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EAN : 9782080702913
Flammarion (04/01/1999)
4.12/5   26 notes
Résumé :
Sagesse n'est pas séparable de la métamorphose que Verlaine a connue au mois de juin 1874, lorsqu'il s'est converti dans la prison où il avait été conduit pour avoir, à Bruxelles, tiré sur Rimbaud. Un changement radical s'en est suivi, qui n'est pas seulement religieux mais aussi politique puisque le poète, républicain naguère, soutient la cause légitimiste. Et cependant, le recueil qui contient bien des pièces antérieures à la conversion est moins cohérent que ne l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Verlaine, poète à la vie tumultueuse et à la conscience inquiète, a eu plusieurs étapes de sa vie où il se croyait arrivé à la paix de l'âme. Déjà, il a eu ce sentiment lorsqu'il a cru que son mariage avec Mathilde allait le tirer de sa vie de débauche. de cette belle expérience naquit le recueil "La bonne chanson". Mais la désillusion est vite arrivée et sa rencontre avec Rimbaud a tout bouleversé. Son incarcération plus tard lui a fourni une occasion pour se connaître et envisager un retour vers la religion. de cette expérience, cette fois spirituelle, nous vient ce recueil "Sagesse", parfaite illustration de la poésie de la conversion.

Ce recueil est une analyse que nous livre Verlaine sur sa vie d'égarement et son passé douloureux pour ensuite venir à son choc spirituel lorsqu'il recouvre le bonheur de la conversion. Les scènes qu'il décrit à la fin du recueil laissent entrevoir l'espoir d'une vie meilleure. Par ailleurs, son dialogue "Mon Dieu m'a dit" nous rappelle Péguy surtout dans son livre "Le Porche du Mystère de la deuxième vertu".

"Sagesse" est un recueil à découvrir pour ne pas réduire l'expérience poétique de Verlaine à sa simple musicalité et voir toute l'ampleur du talent d'un des poètes les plus ingénieux du XIXe siècle.
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Que peut-on dire ou écrire de et sur Verlaine, que peut-on ajouter à Sagesse, à la lecture de ce monde qui n'appartient qu'à lui. Rien, alors je m'use les yeux avec un tel bonheur en lisant, relisant et plus, les enchaînements, le phrasé, la prosodie, l'enchantement de ces vers si tant est qu'enchantement soit le mot adéquat.
Avancer, avancer, s'imbiber, se saouler de cette poésie qui m'emplit, à chaque fois, d'un bonheur immense.
Alors la poésie attire le lecteur comme la douceur l'enfant. Cherchons dans les recoins des librairies les ouvrages si peu lus de poésie, gardons les précieusement pour les moments de doute et les besoins de réconfort.
Merci à Verlaine d'être de ceux-là qui me réconfortent...
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Lisant dans le désordre, j'ai lu Parallèlement, un recueil que j'ai beaucoup aimé, avant Sagesse, pourtant écrit avant. Parallèlement m'a beaucoup plu, pour ce qu'il dit des souffrances de Verlaine liées à sa vie de bohème et à sa relation avec Rimbaud, mais qui sont pourtant évoquées avec une certaine nostalgie, qui exprime un vent de liberté, de non-conformisme ; comme on le voit d'ailleurs avec les poèmes érotiques sur le plaisir féminin, et sur l'homosexualité masculine.
Sagesse, écrit avant donc, n'a pas du tout la même thématique. C'est le retour à la foi, au mariage légitime, à un soutien pour le prétendant légitimiste - avec un hymne au drapeau blanc. J'ai donc d'abord été déconcertée, ne reconnaissant pas le poète que j'admirais ailleurs. Ici, plus de "fêtes", plus de "romances", plus de "galanteries" non plus. La chair est triste, si Verlaine pense à une femme, c'est sa femme légitime, mais pour une union chaste et vierge. Même la ville moderne, célébrée pourtant ailleurs, est ici grise, sale.
Je ne peux adhérer à ses idées politique sur "un peuple animal", sa condamnation de 1789 - moi qui connais "Nox" des Châtiments par coeur, où "le Titan quatre-vingt-treize" est célébré, quoi qu'il ait coûté : "Toi qui par la Terreur sauva la liberté". Ne partageant pas non plus les croyances de ce Verlaine, j'ai même trouvé long le dialogue entre le poète et Dieu du centre du recueil, où l'amour divin permet l'apaisement.
Mais cependant, j'ai retrouvé le magicien et le musicien de la langue hors pair, même sur certains poèmes qui me plaisent moins pour leur thématique, j'ai été époustouflée par la mélodie des vers. Dès le début de la lecture, j'ai été frappée par les rimes avec le "sagesse" du titre : ce son se retrouve dans "faiblesse, tristesse, cesse, blesse", soit toute cette vie passée qu'il faut expier, mais aussi dans "promesse, redresse, et messe", comme un espoir, une espérance et une rédemption plutôt pour rester dans le champ lexical du catholicisme.
Et que certains poèmes sont beaux ! "Le ciel est par-dessus le toit", "écoutez la chanson bien douce", "je ne sais pourquoi / Mon esprit amer". Et celui que j'ai préféré sur les Voix - voix de l'orgueil, voix de la haine, voix de la chair, voix d'autrui, qui semble d'abord être une réfutation de la poésie :
"Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes,
Sentences, mots en vain, métaphores mal faites,
Toute la rhétorique en fuite des péchés,
Ah ! les Voix, mourez donc, mourantes que vous êtes !"
La poésie devrait se taire face à l'amour divin. Mais l'écriture elle-même est musique et est poésie.
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Sagesse est un recueil de quarante-sept poèmes de Paul Verlaine (1844 – 1896) écrits entre 1873 et 1880, et publié en décembre 1880 par la Société Générale de librairie catholique. À cette date, en effet, Verlaine au passé tumultueux avait retrouvé la foi de sa prime jeunesse.
Jeune homme révolté, névrosé et homosexuel, il avait été auparavant renvoyé de l'administration municipale où l'avait introduit son père. Il s'était courageusement engagé pendant la Commune dans la Garde Nationale Sédentaire, du côté des communards dissidents.
Enfant, il était très attaché à sa cousine Élisa, orpheline recueillie dans la maison de ses parents, élevée avec lui. Elle devait se marier plus tard avec un entrepreneur aisé de la bourgeoisie du Nord. Il en restera amoureux toute sa vie.
Il épousa Mathilde Mauté pour le plus grand malheur de cette pauvre femme ; il la battait et la viola même avant qu'elle n'obtienne des juges une séparation nécessaire à sa sécurité.
Élisa mourut en 1867. Verlaine sombrait bientôt dans l'alcoolisme et la débauche. Sous l'emprise de ce poison parmi les pires qu'est l'absinthe, il devenait d'une violence extrême, dangereux pour son entourage. de ce fait, il eut plusieurs fois maille à partir avec la justice.
Il tenta à plusieurs reprises d'étrangler sa mère qui pourtant ne l'abandonna jamais malgré cette déchéance.
En septembre 1871 il rencontra Rimbaud, adolescent génial et tourmenté, poète d'un immense talent. Ils nouent une relation amoureuse. le 10 juillet 1873, une violente dispute les oppose — une de plus ! Mais cette fois, Verlaine blesse son jeune amant d'un coup de revolver. Il sera jugé et condamné à deux ans de prison.
À l'issue de cette période douloureuse et chaotique, Verlaine aspire non au repos, mais à la paix de l'âme ; il fait preuve d'un repentir sincère et retrouve peu à peu la foi. le recueil Sagesse témoigne de cette évolution ; le poète maudit ne démontre pas, n'explique pas ne se défend pas, ne plaide pas. En toute simplicité, il décrit sa quête dans une langue limpide, mais superbe. Ces pages comptent parmi les plus belles de la littérature.
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On plonge dans l'intimité de l'auteur, au plus près de sa croyance.
Tout contre son esprit : il nous parle de la profondeur de sa foi.
Ce sont les premiers volumes qu'il consacre au christianisme, sa « conversion » (qui n'en est pas vraiment une puisqu'il était baptisé mais qu'il n'a jamais investi cette foi de son enfance)

