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EAN : 9782842711054
206 pages
La Musardine (14/02/2001)
4.5/5   4 notes
Résumé :

Cet Eloge du con, compilation d'articles écrits pour les Cahiers de Sexologie clinique, est une synthèse des principaux thèmes chers au docteur Zwang en même temps qu'un vibrant plaidoyer pour ce que François Mauriac nommait "l'ignoble petit mot de trois lettres". Le premier texte, par un détour lexicologique, montre l'universelle dépréciation de la désignation du sexe féminin (source inépuisable d'in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après quelques lectures ayant trait au « féminisme génital », j'ai voulu me pencher sur le sexe féminin vu par un sexologue, un homme. Gérard Zwang est chirurgien-urologue, sexologue, auteur notamment de _Le Sexe de la femme_ paru dès 1967 et de deux bonnes douzaines d'essais successifs. Ses positions tranchées, qui me paraissent résolument anti-féministes mais tout aussi anti-masculinistes, farouchement anti-psychanalytiques, parfois se complaisant dans la polémique (cf. le multiculturalisme prétendument excusant l'excision), m'ont d'abord irrité par un excès de snobisme prétentieux et vaniteux. Par-delà sa langue ampoulée et pourtant facétieuse, ses références doctes aux lettres classiques et son usage pléthorique d'expressions latines et de mots grecs, par-delà la répétition obsessionnelle de la critique contre l'épilation pubienne – tel un thème monomaniaque qui paraît franchement dérisoire, et les coups bas qu'il porte à répétition contre Freud et ses disciples de sexe féminin, ce qui m'a paru d'abord insupportable, c'était de considérer le vagin selon la perspective unique des goûts, utilités, plaisirs et préférences d'un homme hétérosexuel, seul horizon dans la vie d'une femme hétérosexuelle vouée à lui (cf. cit. 1 et 2). Même lorsqu'il s'agit de croiser le fer contre le sexisme masculin rabaissant notoirement tout ce qui relève de la féminité (d'abord dans la langue, dont le mot « con » n'est qu'un symbole, ou peut-être un emblème), les contre-arguments au mieux objectifient la vulve, sans considérer un seul instant qu'il est question d'un organe appartenant à un sujet titulaire de droits sur son propre corps – qui est aussi sa personne –, au pire culpabilisent celle-ci, littéralement en la traitant de noms d'oiseaux (cit. 2). Dès lors, un.e féministe trouve qu'il n'a que faire d'une telle « défense et illustration du sexe féminin » aussi dithyrambique soit-elle.
Au fil des pages, gagné peut-être par ce que j'apprenais malgré tout, par ex. sur _L'Origine du monde_, le célèbre tableau de Courbet, et ensuite en profondeur sur le clitoris, m'habituant aussi à un style qui m'a paru progressivement moins précieux et plus rigoureux scientifiquement, j'ai mis de côté mes ressentiments et ma négativité, et considéré que je retirais quand même des avantages de cette lecture, qu'il aurait été dommage de l'interrompre, qu'en somme je ne regrettais pas de l'avoir entreprise. Certaines personnes, malgré leur âge qui devrait être gage de maturité, choisissent de faire passer des contenus sérieux par la provocation, la polémique, l'outrance déguisée en aphorisme... Ou peut-être ce sont des conditions imposées par la ligne éditoriale de la maison, allez savoir... En tout cas, je me sens bien gêné à attribuer une note synthétique à cette lecture.




Table [avec appel des cit.]

Préface à la deuxième édition (2008)

Introduction [cit. 1, 2]

Notice préliminaire
Blason du con [Poème de Claude Chapuis (ca 1520-1572)]

T'as l'air d'un con ! : Les dessous d'une insulte [lexicographie des connotations mélioratives pour les vocables désignant le sexe masculin, péjoratives pour ceux désignant le sexe féminin, et petites notes comparatistes] :
- Primo : l'universelle déconsidération de la génitalité
- Secundo : le con possède le triste privilège de joindre étroitement l'exclusivité anatomique et la double indignité, de l'organe et de sa porteuse.
- Tertio : celui qui a l'air d'un con est un homme stupide, méprisable, dont le visage pourrait figurer l'organe sexuel externe d'une femme

Déboisement brésilien : Une mode à rebrousse-poil ou un nouveau puritanisme [procès à charge contre l'épilation pubienne]

L'Esthétique vulvaire
- Honneur au beau sexe [Apologie du vagin, du point de vue de ses proportions géométriques]
- L'origine du monde [Péripéties de la toile de Courbet. Cit. 3]
- Conclusion : Qui dit mieux ? [Contre les modifications d'apparence de la vulve : pilosité, chirurgie esthétique, excision, étirement des nymphes, etc.]

