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EAN : 9782714482266
Belfond (05/09/2019)
3.82/5   31 notes
Résumé :
" Youra convoque les forces de la nuit, comme dans un opéra magique, dans un conte maudit, un roman gothique. Il avance sans peur ni haine vers un destin déjà écrit. Il a décidé que tout était dit ; il n'y a plus qu'à faire. Les actes seront posés et advienne que pourra, son destin est en marche, et celui de tous ceux vers qui il roule. "

Youra est un jeune médecin bruxellois, idéaliste, interdit d'exercer car juif. Avec sa bande d'amis, il continue ... >Voir plus
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°°° Rentrée littéraire #33 °°°

1943, c'est l'entrée en résistance active de Youra, jeune médecin belge, interdit d'exercer parce que juif, qui décide avec deux amis d'organiser l'attaque d'un train parti de Malines pour Auschwitz afin de libérer un maximum de Juifs.

Acte tellement insensé qu'il ne pouvait qu'être vrai. Youra Livchitz est un héros de la résistance belge durant la Deuxième guerre mondiale. Il a été exécuté par les SS le 17 février 1944, après avoir fait évader 231 Juifs : 153 vécurent, les autres étant repris puis tués ou déportés.

Ce premier roman fort ambitieux est porté par une écriture extrêmement vivante, souvent lyrique, aussi enflammée que l'ardeur de l'idéaliste Youra à devenir résistant. le lecteur est emporté dans un tourbillon romanesque, emporté par l'énergie dévorante de tous ces résistants épris de liberté, de justice et de vengeance. C'est un roman traversé de vie, un récit haletant très bien construit, les transitions de scènes sont particulièrement réussis et les dialogues vifs.

Une véritable fureur de vivre parfaitement incarnée par Youra, et surtout le personnage de Régine Krochmal, une autre héroïne de la résistance belge. Elle fait partie de ses juifs libérés du convoi ferroviaire. Les pages qui précèdent son évasion sont d'une rare intensité. Jamais je n'en avais lu de telles pour décrire ce qu'il se passait à l'intérieur de ces wagons de déportation. Sylvestre Sbille parvient à dire l'horreur, crue et réaliste, de la terreur, de la promiscuité, tout en la transcendant en tirant l'écriture vers l'onirique voire le fantastique dans une fougue folle.

Même s'il y a un effroyable SS qui coche toutes les cases de l'épouvantable « méchant », ce qui est passionnant c'est comment sont présentés ces résistants : non comme des surhommes ou des génies, non, plutôt des héros ordinaires, pendants de la banalité du mal, des hommes et des femmes qui doutent, qui souffrent, qui ont des défauts. L'auteur interroge ainsi tout particulièrement les motivations conscientes ou inconscientes qui poussent à risquer sa vie, à prendre en main son destin, à refuser d'abdiquer. On voit Youra le pur intellectuel céder à ses instincts pour se lancer. Cette réflexion est teintée d'existentialisme sartrien : oui, chacun est libre d'agir ou pas, de collaborer, de résister, d'attendre vers où le vent va tourner, de détourner la tête, sans excuse, alibi. On ne nait pas héros, on le devient.

«  Youra convoque les forces de la nuit comme dans un opéra magique, dans un conte maudit, un roman gothique. Il avance sans peur ni haine vers un destin déjà écrit. Il a décidé que tout était dit ; il n'y a plus qu'à faire. Les actes seront posés, et advienne que pourra, son destin est en marche, et celui de tous ceux vers qui il roule. Il faut assumer de devenir un héros. Il n'y a plus de place pour les tourments, les et si, les si jamais. Un désir de mort, peut-être ? Un besoin de dire moi aussi ? Qu'importe. Il roule avec ses compères. Plus rien à faire qu'accomplir les gestes.(...) La justice exige des choses de lui. La justice est parfois exigeante comme la faim. »

Les dernières pages sont terriblement émouvantes et toujours porteuses de cette lumière vitale qui éclaire tout ce très beau premier roman. Un hymne à la liberté en hommage à ces résistants belges.

Livre offert par Lecteurs.com
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Alors que les célébrations des 75 ans de la fin de la seconde guerre mondiale et que les commémorations pour la libération des différents camps de concentration se déroulent, j'ai découvert un livre sensible, issu d'une plume douce et sublime.