Il se dégage une grande douceur dans ces prières.
Si j'aimais la force (le cri) des poèmes saturniens, j'ai trouvé ici quelque chose de la confession, du murmure intime.
Cette mise à nu est presque crue, Verlaine s'expose totalement, dans un domaine inattendu. J'aime toucher, approcher, l'intériorité de ce poète que j'ai adoré pendant toute mon adolescence.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Bon chevalier masqué

Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon vieux coeur de sa lance.

Le sang de mon vieux coeur n'a fait qu'un jet vermeil,
Puis s'est évaporé sur les fleurs, au soleil.

L'ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
Et mon vieux coeur est mort dans un frisson farouche.

Alors le chevalier Malheur s'est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m'a touché.

Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu'il attestait sa loi d'une voix dure.

Et voici qu'au contact glacé du doigt de fer
Un coeur me renaissait, tout un coeur pur et fier

Et voici que, fervent d'une candeur divine,
Tout un coeur jeune et bon battit dans ma poitrine !

Or je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.

Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s'éloignant, me fit un signe de la tête

Et me cria (j'entends encore cette voix) :
" Au moins, prudence ! Car c'est bon pour une fois. "
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Bon chevalier masqué qui chevauche en silence,
Le Malheur a percé mon vieux cœur de sa lance.

Le sang de mon vieux cœur n’a fait qu’un jet vermeil,
Puis s’est évaporé sur les fleurs, au soleil.

L’ombre éteignit mes yeux, un cri vint à ma bouche
Et mon vieux cœur est mort dans un frisson farouche.

Alors le chevalier Malheur s’est rapproché,
Il a mis pied à terre et sa main m’a touché.

Son doigt ganté de fer entra dans ma blessure
Tandis qu’il attestait sa loi d’une voix dure.

