, et ses réactions lors de l'attaque. Vingt-sept secondes de terreur. Ensuite, c'est l'histoire d'une reconstruction, celle du corps, ce corps meurtri, lacéré, endommagé et diminué, mais qui renferme toujours un esprit invaincu. L'esprit d'un homme, aussi, qui apprécie les plaisirs de la vie, de l'amour : un très beau chapitre est consacré à sa femme Eliza, et aux relations avec ses enfants. Un homme qui ne cache rien des soins qu'il doit recevoir, de sa guérison à sa rééducation, et de ses craintes (dont celle, très Américaine, de se demander dès qu'il le peut si le montant de ses soins est bien couvert par son assurance santé). Nous pénétrons aussi, au fil des pages, et entre les lignes, dans la vie quotidienne d'un auteur reconnu, et dans le petit monde des intellectuels dont il fait partie (j'oserai confesser que je ne connaissais aucun des auteurs célèbres ou célébrés qui sont ses proches). C'est un monde bien évidemment très éloigné de celui des auteurs qui resteront à jamais inconnus, dont je suis, mais dont la description est éclairante.
Dans la seconde partie, Rushdie imagine un dialogue impossible entre lui et son agresseur, qu'il ne nomme qu'une fois. le reste du temps, il sera « A », car il refuse
d'en faire un moderne Erostrate. Qu'il retourne au néant, et c'est tant mieux. Ces trois entretiens imaginaires sont bien menés, intéressants, et permettent à l'auteur de préciser ses pensées, même si (p. 216) « c'est bien là que nous sommes, un lieu où le professeur ne peut enseigner et l'élève ne peut apprendre. Et il n'est même pas évident de déterminer qui est l'élève et qui est le professeur. »
Nous suivons aussi, progressivement, comment le survivant redevient l'écrivain, puis, à son corps défendant, le symbole renouvelé de la liberté d'expression, même si « la religion, forme médiévale de l'irrationalité, associée à l'arsenal moderne devient une menace réelle pour nos libertés »(P. 259).

L'expression est claire, le contenu puissant, la traduction, de Gérard Meudal, habitué de l'auteur (et courageux, car Hitoshi Igarashi, le traducteur japonais de Rushdie, a été assassiné à Tokyo en 1991, peu après l'agression de Ettore Capriolo, son traducteur italien, à Milan), excellente.

Ce livre n'est pas une réplique, ni une réponse, mais une volonté et un chemin. le chemin trouvé par la vie malgré la volonté de mort. Comme l'écrit l'auteur (P. 118) : « le langage aussi était un couteau capable d'ouvrir le monde, d'en révéler le sens, les mécanismes internes, les secrets, les vérités. Il pouvait trancher dans une réalité pour passer dans une autre ». Ce livre est le couteau de Rushdie. Littéralement. C'est l'arme qu'il retourne contre l'esprit de celui qui visait sa chair. Et ce couteau ne manque pas sa cible.
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Salman, tu vaux bien une messe. C'est un cri du coeur !
Ta plume est remarquable, tu es instruit, tu es un authentique écrivain, tu as un humour dévastateur, tu t'occupes de choses qui s'adressent à la conscience des hommes du monde entier, tu es un partisan acharné de la liberté au vrai sens du mot, tu ne renieras jamais les tiens, d'où tu viens, tu es d'un courage à toute épreuve !..

On t'a vu pour mort gisant au sol dans ton sang, agressé sauvagement par un islamiste !..

Tu racontes maintenant ton histoire que je suis en train de boire comme du petit lait. Sans rapport aucun avec aucune satisfaction terrestre bien sûr, mais avec l'empathie que j'ai pour toi qui es un grand homme !..

