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Publié en 1991, ce recueil d'Eugenio Montale regroupe un choix de textes couvrant l'ensemble de la carrière du grand poète italien.
La poésie chez Montale est principalement un moyen d'approcher la condition existentielle de l'homme moderne, une forme d'absolu restant, pour le poète, toujours à discerner, à définir. Dans cette recherche poétique, il n'y a pas d'élévation stylistique ou spirituelle, le poète ne peut dire ce que l'homme n'est pas et ne serait être. Ainsi, il reste toujours dans les poèmes d'Eugenio Montale une part d'indéfini.

Reste le témoignage de la vie, des expériences vécues, celles des rencontres, des voyages, des amours, etc. pour donner sa valeur symbolique et historique et revêtir de beauté, de dignité, la vie des hommes sans rien oublier de leur faiblesse, de leur finitude.

C'est une recherche constante et très personnelle dans l'oeuvre d'Eugenio Montale. Il y a toujours chez lui une quête de sens, un besoin de morale mais sans intention moralisatrice (Montale s'est toujours défié des théories philosophiques, religieuses et idéologiques) qui rend sa poésie très attachante. Oeuvre riche en visions, en couleurs, en paysages, en souvenirs nichés dans l'intime, les textes de Montale, écrits sur des thèmes très variés, résonnent toujours avec subtilité et intelligence sur la sensibilité du lecteur. Une poésie touchante.
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Montale était génois, originaire des Cinque Terre. Un des plus grands poètes italiens..

J'ai rencontré sa poésie pour la première fois sur le mur du petit port de Porto Venere, ( je viens d'en retrouver la trace grâce à une photo et corrige mon précédent écrit..) :

Là fuoresce il Tritone
dai fluttiche lambiscono
le soglie d'un cristiano
tempio, ed ogni ora prossima
è antica. Ogni dubiezza
si conduce per mano
come una fanciuletta amica.

Là non è chi si guardi
o stia di sè in ascolto.
Quivi sei alle origini
e decidere è stolto:
ripartirai più tardi
per assumere un volto.

En traduction:
Là surgit le Triton
des flots qui lèchent
les marches d'un temple
chrétien, et chaque heure à venir
est ancienne. Toute incertitude
se conduit par la main
comme une fillette amie.

Là nul qui se regarde
ou se tienne à l'écoute de soi.
Ici tu es aux sources
et décider n'a pas de sens:
tu repartiras plus tard
pour prendre un visage.

Sur ces Cinque Terre, presque plus marines que terrestres, il a écrit aussi:
"Le voyage prend fin sur cette plage
que harcèlent les flots patients.
Rien ne dévoile, sinon des fumées paresseuses,
le rivage que tissent de conques
les vents bénins: et rarement se montre
dans la bonace muette
entre les îles d'air migratrices
la Capraia ou la Corse échineuse."

J'ai d'abord aimé, donc, le marin, le poète aigu et âpre de Ossi di sepia -os de seiche- qui avait pour la poésie les mêmes exigences méticuleuses et presque prosaïques qu'un Ponge, cherchant la forme exacte, la formule parfaite qui puisse convenir à son exigence de pureté:

"N'exige pas de nous la formule qui puisse t'ouvrir des mondes,
mais quelque syllabe difforme, sèche comme une branche;
Aujourd'hui nous ne pouvons que te dire ceci:
ce que nous ne sommes PAS, ce que nous ne voulons PAS" (c'est moi qui souligne, il n'y a pas d'italique..)

J'ai aimé ses refus, ses pudeurs, et jusqu'à son désespoir de jeune poète intransigeant:

"Le voyage prend fin ici:
dans les soucis mesquins qui divisent
l'âme qui ne sait plus émettre un cri.
A présent les minutes sont égales et fixes
comme les tours de roue de la pompe.
Un tour: une montée d'eau qui résonne.
Un autre, nouvelle eau, parfois un grincement."

Puis j'ai découvert "Occasioni", un recueil plus ouvert, plus tolérant, moins absolu- plus mûr, mais encore marin, encore déchiré -on ne se raccommode pas si vite avec la vie!

J'ai vu le poète engagé quand éclate la guerre et le nazisme (page 156), le poète voyageur épris de traces antiques - la regrettée Palmyre, la Syrie sans bourreaux- l'ami de Rimbaud, De Villiers...et rit franchement en retrouvant sous sa plume les accents railleurs d'un Horace dans les Satura - titre du recueil en hommage limpide au poète latin :

"Écouter était ta seule façon de voir,
La note de téléphone s'est réduite à bien peu."

Ou encore , nettement plus caustique et vitriolé:

"Toutes les religions du Dieu unique
n'en font qu'une: seuls varient cuisiniers et cuissons."

