: Cette collection est vraiment intéressante en mettant à disposition des ados des histoires captivantes, parce qu'elles sont vraies, d'une part, mais aussi parce que la collection " Il était un jour" relate des scandales, souvent politique, autour de l'enfance.
On ne se douterait pas au jeune âge des lecteurs qu'un gouvernement puisse se fourvoyer dans ses promesses de servir autrui, de répondre aux besoin de l'humain, en sacrifiant des enfants sur l'autel de l'image et de la réputation d'un état.
Nous avions déja adoré le roman de
Yaël Hassan, témoignage de la cavale des enfants Finaly, disputés par des partis religieux, les judaïques contre les catholiques, au détriment même du bien-être des deux enfants adoptés qui ne pouvaient retrouver leurs vrais familles biologiques qui les réclamaient. Les enfants avaient, rappelez-vous, été éduqués dans une foi et il n'était pas question qu'on les convertisse dans une autre, on ne les rendrait pas.
C'était passionnant.
Le Panchen Lama.
La première page de texte nous installera aussitôt dans le drame, c'est efficace.
"... Je m'appelle Guendun. Je suis un jeune tibétain de 12 ans. Mon horizon est un mur de trois mètres de haut. Je ne vais pas à l'école. C'est un professeur qui vient à moi. La cour de récréation est mon terrain de jeu du matin, du midi et du soir.
Je suis enfermé dans ce lieu depuis l'âge de six ans. C'est terrible de ne pouvoir sortir, de ne pas pouvoir patauger dans la boue quand je veux et avec qui je veux, de ne pas pouvoir jouer avec d'autres enfants. Mais j'y suis obligé. M. Heng mon instructeur chinois, m'a dit qu'on m'avait installé ici pour mon bien. Si je sors dans la rue, ceux qui ont enlevé ma famille pourraient en profiter pour me kidnapper..."
Nous commençons d'emblée sur un mensonge.
Une autre triste affaire d'enfant et d'état: L'enlèvement du Panchen Lama en 1995 par le gouvernement chinois.
Qu'est ce qu'un Panchen Lama, me demanderiez-vous?
Nous avons interrogé Wiki.
Allo Wiki?
"... La lignée des panchen-lamas est une lignée de réincarnation importante dans l'histoire du Tibet, abbés du monastère de Tashilhunpo. Le panchen-lama est le deuxième plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain, et un lama guélougpa. ... Panchen se traduit donc par « grand érudit ». Lama signifie « maître spirituel »..."
Comment comprendre ce qui se joue?
Nous parlerons de pouvoir, d'ascendance sur les masses populaires et de contrôle de l'information.
À notre époque, jeunes lecteurs, et en France, il n'y a qu'un personnage important, le président de la république, entouré de ses ministres et de consultants compétents, pour chaque application de l'ordre et de la justice, pour répondre aux besoins du peuple qui l'a élu.
À certaines époques et dans certains lieux du monde, ce pouvoir de décision était disputé entre des hommes de pouvoirs qui avaient de l'argent et l'Eglise car les gens étaient très pieux.
C'est ici un peu ce duel, entre l'état de Chine et le pouvoir spirituel du Tibet.
On parlera ouvertement d'un génocide dans les livres d'histoire sur le Tibet, sur la justification impérieuse que l'écoute et le contrôle ne devait pas se partager entre deux sources antagonistes.
Nous vous invitons à vous renseigner vers d'excellents documentaires jeunesse.
La suite sera forcément émouvante.
Le jeune garçon tibétain, selon l'auteur
Eric Simard, sera imaginé cloîtré, avec son consentement, car il n'aura pas conscience d'être un prisonnier de guerre.
Il ne se sauvera donc pas.
Toutes les communications des médias qui lui parviendront, les échanges avec ses "protecteurs" chinois iront dans le sens du fantasme bâti autour de lui, une autre réalité crée entre quatre murs.
Cela fera certainement penser pour les grands lecteurs à un stratagème militaire à la manière d'un épisode de la célèbre série d'espionnage "Mission Impossible", où chacun jouera un rôle et où les décors seront faux pour duper la cible, un studio de cinéma, afin de le faire parler, avouer.
Le résumé de la quatrième de couverture le précisera, l'histoire publique de Guendun s'est arrêtée à ses 6 ans et nul ne sait ce qu'il est devenu depuis.
L'auteur
Eric Simard lui prêtera ses mots pour le faire exister auprès des jeunes lecteurs, il imaginera ce qui se passe là-bas, là où il se trouve et 6 ans auront passé.
L'esprit de Guendun aura été rééduqué, alimenté d'idées politiques orientées contre son peuple tibétain en faveur de ses nouveaux amis chinois.
Avec le mensonge, les choses iront en douceur, l'esprit de Guendun sera construit pour ne pas se rebeller.
Au moment où des braises de lucidité se mettront à crépiter et à flamber petit à petit, nous serons dans ses pensées.
Guendun, "libre", aura des envies.
Cela viendra se cogner aux "réponses bienveillantes" de ses "amis" et des choses ne colleront pas.
Le point de vue de l'enfant de 12 ans sera aussi intéressant que celui du prisonnier politique (qui finira pas ne plus s'ignorer), nous verrons ainsi de quelle façon les sentiments personnels, individuels et la raison feront des coudes pour s'imposer chez un personnage à l'existence et vision contrôlées, car c'est ce que souhaitera de plus en plus fort Guendun, trouver un sens qui épanouit et rassure pleinement.
Et tout autour, les adultes tenteront de maintenir le secret etouffé tandis que leurs enfants commenceront à découvrir ce qu'on leur cache autour du jeune Guendun.
Cette approche aussi est intéressante car qu'en penseraient-ils, ces enfants si ils prenaient conscience que les adultes qui les protègent peuvent aussi bien garder un enfant comme eux en captivité, garder le secret et jeter la clé sans jamais le rendre à ses parents?
L'enfance est-elle trop naïve et ignorante ou une partie du monde adulte bien corrompu et sans scrupules?
C'est à découvrir.