Via le sauvetage d'une femme gravement blessée au pied, Bony arrive dans Daybreak, une petite ville d'Australie Occidentale dominée par Sam Loader, alias Sam Mélodie, vieil homme tête de mule et possédant tous les bâtiments sauf la poste, le tribunal et l'école...
Bony vient pour enquêter sur une série de meurtres commis à Daybreak: d'abord une jeune aborigène, puis une femme mariée, un gamin. Et curieusement à chaque fois l'assassin frappe lorsque la tribu locale, la plus à même de fournir de bons traqueur capables de connaître l'identité du meurtrier, part en expédition dans la brousse, loin du lieu des meurtres.
Sous l'identité de Nat Bonnar, simple dresseur de chevaux et barman, Bony s'appliquera donc à élucider le mystère de cette situation, puis à réussir à obtenir l'aide de chacune et chacun, afin d'appréhender le véritable assassin malgré les pièges une enquête dont la méthode de l'assassin qui n'est pas sans rappeler celle d' ABC contre Poirot, avec un bouc émissaire tout préparé, à livrer ici à la vindicte populaire prompte au lynchage expéditif . Il aura même l'aide de la Nature (généreusement décrite par Upfield) avec cette forêt de mulgas qui se révèlera un véritable traquenard pour la "souris" que chasse Bony.
Bon cru broussesque avec un vrai rôle des aborigènes dans l'histoire, ce "journey to the hangman" ( littéralement voyage vers le bourreau) est très agréable à lire, toujours aussi riche en aphorismes ou citations qu'on a envie de toutes garder, et donne l'impression de mieux connaître l'Australie, en tout cas celle du milieu du XXème siècle.
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Vous savez, Nat, dit Sam Mélodie, on les appelle des nègres, on les appelle des sauvages, on les traite de ceci ou de cela, mais ce sont les seuls gens bien qui vivent aujourd'hui dans le monde. Et vous savez pas? Les gens des villes à la sentimentalité imbécile veulent qu'on les envoie là-bas pour qu'ils habitent dans des maisons, qu'ils aillent travailler, qu'ils mangent du porc et du bœuf dans des assiettes en porcelaine et tout ça. J'suis pas d'accord. J’suis pas partisan de forcer ces gens nous rejoindre dans cet état dégoûtant, sanguinaire criminel que nous appelons la civilisation.
Les aborigènes ont un dicton : c’est dur, quand on est vieux, de creuser pour trouver de l’eau, mais la soif donne de la force.
Rien d’autre que les cimes ne bougeait. Aucune plante ne poussait, on ne voyait pas d’animaux ; il n’y avait pas de vie reptilienne et, par conséquent, pas d’oiseaux. L’absence totale d’arbres plus petits, de broussailles, de spinifex et autres herbes lui fit l’effet d’une forêt vide. Bony fut presque soulagé de pénétrer dans la clairière.
On dit que l’Australie est juchée sur le dos d’un mouton. C’est de la blague, bien entendu, en réalité, elle flotte sur la bière.
La loi nous impose d’être ouvert pour donner à manger et à boire aux hommes et aux bêtes. Bon, eh ben, on est ouvert. La loi ne nous oblige pas à servir du vin, des alcools et de la bière. On sert des repas, du thé et du café pour les gens, et on a du fourrage et de l’eau pour les chevaux. D’ailleurs, il y a encore de la vinasse et des alcools sur les étagères. La loi ne dit pas qu’un tenancier est obligé de vendre la bière qu’il possède. Si ça lui fait plaisir de s’enfiler la bière qui lui appartient et d’avoir une caisse de gélignite sous les fesses, ben la loi n’a rien à redire à ça.
Arthur Upfield :
crime au sommetOlivier BARROT se trouve toujours dans les Blue Mountains en Australie pour présenter son panorama des écrivains australiens. C'est depuis un promontoire qu'il présente aujourd'hui sa
chronique consacrée au romancier
Arthur UPFIELD et à son dernier
roman "
crime au sommet" paru dans la collection "10/18 grands
détectives".