« ..Répondre à la violence par l'Art .. »
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Dans la matinée du vendredi 12 août 2022, à Chautauqua dans l'état de New York, non loin de la ville de Buffalo et des chutes du Niagara, Salman Rushdie tenait dans un amphithéâtre une conférence publique. Celle-ci avait pour sujet l'asile qu'il convenait d'accorder à des écrivains en danger dans leur propre pays et les conditions de leur indispensable sécurité. Il était dix heures quarante-cinq, lorsqu'il vit un homme se diriger vers la scène sur laquelle il avait commencé de prendre la parole

Ainsi débute le chapitre d'ouverture de la première partie du livre intitulée « L'Ange de la Mort. » Celui qui s'apprêtait à jouer le funeste rôle grossissait dans le champ de vision de l'écrivain, sans qu'il y eût encore pour celui-ci motif à inquiétude. C'était un homme d'allure jeune qu'il vit bientôt sauter sur la scène. On connaît la suite : les nombreux coups de couteau pendant vingt-sept secondes d'horreur, le bras gauche sévèrement touché, le cou, la poitrine, l'oeil droit atteint en profondeur, l'évanouissement (« Je sens que mes jambes me lâchent et je m'écroule ») et l'évacuation par hélicoptère en urgence absolue. L'écrivain avait alors soixante-quinze ans. Depuis 1989 il vivait sous la menace d'une fatwa iranienne prononcée par l'ayatollah Khomeini, suite à la publication un an plus tôt des « Versets sataniques.» « le Couteau » restitue dans toute leur intensité dramatique ces secondes, durant lesquelles il fut à deux doigts de mourir. Mais le propos s'élargit rapidement à une plus vaste thématique. Rushdie y fait retour sur son passé, sa jeunesse, le basculement de 1989 qui fit de lui un proscrit dans une partie du monde, puis l'exil, la soixantaine de changements de domicile, l'installation dans une semi-clandestinité à Londres, les six tentatives d'assassinat, avant qu'en 2000 il rejoigne finalement les Etats-Unis et prenne la nationalité américaine. Et les quinze livres, le travail d'écriture jamais interrompu, les réserves de certains, les polémiques, sa rencontre avec celle devenue son épouse en 2021, la poétesse Rachel Eliza Griffiths de 31ans sa cadette, enfin son combat de plusieurs mois pour surmonter les séquelles de la nouvelle épreuve, recouvrer l'usage de son bras, vivre avec un oeil en moins. Par delà la minutieuse et bouleversante restitution du drame qui faillit lui coûter la vie, « le Couteau se présente comme un grand texte autobiographique. En 2012, avec « Joseph Anton », Salman Rushdie avait certes déjà commencé d'aborder ce terrain, mais c'est aujourd'hui la première fois qu'il choisit de s'exprimer directement à la première personne du singulier. Sans le moindre filtre ni la moindre instance tierce.

Il évoque l'homme jeune qui tenta de mettre fin à ses jours sans avoir jamais lu une ligne de ses textes. L'obscurantisme se nourrit de l'ignorance. A cet assaillant décidé à le tuer il décide de ne donner aucun nom. Il le désignera sous l'initiale de « A », façon de le nommer tel l'instrument d'une force aveugle. Celui-ci avait été ceinturé et arrêté dans sa tentative d'assassinat par des auditeurs. Il avait été incarcéré, il y aurait un procès auquel Salman Rushdie n'envisageait pas d'assister. Dans une séquence de plusieurs pages, qui est aussi l'un des sommets du livre, il imagine donc une succession de dialogues, des « sessions », avec ce personnage curieusement aveuglé par la haine, fanatique islamiste né en Amérique. Alors même que rien dans sa vie ne paraissait pouvoir la justifier, il n'avait « exprimé aucun remords. ». Dans ces textes de dimension socratique, l'ironie le dispute à la rigoureuse logique dialectique, Salman Rushdie tourne et retourne la pauvre défense du tueur. Un régal d'intelligence. Jusqu'à ce que ce dernier lâche la raison profonde de sa haine : « Seule la soumission permet d'atteindre la liberté. » Il avait subséquemment confié à d'autres le soin de diriger sa pensée.

