Citations de Hervé Le Tellier (1396)
la séduction a toujours été un savoir-faire commun, la rupture un art majeur.
A quarante-trois ans, dont quinze passés dans l'écriture, le petit monde de la littérature lui paraît un train burlesque où des escrocs sans ticket s'installent tapageusement en première avec la complicité de contrôleurs incapables, tandis que restent sur le quai de modestes génies - espèce en voie de disparition à laquelle [il] n'estime pas appartenir.
... si l’argent n’était pas autant surestimé, on lui accorderait moins de valeur…
Quand je suis arrivé en France, j'ai lu le poème de Voltaire sur le désastre de Lisbonne. Je l'ai même appris par cœur :
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes :
Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes ?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants ?
[...] Parfois, je me dis que c'est ici en 1755, pendant le tremblement de terre, que Dieu est mort.
p48
On ne peut forcer personne à être ce qu’il n’est pas. Il faut de la tolérance, il faut de l’amour. Comment peut on croire qu’on sera plus heureux en faisant du mal à d’autres ?
(SLIMBOY)
Dans l’amour maternel, l’égoïsme le plus noir combat avec rage la plus étincelante générosité.
... mais la liberté de pensée sur Internet est d'autant plus totale qu'on s'est bien assuré que les gens ont cessé de penser.
Pour quitter celui qu'on aime, il faut déconstruire le monde. Joanna June a dû réécrire leur histoire, prendre appui sur des doutes qu'elle avait enterrés, épuiser son attirance pour Aby comme on parvient, en répétant un mot des dizaines de fois, à en assécher le sens.
Personne ne vit assez longtemps pour savoir à quel point personne ne s'intéresse à personne
"Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte,
Une fenêtre éclairée."
Paul Eluard, "Et un sourire "
Le Phoenix .
Les tombes sous le soleil ne sont jamais tout à fait mélancoliques. On trouve toujours un peu de vie pour égayer le regard, un brin d'herbe qui miroite, un pinson étourdi qui picore le sol, un scarabée noir aux grosses mandibules qui se traîne sur le gravier. Et puis, quand les tombes ne racontent rien, on ne s'y attarde pas.
p125
Mamie assurait le ménage, la vaisselle, repassage,
les courses, la cuisine,
souvent elle m'emmenait à l'école
elle venait m'y chercher :
elle n'a donc jamais travaillé.
p 40
On ne peut forcer personne à être ce qu’il n’est pas. Il faut de la tolérance, il faut de l’amour. Comment peut-on croire qu’on sera plus heureux en faisant du mal à d’autres ?
Victor écrit sans hâte, mécaniquement. Ayant beaucoup lu, traduit, et trop de niaiseries derrière des joliesses, il trouve indécent d’imposer au monde une ânerie de plus. (page 172)
Autrement dit, le « Je pense donc je suis » du Discours de la Méthode de Descartes est obsolète. C’est plutôt : « Je pense, donc je suis presque sûrement un programme. » Descartes 2.0, pour reprendre une formule d’une topologiste du groupe. (page 169)
Le message est flou, mais la liberté de pensée sur internet est d'autant plus totale qu'on s'est bien assuré que les gens ont cessé de penser.
C’est l’espérance qui nous interdit d’agir, c’est l’espérance qui prolonge le malheur des hommes, puisque, n’est-ce pas, contre toute évidence, « tout va s’arranger ». Ne peut pas être ce qui ne doit pas être. La vraie question que nous devrions chaque fois nous poser est celle-ci : « En quoi est ce qu’accepter un point de vue donné m’arrange ? »
(REMERCIEMENTS)
Dieu, que la connerie suinte de l'esprit religieux. Toute certitude poignarde l'intelligence. Pour faire de la mort une mésaventure parmi d'autres, le croyant a perdu la raison. (...) Sur le point de mourir noyé, je tente de nager, je ne vais tout de même pas prier Archimède.
Et au cœur de cet incendie sans fin qui de tout temps a dévoré l’Amérique, dans cette guerre que l’obscur mène à l’intelligence, où la raison recule pas à pas devant l’ignorance et l’irrationnel, Jacob Evans revêt la cuirasse d’ombre de son espérance primitive et absolue. La religion est un poisson carnivore des abysses. Elle émet une infime lumière, et pour attirer sa proie, il lui faut beaucoup de nuit. (page 294)
Il sait malgré tout qu’il suffira qu’une de ses phrases soit plus intelligente que lui pour que ce miracle fasse de lui un écrivain. (page 172)