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EAN : 9782021567823
176 pages
Seuil (15/03/2024)
4.24/5   103 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’une blague qui commence sur France Inter et finit à la police judiciaire, en passant par CNews et l’Assemblée nationale.

C'est l'histoire d’un clown pris dans la tourmente d’une polémique sans fin, entre insultes, menaces et pressions absurdes.

C’est l’histoire du lien entre notre époque et la pratique humoristique, à mi-chemin entre rire et sport de combat.

Dans ce journal de bord d’une tempête médiati... >Voir plus
Que lire après Dans l'oreille du cycloneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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«Pour vous, c'est qui le nazi absolu ?» Voilà comment débute le livre et voilà la question posée à Guillaume Meurice dans une salle de la PJ de Paris un matin de novembre.
Deux semaines auparavant, dans une chronique de son émission «Le grand dimanche soir» sur France Inter qui avait pour thème Halloween, Guillaume Meurice évoque le «déguisement Netanyahou», « une sorte de nazi sans prépuce ». Quelques mots, une moitié de vanne, précédée par beaucoup et suivie par beaucoup d'autres, mais qui va être extraite de son milieu et servir de détonateur à l'explosion médiatique d'une ampleur sans commune mesure.
Un livre qu'il a volontairement intitulé dans « l'oreille » du cyclone et non dans l'oeil, car comme il l'a expliqué, être dans l'oeil signifierait être au coeur même de l'événement, emporté par lui, or dans le cas présent, lui se sentait à l'extérieur du tourbillon, comme spectateur de loin. Et c'est donc ainsi qu'il a pu faire le récit sous la forme d'un journal de bord, de ce tourbillon, avec à la fois ce qu'il faut de distance et de recul. le récit de son vécu propre et de tout ce qui s'est passé autour de lui.

Quinze jours donc d'aller-retours entre les bureaux de France Inter, de coups de téléphone incessants, de messages malveillants, du soutien de collègues, de la lâcheté de certains autres, de déplacements et événements annulés, bref un quotidien à la fois comme en attente et accéléré. Mais surtout celui d'un crescendo médiatique affolant, d'abord démarré sur internet par la fachosphère puis — et c‘est le plus affligeant — repris à leur compte par les médias traditionnels métamorphosés en réseau social géant, constat stupéfiant d'un délitement audiovisuel de plus en plus criant. La polémique enflant de jour en jour s'auto-alimentant elle-même mais vide de substance et d'intérêt, puis démultiplié par le défilé d'hommes et de femmes politiques sommé de s'exprimer sur le sujet au micro de toutes les chaînes et toutes les radios dans l'illustration parfaite d'une époque où la réaction doit être permanente pour exister médiatiquement. Sans fond ni nuance.

Loin d'en être atteint ni blessé le moins du monde — ce n'est pas son tempérament —, Guillaume Meurice décrit et décrypte ces évènements avec la décontraction d'un observateur amusé. Il nous livre son regard, son ressenti, du moins ses observations pleine de sens sur l'univers audiovisuel, l'humour, la liberté d'expression, la satire, sans aucune démagogie, car encore une fois il s'interroge avec amusement et malice tout en mettant en exergue les contradictions des personnes qu'il observe. Il laisse ses détracteurs s'égosiller tous seuls, sans céder (même s'il n'aime pas ce mot) ni reculer, en exposant les faits, ayant sa conscience pour lui (et la loi), et ça c'est là le meilleur exemple dont on peut s'inspirer. Ne pas se laisser accabler malgré l'atmosphère actuelle étouffante et saturée, ne pas prendre chaque événement personnellement sinon l'on deviendrait fou.
Guillaume Meurice nous offre ici à la fois un témoignage et un plaidoyer. Un livre qui, s'il est très plaisant à lire grâce à une plume, que je découvre chez lui, drôle, agréable et légère, est tout simplement édifiant sur ce qu'il révèle de notre époque, et même un peu désespérant. Mais comme il le dit si bien :

« Dans quelques années, peut-être que cette ouvrage brillera par sa banalité, devenu un simple exemple parmi des milliers d'un climat de censure devenu la norme. Peut-être y aura-t-il des sujets à éviter et que tout le monde les évitera.
Ou peut-être que ce livre restera un modeste témoignage d'une époque troublée mais à laquelle on aura su, collectivement, faire face pour éviter le pire.»
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Guillaume Meurice me faisait beaucoup rire pendant mes années à l'université. Mais, à partir de 2017-2018, j'avais progressivement arrêté de l'écouter par lassitude. Aujourd'hui je redécouvre l'existence de ce monsieur grâce à l'armée de chroniqueurs de l'empire Bolloré qui a tenu à créer et relayer le "prepucegate". La tempête de vomi médiatique qui a suivi est très bien retranscrite dans cet ouvrage. Il est à la fois drôle et inquiétant.