Alors qu'il s'agissait du premier bouquin que j'ouvrais dans le cadre du Prix des Lecteurs des librairies Club, voilà déjà que j'ai un coup de coeur. Doté d'un sujet difficile, il est pourtant conté de manière si vraie et si intime faisant de ce livre, un livre émouvant et prenant.

Il s'agit de la première oeuvre littéraire de l'auteur, Sylvestre Sbille mais j'espère qu'il ne s'agira pas de sa dernière. le niveau est déjà bien élevé même si on peut lui trouver des petits défauts, qui ne sont en fait que de brèves imperfections dans l'entièreté du livre ce qui fait qu'elles sont vite oubliées.

Il nous conte l'histoire de Youra, un jeune médecin bruxellois qui a le malheur d'être juif au début des années 40. Idéalistes dans l'âme, lui et ses amis ne souhaitent pas rester impassibles face à l'ennemi allemand et forment un groupe de résistants pour qui la fatalité n'a pas lieu d'être.

Plantant ses décors à Bruxelles principalement, en 1943, c'est toute une page noire de l'Histoire de mon pays que j'ai découverte par l'écriture si réaliste de Sylvestre Sbille. Ce dernier a fait le choix ingénieux d'alterner les chapitres selon les narrateurs, qu'ils soient victimes ou bourreaux, résistants ou collaborateurs.

Avant de lire ce livre, je ne le connaissais pas et pour moi, il s'agissait d'un roman ayant pour cadre le nazisme en Belgique lors de la seconde guerre mondiale. C'est en terminant les dernières pages que j'ai découvert toute la force du livre, notamment par le fait que l'auteur nous conte en réalité l'histoire vraie de Youra Livchitz, sa famille et d'autres protagonistes qui ont gravité autour d'eux. Je n'ai pas pu m'empêcher de lire des articles sur Internet pour approfondir cette lecture qui m'a transportée et dont ses personnages resteront encore longtemps dans mon esprit.

Magnifique hommage à la Résistance, ce livre mérite d'être lu et reconnu. Finalement, c'est l'histoire d'individus comme tout le monde mais qui ont le courage et la force de lutter contre l'abnégation et la barbarie nazie.

Lu dans la cadre du Prix des Lecteurs 2019 des librairies Club.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Pour son premier roman, Sylvestre Sbille a choisi d'évoquer le terrible destin de Youra Livchitz, jeune résistant juif à Bruxelles qui, en 1943, fut à la tête de l'attaque d'un convoi qui emmenait les juifs vers Auschwitz. Page après page, on suit le quotidien de ce jeune médecin interdit de pratique par sa condition de juif, et qui mit sa fougue et son intelligence au service de la résistance à l'occupation allemande (et à la collaboration) à Bruxelles. Mais au-delà de ses actions, l'auteur nous entraîne dans les réflexions profondes de Youra Livchitz. le récit est soutenu, prenant, très dur parfois (et comment ne pas l'être quand on veut parler de la barbarie nazie). J'ai beaucoup apprécié les références géographiques très locales des événements (les quartiers de Bruxelles, Malines, Breendonk…) qui donnent tellement plus de réalité à ces faits historiques et qui m'ont donné l'envie d'aller me documenter. Et puis ce titre, qui prend toute sa signification à la fin du roman… Bref, une très belle lecture pour laquelle je remercie Babelio et les éditions Belfond.
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En toile de fond, et comme une évidence, le magnifique poème de Paul Eluard, ce roman est bien plus qu'émouvant, il est un message de liberté, un appel au secours, une plaidoirie. Pour un premier roman, c'est audacieux et bien ficelé. Peut-être quelques longueurs en fin de parcours dans une trop grande volonté de la part de l'auteur de poser une réflexion sur la violence, l'absurdité de la guerre et bien entendu, la liberté. Magnifique roman, difficile à laisser de côté tant on se soucie du sort des uns et des autres. Les deux dernières pages sont terribles de cette vérité qui prend à la gorge.
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1943, les lois anti Juifs se multiplient dans toute l'Europe. À Bruxelles, Youra, vingt-cinq ans, n'a pas le droit d'exercer son métier de médecin, car il est juif. Avec ses amis, il refait le monde, n'hésitant pas à défier le couvre-feu et à écouter du jazz. Un soir, presque sur un coup de tête, il décide d'arrêter un train en partance pour Auschwitz. Même les partisans ne s'y risquent pas, c'est trop dangereux. La fougue de son idéalisme en étendard, avec l'aide de deux amis, il réalise l'impensable. L'équipement est très sommaire : des vélos, une lanterne et un seul pistolet.


