Citations de Hervé Le Tellier (1396)
Pourtant, si le chanteur s'écoutait, il raconterait le destin de Tom, son premier amant quand il avait quinze ans, Tom brûlé vif devant lui par la multitude déchaînée, et sa propre fuite pieds nus la nuit, hagard, terrorisé, le visage en sang, sa course dans Ibadan poursuivi par la foule hostile, et ses rencontres désormais si dangereuses et si brèves, et la détresse des gays du Nigéria et d'ailleurs en Afrique, qui ont fini par fuir, par s'exiler à jamais dans ces pays froids de Blancs où ils ont malgré tout le droit de respirer.
Miesel n’a pas d’enfant. Sentimentalement, il vole d’échec en échec avec un enthousiasme intact. Trop souvent distant, il ne convainc pas, et il n’a jamais rencontré la femme avec qui traverser un long moment de vie. Ou peut-être choisit-il ses compagnes de manière à être certain de ne jamais y parvenir.
Les dômes stratosphériques plafonnent à seize kilomètres de hauteur. Il pourrait tenter de se glisser entre deux colonnes, mais ce serait pour se précipiter dans celle qui suit. Le radar météo affiche désormais une longue barre rouge oblique : une muraille d’eau et de glace. (page 51)
Et au moins, écrire Victor au lieu de Victør ; pour le référencement Électre, ce serait autrement plus pratique comme graphie, non ? Non.
Pris au piège, quatre heures durant,
dans cette croisière entre le pont de l'Alma et le pont de l'Alma.
J'y ai revécu une sorte de résumé parabolique de ma vie d'adolescent,
cette sensation aiguë qu'il me faudrait une fois de plus,
pour quitter le navire, me jeter à l'eau.
P23
Le diable n'existe pas
et c'est pourquoi il fait si peur lorsqu'il jaillit de la boîte.
p 69
La nostalgie est une scélérate. Elle laisse croire que la vie a du sens.
(.../...) la liberté de pensée sur internet est d’autant plus totale qu’on s’est bien assuré que les gens ont cessé de penser.
— Savez-vous les raisons du suicide de votre « double » ?
— Il voulait sans doute mourir. C’est la principale raison d’un suicide.
Qu’est-ce que ça changerait pour eux après tout ? Simulés ou non, on vit, on sent, on aime, on souffre, on crée, et on mourra tous en laissant sa trace, minuscule, dans la simulation. A quoi sert de savoir ? Il faut toujours préférer l’obscurité à la science. L’ignorance est bonne camarade, et la vérité ne fabrique jamais du bonheur. Autant être simulés et heureux.
"Le message est flou, mais la liberté de pensée sur internet est d'autant plus totale qu'on s'est bien assuré que les gens ont cessé de penser."
Si un programme désire, aime et souffre, quels sont les algorithmes de l'amour, de la souffrance et du désir ?
On a rarement l'occasion de sauver un amour avant même qu'il soit menacé. p279
- Pensez-vous que nous soyons tous dans une simulation?
- Je n'en sais rien. Pour paraphraser Woody Allen, je dirais que si c'est le cas, j'espère que le programmateur a une excuse. Parce que le monde qu'ils ont créé est tout de même une sacrée horreur. Quoique, d'après ce que j'ai compris, ce serait justement nous qui le créons tout seul, justement.
Lorsque les méchants s’associent, les bons doivent s’associer, sinon ils tomberont, un par un, comme un sacrifice impitoyable dans une lutte méprisable.
EDMUND BURKE,
Réflexions sur la cause
des mécontentements actuels
Voici à peine trois mois, lorsque l’on te demandait : « Qu’est-ce qui coûte le plus cher : les yeux de la tête ou la peau du cul ? », tu répondais : « Il est difficile de comparer le coût des yeux de la tête et de la peau du cul, car il s’agit de contextes médicaux différents. Les yeux sont des organes importants pour la vision, alors que la peau du cul est une zone corporelle qui peut être concernée par des affections comme l’eczéma ou la dermatite. Les coûts pour traiter ces conditions peuvent varier considérablement en fonction de la gravité de la condition », etc. Aujourd’hui, tu sais que « ces expressions sont des expressions idiomatiques utilisées pour exprimer le coût élevé de quelque chose de manière humoristique ou exagérée. Elles ne doivent pas être prises littéralement ».
In Le Monde des Livres, 21 juillet 2023, l'IA
Il n'y aura pas de sauveur suprême. Il faut nous sauver nous-mêmes.
Blake fait sa vie de la mort des autres. S'il vous plaît, pas de leçon de morale. Si on veut discuter éthique, il est prêt à répondre statistiques. Parce que - et Blake s'excuse - lorsqu'un ministre de la Santé coupe dans le budget, qu'il supprimer ici un scanner, là un médecin, là encore un service de réanimation, il se doute bien qu'il raccourcit de pas mal l'existence de milliers d'inconnus. Responsable, pas coupable, air connu. Blake, c'est le contraire. Et de toute façon, il n'a pas à se justifier, il s'en fout.
Un jour elle m’avertit :
- Ne m’en veux jamais de ce que je dis ou de ce que je fais quand je suis « down ». Tu ne m’en voudrais pas si je vomissais parce que j’ai mal au ventre. C’est pareil. C’est mon cerveau qui est malade, pas ma pensée.
(...)
Il y avait avec elle bien plus de vingt-quatre heures en un jour et une nuit...
- Nous avons contacté le président Macron, monsieur le président. Il sera en ligne dans une minute, dit le conseiller spécial.
- J'ai du mal avec les Français, et avec ce type en particulier. Bon. Jennifer, passez-moi ce petit connard arrogant.
Le téléphone émet une vibration, le président boit un verre d'eau, décroche, sourit d'un air forcé.
- Mon cher Emmanuel, je suis si heureux de vous parler. J'espère que vous allez bien, et votre charmante femme également. Je vous contacte pour un sujet d'une importance capitale...