Histoire de petite fille est une relecture à peine voilée de l'histoire de Traci Lords, à l'ère du porno digital et des tubes. Une histoire échappée d'une dimension parallèle, où le scandale Traci n'aurait jamais existé, ne créant ainsi aucune jurisprudence sur la question de tourner du porno en tant que mineure de 15 ans, et rangeant automatiquement les films incriminés au rang de pédopornographie.
Construit sous la forme du roman choral,
Histoire de petite fille (très mauvais titre) est celle de Mona, petite latino de la banlieue de Los Angeles, archétype de piece-of-trash-trailer-park, abusée par son beau-père, ignorée par sa mère, qui comprend ne pouvoir compter que sur sa belle gueule et son petit cul pour s'en sortir. Tout le reste est cousu de fil blanc : Mona fugue, pique la carte d'identité d'une copine, se refait la même tête à coup de teinture blonde et lentilles bleues, change de nom, séduit un producteur, devient la star numéro 1 du porn (pourquoi ? comment ? cela requiert un pouvoir d'évocation dont Sperling est dépourvu, il se contente de suivre de schéma grandeur-et-décadence de l'ascension d'une star créé de toutes pièces) et bien sûr fera tomber tout le monde à la fin en annonçant qu'elle est mineure, c'est pas de bol. Il faut subir des pages racontées par dix personnages différents (mais qui s'expriment tous de la même manière, car pour cela aussi, il faut du talent d'écriture) et le péché du romancier français qui essaie de faire son roman américain. Mais un roman américain d'opérette, qui transpire la fascination frenchy allant jusqu'à citer des marques certes américaines mais surtout connues en France (MacDonalds okay, mais quid de Burger King, Wendy's, Taco Bell, et L'Oréal, d'accord, mais où sont passés
M.A.C, Urban Decay et Revlon?) Même le Ixprim, un médicament à base de Tramadol est vendu uniquement en France, donc pourquoi en mettre à Los Angeles ?
Vite lu, vite oublié, du trash en toc, un milieu dont Sperling ne fait qu'effleurer la surface, une surface clinquante et clichée, servie au gros calibre par tous les médias. Vendu comme un roman "sans tabou" parce qu'on y lit des phrases du style "Je suis le rêve américain, du sperme plein la gueule. Je suis riche. Comme un rappeur. Comme un homme d'affaires. le compte en banque de
Donald Trump et la bouche de Donald Duck."