Éléments de philosophie angélique
Patrice van Eersel nous parle du dernier livre de Denis Marquet : "Éléments de philosophie angélique", éd. Albin Michel.
"Tu es un homme instruit, mais rien de ce que tu as appris ne t'as approché de Dieu. Si tu étudie pour te remplir de savoir, quel espace trouvera en toi Le Souffle Saint ? N'étudie que pour creuser ton âme, comme on évide une roche pour y tailler la jarre qui recevra l'eau de la purification. Si tu cherches la connaissance pour te grandir, tu n'y trouveras pas Dieu, car sa voix de silence ne murmure qu'aux tout petit. Les savants croisent la vérité sans jamais la rencontrer, parce qu'ils ne cherchent et ne voient que ce qu'il ne peuvent posséder. "
"Humain... Cela vient de "humus", la terre. Comme le mot humilité. L'humilité, c'est pour l'homme se souvenir qu'il est fait de terre, et qu'il sera rendu à la terre. S'il l'oublie... la Terre, un jour, le lui rappelle..."
Qu'est-ce que c'est mourir, pensa-t-elle, quand tout le monde meurt en même temps... Ce qui est terrible, c'est d'être arraché au monde, et que tout continue comme si l'on n'avait aucune importance, comme si le monde n'en avait rien à faire qu'on meure ou qu'on vive...
C'est ce que signifie "la vérité vous rendra libre" : être libre, c'est être vrai. Je suis libre à chaque fois que je produis un acte qui n'a pas son origine dans mes conditionnements, mais dans la vérité de mon être.
Manaus était cernée par une immense couronne de désert couleur brique, qui grignotait petit à petit le vert de la forêt environnante, comme une tumeur gagne son terrain sur les tissus sains ...
"Toute notre culture est basée sur la peur. Toutes nos énergies sont consacrées à refuser la mort. Et nous ne voyons pas qu'à refuser la mort c'est à la vie que nous disons non. Car la mort et la vie ne sont qu'une seule et même réalité. Cela, les Indiens le savent.
(...)
Nous, les Blancs, qui dominons le monde, avons trop peur de sentir la vie parcourir notre chair, trop peur de savourer notre appartenance à la Terre, parce que c'est aussi garder mémoire qu'il faudra retourner, un jour, à la terre.
L'Indien sait, d'un savoir cellulaire, qu'il n'est pas distinct de la Terre dont il provient et dont il est fait. Avec mes frères, j'ai appris à marcher pieds nus sur la terre brûlante, comme eux je me suis étendu sur la Terre à me laisser bercer par la pulsation profonde de sa vie.
Aimer la vie, me disait Lololma, c'est se souvenir que l'on n'est rien. L'homme blanc préfère se faire croire qu'il est tout. Il est rempli de haine pour la Terre dont il est fait. Il veut la posséder. Il met la Terre en demeure de produire, toujours davantage. Il ne veut aucune limite à sa puissance. Il détruit ce qui lui échappe, il se rend sourd et aveugle à ce qu'il ne peut détruire.
Il ne connaît plus rien du Grand Mystère."
"Les yeux se ferment, les regards se détournent. L'homme a reçu ce don merveilleux : ne voir que ce qu'il veut, ne croire que ce qui l'arrange. Oublier."
Le désir infini de l'être humain peut être comblé par l'infini ; mais seulement en cherchant à l'intérieur de soi
Songez, messieurs, continuait-il, songez... les cellules de notre rétine descendent d'une algue rouge monocellulaire que l'on trouve encore dans les mers du Sud... Les cellules de notre gorge et nos spermatozoïdes sont cousins d'un groupe de microbes bien connu... Les cellules de notre cerveau proviennent d'une bactérie de la famille des spirochètes... Et allons plus loin ! Le protoplasme de nos cellules a la composition même des tout premiers océans... Quant à leur environnement chimique, riche en carbone et en hydrogène, il n'est autre que celui de la Terre à l'origine de la vie ! Messieurs... nous sommes le livre d'histoire de la Terre. Et cette histoire est une histoire d'alliances, de coopération... d'union intelligente entre les formes vivantes.
Il lui semblait entendre le silence au fond d'elle-même, comme une nappe de vide constitué de l'attente muette de toutes les personnes présentes et ,au-delà, de toute l'espérance informulée du monde en souffrance.