Recueil lu par curiosité à la trentaine, mais je n'ai pas accroché car j'ai trouvé les vers "trop crus", pas assez suggestifs, et j'ai refermé ce recueil, dans un état d'esprit mitigé, pour ne pas dire plus.
La conclusion s'est imposée à moi que je n'étais décidément pas du tout "fan" de ce genre de littérature, que ce soit à 20 ans ou à 35 ans, et encore moins, à l'heure où je rédige ces mots, tout en accusant 30 années supplémentaires au compteur.
Commenter  J’apprécie         10
"Séguedille"
Brune encore non eue,
Je te veux presque nue
Sur un canapé noir
Dans un jaune boudoir,
Comme en mil huit cent trente.
Presque nue et non nue
À travers une nue
De dentelles montrant
Ta chair où va courant
Ma bouche délirante.
Je te veux trop rieuse
Et très impérieuse,
Méchante et mauvaise et
Pire s’il te plaisait,
Mais si luxurieuse !
Ah ! ton corps noir et rose
Et clair de lune ! Ah ! pose
Ton coude sur mon coeur,
Et tout ton corps vainqueur,
Tout ton corps que j’adore !
Ah ! ton corps, qu’il repose
Sur mon âme morose
Et l’étouffe s’il peut,
Si ton caprice veut !
Encore, encore, encore !
Splendides, glorieuses,
Bellement furieuses
Dans leurs jeunes ébats,
Fous mon orgueil en bas
Sous tes fesses joyeuses !
"Sur le balcon"
Toutes deux regardaient s'enfuir les hirondelles :
L'une pâle aux cheveux de jais, et l'autre blonde
Et rose, et leurs peignoirs légers de vieille blonde
Vaguement serpentaient, nuages, autour d'elles.
Et toutes deux, avec des langueurs d'asphodèles,
Tandis qu'au ciel montait la lune molle et ronde,
Savouraient à longs traits l'émotion profonde
Du soir et le bonheur triste des cœurs fidèles.
Telles, leurs bras pressant, moites, leurs tailles souples,
Couple étrange qui prend pitié des autres couples,
Telles, sur le balcon, rêvaient les jeunes femmes.
Derrière elles, au fond du retrait riche et sombre,
Emphatique comme un trône de mélodrame,
Et plein d'odeurs, le Lit défait, s'ouvrait dans l'ombre.
Fait de nous de vrais bacheliers,
Empressés autour de ta croupe,
Humant la chair comme une soupe,
Prêts à râler sous tes souliers !
(dans "Filles", II)
Gloire et louange à vous. Seins très saints. Fesses très augustes !
(dans "Partie carrée")
Poésie - La lune blanche ... - Paul VERLAINE