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Ce roman a beaucoup de charme. D'abord, parce qu'il est un roman épistolaire. Les lettres laissent entendre la voix pure de la subjectivité, les pensées inquiètes, le cri du coeur. Aussi, l'écriture est teintée de musicalité, de poésie. On saisit bien là les mouvements secrets du coeur qui s'épanchent et s'immortalisent. C'est aussi l'histoire de la vertu, et par là, les chapitres retracent sa naissance jusqu'à son apogée finale, et quelle apogée !
Nul besoin de résumer une histoire si connue, un amour impossible, tiraillé, et qui finit par le couronnement ultime de la vertu.
Mais c'est aussi qu'il est loin de se cantonner à l'univers de la fiction. Ce n'est pas qu'un divertissement, le roman peut porter une profondeur, et peut-être même en dire plus sur nous-mêmes et notre monde, que toutes les spéculations rationalistes.

Dès lors, on relève beaucoup de thématiques touchant à des domaines divers. Des réflexions philosophiques s'étayent ainsi que des réflexions sur le coeur de l'homme. Par conséquent, on est bien dans cette période des Lumières qui cherche à éclairer la sensibilité, une partie inhérente de l'homme. On retrouve des réflexions ( notamment) sur :

Sur la nature humaine : dualité raison/ sentiments. St Preux doit combattre sa passion, l'exaltation de ses sens pour le devoir. Héloïse doit aussi se vaincre, et pour la vertu, et pour le devoir. Face à son père, elle doit prendre le bon parti mais juge tout de même : " Ah ma cousine, quels montres d'enfer sont ces préjugés qui dépravent les meilleurs coeurs, et font taire à chaque instant la nature ! ». le père d'Héloise est aveuglé dans son prestige de rang et d'honneurs. Dés lors, si Héloise aime son père d'où « les meilleurs coeurs », son amour pour St Preux, naturel et simple, est condamné, d'où « taire à chaque instant la nature ».

Le bonheur (p. 756) : « Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux ». Rousseau révèle l'éternelle douleur de l'homme, son impossible union entre l'imaginaire et le réel. le désir nous fait espérer, tout le plaisir réside dans l'imagination, dans la projection. Dès lors que ce processus est achevé, que l'on a ce qu'on a désiré, on ressent un vide, une insatisfaction. Peut-être se dit-on : « ce n'est pas ce que je pensais », « je ne m'attendais pas à cela ». le bonheur est aussi à mettre en corrélation avec le temps, qui paraît son antithèse, lui qui doit être un état durable de satisfaction. le souvenir est attaché à des motifs précis, comme l'asile de Meillerie, le lieu devient une symbolique qui se construit en fonction d'une histoire humaine.

Le temps, et son inconstance : « nous jugeons de nous comme étant toujours les mêmes, et nous changeons tous les jours » ( 736). La personnalité n'est pas figée, elle est mouvante, vivante, et évolue comme le vivant.

Rousseau propose ainsi un idéal, un bonheur modèle par la vie d'Héloïse. Celui-ci consiste en une vie champêtre, calme, tranquille, cadre essentiel à une vie simple et heureuse sous le signe de la justice et de l'ordre. C'est ainsi que la maison de Julie est régit dans l'ordre et l'équité. Les domestiques sont bien considérés. En effet, la vertu attire la vertu. Il s'agit d'en faire des gens de confiance. Si un autre moyen blâmable est employé, comme la distance, la froideur, le vice s'installe. Chacun à sa place et tout est fait de sorte que la vie en commun soit harmonieuse. Les vendanges couronnent cette union. C'est une fête de convivialité, de partage.

Mais Rousseau critique, blâme des moeurs de son temps, de la société. le regard de l'autre n'est pas toujours juste. Des problématiques comme l'honneur, (p213/214) le vrai honneur en lui-même et pas considéré dans le jugement des autres (contre le duel contre humain), les conventions hypocrites parisiennes, l'accord entre le dire et le faire…Un discours doit nécessairement mené à une action, auquel cas, il est vain, dans tous les sens du terme. Aussi, l'éducation et la pédagogie passent au crible.

La pensée rousseauiste de la vertu n'est pas sans rappeler les valeurs chrétiennes de l'Evangile. La Nouvelle Héloise c'est aussi un murmure évangélique, qui se nie, se refoule, mais reste audible. Pour cause, le terme récurrent « les devoirs de l'Humanité ». L'amitié, la vertu, la paix, la fraternité (Julie aide les pauvres, de bon coeur), le partage, l'amour sont autant d'échos. Rousseau en fait une religion du coeur autour du sentiment humain. Il y a comme un reste de Dieu, en ce siècle des Lumières…

D'ailleurs, la vertu devient même un culte. Par conséquent, Julie est la sainte de la vertu, l'amour se transforme presque en piété. ( p.88) : « Mais soyez sûre que l'amour ardent et pur dont j'ai brûlé pour vous ne s'éteindra de ma vie, que mon coeur, plein d'un si digne objet, ne saurait plus s'avilir, qu'il partagera désormais ses uniques hommages entre vous et la vertu, et qu'on ne verra jamais profaner par d'autres feux l'autel où Julie fut adorée. ».