Un des plus grands poètes italiens, un des plus variés aussi: les Poèmes Choisis édités par Gallimard permettent d'aller faire une croisière dans les cinque terre de Montale..

Petites criques solitaires, récifs épineux, plages dorées, coquillages sensuels, oursins piquants..

Tout y est: un joli périple, que je vous recommande!






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Les 3 étoiles ne reflètent que mon ressenti. Ce n'est absolument pas objectif. Mais j'arrête pour l'instant cette lecture. J'ai parcouru ces poésies, à la recherche d'un sens que je ne trouve pas. Je crois que Montale, comme Ungaretti et Luzi, entre autres, font partie de ce qu'on appelle le courant « hermétique ». Hermétique en tout cas pour moi. Je me suis accroché à certains poèmes, certains vers qui me parlent un peu plus mais, qui me laissent assez froid. Peut-être n'est-ce pas le bon moment ?
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Très beau recueil de poèmes d'Eugenio Montale, un auteur que je ne connaissais pas et que j'ai découvert grâce à ces "poèmes choisis".
Considéré comme l'un des plus grands poètes italiens contemporains, son oeuvre ou du moins certains de ses textes se doivent, à mon humble avis, d'être connus, ne serait-ce que pour avoir un aperçu de son incroyable talent. C'était un homme très en avance sur son temps puisque durant sa jeunesse et même après, il a eu assez de recul pour comprendre les horribles évènements qui étaient en train de se tramer en Italie et a toujours refusé d'adhérer au parti fasciste. Cela s'en ressent d'ailleurs dans ses écrits puisque Montale nous parle non seulement d'amour bien sûr mais aussi de la guerre, du temps qui s' écoule, de notre raison d'exister et de bien d'autres sujets encore. A découvrir !
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L'ouvrage regroupe les carnets de poésie d'Eugenio Montale, l'illustre poète italien, proche de Paul Valéry et de Paul Eluard. Doté d'un caractère plutôt anxieux et réservé, cet « écorché vif » possédait néanmoins un sens de l'humour indéniable ainsi que tous les talents d'un artiste complet. Pour s'en convaincre, il suffit de piocher, parmi son oeuvre foisonnante, dans les nombreux poèmes lyriques et colorés dont certains pourraient très bien être chantés ou peints. Les stances s'entremêlent, à l'instar d'une valse à trois temps, combinant l'angoissante mélancolie d'un Charles Baudelaire, à l'élégance romantique d'un Joachim du Bellay ou la joyeuse facétie d'un François Villon.

Ecrits en vers ou en prose, ces magnifiques textes sont les reflets de l'existence du poète ; des clichés instantanés de la vie courante ainsi que des souvenirs de ses nombreux voyages. La nature environnante, les objets usuels, les animaux rencontrés, l'amour, la politique, la guerre, les paysages, les saisons, … le moindre détail a son importance et suggère à l'auteur des états d'âme, des sentiments qu'il met un point d'honneur à analyser finement avant de les coucher sur le papier, souvent avec gravité, parfois avec humour mais toujours avec une extrême sensibilité et sincérité. Transcendant le rêve pour masquer (à peine) la réalité, utilisant la parodie pour dénoncer la vérité, Eugenio Montale jongle avec les mots pour oublier la difficulté de vivre…
« Je ne sais quel sens peut avoir le ridicule dans le tout/rien où nous vivons : il doit en avoir un et sans doute pas le pire ».
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Un poème d'Eugenio Montale

Morgane
Je ne puis imaginer que ta jeunesse
se soit prolongée
si longtemps (et quel temps !).
On m'avait accusé
d'abandonner le troupeau
comme si je me sentais
illustre, ex gregis, que sais-je encore.
Or je m'étais contenté de dire
revenons à nos moutons (foin des brebis)
mais la foule pensa
que la disgrâce d'appartenir à un multiple
était signe d'âme déformée
et de coeur sans pitié.
Hélas fille adorée, ma véritable
Reine de la Nuit, ma Cordélie,
ma Brunehilde, mon hirondelle de l'aube,
ma baby-sitter si mon cerveau s'égare,
mon épée mon bouclier,
hélas comme se perdent les pistes
que traçaient sous nos pas
les Mânes qui nous ont veillés, les plus atroces
qui aient jamais été gardiens de deux humains.
On a écrit et dit que la foi nous manquait.
Peut-être en avons-nous eu un succédané.
La foi est autre chose. Ainsi disait-on mais
il n'est pas dit que le dit soit bien sûr.
Peut-être aurait suffi celle en la Catastrophe,
mais non pour toi qui du giron des Dieux
sortais pour y faire retour.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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