L'ouvrage regroupe les carnets de
poésie d'
Eugenio Montale, l'illustre poète italien, proche de
Paul Valéry et de
Paul Eluard. Doté d'un caractère plutôt anxieux et réservé, cet « écorché vif » possédait néanmoins un sens de l'humour indéniable ainsi que tous les talents d'un artiste complet. Pour s'en convaincre, il suffit de piocher, parmi son oeuvre foisonnante, dans les nombreux
poèmes lyriques et colorés dont certains pourraient très bien être chantés ou peints. Les stances s'entremêlent, à l'instar d'une valse à trois temps, combinant l'angoissante mélancolie d'un
Charles Baudelaire, à l'élégance romantique d'un
Joachim du Bellay ou la joyeuse facétie d'un
François Villon.
Ecrits en vers ou en prose, ces magnifiques textes sont les reflets de l'existence du poète ; des clichés instantanés de la vie courante ainsi que des souvenirs de ses nombreux voyages. La nature environnante, les objets usuels, les animaux rencontrés, l'amour, la politique, la guerre, les paysages, les saisons, … le moindre détail a son importance et suggère à l'auteur des états d'âme, des sentiments qu'il met un point d'honneur à analyser finement avant de les coucher sur le papier, souvent avec gravité, parfois avec humour mais toujours avec une extrême sensibilité et sincérité. Transcendant le rêve pour masquer (à peine) la réalité, utilisant la parodie pour dénoncer la vérité,
Eugenio Montale jongle avec les mots pour oublier la difficulté de vivre…
« Je ne sais quel sens peut avoir le ridicule dans le tout/rien où nous vivons : il doit en avoir un et sans doute pas le pire ».