La force et la richesse de ce texte tiennent également à la restitution extraordinairement détaillée de la lente guérison de l'écrivain, de sa rééducation et du rôle qu'y a tenu « Eliza. » Notamment dans la décision d'écrire ce livre : « J'allais répondre à la violence par l'art », révèle-t-il page 174. On pourrait ajouter, par l'amour et l'amitié. Salman Rushdie évoque le stimulant souvenir de Martin Amis, mort d'un cancer en 2023. Mesure sa souffrance à celle de Paul Auster, lui aussi atteint d'un cancer, disparu le 30 avril, soit douze jours après la parution du « Couteau » en français.
L'on comprend la charge émotive dont est lesté « le Couteau », témoignage d'un écrivain resté ferme sur ses positions sur ses convictions, son engagement de toujours du côté des Lumières. Sous-titré « réflexions suite à une tentative d'assassinat », le livre de Salman Rushdie s'affirme comme un nouveau texte majeur. Libre et revivifiant.

Lien : https://jclebrun.eu/blog/
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J'ai lu « Joseph Anton » le récit autobiographique de Salman Rushdie qui raconte toute la période qui a suivi la fatwa prononcée en 1989, période pendant laquelle l'auteur et sa famille ont été cachés et protégés par autorités britanniques. « Le couteau » est une sorte de suite qui raconte l'attentat dont a été victime Salman Rushdie en août 2022 et ses suites.

Le récit détaille toutes les étapes de la convalescence, tant d'un point de vue physique que psychologique. On y retrouve le style de l'auteur, même si on est très loin des romans…

