AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782072700347
448 pages
Gallimard (04/01/2018)
4.33/5   6 notes
Résumé :
Les aveux de la chair, qui paraît aujourd'hui comme le quatrième et dernier volume de L'histoire de la sexualité, est en réalité le premier auquel Michel Foucault s'était consacré après La volonté de savoir (1976) qui constituait l'introduction générale de l'entreprise. Il s'attachait aux règles et doctrines du christianisme élaborées du Ile au IVe siècles par les Pères de l'Église.
Au cours de son travail, Michel Foucault s'était persuadé que l'essentiel de ... >Voir plus
Que lire après Les aveux de la chairVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"Une recomposition s'est ainsi opérée autour de ce qu'on pourrait appeler, par opposition à l'économie du plaisir paroxystique, l'analytique du sujet de la concupiscence. Là sont liés, par des liens que notre culture a plutôt tendus que dénoués, le sexe, la vérité, le droit."

(Excipit ?)

Ce que nous lisons, aujourd'hui, en dernier (si l'on suit l'ordre de parution..), dans l'esprit de Foucault, était une entrée en matière et un "premier jet"

Ambitieux, lumineux et passionnant..
Peut-être est-ce pour le mieux si nous découvrons l'ampleur de son projet de cette manière, sans pouvoir le dissocier de son histoire, sa mise en oeuvre

Tertullien, Cassien, Jean Chrysostome et saint Augustin, lus attentivement pour comprendre quelle sorte de "mutation" a eu lieu, dans la représentation de l'homme, à partir des Écritures.
Dépossédé de lui-même ; désormais soumis, entièrement et incessamment, à la "question" ; entendu qu'il est lui-même son propre bourreau et l'instrument de celui-ci, (c'est-à-dire ce sans quoi n'existerait pas même la possibilité du tourment)

C'est une histoire phallocentrée et phallocentrique qui se raconte à partir de la chute d'Adam et se justifie par elle
La femme n'y joue pas un rôle secondaire puisqu'elle est nécessaire mais elle n'est "que" nécessaire..

Il est vertigineux de lire si loin de nous, les premiers précepteurs d'un ordre social qui perdure même loin des Églises, même parmi les athées ou les indécis..
On échappe difficilement à la "vertu" de l'obéissance qui fascine tant par son illogisme
L'homme se soumet à Dieu, la femme se soumet à l'homme (en Dieu), etc.
Dans une série d'emboîtements où il s'agit de reproduire le modèle initial (y compris en nous-mêmes), d'imiter sur terre une organisation rêvée dans le Ciel (des Idées ou de Dieu)

Cette puissante métaphore doit-elle éternellement faire des petits ?

(Je pose la question en un très mauvais lieu..
Les lecteurs assidus sont des adeptes plus ou moins conscients, plus ou moins frénétiques de la masturbation
Et celle permise par l'analytique du sujet de la concupiscence est illimitée par son sujet..)

Nous nous trouvons peut-être dans la situation d'Adam, après la chute, à la différence qu'il n'y a aucun moyen de "remonter" virtuellement à l'économie du plaisir paroxystique..
Pour cela, il faudrait être "vierge", non de Dieu, mais d'une certaine idée de Dieu (d'après l'homme)

Quant à savoir ce qui vaut mieux pour les femmes, c'est peut-être la question la plus intéressante parce qu'elle ne se pose qu'en de rares occasions, dans une humanité qui s'est réfléchie sans elles
Dans le rejet ou le mépris (tout romain) du féminin ou dans son infériorisation chrétienne, si alambiquée qu'elle en devient ambiguë..

Je m'excuse de l'aspect décousu et de continuer encore..

