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Même morts, les garçons étaient un problème.
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— N’oublions pas la chandelle, Mr Brougham, s’il vous plaît. Dans une

demi-heure, il fera noir ici comme dans un four. Et assez froid. Je vois qu’il

n’y a pas de cheminée. Les chandelles au moins donneront un petit air de

fête. En somme, avec cette paille et vos couvertures, je serai fort

douillettement installée, sans compter la soupe bien chaude du réfectoire

des prisonniers pour dettes. À quoi est la soupe ce soir, à la tomate ou à la

tortue ?

Le geôlier regardait surpris, sa nouvelle pensionnaire.

— C’est toujours la même chose, dit-il, une espèce de jus avec des

épluchures de pommes de terre et une tranche de pain.

— Potage Parmentier. J’en ai mangé chez Almack… Maintenant,

Mr Brougham, je crois qu’il est temps que vous partiez.

Son avocat lui prit la main et, s’inclinant, la baisa.

— S’il est humainement possible de faire quelque chose pour vous tirer

de ce trou et vous mettre dans une chambre, ce sera fait. Je vous le promets

du fond du cœur.

— Mille fois merci. Viendrez-vous me voir ?

— Chaque fois que ce sera permis. À propos, il serait bon que j’eusse

l’adresse de ce médecin.

— Bill Dowler pourra vous la donner.

— Avez-vous besoin d’autre chose ? Je veux dire, pour l’heure ?

— Des chandelles, et, si l’on en trouve aussi au café, de l’encre, des

plumes et du papier.

— Vous ne projetez pas, je veux l’espérer, une seconde Épître à

Mr Fitzgerald ?

— Non. Un rapport sur la prison de King’s Bench. Un rapport de

première main, à présenter, s’il le faut, à la Chambre des communes.

Il rit et secoua la tête.

— Vous êtes incorrigible.

— Mais, j’espère bien, mon Dieu ! Sinon à quoi bon vivre ?
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Ces hommes étaient des requins qui promenaient leur gueule sous la coque d’un navire, traquant leur pitance qu’ils sentaient proche.
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Comme toutes les haines pathologiques – les psychiatres le savent mieux que les historiens —, celle de Hitler est dominée par la crainte obsessionnelle de disparaître sans laisser sa propre marque. Tout à sa vengeance, il ne veut pas seulement dominer le continent ; il veut l'« hitlériser »: « Quiconque s'oppose à l'ordre social que je veux établir (en Allemagne et en Europe] sera impitoyablement détruit. »
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"On ne peut pas en vouloir aux hommes de boire, intervient Mère. Ils n'ont rien à faire, aucun but à leurs journées. Ils s'ennuient. Pensez ce que ça doit être pour eux de vivre dans une maison qui dépend de la queue d'un jupon. "

p.106
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Le banquier fait des difficultés. Il aime son argent.
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On vit autant de ses manques que de ses capacités.
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Il doit y avoir une école spéciale, ou peut-être un conservatoire, où les hommes politiques apprennent à se racler la gorge afin d’ajouter de la portée à ce qu’ils s’apprêtent à dire. Si tel est le cas, alors Klaus von Braunschweig, maire de Munich, avait dû obtenir son diplôme avec les félicitations du jury.
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Appelez les niaks, appelez les nègres, appelez les youpins, "micks", métèques, ritals ou bouffeurs de grenouille, appelez les comme vous voulez, pourvu que vous leur colliez un nom quelconque qui enlève une couche d'humanité à leur corps quand vous les évoquerez. C'est ça le but recherché. Si vous pouvez faire ça, vous pouvez faire en sorte que des jeunes hommes traversent des océans pour aller tuer d'autres jeunes hommes, ou vous pouvez aussi les faire rester ici, chez eux, et leur faire faire la même chose.
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Il ouvre un carnet et fixe la première page, ce grand silence blanc qui l'a parcourt, un grand silence neigeux.
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Celle qui quelques semaines plus tôt était encore l'auteure de l'un des derniers slogans de la "Propaganda" (« Les libérateurs ! La Libération ! Quelle Libération? ») est désormais protégée par un travail du « bon côté ». Lucie n'est pas à une contradiction près quand il s'agit de sauver sa peau et d'éviter la honte et l'infamie. Ces femmes tondues au front marqué au fer rouge, enduites de mercurochrome, brisées, promenées à travers la ville à demi dénudées, elle préfère éviter d'y penser.
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Jusque-là on se savait mortel, et tout à coup on se sent mortel.
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Lucie a les yeux noirs, pas du parfait type aryen. Mais si on l'interroge, elle répond que la couleur des yeux est de toute façon une question de gènes dominants et de gènes récessifs. Ainsi, même si ça ne se voit pas, elle a quand même les yeux bleus. Elle a les yeux bleus à l'intérieur, voilà tout. Ce n'est pas seulement une couleur, c'est un tout. Peu importe la couleur, pourvu qu'on ait le gêne.
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- Je sais tirer au FM 24/29, au Lebel, au Beretta, à la Sten britannique. Faudra m'entraîner à vos Thompson.
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Neuf mois de prison ! Les enfants abandonnés, à une semaine du

