Et de quel droit prétendez-vous être aimée aujourd’hui parce que vous l’étiez hier ? Gardez donc le même visage, le même âge, la même humeur, soyez toujours la même, et l’on vous aimera toujours, si l’on peut. Mais changer sans cesse, et vouloir toujours qu’on vous aime, c’est vouloir qu’à chaque instant on cesse de vous aimer ; ce n’est pas chercher des cœurs constants, c’est en chercher d’aussi changeants que vous.
L'âme résiste bien plus aisément aux vives douleurs qu'à la tristesse prolongée.
Les langues se taisent, mais les cœurs parlent.
Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède.
L'art d'interroger n'est pas si facile qu'on pense. C'est bien plus l'art des maîtres que des disciples; il faut avoir déjà beaucoup appris de choses pour savoir demander ce qu'on ne sait pas. Le savant s'enquiert, dit un proverbe indien; mais l'ignorant ne sait pas même de quoi s'enquérir.
Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère, et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux.
Le jargon fleuri de la galanterie est beaucoup plus éloigné du sentiment que le ton le plus simple qu'on puisse prendre.
(Partie 2, Lettre XV)
La source du bonheur n'est tout entière ni dans l'objet désiré ni dans le coeur qui le possède, mais dans le rapport de l'un et de l'autre.
(Partie 2, Lettre XI)
Montrez ma lettre à vos parents, faites-moi refuser votre porte, chassez-moi comme il vous plaira ; je puis tout endurer de vous, je ne puis vous fuir de moi-même.
(Première partie, Lettre I)
N'allons donc pas chercher dans les livres des principes et des règles que nous trouverons plus sûrement au dedans de nous. Laissons là toutes ces vaines disputes des philosophes sur le bonheur et la vertu ; employons à nous rendre bons et heureux le temps qu'ils perdent à chercher comment on doit l'être, et proposons-nous de grands exemples à imiter, plutôt que de vains systèmes à suivre.