Clitoric fallacies ou la place du clitoris
- Fallacieuse anatomie [les représentations médicales erronées]
- Fallacieuse physiologie
- Fallacieuses conceptions biologiques, ou le fallacieux exclusivisme [Comparaison avec le règne animal, réfutation de la théorie de l'analogie entre le phallus et le clitoris. Cit. 4, 5]

Sodomie, quand tu nous tiens...

Deux énigmes [Poèmes du XVII s. sous forme de devinettes. Cit. 6]

Glossaire

Bibliographie
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
6. « Tantôt je suis ouvert, tantôt je suis fermé
Selon qu'il plaît au Roi le plus puissant qu'on voie.
Je ressens la douleur et je donne la joie,
Je suis, ou peu s'en faut, de tout le monde aimé.

Mon frère fort souvent contre moi animé
Vient fouler sans respect mon corail et ma soie ;
Il me perce le sein, mais aussi je le noie
Et j'éteins tous les feux dont il s'était armé !

Je suis petit de corps mais je donne la vie.
Plus je suis à couvert, plus je reçois de pluie ;
J'ai ma langue en la bouche, et je ne parle point.

Mon nom est trop caché pour le pouvoir connaître,
Un ombrage à vos yeux m'empêche de paroître :
Ne vous rompez donc plus la tête sur ce point. »