seizième anniversaire de George ! Elle regardait autour d’elle sans y croire.

Aucun visage ne lui sourit. Charley était là ainsi que Bill, tous deux

gardaient les yeux baissés. C’était donc vrai. Pas d’issue, pas de

commutation de peine. Des clefs tintantes, de froides murailles, une cellule

de prison. Elle enfonça les ongles dans ses paumes pour s’obliger à faire

bonne contenance. Le reporter du Times griffonna sa phrase finale :

« Quand Monsieur le juge Le Blanc prononça la peine de prison, sa gaieté

la quitta et elle versa quelques pleurs. »
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Malheureusement pour ces cendrillons, minuit avait sonné. « En 44 », les « salauds » avaient envahi Paris, telle une nuée de locustes, et signé la in de la guerre, autant dire la fin de la récréation. Le carrosse des jeunes femmes s'était transformé en citrouille. « Ces sa-lauds ont tout gâ-ché », psalmodiait ma tante, dans un lamento nasillard et plaintif.
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Qu'importe le temps, la distance, Maena et moi sommes liés et nos ceurs ont recommencé à battre à l'unisson.
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Il était long, puissant, cuirassé. Il avait la cinquantaine dure ou la quarantaine sèche. Il regardait fixement la carte d'état-major verte et crème étalée sur la table. Son cendrier débordait de cigarettes blanches sans filtre. (...) Dans sa longue veste de cuir, barrée d'une sorte de ceinture sombre placée comme une écharpe d'élu, il m'a fait penser à un éléphantine...ou un pachyderme préhistorique, un de ceux dont j'avais vu la maquette grandeur nature au Jardin des Plantes.
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La modernité occidentale est à bout de souffle. Elle a libéré l'individu de sa sujétion à un pouvoir qui s'exerçait au nom de la transcendance, ce qui était nécessaire ; mais elle l'a fait en niant la transcendance, privant l'individu de tout principe d'unité avec les autres, dépouillant sa vie de sens en le vouant à exister seul et séparé. Ainsi la modernité finissante engendre-t-elle un monde où l'on réduit l'homme à sa dimension d'acteur économique, son désir à la pulsion de s'enrichir et de consommer, autrui et la nature au rang d'objet à exploiter. Un monde où l'être humain, pour oublier à quel point il se sent perdu, ne cesse de mendier des compensations dans la dépendance au regard des autres, le mirage fusionnel et les addictions pulsionnelles.
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C'est un raz-de-marée de chemises brunes. Les taxis klaxonnent, des hommes armés descendent dans les rues, et les policiers exhibent déjà des brassards frappés d'un svastika. (...)

Quelqu'un éteint les lumières de la bibliothèque, comme si l'obscurité pouvait rendre invisible, mais le vacarme pénètre dans la maison, dans la pièce, et jusque dans les poumons de ses occupants. En bas, dans la rue, quelqu'un se fait rouer de coups. Que va-t-il se passer ? Pendant combien de temps peut-on faire comme si rien n'était arrivé ?



Page 317 (à la veille de la proclamation de l'Anschluss, le 11 mars 1938).
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