Et voici qu’au contact glacé du doigt de fer
Un cœur me renaissait, tout un cœur pur et fier

Et voici que, fervent d’une candeur divine,
Tout un cœur jeune et bon battit dans ma poitrine !

Or, je restais tremblant, ivre, incrédule un peu,
Comme un homme qui voit des visions de Dieu.

Mais le bon chevalier, remonté sur sa bête,
En s’éloignant, me fit un signe de la tête

Et me cria (j’entends encore cette voix) :
« Au moins, prudence ! Car c’est bon pour une fois. »
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Parfums, couleurs, systèmes, lois !
Les mots ont peur comme des poules.
La Chair sanglote sur la croix.

Pied, c’est du rêve que tu foules,
Et partout ricane la voix,
La voix tentatrice des foules.

Cieux bruns où nagent nos desseins,
Fleurs qui n’êtes pas le calice,
Vin et ton geste qui se glisse,
Femme et l’œillade de tes seins,

Nuit câline aux frais traversins,
Qu’est-ce que c’est que ce délice,
Qu’est-ce que c’est que ce supplice,
Nous les damnés et vous les Saints ?
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Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme!
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit,
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

- Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

"Le ciel est par dessus le toit"
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Qu'en dis-tu, voyageur, des pays et des gares ?
Du moins as-tu cueilli l'ennui, puisqu'il est mûr,
Toi que voilà fumant de maussades cigares,
Noir, projetant une ombre absurde sur le mur ?

Tes yeux sont aussi morts depuis les aventures,
Ta grimace est la même et ton deuil est pareil :
Telle la lune vue à travers des mâtures,
Telle la vieille mer sous le jeune soleil,

Tel l'ancien cimetière aux tombes toujours neuves !
Mais voyons, et dis-nous les récits devinés,
Ces désillusions pleurant le long des fleuves,
Ces dégoûts comme autant de fades nouveau-nés,

Ces femmes ! Dis les gaz, et l'horreur identique
Du mal toujours, du laid partout sur tes chemins,
Et dis l'Amour et dis encor la Politique
Avec du sang déshonoré d'encre à leurs mains.

Et puis surtout ne va pas t'oublier toi-même
Traînassant ta faiblesse et ta simplicité
Partout où l'on bataille et partout où l'on aime,
D'une façon si triste et folle, en vérité !

A-t-on assez puni cette lourde innocence ?
Qu'en dis-tu ? L'homme est dur, mais la femme ? Et tes pleurs,
Qui les a bus ? Et quelle âme qui les recense
Console ce qu'on peut appeler tes malheurs ?

Ah les autres, ah toi ! Crédule à qui te flatte,
Toi qui rêvais (c'était trop excessif, aussi)
Je ne sais quelle mort légère et délicate ?
Ah toi, l'espèce d'ange avec ce vœu transi !

Mais maintenant les plans, les buts ? Es-tu de force,
Ou si d'avoir pleuré t'a détrempé le cœur ?
L'arbre est tendre s'il faut juger d'après l'écorce,
Et tes aspects ne sont pas ceux d'un grand vainqueur.

Si gauche encore ! avec l'aggravation d'être
Une sorte à présent d'idyllique engourdi
Qui surveille le ciel bête par la fenêtre
Ouverte aux yeux matois du démon de midi.

Si le même dans cette extrême décadence !
Enfin ! — Mais à ta place un être avec du sens,
Payant les violons voudrait mener la danse,
Au risque d'alarmer quelque peu les passants.

N'as-tu pas, en fouillant les recoins de ton âme,
Un beau vice à tirer comme un sabre au soleil,
Quelque vice joyeux, effronté, qui s'enflamme
Et vibre, et darde rouge au front du ciel vermeil ?

Un ou plusieurs ? Si oui, tant mieux ! Et pars bien vite
En guerre, et bats d'estoc et de taille, sans choix
Surtout, et mets ce masque indolent où s'abrite
La haine inassouvie et repue à la fois...

Il faut n'être pas dupe en ce farceur de monde
Où le bonheur n'a rien d'exquis et d'alléchant
S'il n'y frétille un peu de pervers et d'immonde,
Et pour n'être pas dupe il faut être méchant.

- Sagesse humaine, ah ! j'ai les yeux sur d'autres choses,
Et parmi ce passé dont ta voix décrivait
L'ennui, pour des conseils encore plus moroses,
Je ne me souviens plus que du mal que j'ai fait.

Dans tous les mouvements bizarres de ma vie,
De mes « malheurs », selon le moment et le lieu,
Des autres et de moi, de la route suivie,
Je n'ai rien retenu que la grâce de Dieu.

Si je me sens puni, c'est que je le dois être.
Ni l'homme ni la femme ici ne sont pour rien.
Mais j'ai le ferme espoir d'un jour pouvoir connaître
Le pardon et la paix promis à tout Chrétien.

Bien de n'être pas dupe en ce monde d'une heure,
Mais pour ne l'être pas durant l'éternité,
Ce qu'il faut à tout prix qui règne et qui demeure,
Ce n'est pas la méchanceté, c'est la bonté.
Paul Verlaine.
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