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La servitude volontaire tome 1 sur 2
EAN : 9782877722742
264 pages
Editions Errance (16/04/2004)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Alain Testart consacre cette étude au phénomène des morts d'accompagnement, rituel universel, qui se retrouve partout et à diverses époques, consistant à tuer et à enterrer, à la mort d'un grand personnage, son entourage, ses serviteurs ou même certains membres de sa famille. Ce phénomène peu étudié permet à l'auteur d'examiner en anthropologue, en sociologue et en historien les sociétés humaines esclavagistes de notre antiquité, mais aussi de l'Amérique et de l'Afr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Nul besoin d'être spécialiste pour entrer dans les deux volumes de cette oeuvre écrite pour ouvrir des horizons au lecteur profane, patient et curieux. L'auteur commence par décrire avec précision le phénomène universel, et si étonnant, de "la mort d'accompagnement", à savoir du rite funéraire qui consiste à sacrifier, aux funérailles d'un grand personnage, ses serviteurs, son entourage, ses fidèles, censés l'accompagner dans l'autre monde. L'enquête, remarquablement complète, passe en revue les cinq continents et tous les témoignages archéologiques de toutes les sociétés possibles. C'est en soi une découverte fabuleuse pour nous, qui sommes mis en face de tant de sociétés si diverses, et qui pourtant se rejoignent en des similitudes ou parallélismes troublants.

De là, l'auteur va interroger en détail le type de lien social qui motive la mort d'accompagnement : relations de service, d'esclavage, de captivité, d'alliance, d'amitié avec le chef. Enfin, il aborde la question plus abstraite des origines de l'état, telle qu'elle s'articule aux liens personnels qu'il a décrits. L'ouvrage progresse donc du plus concret au plus abstrait, du descriptif au théorique, mais comme nous sommes guidés à chaque étape, tout reste clair et stimulant.

Non seulement le lecteur fera le tour du monde des sociétés, mais il verra l'universalité des questions d'autorité, l'universalité de la pratique esclavagiste, étudiée de près, et ce que signifie pour une société l'abandon de la mort d'accompagnement au profit d'une nouvelle relation moins personnalisée, construite autour de la notion d'état. L'essai, passionnant, rédigé dans une langue claire, se lit facilement et dissipe un grand nombre de préjugés au passage.
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Les esclaves. Il s'agit là d'une catégorie sociale bien repérée par mains travaux ethnologiques ou historiques et il ne fait pas de doute qu'en Afrique, en Asie du Sud-Est ou sur la Côté nord-ouest américaine les esclaves sont mis à mort pour accompagner leurs maîtres ... Rappelons que par "esclave" nous entendons tout dépendant dont le statut (juridique) est marqué par l'exclusion d'une dimension considérée comme fondamentale par la société et dont on peut, d'une façon ou d'une autre, tirer profit.

tome I, p. 205
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La supériorité dont se targue l’Occident depuis l’Antiquité classique est-elle responsable de ce que les occidentaux croient avoir échappé à ces pratiques barbares et indignes d’une vie civilisée ? Est-elle en d’autres termes responsable d’un biais systématique dans l’interprétation des données archéologiques ? Ou bien la pratique de l’accompagnement est-elle toujours restée un phénomène exceptionnel dans la tradition européenne ? Au moins est-il certain que l’on ne retrouve rien qui ressemble aux grandes hypogées chinoises, mais qu’est-ce que cela prouve ? Qu’il n’y a pas eu de pouvoir royale analogue à celui que l’on connaît dans la tradition chinoise, au pouvoir aussi concentré et qui fait fi des vies humaines. On sera beaucoup moins assuré pour affirmer qu’il n’y a rien eu d’analogue à ce qui se rencontre sur la Côte Nord-ouest américaine : des chefferies (pour employer un mot galvaudé mais qui fait image) dispersées et multiples qui font pareillement fi de la vie humaine quand il s’agit d’esclaves mais dont l’archéologue ne saurait rien parce que leurs corps sont jetés en mer ou dans les bois.
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La croyance en un monde post-mortem organisé sur le modèle de celui-ci n’est une condition ni nécessaire ni suffisante pour que le défunt se fasse accompagner. Pas nécessaire car on voit des cultures dénuées de cette croyance pratiquer ces dépôts. Et pas suffisante car on ne voit pas comment des pratiques religieuses en elles-mêmes pouvaient justifier l’accumulation de richesses dans des tombes. Les raisons générales de ces phénomènes apparaissent bien plus prosaïques : l’ostentation traduit le prestige et la grandeur du défunt ; autrement, ces pratiques renvoient banalement à l’idée que l’homme est attaché à ses propriétés et entend les conserver. Cette conservation prend souvent la forme d’une destruction. Mais qui n’a expérimenté ce sombre désir de détruire ce que l’on a de plus cher plutôt que d’imaginer qu’un autre puisse en jouir ?
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Si la fidélité est une valeur appréciable, celle jusque dans la mort est un excès. Elle suppose le suicide que l’Occident abhorre depuis la christianisation. Moralement, on évoque la lâcheté de l’acte, mais religieusement surtout, il s’agit de refuser la grâce divine. On compare cet acte au meurtre : c’est un crime. Mais donner sa vie pour un autre, c’est encore pire : c’est disposer de ce don divin pour le bénéfice d’un simple humain. C’est un sacrilège, une idolâtrie, en se comportant vis-à-vis d’un homme comme s’il était Dieu. Et vénérer quelqu’un à l’image d’un dieu représente toujours, pour la pensée occidentale, un excès incompatible avec l’idéal de liberté ou de dignité humaine.
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Tout montre que l’accompagnement typique concerne par excellence les proches : épouses, serviteurs, esclaves… Les prisonniers ne sont en quelque sorte que de surcroît ; il n’y a rien là de bien significatif, ni de bien différent d’une exécution opérée lors d’une autre festivité (la mort d’ennemis est toujours l’occasion de réjouissances). Le rapport est celui entre vainqueur et vaincus, alors que l’idée propre de l’accompagnement est la continuation, voulant que l’individu poursuive son rôle au-delà de la mort.
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