Drôle grâce à la plume de l'auteur, évidemment, qui manie l'ironie, la comparaison et les vannes avec beaucoup de talent. Drôle aussi par le ridicule de nombre de protagonistes : avocats, chroniqueurs, RH et députés s'excitent, appellent à la censure en se proclamant défenseurs de la liberté d'expression. Les auteurs de lettres de menaces de mort très violentes, peu imaginatives et aléatoirement orthographiées nous donnent quelques sourires aussi. Néanmoins ils n'exercent pas de postes de pouvoir, contrairement aux premiers, c'est pourquoi ce livre dresse aussi un constat inquiétant.

Inquiétant parce que toute la classe politique semblait s'accorder sur l'esprit Charlie, le droit de choquer, de blasphémer, de mettre comme seule limite à la liberté d'expression la loi plutôt que la morale. Inquiétant aussi parce qu'une plainte a été déposée, alors que la caricature est une évidence, d'ailleurs le procureur ne s'est pas trompé en décidant du non lieu : on ne va quand même pas gâcher l'argent du contribuable et le temps des juges pour une bêtise pareil, un procès dont l'issue était évidente. Inquiétant enfin et surtout parce que nombre de personnes accusent Meurice d'être responsable de la hausse des actes antisémites de cette dernière année. C'est ignoble, malhonnête, indigne, comme si la moindre énergumène qui a pu commettre un de ces actes odieux l'ait fait après avoir écouté cette blague... Quel désastreux retour en arrière, au XIXe siècle, à l'époque où on censurait Rimbaud et Hugo. Heureusement même des personnes de droite gardent leur morale. L'auteur aborde les exemples d'un ministre et d'un journaliste du Figaro qui lui ont envoyé un message de soutien. Ils ont tout mon respect, ce sont les Châteaubriand de notre époque.

On ressort de cette lecture en ayant lu bien plus qu'un texte d'humoriste, une anatomie de notre système médiatique. Bien sûr la rigueur de la sociologie n'y est pas, mais l'ensemble est quand même perspicace et tellement vivant, comme une enquête écrite par un Coluche téléporté au milieu des années 30. le plus étonnant c'est que j'ai l'impression de devenir moi-même réac avant 30 ans : je suis nostalgique de l'époque où on défendait collectivement l'humanisme, les opprimés contre les oppresseurs, alors qu'aujourd'hui "on ne peut plus rien dire".
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Merci M. Meurice, pour votre humour et votre humanisme. Si le monde était peuplé de "méchants" comme vous il serait sûrement meilleur…

Ayant pas mal suivi l'actualité de cette blague, j'avais déjà pas mal d'info mais cette plongée au coeur de la tourmente est fascinante pour réaliser comment ce genre de polémique est montée de toute pièce par les médias et notamment quelques têtes d'affiche.

La question de la liberté d'expression bien sûre est abordée, jusqu'où peut on aller dans la satire? La relation particulière de la religion avec l'humour également.

Ce livre est évidemment hautement subjectif, mais il a le mérite de redonner la parole à l'auteur de cette blague (qui n'était même pas le sujet de la chronique) sans intermédiaire et sans autre interprétation que la sienne.

Après ça je pense qu'on pourra passer définitivement à autre chose… 5 mois ça fait long pour une blague, on en oublierait le vrai sujet sous jacent!

Vive la démocratie! Vive la laïcité! Vive la liberté d'expression!
Coeur sur vous tou.te.s!


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Ça a commencé comme ça.
J'ai parlé de ce livre et de son auteur et j'ai dit tout le mal que j'en pensais.
Ça n'a pas plu au Fan club de l'auteur '
J'ai été abreuvé d'un torrent de critiques. J'y ai répondu mais certains n'ont rien compris à mes réponses. Ils m'ont signalé aux administrateurs du siteJ
Je remplace ma première critique par celle-ci ce qui supprime en même temps la polémique qui partait dans tous les sens.
En ce qui conerne le livre, on me dit que son auteur n'est pas antisémite. Il est permis d'en douter. Mais ce qui est sûr c'est que sa " blague" banalise la Shoah par une une comparaison mal venue, formulée en termes ignobles de surcroît,(mais bien digne de l'homme qui a déclaré que le cerveau de Finkielkraut lui coulait par les narines, entre autres propos délicats) parce qu'elle lui ôte son caractère unique et que la comparaison à d'autres évènements diminue sa gravité. Dieudonné et Soral n'ont pas fait autre chose. Ensuite ils ont reçu Faurisson.
Par ailleurs il est faux que l' auteur ait été dédouané par la justice. Un classement sans suite n'équivaut pas à un jugement de relaxe, c'est une décision du procureur prise en opportunité parce qu'il n'a pas considéré que les faits étaient suffisamment caractérisés. Pour mémoire, le rôle du procureur n'est pas de prononcer des jugement, prérogative des juges du siège, mais d'engager les poursuites qu'il juge utile.
Mais l'affaire peut être rouverte en cas de faits nouveaux, ou de plainte avec constitution de partie civile
Ah oui, on va me dire que je ne parle pas du contenu du livre (je l'ai lu, rassurez -vous). Pour que j'en parle, il faudrait encore qu'il y en ait un. Or ce n'est qu'un ramassis de justifications, de considérations sur sa belle âme, de plaisanteries aussi nulles que d'habitude qui ne me feraient pas rire après inhalation d'une bombonne.de protoxyde d'azote, et de dénonciation de ses adversaires, les méchants réactionnaires. S'ils n'existaient pas de quoi parlerait -il ?
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Dès le début, les dédicaces m'ont emballées. Enfin, surtout la dernière 😉