Presque fini.. (comme l' "histoire de la sexualité" peut-être)

Soit parce que le défaut d'imagination risque de nous entraîner toujours à partir d'un même stimulus
Soit parce qu'au lieu d'imaginer, de chercher des doubles dans la nature ; nous y verrons ce qu'on ne peut comprendre qu'à défaut d'images, de représentations, de "clichés" ; autre chose donc que nous allons bientôt raconter


Commenter  J’apprécie          195
Dernier tome de l'histoire de la sexualité, Les aveux de la chair est l'ouvrage inachevé de Michel Foucault. Il fut composé, édité par ses élèves et publié en 2018. C'était en réalité le premier ouvrage de son Histoire de la sexualité dont il constituait l'introduction. Il y étudie les règles et les doctrines du christianisme élaborées du IIe au IVe siècle par les Pères de l'Eglise. Dans cette période, le christianisme n'invente pas d'interdits inédits mais une « forme de la subjectivité ». C'est le rapport à soi qui se modifie en profondeur à travers la chair. La vie du corps et de l'esprit est réglée par de nouvelles pratiques: le Chretien est enjoint à « manifester en sa vérité son état de pécheur » dans la pénitence; il est soumis à l'obligation de dire le vrai de soi-même dans l'aveu. Cet ouvrage questionne la virginité et son homologue la chasteté puis le mariage et la sexualité dans le couple. le dernier chapitre est précisément une étude de Saint Augustin dans laquelle la faute d'Adam et Ève a fait de l'homme une créature esclave de sa libido, ce qu'il appelle « la libidinisation du sexe ». Ainsi, les Grecs et les Romains choisissent la « domination de soi par soi », alors que les chrétiens privilégient la « renonciation à soi »; ils sont dans l'abandon et à la recherche du salut. In fine, dans son histoire, l'Occident a fait de la sexualité un domaine où s'énonce la vérité de ce que nous sommes.
Commenter  J’apprécie          30
Premièrement, il faut reconnaître le travail titanesque de Frédéric Gros qui permis la publication de ce livre. Ayant écris moi-même sur Foucault ('Discourses of the Environment', Blackwell, Oxford, 1999) j'avais hâte de le lire. C'est désormais fait. J'éprouve cependant une profonde déception pour 2 raisons principales.
1. le corps du texte principal ressemble à des notes de lecture fort détaillées qui inclus peu de synthèse mordante comme Foucault nous y avait habitué. En fait les 4 annexes sont plus intéressantes que le texte principal. La lecture de la très courte annexe 1 devrait se faire en premier à mon opinion. Peut-être que les annexes auraient dû être le coeur du texte et ce qui constitue actuellement les 360 pages du texte en annexe? Bien sûr, ce n'est pas une suggestion 'pratique' d'un point de vue d'une maison d'édition!
2. La rupture que Foucault opère avec les volumes 2 et 3 de l'histoire de la sexualité (Foucault dit 'éthique' dans le sens d'espaces de liberté d'auto-construction / pratiques autour du soi relative dans des rapports de pouvoirs) était prometteuse. Cependant après la lecture des 'aveux de la chair', je ne suis plus sûr du tout que ces expériences / discours des chrétiens du II, III et IV siècles soient très pertinents dans l'argumentaire de Foucault. Tout cela me semble très 'occidental' comme approche et peut-être que Foucault aurait conclut qu'une autres rupture aurait été nécessaire en allant regardé vers d'autres pratiques / discours hors du monde occidental et peut-être à la Edward Saïd ?
Malgré ma 'déception' j'apprécie la publication de cet oeuvrage. Merci !
Commenter  J’apprécie          00
Passionnant.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
LaLibreBelgique
14 mars 2018
Un ouvrage posthume qui clôt l’œuvre du savant philosophe. "Les aveux de la chair", la libido gérée par les Pères de l’Eglise.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Mais en retour le lien du Christ à l'Eglise sert de modèle à tout mariage : c'est la même obéissance qui doit lier la femme à l'homme ; la même prééminence de lui sur elle ; la même tâche d'éducation, et la même acceptation du sacrifice pour la sauver. Le lien matrimonial doit sa valeur au fait qu'il reproduit, à sa manière, la forme d'amour qui attache, l'un à l'autre, le Christ à l'Eglise.
Commenter  J’apprécie          90