Enfin, le temple de la vertu ainsi que son tombeau deviennent un reliquaire pour tous les membres restant, qui par une vie vertueuse honorent la sainte, qui fut la source de ce miracle. En effet, par l'amitié, St preux et Edouard demeurent ensemble, la cousine de Julie, Claire, et enfin Mr de Wolmar demeurent aussi dans ce temple de la vertu. Car, enfin, Julie n'est-elle pas tout à fait morte, et ne vient-elle pas comme un ange, veiller sur ce temple ?

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Il m'aura fallu un long mois pour venir à bout de la Nouvelle Héloïse, best-seller du XVIIIe siècle. Mais quelle expérience ! Quelle densité dans le style ! Quel voyage ! Je comprends pourquoi tant de gens se sont enthousiasmés pour ce roman épistolaire qui rejoue les amours passionnés d'Abélard le précepteur et de son élève Héloïse. Ce roman de Rousseau n'a pourtant rien pour plaire au lecteur du XXIe : ton sentencieux, longs propos édifiants et lénifiants, saveur rance de petit dévot moralisateur, exagérations des attitudes et peinture irréaliste des personnages… Mais cela fait partie des grands paradoxes de Rousseau. Son récit est tellement impossible, les situations sont si improbables et incongrues que l'on parvient à entrer dans un monde merveilleux. Non pas utopique, car il n'a rien de franchement désirable, mais au romantisme hallucinant. Un monde qui se veut égalitaire tout en restant paternaliste et où les amants vivent en bonne amitié avec les maris.
Et tout comme l'Emile ou de l'éducation est un essai tournant vers la fiction, l'Héloïse est une fiction tournant vers l'essai philosophique.
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Inspiré de l'histoire d'Héloïse et Pierre Abélard, un cas réel du Moyen Âge, où la passion amoureuse est surmontée pour laisser place au renoncement.

Les amateurs de romance pourraient y voir un mythe, capable d'accueillir les valeurs les plus profondes du romantisme. Malgré le genre romantique dans lequel le livre est présenté, l'ouvrage prend également la forme d'une méditation philosophique dans laquelle Rousseau expose sa vision de l'autonomie, ainsi qu'une éthique de l'authenticité, préférée aux principes moraux rationnels. La réalisation de ce que la société exige ne se fera que conformément à ses propres « principes secrets » et aux sentiments qui constituent une identité profonde.

Le roman épistolaire raconte la passion amoureuse entre Julie d'Étange, une jeune noble, et son précepteur, Saint-Preux, un homme d'origine modeste. Après avoir tenté de se défendre, ce dernier tombe sous le charme de son jeune élève. Saint-Preux et Julie vont s'aimer sur fond de lac Léman, mais leur différence de classe sociale les oblige à garder leur relation secrète. En raison des conventions sociales qui empêchent que cet amour s'exprime au grand jour, Saint-Preux quitte la Suisse pour Paris et Londres, d'où il écrit à Julie. Les deux personnages échangent alors de nombreuses lettres et notes d'amour délibérées, cherchant une réponse au dilemme que leur amour leur impose et à la situation catastrophique qu'il engendre.
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L'amour est impossible entre Saint-Preux et Julie. Lui est roturier, elle, aristocrate. le père oblige sa fille à épouser M. de Wolmar qui pourvoit à une certaine sérénité familiale jusqu'à ce que Saint-Preux devienne le précepteur des enfants du couple marital. le retour de l'ancien amant déchire de nouveau le couple passionnel.
Aujourd'hui, le style et les principes de ce roman sont éloignés de nos mentalités, mais on lui reste redevable de nombre d'oeuvres qui s'en sont inspirées et dont la société a été imprégnée.
Lire plus sur http://anne.vacquant.free.fr/av/index.php/2021/05/06/jean-jacque-rousseau-la-nouvelle-heloise/
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Impeccable, comme toujours M. Rousseau.
Incontournable de la littérature, c'est impressionnant comment il arrive à aborder nombre de sujets diverses tout au long de ses échanges épistolaires. Avec une ligne directrice qui est la famille les amis et leur inter-relations, il ne juge jamais mais donne son avis et des conseils sur tous les sujets importants de la vie. Lu en lecture commune avec Nadou38 on a pas réussit à tenir le rythme des échanges car le livre est trop touffu, à chaque page il est possible de disserter pendant des heures. Nadou38 plus expérimentée à réussissait à fixer son attention sur les protagonistes et l'histoire tandis que moi, j'étais emporté par les digressions et les divers sujets soulevés, comme l'éducation, et ainsi perdait de vu l'histoire en elle même. L'intrigue est bien ficelée, l'histoire étonnante, et les protagonistes sont très attachants. Seul bémol la taille du livre, il faut avoir une attention soutenue, Rousseau c'est pas l'Equipe...
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Je ne note pas cette lecture, car elle n'a pas toujours été faite dans les meilleures conditions : interrompue par diverses obligations extérieures, elle a été longue, parfois pénible. Tantôt, je m'ennuyais ferme, vite lassée par les interminables réflexions philosophiques des personnages, mais à d'autres moments, plongée dans ce récit et les malheurs des personnages, je tournais les pages avec plaisir, ravie par le style de Rousseau. Bref, une lecture très inégale pour moi. Sans doute à retenter une prochaine fois, plus tard, dans de meilleures conditions, avec davantage de temps libre.

