Grands dieux!
Nous voici là, suprenant l'ogre en 1ère de couverture comme la Suzanne au bain du mythe biblique.
Brûlons nous de désir à ce point pour le géant à l'énorme appétit au point de lui voler ce petit moment d'intimité?
Cachez ces seins que nous ne saurions voir, monsieur l'ogre?
Pauvre Édouard Yosipovitch, les yeux aussi écarquillés qu'une star du show bizz surprise sur la plage dans son plus simple appareil par des paparazzi.
Le roman nous promet pourtant une belle romance, une romance d'ogre repoussant, voici qui devrait intéresser. le jeune public a le droit de savoir.
Mangera t-il l'amour de sa vie au 1er rendez-vous, après le fromage et le dessert?
Voici ce que nous savons du personnage pour la mise en bouche:
" Édouard Yosipovitch s'était ainsi retrouvé chef de clan, mais sans clan. Il menait donc une vie solitaire et monotone, faite de chasse, de repas, et de digestion..." ( manger son père, ancien chef de clan reste un peu lourd sur l'estomac).
"...Pour tromper son ennui, il avait pris l'habitude de se parler à lui-même. Il avait ainsi l'impression d'être moins seul..."
Nous serons d'accord là dessus, il lui faut quelqu'un dans sa vie à ce brave géant à la fourrure bleue, tout ça n'est pas sain.
Et justement, une providence, à la chevelure en cascade et taillée à la mesure de son appétit amoureux, viendra enfin un jour lui toquer dans l'oeil.
Qui oserait dire qu'il est difficile de trouver l'amour dans les sombres forêts de l'Oural?
Au nom prononcé du père de la belle enfant, nous tiquons toutefois. Polyphème, comme celui qui gardait des moutons dans l'Odyssée d'Homer?
Nous attendrons de voir où tout cela devrait nous mener, sirotant cette tasse d'humour noir savoureux dillué avec son nuage de tendresse, concocté par l'imagination de l'auteur
Matthieu Sylvander et à la portée des pré-ados. Nous passerons alors d'un chapitre à l'autre, d'un groupe de personnages à un autre et tandis que nos tourtereaux deviseront tranquillement sur les plaisirs de la viande cuite ou crue, une équipée scolaire avancera dans la forêt, à la recherche d'un sujet didactique pour le précepteur, à la recherche d'un peu de motivation pour les deux élèves.
Nous frissonnons de crainte et d'excitation.
Nous assisterons à la transformation étonnante d'un célibataire endurci par le temps, la vie en solo et la corne aux pieds.
Nous verrons aussi comment un groupe d'élèves trouvera un échange de bons procédés avec un ogre qui manque de manières.
Qui dévorera qui?
Les possibilités sont plus nombreuses qu'on ne le pense et tout en distillant l'humour sous la touche illustrée d'
Anaïs Vaugelade, l'auteur saura cultiver son petit suspens.
Nous pourrions avoir en tête à la lecture du roman, l'excellent album "
Dégoûtant" de
Jennifer Dalrymple et souhaiterions au professeur de ne pas finir comme la petite fille de l'histoire qui s'était hasardée à faire le ménage chez l'ogre crasseux.
Amour, quand tu nous croques!