Sylvestre Sbille partage les pensées de ceux qui sont dans le train, de Youra et de son frère, d'un nazi haut placé et d'un collaborateur. Youra s'interroge sur ce qui fait basculer d'un côté ou de l'autre. Il se questionne sur ce qui pousse certains à résister, à risquer leur vie et celles de leurs proches. L'auteur montre également la vision du peuple juif dans l'idéologie nazie. Il montre les difficultés pour survivre et se soigner quand on n'a plus aucun droit. Il montre le courage de ces Résistants qui ont tenté le tout pour le tout.


L'auteur rend hommage à Youra et Choura Livitch. Je suis sûre qu'après avoir lu J'écris ton nom, comme moi, vous ferez des recherches sur ces jeunes hommes (je vous invite à lire le roman avant). Je ne les connaissais pas et je remercie Sylvestre Sbille d'avoir réparé cela. Je suis très émue par cette histoire et d'autant plus qu'elle est basée sur des faits réels. Une scène m'a donné des frissons : une action collective par des anonymes pour protéger des fugitifs. Aussi, même si ce roman est dur, avec des personnalités cruelles, telles que Kurt Asche, qui était chargé de la déportation des Juifs, certains actes donnent foi en l'être humain. Et c'est ce que montre Sylvestre Sbille, avec ce superbe premier roman sur la Résistance et la Collaboration.


Je remercie sincèrement les Éditions Belfond et Netgalley France pour ce service presse.
Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tu seras gazée, tu seras brûlée. Les mots restent en tête, comme reste en bouche le goût du vomi. Régine lisse les plis de son tablier. Elle rajuste sa coiffe pour la centième, la millième fois. Son uniforme lui donne du courage. De la prestance. Elle se tient droite, elle ne faiblit pas. Tu seras gazée, tu seras brûlée. Le docteur Basch lui a dit les mots à l'oreille comme un secret. Comme un talisman qui pourrait la sauver.
Régine porte autour du cou, sur un carton accroché par une ficelle, le numéro 263. Elle sera donc dans le sixième wagon, sur la trentaine du convoi. L'unité étant : le Juif. Le sixième wagon de la file : c'est une information comme une autre, à se garder dans un coin de la tête. Juste à côté des mots du docteur Basch. Gazée. Brûlée. Régine ne peut y croire tout à fait. Ce sont des images surgies d'un conte pour faire peur aux enfants. Bien le genre des Boches. Se mettre en scène. Faire croire au pire. Se réjouir de la peur où on fait mijoter les faibles.
Si c'est pour finir par nous gazer et par nous brûler, pourquoi est-ce que ça prend si longtemps ? Toute une journée pour monter dans un fichu train ?
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Sur les fenêtres écarlates, sur le front des acrobates, et les falaises de Douvres. Sur les squelettes des morts, sur les mains des terrassiers, sur le bois qu'on va brûler. Sur les chanoines et les vaches, sur les aloyaux si tendres et sur les mardis gras perdus. J'écris ton nom.
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Sur le theme d une page sombre de l histoire.On y découvre un personnage fort et profond en la personne de Youra et d'autres souvent détestables.L histoire aura on le devine au vu du theme une issue difficile mais on veut la terminer.
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Certains veulent vivre. D'autres veulent qu'ils disparaissent. Certains sont plus forts et imposent leur volonté. Point à la ligne. C'est Nietzsche qui a raison. C'est à la fois pur et horrible. Il a affreusement raison, les titres de ses livres à eux seuls suffisent à l'énoncer : tout est régi par la volonté de puissance, au-delà du bien et du mal.
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Vidéo de Sylvestre Sbille
Rencontre avec Sylvestre Sbille qui nous parle de son dernier livre : "J'écris ton nom" paru aux éditions Belfond.
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