Ayant beaucoup entendu parler/lu sur ce livre, je connaissais déjà l'intrigue, ainsi que son issue (révélée sur la 4e de couverture pour les ignorants éventuels... Ce que je regrette et reproche à l'édition Livre de poche), et avais une série d'attentes. Celles-ci ont été détrompées pour la plupart, positivement ou négativement. J'avais notamment de grandes espérances quant à la forme : grande admiratrice du roman "[book:Les Liaisons dangereuses|1424484]", que je savais héritier de cette oeuvre de Rousseau, j'apprécie particulièrement les romans épistolaires du 18e siècle. J'aurais dû m'en douter, mais Rousseau exploite moins les possibilités du genre que son successeur (mieux que certains de ses prédécesseurs, néanmoins) : les lettres y sont un très bon support pour laisser les personnages exprimer leurs sentiments et s'épancher, mais c'est tout. Elles n'ont pas d'autre rôle que la narration à la première personne, et les différences de style ne sont guère marquantes : on y lit bien davantage Rousseau que les personnages mêmes. Ce sentiment est d'ailleurs renforcé par une série d'idées que je sais propres à l'auteur et développées dans d'autres de ses oeuvres (sur l'éducation et sur la religion, par exemple) que j'ai retrouvées dans le discours de quasi tous les personnages, dans les passages philosophiques évoqués plus haut. J'ai donc été assez déçue par l'exploitation insuffisante des potentialités du roman épistolaire et par le manque de différenciation des personnages.

Ce qui m'a agréablement surprise par contre, c'est la dimension sensuelle de l'amour : elle n'est absolument pas niée, ni absente, contrairement à d'autres romans sentimentaux comme [book:Delphine|12466181] de Madame de Staël. Julie et Saint-Preux sont vertueux, mais n'en sont pas moins en proie aux affres du désir. de même, tous les sentiments qui peuvent être liés à l'amour sont exploités par Rousseau dans ce roman. Une réussite complète de ce point de vue, pour moi, même si cela dépeint un amour très utopique.
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Ce livre à marquer toute une époque ,Il a influencer le géant Tolstoi, Laclos et ses liaisons dangereuses jusqu'à Thomas Jefferson.Il peint des moeurs bourgeoise dans la Suisse du dix neuvième siècle mais attention il ne s'agit pas que de ça Rousseau y parle de politique de botanique de religion et meme d'organisation du personnel dans la propriété.Bien écrit mais lourd(je crois qu'il le dit lui meme dans ses notes).Je ne peut qu'avoir un certain attendrissement pour ce monsieur susceptible et ombrageux mais seul contre tous(Y compris contre ses amis), l'encyclopédie et l'église , le bonhomme m'intéresse.
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Une histoire d'amour, pour être captivante, doit être celle d'un amour malheureux. Sur ce canevas simple, Rousseau a construit un quatuor de personnages, à partir des deux amants d'abord, puis avec M. de Wolmar, le mari philosophe de l'héroïne, et de son amie. De la frustration de l'amour et du désir vont naître le lyrisme, la lettre enflammée, les effusions, mais aussi les voyages et tous les raisonnements et récits que font les personnages pour tromper la passion. Le résultat est un grand roman encyclopédique, où gravite autour de l'amour malheureux de Julie et Saint-Preux, un monde de pensées, de projets, de réflexions propres à Rousseau. Sa lecture à l'université m'a été fort pénible, car je supportais mal le sentimentalisme et les torrents de larmes, en somme ce que cette seconde partie du XVIII°s appelait la "sensibilité."
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LA merveille des merveilles: si, d'aventure, vous n'aimez pas Rousseau, lisez ce livre: une des plus belles écritures de la littérature française.
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Rousseau est un penseur, un philosophe politique qui aimait la littérature. Les idées et la morale de son "Contrat social" se diffusent à travers une oeuvre dense qui comporte des essais aussi bien que des romans.

Son influence sur le monde : L'incroyable succès de son roman épistolaire "La Nouvelle Héloïse" (sans doute le livre le plus lu du XVIIIe siècle !) lui assure une renommée considérable. Cela lui permet de faire entendre dans l'Europe entière ses conceptions sur l'organisation sociale, l'inégalité, l'Etat.

Il développe une théorie des droits naturels et politiques qui va influencer profondément les hommes de 1789 et les Constitutionnalistes de la Révolution. (source l'Intenaute Livres)
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