Livre amusant puisqu'il brode une histoire plausible à partir du manque de certitude sur la réalité...
Comment faire une biographie sans preuves tangibles ? On pourra toujours rétorquer qu'un certain Jésus est déjà l'objet d'un livre (Ô combien célèbre) de ce genre...
Donc ici, finalement, la non-biographie du florentin A. Vespucci est le prétexte à une quasi déclaration d'amour au continent qui l'a accueilli, lui qui fuyait l'Europe déjà parcourue par ses courants racistes, suprémacistes et xénophobes.
L'avantage ici est la poésie de l'écriture de l'auteur qui nous berce de ses réflexions subtiles sur les étranges retournements de l'histoire, sur les récits différents qui sont faits successivement d'une même réalité...
Tout est finalement question de croyances et d'interprétations. Heureusement qu'aujourd'hui tout a changé et que nous sommes priés, sous peine d'un salutaire bannissement , d'inscrire dans la Loi certains points d'histoire.
On observe, du point de vue continental, les explorateurs portugais s'élancer à la conquête de l'Est pour qu'un Génois et un Florentin se disputent finalement par supporters interposés la paternité de la conquête de l'Ouest...
Certes il y a eu Pedro Álvares Cabral, mais il est peu resté dans l'imaginaire collectif occidental contrairement aux deux précédents.
C'est un peu l'objet du livre, celui des méandres de la construction de notre imaginaire que les livres scolaires d'histoire sont chargés de graver dans nos esprits. Ainsi,
en 1503, un ouvrage en latin intitulé "Mundus Novus" est publié. Il affirme être un résumé traduit d'une lettre écrite en italien par Albericus Vespuccius ...
A-t-il jamais mis les pieds sur ce monde nouveau, notre Florentin? A-t-il cherché à paraître plus important qu'il ne fut? A-t-il cherché à doubler dans la course à l'attribution de nom le Génois Colomb ? Pas facile d'être sûr mais... le nouveau continent, dont tout le monde alors ignorait qu'il s'agissait d'un continent, fut nommé "Alberica".
Non, en fait... Heureusement (?), au gré des traductions, des versions remaniées et augmentées, peut-être légèrement trafiquées de ce livre de vulgarisation, les noms de l'auteur, possiblement découvreur pour ses lecteurs, évoluèrent : Alberico Vesputio, puis
Amerigo Vespucci...
Enfin , gravé dans le marbre des cartes post-Ptolémée, ce nom qui selon l'auteur, sonne comme le clairon d'un peuple jeune et conquérant, apparaît pour l'éternité : America !
Un joli livre entre roman et histoire qui gagne à être diffusé auprès des jeunes mais pas que...