Ne vous y trompez pas : ce livre n'est pas un livre sur la blague qu'a faite Guillaume Meurice. C'est un livre sur les médias, la "machine média" même, sur les rouages de la communication, et donc, dans une certaine mesure, sur la société en général. Un livre sur la violence des propos de certaines personnes, sur les gens donc, ou du moins certaines personnes du milieu médiatique et politique.

N'ayant que peu suivi en détail cette "affaire", j'ai été contente de découvrir le déroulé des événements, la folie qui s'en est suivie. Parce que c'est de la folie... ou peut-être pas, peut-être est-ce une certaine stratégie... Mais enfin, que ce soit l'un ou l'autre, certaines personnes ont l'air pas très bien quand même ! Quoi qu'il en soit, cela me conforte dans l'idée que j'avais qu'on est mal barré et que ce monde est devenu dingue.

Le style est plaisant, léger, c'est bien du Guillaume Meurice. Cela se lit fort bien et vite (c'est assez court en même temps). On regrette presque que ce soit trop court. Pas vraiment un essai, cela ressemble finalement plus au témoignage d'un instant. Fort intéressant tout-de-même ! (mais affligeant et inquiétant)
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critiques presse (1)
LeSoir
20 mars 2024
L'humoriste revient dans un livre drôle et féroce sur sa blague sur Netanyahou sur France Inter, fin octobre, à l'origine d'une « tempête dans un verre d'eau », déplore-t-il.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai rien contre le fait d'avoir des haters. Mais est-ce trop demander d'avoir des haters de qualité ?
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Un Meyer Habib. Député des Français de l’étranger, et de son propre aveu, proche de Benjamin Netanyahu. Il s’est fait connaître notamment en entonnant des chants religieux pour fêter son élection, ce qui en dit assez long sur sa conception de la laïcité ainsi que sur celle de « représentant de la Nation ». J’ai déjà eu l’occasion de l’interroger pour une chronique. Il m’y affirmait qu’il ne pouvait exister de colonisation israélienne puisque Jésus lui-même était juif et habitait dans la région il y a deux mille ans. Il va de soi que si une terre appartenait à celles et ceux qui l’occupaient il y a deux millénaires, quelques modifications socio-démographiques et géopolitiques sont à prévoir aux États-Unis, en Australie, en Amérique du Sud… etc.
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« Des gens se sont sentis blessés. » C'est l'élément qu'elle répète pour me demander encore durant de longues minutes de prendre la parole. Je lui réponds que c'est toujours le cas avec ce type d'humour. Qui plus est quand c'est en lien avec les religions. Il m'est arrivé d'avoir le même type de menaces, sans que l'on me demande de m'excuser, ni de m'expliquer. Cela a été le cas après les attentats islamistes de 2015, lorsque j'ai interprété Mahomet dans la matinale, ou encore après avoir taquiné les cathos intégristes devant leur fief de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
Je lui explique donc cela, en lui rappelant l'importance de la satire politique dans une société qui se veut démocratique, la nécessité de l'outrance dans la pratique de cette discipline.
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Parfois l'humour révèle la supercherie. Alors le pouvoir, aussi fort qu'il s'imagine, panique. Bien plus souvent qu'on ne le pense d'ailleurs. Nous avons une tendance naturelle à sous-estimer la désorganisation et l'improvisation qui règnent dans ce qu'on appelle les « hautes sphères ». Les ministères sont remplis de poulets sans tête qui courent partout en fonçant dans les murs. C'est sans doute ce que les complotistes semblent ignorer, eux qui imaginent un système machiavélique parfaitement rodé, huilé, verrouillé.
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J’aime la réalité. Car elle ne fait pas que dépasser la fiction. Elle la sublime. Quelle probabilité existait-il pour que, un beau matin, je sois convoqué à la police judiciaire en ayant simplement effectué mon travail ? La probabilité que je sois contraint de rendre des comptes à la justice pour une vanne ?
Quel scénariste aurait pu imaginer un chose pareille ? À quel moment cela pouvait-il être crédible ? Cela ne l’était pas. La réalité n’est pas crédible.
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