Cette pièce se passe dans une Allemagne pseudo-historique, au tout début du protestantisme, à l'époque où l'Eglise catholique plutôt riche affrontait des protestants populistes et exaltés. le personnage principal, Goetz, est au début méchant et fier de l'être, qui défie Dieu, et après qu'on lui a dit que c'était plus difficile, il décide de faire le Bien, sur un pari... Mais il y a plein de personnages, et tous sont confrontés à la relativité du bien et du mal, tous sont forcés de "pactiser", de faire des compromis, de s'interroger sur ce que sont exactement le bien et le mal, dans un cadre personnel ou politique, et surtout sur le rôle de Dieu et du diable là-dedans.
J'ai donc beaucoup aimé. Les réflexions sont très interessantes, mais les personnages ne s'effacent pas pour autant derrière les idées : ils ont de la présence et leurs confrontations ont beaucoup de force.
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Mais que me font les hommes ? Dieu m'entend, c'est à Dieu que je casse les oreilles et ça me suffit, car c'est le seul ennemi qui soit digne de moi. Il y a Dieu, moi et les fantômes. C'est Dieu que je crucifierai cette nuit, sur toi et sur vingt mille hommes parce que sa souffrance est infinie et qu'elle rend infini celui qui le fait souffrir. Cette ville va flamber. Dieu le sait. En ce moment il a peur, je le sens; je sens son regard sur mes mains, je sens son souffle sur mes cheveux, ses anges pleurent. Il se dit "Goetz n'osera peut-être pas" - tout comme s'il n'était qu'un homme. Pleurez, pleurez les anges : j'oserai. Tout à l'heure, je marcherai dans sa peur et dans sa colère. Elle flambera : l'âme du Seigneur est une galerie de glaces, le feu s'y reflètera dans des millions de miroirs. Alors, je saurai que je suis un monstre tout à fait pur.
Je cite
Refuse ce monde qui ne veut pas de toi ! Fais le mal :
tu verras comme on se sent léger " dit Goetz à Heinrich
Le silence, c'est Dieu. l'absence, c’est Dieu. . Dieu n'existe pas… Je nous délivre.
Plus de Ciel, plus d'Enfer ; rien que la terre..
Si Dieu n'existe pas, plus moyen d’échapper aux hommes. »
-" Pourquoi faire le mal ?"
-"Parce que le bien est déjà fait ".
-"Qui l'a fait ?"
-"Dieu le Père. Moi, j'invente... "
-" Tu prends beaucoup de peine pour rien, fanfaron du vice !
Dieu a voulu que le bien fût impossible sur terre. Tout le monde fait le mal… "
" Dieu m'entend, c'est à Dieu que je casse les oreilles…
Il y a Dieu, moi et les fantômes.
C'est Dieu que je crucifierai cette nuit [ en massacrant la ville]
parce que sa souffrance est infinie et qu'elle rend infini celui qui le fait souffrir "
"" Ne levez pas les yeux, le ciel est vide. Les anges sont au travail sur terre ;
ils s'acharnent sur le camp ennemi …
l'ange du Choléra celui de la peste, de la faim et de la discorde "
------ Voila des citations qui vont pas plaire a tous mais bon la piece en est remplies !! Il ne faut pas oublier que Sartre était athé , en écrivant cette pièce il devait réfléchir . Qui choisir le Bien ou le Mal ???
Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent.
Gœtz : Inutile, oui. Inutile aux hommes. Mais que me font les hommes ? Dieu m'entend et c'est à Dieu que je casse les oreilles et ça me suffit, car c'est le seul ennemi qui soit digne de moi. Il y a Dieu, moi et les fantômes. C'est Dieu que je crucifierai cette nuit, sur toi et sur vingt mille hommes parce que sa souffrance est infinie et qu'elle rend infini celui qui le fait souffrir. Cette ville va flamber. Dieu le sait. Et en ce moment, il a peur, je le sens ; je sens son regard sur mes mains, je sens son souffle sur mes cheveux, ses anges pleurent. Il se dit « Gœtz n'osera peut-être pas » — tout comme s'il n'était qu'un homme. Pleurez, pleurez les anges : j'oserai. Tout à l'heure, je marcherai dans sa peur et dans sa colère. Elle flambera : l'âme du Seigneur est une galerie de glaces, le feu s'y reflétera dans des millions de miroirs. Alors, je saurai que je suis un monstre tout à fait pur.
L'ennui avec le Mal, c'est qu'on s'y habitue, il faut du génie pour inventer.
S'agissant par exemple du marxisme, de l'existentialisme, du bouddhisme, du nominalisme, de l'immanentisme, du keynésianisme, du personnalisme ou autres, il ne viendrait à l'esprit de personne de se demander si, pour adhérer à ces doctrines, ces conceptions du monde ou ces écoles de pensée, il faut être une femme ou un homme (même si, dans la plupart des cas, elles ont été forgées par des hommes !). Il n'en va pas de même lorsqu'il s'agit du féminisme : une « femme féministe » ressemble à un pléonasme, un « homme féministe » à un oxymore. Pourquoi ? Peut-être parce que le marxisme ne tient pas à ce qu'était Karl Marx ni à qui il était, pas plus que le keynésianisme ne s'explique par ce qu'était John Maynard Keynes, alors que le féminisme, tout en étant une philosophie, une conception du monde, une pratique, une gamme de mouvements sociaux et politiques, est ancré dans le « devenir-femme », élaboré depuis la subordination et les systèmes d'exploitation politique, économique, sociale, sexuel, familial dans lesquels les hommes, façonnés, eux, par le système patriarcal, ont enfermé les femmes. Autrement dit, les femmes sont les sujets du féminisme, les protagonistes qui l'ont initié, formulé, partagé, diffusé et transformé en force des femmes, alors que les hommes sont les objets de l'analyse, les agents et les hérauts de la structure qu'il faut modifier et faire tomber, les représentants et les vecteurs des modalités patriarcales. Certainement, Simone de Beauvoir eût pu écrire l'Être et le néant, mais à Jean-Paul Sartre il aurait été impossible d'écrire le Deuxième sexe, et si, par son ingéniosité, il avait quand même réussi à le faire, l'ouvrage serait resté un « point de vue » sur les femmes, et jamais devenu la matrice et la puissance du féminisme moderne. Est-ce à dire que les hommes, quand ils ne s'accrochent pas au vieux virilisme comme à une bouée, sont condamnés à demeurer des « compagnons de route » du féminisme et qu'ils partagent, collaborent, participent aux luttes des femmes ? Probablement pas. À ceci près que le féminisme exige peut-être cette « écriture féminine » dont parlait Hélène Cixous, qui exalte ce qui a été ignoré et méprisé par le discours des hommes, crée sans cesse des structures syntaxiques et stylistiques nouvelles irréductibles aux codifications fixées par les hommes, et qui s'avère capable de refuser et réfuter la logique de l'« écriture masculine », fondée, elle, sur ces oppositions (homme/femme, père/mère, actif/passif, culture/nature, coeur/raison…) qui ont nourri la pensée occidentale et, par là même, conforté le patriarcat. Dans ce cas, on pourrait dire que l'« homme féministe » est celui qui se révélerait apte à assurer, assumer et faire sienne une telle « écriture féminine ».
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