Une lecture que je n'aurais certainement jamais envisagée si Cricri124 ne m'en avait pas parlé avec autant d'enthousiasme. Fallait donc que je lise cet «
Ethan Frome » de
Edith Wharton…
Si je n'ai pas eu son enthousiasme (vous savez les goûts et les couleurs…), j'ai cependant été largement happée par le récit de la vie du personnage éponyme de ce court roman, écrit en 1912.
A la mort de son père, le jeune Ethan se voit obligé d'interrompre ses études pour reprendre la ferme familiale. Il engage Zeena pour assister sa mère malade. La peur de la solitude l'incite à l'épouser lorsque sa mère décède à son tour. Mais au fil des années, alors qu'Ethan a du mal à maintenir un équilibre financier dans son exploitation, il doit en plus gérer une épouse qui devient acariâtre, hypocondriaque et dépensière. L'arrivée de la jeune Mattie, petite cousine de son épouse venue aider à l'entretien de la maison, va alors peu à peu sortir Ethan de sa morosité quotidienne…
Le sujet est somme toute assez classique (le maître de la maison qui s'éprend de la jeune servante), même si la fin m'a relativement surprise. L'intérêt du livre réside surtout dans le traitement du thème, la description de ces personnages apathiques, emprisonnés dans des moeurs rigides, conditionnés par des attentes sociales, désillusionnés sur un autre avenir… Vont-ils se résigner à faire ce que l'on attend d'eux, à subir le poids de la pression sociale et des « qu'en dira-t-on ? » ou au contraire se rebeller et suivre leurs inclinations ?
Cela n'a pas l'air très joyeux tout ça, en effet, mais c'est bien écrit, on se laisse prendre par le récit, et c'est justement cette atmosphère oppressante qui nous pousse à aller plus loin. C'est un bouquin assez étonnant car l'envie de comprendre et de connaître l'issue de la tragédie, qui se construit au fil des pages, est en totale opposition au rythme monotone et ritualisé de la vie quotidienne des protagonistes de cette histoire.
Je suis plutôt contente de cette lecture, j'ai trouvé intéressant les réflexions qu'elle génère. Et puis cela m'a donné l'occasion de découvrir la plume délicate d'
Edith Wharton. Merci Cricri !