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EAN : 9791022613620
208 pages
Editions Métailié (10/05/2024)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Quatre vies pendant la guerre de 1914, entre l’Italie et la France. Quand l’imagination et l’utopie répondent à la plus grande violence.

Pendant la Première Guerre mondiale, dans le brouillard des tranchées, quatre points de vue de combattants qui veulent s’évader de leur quotidien. Quatre destins qui oscillent des deux côtés de la frontière entre l’Italie et la France, quatre manières d’adopter des stratégies pour s’évader de l’horreur.

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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est toujours avec plaisir que je retrouve les italiens de Wu Ming, ce groupe d'auteurs originaires de Bologne adeptes de théorie politique, de littérature et d'histoire populaire, et de canular.

L'invisible partout, paru en 2015 en Italie, propose quatre histoires sur fond de Première Guerre mondiale.
La première suit un jeune paysan qui triche sur sa taille pour s'enrôler ; d'abord simple soldat, il est très vite volontaire pour les arditi, les troupes de choc italiennes.
Dans la deuxième, c'est un jeune commerçant abîmé par le front qui va expérimenter les débuts de la psychiatrie militaire et ses errements.
C'est Jacques Vaché, au travers d'André Breton, qui est le coeur de la troisième histoire.
Pour finir, la naissance du camouflage avec les tentatives d'un peintre pour proposer les premières mesures de protection des hommes sur la ligne de front.
Au premier abord, ces histoires pourraient être quatre nouvelles indépendantes. Ce n'est pas le cas. Arrivé à la troisième on se rend compte que chacune résonne, plus ou moins, avec les trois autres. le paysan de la première est entrevu dans la dernière, l'hôpital de la deuxième apparaît lui aussi dans la dernière, André Breton croise le fer avec la psychiatrie de la deuxième, etc, etc.
On se délecte à nouveau du goût des Wu Ming pour le faux, la dissimulation, la duplicité. Il faut chercher, fouiller dans les pages, revenir en arrière, relire, vérifier si tel personnage est réel ou fictif, tout ce que j'aime chez eux.
Mais L'invisible partout n'est pas qu'un jeu de pistes.
Il y a un non-dit qui court sur toutes les pages du livre : quid des hommes ? de leurs vies ? Que deviennent-ils au front ou après leur passage dans les tranchées ? L'armée italienne n'avait qu'une tactique dans cette guerre de montagnes contre leurs ennemis autrichiens : l'attaque droit devant et une balle pour celui qui se retourne.
Tous ces hommes ont en commun d'éviter autant que possible les tranchées, la boue, les rats, les assauts meurtriers décrétés par une hiérarchie obtue. Ils ne cherchent pas non plus à éviter le combat, tous se battent, souffrent, cherchent à protéger les autres soldats.

Ce roman est initialement paru au moment des célébrations du centenaire de la Première Guerre mondiale, mais il n'y a rien ici de festif, rien d'hagiographique dans ces deux cents pages. Les Wu Ming écrivent quatre histoires à hauteur d'hommes, si crues qu'on les croirait vraies, et se souviennent avec leur regard oblique des millions de morts de cette guerre.
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Quatre histoires sans lien entre elles mais qui se rejoignent thématiquement. Pas vraiment un roman mais essentiel à notre vision de la grande guerre. Avec pour maître mot, l'invisibilité vue sur fond de Première guerre mondiale. Les personnages font de leur mieux pour survivre à la guerre. le premier chapitre raconte l'histoire d'un jeune homme qui s'enrôle pour échapper à la médiocrité de la vie de paysanne et qui intégré dans son régiment fera partie d'un tout, uniformisé, semblable à tous les autres, invisible.

Le deuxième chapitre voit un jeune homme de bonne famille jouer la folie pour être réformé. Comme si pour faire la guerre il fallait être en bonne santé alors qu'y échappent seulement les fous ou les lâches qui ne veulent pas mourir au front. Mais quel être « normal » veut aller mourir au front ? Un paradoxe exploité de façon schizophrénique.

Le troisième chapitre met en scène André Breton recevant la visite de la soeur de Jacques Vaché son ancien compagnon d'armes. On peut y voir les lettres illustrées qu'il a laissées et qui témoignent de l'époque, de son homosexualité et de son suicide le condamnant à la damnatio memoriae de la part de sa famille.

Le quatrième chapitre. Comme les peintres qui ont inventé le camouflage des armements et des uniformes, donnant ainsi l'illusion d'une guerre invisible. Les généraux étaient tellement obnubilés par l'idée de démontrer le courage et l'héroïsme de leurs troupes qu'ils ont souvent privilégié des tactiques offensives coûteuses en vies plutôt que des approches défensives et de camouflages plus prudents mais jugées lâches. Cette mentalité chevaleresque dépassée a mené au sacrifice insensé de milliers de soldats italiens pendant la Première Guerre mondiale, dans le seul but de préserver une image héroïque de la nation.

L'invisible partout est un texte à lire et à relire, d'un trait ou d'une histoire à la fois, pour ne pas oublier le vrai visage de la guerre. Bonne lecture.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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