Après quelques lectures ayant trait au « féminisme génital », j'ai voulu me pencher sur le sexe féminin vu par un sexologue, un homme.
Gérard Zwang est chirurgien-urologue, sexologue, auteur notamment de _
Le Sexe de la femme_ paru dès 1967 et de deux bonnes douzaines d'essais successifs. Ses positions tranchées, qui me paraissent résolument anti-féministes mais tout aussi anti-masculinistes, farouchement anti-psychanalytiques, parfois se complaisant dans la polémique (cf. le multiculturalisme prétendument excusant l'excision), m'ont d'abord irrité par un excès de snobisme prétentieux et vaniteux. Par-delà sa langue ampoulée et pourtant facétieuse, ses références doctes aux lettres classiques et son usage pléthorique d'expressions latines et de mots grecs, par-delà
la répétition obsessionnelle de la critique contre l'épilation pubienne – tel un thème monomaniaque qui paraît franchement dérisoire, et les coups bas qu'il porte à répétition contre
Freud et ses disciples de sexe féminin, ce qui m'a paru d'abord insupportable, c'était de considérer le vagin selon la perspective unique des goûts, utilités, plaisirs et préférences d'un homme hétérosexuel, seul horizon dans la vie d'une femme hétérosexuelle vouée à lui (cf. cit. 1 et 2). Même lorsqu'il s'agit de croiser le fer contre le sexisme masculin rabaissant notoirement tout ce qui relève de
la féminité (d'abord dans la langue, dont le mot « con » n'est qu'un symbole, ou peut-être un emblème), les contre-arguments au mieux objectifient la vulve, sans considérer un seul instant qu'il est question d'un organe appartenant à un sujet titulaire de droits sur son propre corps – qui est aussi sa personne –, au pire culpabilisent celle-ci, littéralement en la traitant de noms d'oiseaux (cit. 2). Dès lors, un.e féministe trouve qu'il n'a que faire d'une telle « défense et illustration du sexe féminin » aussi dithyrambique soit-elle.
Au fil des pages, gagné peut-être par ce que j'apprenais malgré tout, par ex. sur _L'Origine du monde_, le célèbre tableau de Courbet, et ensuite en profondeur sur le clitoris, m'habituant aussi à un style qui m'a paru progressivement moins précieux et plus rigoureux scientifiquement, j'ai mis de côté mes ressentiments et ma négativité, et considéré que je retirais quand même des avantages de cette lecture, qu'il aurait été dommage de l'interrompre, qu'en somme je ne regrettais pas de l'avoir entreprise. Certaines personnes, malgré leur âge qui devrait être gage de maturité, choisissent de faire passer des contenus sérieux par la provocation, la polémique, l'outrance déguisée en aphorisme... Ou peut-être ce sont des conditions imposées par la ligne éditoriale de la maison, allez savoir... En tout cas, je me sens bien gêné à attribuer une note synthétique à cette lecture.
Table [avec appel des cit.]
Préface à la deuxième édition (2008)
Introduction [cit. 1, 2]
Notice préliminaire
Blason du con [Poème de
Claude Chapuis (ca 1520-1572)]
T'as l'air d'un con ! : Les dessous d'une insulte [lexicographie des connotations mélioratives pour les vocables désignant le sexe masculin, péjoratives pour ceux désignant le sexe féminin, et petites notes comparatistes] :
- Primo : l'universelle déconsidération de la génitalité
- Secundo : le con possède le triste privilège de joindre étroitement l'exclusivité anatomique et la double indignité, de l'organe et de sa porteuse.
- Tertio : celui qui a l'air d'un con est un homme stupide, méprisable, dont le visage pourrait figurer l'organe sexuel externe d'une femme
Déboisement brésilien : Une mode à rebrousse-poil ou un nouveau puritanisme [procès à charge contre l'épilation pubienne]
L'Esthétique vulvaire
- Honneur au beau sexe [Apologie du vagin, du point de vue de ses proportions géométriques]
- L'origine du monde [Péripéties de la toile de Courbet. Cit. 3]
- Conclusion : Qui dit mieux ? [Contre les modifications d'apparence de la vulve : pilosité, chirurgie esthétique, excision, étirement des nymphes, etc.]
Clitoric fallacies ou la place du clitoris
- Fallacieuse anatomie [les représentations médicales erronées]
- Fallacieuse physiologie
- Fallacieuses conceptions biologiques, ou le fallacieux exclusivisme [Comparaison avec le règne animal, réfutation de la théorie de l'analogie entre le phallus et le clitoris. Cit. 4, 5]
Sodomie, quand tu nous tiens...
Deux énigmes [Poèmes du XVII s. sous forme de devinettes. Cit. 6]
Glossaire
Bibliographie