La valorisation de la virginité est donc bien autre chose et bien plus que la disqualification ou la prohibition pure et simple des rapports sexuels. Elle implique une valorisation considérable du rapport de l'individu à sa propre conduite sexuelle, puisqu'elle fait de ce rapport une expérience positive qui a un sens historique, métahistorique et spirituel. Que les choses soient bien claires : il ne s'agit pas de dire qu'il y a eu valorisation positive de l'acte sexuel dans le christianisme. Mais la valeur négative qu'on lui a très clairement accordée fait partie d'un ensemble qui donne au rapport du sujet à son activité sexuelle une importance à laquelle jamais la morale grecque ou romaine n'aurait songé. La place centrale du sexe dans la subjectivité occidentale se marque déjà clairement dans la formation de cette mystique de la virginité.
Commenter  J’apprécie          110
Quand le sujet consent, il n'ouvre pas les portes à un objet désiré, il se constitue et se scelle lui-même comme sujet désirant : dès lors les mouvements de sa concupiscence lui deviennent imputables. Le consentement - et c'est la raison du rôle central qu'il joue chez Augustin et qu'il jouera plus tard - permet d'assigner le sujet de concupiscence comme sujet de droit.
Commenter  J’apprécie          92
Sous le régime de la grâce, l'inattention du regard et l'usage volontaire du sexe étaient liés, faisant que celui-ci était visible sans risquer jamais d'être nu. La chute, en revanche, lie l'attention des yeux et l'involontaire du mouvement, faisant que le sexe est nu, mais avec une telle honte, un tel sentiment d'humiliation après un orgueil si trompeur qu'on cherche à le rendre, lui, signe et effet de la révolte, physiquement invisible. D'un mot, le sexe "surgit", dressé dans son insurrection et offert au regard. Il est pour l'homme ce que l'homme est pour Dieu : un rebelle. Homme de l'homme, érigé devant lui et contre lui, comme Adam, homme de Dieu, a senti qu'il devait se cacher après sa désobéissance.
Commenter  J’apprécie          30
[...] l'analyse d'Augustin ne fait de la concupiscence ni une puissance spécifique dans l'âme, ni une passivité qui en limite le pouvoir, mais la forme même de la volonté, c'est-à-dire de ce qui fait de l'âme un sujet. Elle n'est pas pour lui l'involontaire contre la volonté, mais l'involontaire de la volonté elle-même : ce sans quoi la volonté ne peut pas vouloir, sauf précisément le secours de la grâce, laquelle seule peut l'affranchir de cette "infirmité" qui est la forme même de sa volonté.
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Michel Foucault (73) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Foucault
Michel Foucault affirmait que « dans son versant critique, la philosophie est ce qui remet en question tous les phénomènes de domination ». Cette analyse des rapports de pouvoir demeure au coeur de tout un pan de la tradition philosophique et s'incarne dans un questionnement qui passe par le rapport au terrain. Comprendre les effets de domination – et tenter de les contrer – c'est aller là où ils s'exercent, c'est-à-dire là où ceux et celles qui les subissent peuvent en devenir, par leur expérience même, des expert·e·s. En franchissant le seuil d'une prison ou d'un camp de réfugié·e·s, en enquêtant sur les expérimentations autogestionnaires et écologiques au travail, chacun·e des philosophes invité·e·s façonne un discours critique qui engage un autre rapport au réel et à la philosophie. La réflexion critique se forge ainsi par les entretiens comme par le travail sur les sources et les archives, rendant présente autrement la puissance d'un terrain passé.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les articles en lien avec la rencontre : "Philosophie de terrain et sciences sociales : rapprochement, hybridation ou dissolution de la philosophie ?" et "L"entretien en philosophie de terrain" https://balises.bpi.fr/philosophie-de-terrain/ https://balises.bpi.fr/entretien-philosophie-de-terrain/
Suivre la bibliothèque : SITE http://www.bpi.fr/bpi BALISES http://balises.bpi.fr FACEBOOK https://www.facebook.com/bpi.pompidou TWITTER https://twitter.com/bpi_pompidou
+ Lire la suite
autres livres classés : histoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (32) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3217 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}