(Sonnet lu à la Cour pendant la grossesse de Madame de Fontanges (1681)) [cit. p. 181]
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2. « Car s'il y a tant et tant de mauvais hommes, il n'y a que trop, hélas, de femmes indignes. Indignes de leur sexe, et qui le trahissent. Et je dénonce au moins trois espèces de trahisseuses. La honte sur elles !
'Les harpies'. Celles qui tranchent, à vif, le clitoris de malheureuses petites filles, et leurs nymphes, et qui leur cousent les grandes lèvres. Ô ignominie ! Abominables fées Carabosse. On a coupé ces ogresses, alors, vengeance, il faut qu'elles coupent les autres. À elles d'y passer ! Comme certains – pas les meilleurs – qui "avaient fait Verdun" et prétendaient qu'il n'y a rien de tel qu'une bonne guerre, de temps en temps, pour dresser le poil des freluquets... Qui donc a jamais eu besoin du clitoris pour fabriquer des garçons ?
'Les bécasses'. Celles qui sont persuadées que leur poil est sale. Qui déclarent la guerre à leur si troublante frondaison axillaire, jamais rebutante et même attirante sur une femme bien tenue. Qui paraissent terrorisées à l'idée que deux ou trois frisons puissent dépasser de leur slip de bain confetti. Et qui, semaine après semaine, mois après mois, vacances après vacances, le rasoir, la pince et la cire en main, épilent, émondent, massacrent, sabotent, rabotent, poncent, défigurent, mutilent le surgissement pileux qui prouve qu'elles sont de vraies femmes ; des grandes personnes, adultes, consommables, belles et bonnes à baiser. Il y a même des charognardes, vautours tapis dans les instituts de beauté, qui réclament de l'argent pour leur "faire le maillot". […] Au maximum du déboisement, ces linottes se croient-elles plus bandantes, affligées au bas-ventre d'un mont pelé, d'un os de seiche, d'une tirelire de petite fille ? […]
'Les dindes'. Celles qui ne peuvent pas se respirer l'entre-deux. Et qui s'oignent de lavanderies, se pulvérisent, s'injectent toutes sortes de pharmacies, de lotions à gommer l'exhalaison vulvaire. Des fois qu'on s'apercevrait qu'elles sentent la femme, comme les autres... Il s'est même trouvé, pour les aider à se "désinfecter", des fabricants de slips censés "détruire les mauvaises odeurs". Depuis quand le sexe d'une femme saine et "bien lavée" sent-il mauvais ? Et à quoi servent les gynécologues, si l'arôme naturel s'est altéré ? » (pp. 23-25)
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4. « Trois différences majeures (entre autres!) séparent la femme des autres femelles mammifères : la bipédie, la longue immaturité copulatoire, et la conscience.
Du fait du redressement vertical du bassin féminin, le clitoris est devenu un organe antérieur, visible, accessible par-devant. Lors de cette migration antérieure, il s'est raccourci (par rapport à l'organe simiesque) et s'est éloigné de l'orifice vaginal. […] La gratification coïtale de ces femelles animales est donc simultanée, clitoridienne et vaginale : "tout en un". À l'inverse, aucune posture ne permet au clitoris humain la friction efficace, jusqu'à l'orgasme, contre la verge introduite. Il doit être stimulé par la main, ou la bouche. Or la femelle humaine s'accouple rarement avant le milieu de sa deuxième décennie.
Ce que le clitoris a perdu de possibilités réceptives au cours du coït, il l'a récupéré en capacités de stimulations précoces. Avant même maturité sexuelle. Pendant ces quinze à seize ans vécus si longs de la jeunesse humaine. Cet usage infantile et adolescent n'est pas inutile... au rebours de ce qu'imaginait le bon vieux moralisme répressif de la masturbation.
Sous l'effet de ses propres tripotages, puis de ceux de ses compagnons d'âge, la jeune humaine mature les connexions synaptiques épigénétiques de son circuit orgasmique, livré "en pointillé" à la naissance. Lorsqu'elle "mettra en service" son vagin, la cavité copulatrice ne saura lui prodiguer sa physiologie orgasmique que si le chemin de l'orgasme a été tracé par l'usage du clitoris. Même si elle n'a pas gardé le souvenir conscient de ses tripotages primo-infantiles : ce n'est pas du "refoulement", mais tout bonnement l'oubli néo-cortical d'événements survenus à l'âge de l'immaturité cervicale.
Adulte, elle aura souvent besoin de l'orgasme clitoridien préliminaire pour ressentir pleinement les gratifications érogènes du vagin – sans pour autant mépriser les agréments clitoridiens autonomes, en compagnie, ou pour tromper la faim en attendant le retour du cher absent... » (pp. 145-146)
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3. « Le tableau de Courbet [_L'Origine du monde_] conserve néanmoins, à mes yeux, trois mérites.
D'abord le courage. Pour l'avoir fait, pour oser figurer, exposer, en pleine évidence, tout ce qui parut si longtemps irregardable, irrecevable, inmontrable... sans autre raison que la censure moralisatrice anti-érotique. […]
Deuxième mérite, le tour de force technique, réussissant un raccourci magistral, explosif, fascinant. Faisant de l'éthologie sans le savoir, Courbet nous met sous les yeux ce que voit tout homme auquel s'offre sa partenaire consentante. Un imparable indice visuel qui est aussi un stimulus. Un déclencheur de comportement qui suscite l'automatisme programmé, invincible, de la réaction d'orientation, œil, tête et cou... auquel les manifestations physiologiques du désir ne manqueront pas de se joindre. En ce moment d'émoi biologique, les propriété fonctionnelles du corps accueillant comptent évidemment plus que son excellence esthétique : la plus belle femme du monde, c'est alors celle qui nous ouvre son giron !
Tertio et maxime, du moins pour moi, puisque je le pense le plus émouvant. Si son sexe n'offre pas l'image de la perfection plastique, le reste du corps si amoureusement modelé par le pinceau de l'artiste est d'une grande beauté. En particulier les seins, dans une vision inférieure des plus saisissantes. Et surtout le sein gauche. Du fait de la posture dorsale un peu latérale il se déporte légèrement, comme le ventre, vers le côté d'appui, infléchi sous le poids de sa propre plénitude charnelle. Bien que le téton (des plus alléchants) continue de pointer vers le haut, c'est la discrète prémonition, sur ce corps pétri de jeunesse et de vénusté, de l'inévitable affaissement, de l'inévitable flétrissure qu'apporteront les ans. » (pp. 101-102)
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1. « Provocant aussi cet appel à la caresse, offrant la soyeuse fermeté du mont, cette belle motte herbue que possèdent toutes les femmes honnêtes, comme la chair modelable à plaisir des quatre lèvres, et l'entêté clitoris sous son mouvant capuchon, magnétisant la main admise au plus secret, au plus chaud giron.
Provocant encore cet arôme d'océan mais aussi de fruit, cette douce amertume que rien n'égale sur terre ni sur mer. Irrésistible phérormone dont la narine ne se lasse pas, y compris lorsqu'elle parfume paume ou doigt – et même la petite culotte – adressant un message direct au rhinencéphale qui répercute l'ordre à l'étage d'exécution, celui qui fait ériger. Avec d'autant plus d'assurance qu'il s'agit de l'odeur familière, sécurisante, de celle avec qui on partage les sentiments, après avoir partagé tant de plaisirs. Bouquet néanmoins lui aussi fluctuant d'un bout à l'autre de mois lunaire, selon que prédomine le salé ou le sucré.
Provocant enfin, ce goût incomparable de coquillage et de miel, délectable ambroisie dont se repaissent les goulus.
Le tout provoquant – pour l'écrire autrement – la machinerie naturelle de qui flatte, cajole, dévisage, hume, déguste, butine la corolle annonçant le calice. Pour susciter ce triomphal envol phallique (ô joie d'être un homme) qui est le sésame permettant de franchir le seuil du passage béni : l'enveloppant couloir de chair connivente, le chemin consacré qui mène au saint des saints, en ton plus profond sein, ô Femme, là où sera savourée la chavirante ivresse. » (pp. 21-22)
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>Technique (sciences appliquées)>Sciences médicales, médecine>Anatomie humaine, biologie des tissus, cytologie humaine (25)
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