C'est un livre essentiel qui rappelle l'importance de la liberté d'expression.
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critiques presse (11)
Marianne_
22 avril 2024
L'intellectuel américano-britannique revient sur sa tentative d'assassinat survenue trente-trois ans après la fatwa de l'ayatollah Khomeyni. Il y conte sa chair meurtrie, mais aussi le miracle de sa survie, une providence qu'il réfute, lui l'athée convaincu, fervent pourfendeur des dogmes religieux.
Lire la critique sur le site : Marianne_
Bibliobs
18 avril 2024
Le grand romancier d'origine indienne publie aujourd'hui le récit, à la fois très personnel et absolument universel, de son agression.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Bibliobs
18 avril 2024
« Le Couteau » de Salman Rushdie : l’œuvre unique en son genre d’un écrivain unique en son genre.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeFigaro
18 avril 2024
L’écrivain publie «Le Couteau», un récit saisissant de précision sur l’attentat dont il fut victime en 2022 et les leçons de vie qu’il en tire.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
18 avril 2024
Gérard Meudal, traducteur : « On retrouve dans “Le Couteau” la verve imaginative et même le sens de l’humour de Rushdie »
Lire la critique sur le site : LeMonde
Elle
18 avril 2024
« Le Couteau » de Salman Rushdie, qui revient sur son agression, est un récit terrible mais aussi étonnamment lumineux.
Lire la critique sur le site : Elle
RevueTransfuge
18 avril 2024
Le Couteau vient de paraître : récit puissant et viscéral sur l’attaque terroriste dont l’écrivain a été victime, et sa longue reconquête de la vie.
Lire la critique sur le site : RevueTransfuge
SudOuestPresse
18 avril 2024
L’auteur, toujours sous la menace d’une fatwa depuis ses « Versets sataniques », témoigne de « l’urgence » d’écrire ce livre.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LesInrocks
18 avril 2024
“Le Couteau” de Salman Rushdie : un livre sentimental plus que politique.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Liberation
16 avril 2024
Il y livre son récit sur l’attaque qui a failli le tuer en 2022, dernier épisode d’une vie sous la menace depuis ses Versets sataniques.
Lire la critique sur le site : Liberation
LesInrocks
12 avril 2024
Dans son nouveau livre, l'écrivain revient sur l'attaque terroriste dont il a été victime, il y a deux ans. Un texte fondamental, dans lequel l'auteur fait des choix radicaux mais salvateurs.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nous n'avons plus besoin de figure (s) de l'autorité parentale, d'un Créateur ou de plusieurs Créateurs pour expliquer l'univers ou notre propre évolution. Et nous n'avons pas besoin, disons plus modestement, je n'ai pas besoin de commandements de papes, ou de serviteurs de dieu d'aucune sorte pour me communiquer des principes moraux. J'ai mon propre sens de l'éthique, merci bien. Dieu ne nous a pas transmis la morale. Nous avons créé Dieu pour incarner nos instincts moraux.
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Bien des gens, des gens de gauche comme des conservateurs, se sentent en difficulté quand on leur demande de critiquer la religion. Mais si seulement on pouvait faire la distinction entre la pratique religieuse privée et l'idéologie politisée dans la sphère publique, il serait plus facile de voir les choses telles qu'elles sont et de parler librement sans avoir à s'inquiéter de heurter des sensibilités.
Dans la vie privée, croyez ce que vous voulez. Mais dans le monde tumultueux de la politique et de la vie publique, aucune idée ne saurait être protégée et soustraite à la critique.
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Sans l'art, notre capacité à réfléchir, à avoir une vision neuve des choses, et à renouveler notre monde dépérirait et serait condamnée à mourir.
L'art n'est pas un luxe. C'est l'essence même de notre humanité et il n'exige aucune protection particulière si ce n'est le droit d'exister.
Il peut être mis en cause, critiqué et même rejeté. Il n'accepte pas la violence.
Et en fin de compte, il survit à ceux qui l'oppriment.
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Je me rappelle être allongé au sol et regarder la mare de sang qui s'écoule de mon corps. « Cela fait beaucoup de sang », me suis-je dit. Et puis j'ai pensé: « Je suis en train de mourir. » Je n'éprouvais pas cela comme un drame ou une chose particulièrement horrible. Cela semblait simplement probable. Oui c'était vraisemblablement ce qui était en train de se produire. C'était une évidence.
Il est rare de pouvoir décrire une expérience de mort imminente. Je voudrais d'abord raconter ce qui ne s'est pas produit. Il n'y avait rien de surnaturel là-dedans. Pas de « tunnel de lumière ». Je n'ai pas eu le sentiment de m'élever hors de mon corps. En fait je me suis rarement senti aussi fortement relié à mon corps. Mon corps était en train de mourir et il m'emportait avec lui. C'était une sensation physique intense.
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Je ne sais pas exactement combien de personnes sont accourues prêter main-forte mais depuis ma position sur le sol, j'étais conscient d'une masse de corps qui luttaient pour plaquer mon aspirant assassin même s'il était jeune, vigoureux, qu'il brandissait un couteau ensanglanté et qu'il n'était pas facile à maîtriser. Sans Henry et le public, je ne serais pas assis ici en train d'écrire ces mots.
Je n'ai pas vu leurs visages et je ne connais pas leurs noms mais ils furent les premiers à me sauver la vie.
Ainsi lors de cette matinée à Chautauqua, j'ai connu à la fois le pire et le meilleur de la nature humaine, presque simultanément. C'est ce qui caractérise notre espèce. Nous avons en nous à la fois la possibilité d'assassiner un vieil étranger pratiquement sans raison, la capacité du lago de Shakespeare que Coleridge qualifie de « malignité sans raison », et nous avons aussi l'antidote à cette maladie, le courage, l'altruisme, la volonté de risquer sa vie pour venir au secours de ce vieil étranger gisant au sol.
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« Il était essentiel que j'écrive ce livre : une manière d'accueillir ce qui est arrivé, et de répondre à la violence par l'art. »
Pour la première fois, Salman Rushdie s'exprime sans concession sur l'attaque au couteau dont il a été victime le 12 août 2022 aux États-Unis, plus de trente ans après la fatwa prononcée contre lui. le romancier lève le voile sur la longue et douloureuse traversée pour se reconstruire après un acte d'une telle violence ; jusqu'au miracle d'une seconde chance.
"Le Couteau" se lit aussi comme une réflexion puissante, intime et finalement porteuse d'espoir sur la vie, l'amour et le pouvoir de la littérature. C'est également une ode à la création artistique comme espace de liberté absolue.
Lire les premières pages du "Couteau" : https://bit.ly/3UKTBLU
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