Avant de lire cette passionnante biographie, reçue à l'occasion d'une masse critique Babelio, je connaissais peu
Pierre Loti (qu'à ma grande honte, je confonds parfois avec
Pierre Benoit !). J'avais eu l'occasion de visiter sa maison-musée à Rochefort en 2009, quelques années avant qu'elle ne ferme pour travaux de consolidation. J'avais aimé l'exotisme des pièces, meublées de souvenirs rapportés de ses voyages, ainsi que le jardin intérieur.
Grace à la biographie, très documentée d'
Alain Quella-Villéger, je connais maintenant beaucoup mieux celui qui se cache derrière ce pseudonyme. J'ai découvert un romancier, dont les récits n'ont presque pas d'intrigue, un voyageur fasciné par l'Orient, un homme aux multiples conquêtes, féminines et masculines, un écrivain du vovage, dessinateur, acrobate, décorateur, adepte des travestissements et qui fait aujourd'hui encore polémique.
Pierre Loti est né
Julien Viaud en 1850. A dix-sept il s'engage dans la marine, comme son frère aîné avant lui. Quelques années auparavant, son père a été accusé de détournement de fond et s'est retrouvé en prison et bien qu'il ait été réhabilité, il doit cependant rembourser une partie des sommes.
Julien Viaud profite de ses voyages pour envoyer aux journaux des dessins, puis des descriptions des pays où il accoste, afin de gagner un peu d'argent.
Il passe ensuite à l'écriture de récits romancés.
le mariage de Loti, mêle ses souvenirs de Tahiti - où il est surnommé "Loti", du nom d'une fleur exotique - à une histoire d'amour entre une jeune fille de l'île et un officier de marine. Ce n'est que quelques années plus tard, que
Julien Viaud utilisera officiellement
Pierre Loti comme nom de plume.
Chacun de ses voyages est source d'inspiration. Il écrit aziyadé de retour de Turquie, où il a connu et aimé une femme mariée ;
Madame Chrysanthème en rentrant du Japon, où il a épousé, le temps de son séjour, une jeune japonaise... le voyage est toujours présent, même si ce n'est que celui d'un chalutier comme dans Pêcheurs d'Islande.
Mais
Pierre Loti rapporte également de ses voyages des objets, meubles ou oeuvres d'art. Peu à peu il transforme la maison de son enfance à Rochefort, qu'il a rachetée grâce à ses succès littéraires. Il y installe ainsi une salle gothique, un salon turc, une chambre arabe et même une mosquée. Il est fasciné par ses nombreux voyages en Orient et porte souvent des tenues arabes.
Bien qu'ayant un regard d'homme blanc de la fin du XIXème siècle sur les indigènes et en particulier envers les femmes, il s'indigne contre la violence et la cruauté des combats menés par les soldats français en Chine, ce qui lui vaut quelques ennuis avec sa hiérarchie...
Il fait un mariage bourgeois avec Blanche, qui lui donnera deux fils, dont l'un ne vivra pas.
Pierre Loti est élu à
L Académie Française contre
Zola. Il s'installe ensuite au Pays Basque, où il situera l'intrigue de son
Ramuntcho. Il y rencontre aussi "Crucita", avec qui il aura trois fils, dont deux survivront. C'est à Hendaye qu'il meurt en 1923 et il est inhumé dans la maison de famille sur l'île d'Oléron après des funérailles nationales..
Alain Quella-Villéger connaît bien son sujet et son récit est très détaillé. Ce n'est d'ailleurs pas la première biographie qu'il lui consacre. J'ai beaucoup aimé le dernier chapitre "Et puis après ? Mythes et polémiques" , qui ne voile pas les problèmes posés par la lecture de
Pierre Loti aujourd'hui, ainsi que certaines de ses actions. J'ai été déçue cependant par l'absence d'illustrations. D'autant qu'entre les dessins signés
Julien Viaud, les photographies de
Pierre Loti costumé, les pièces de sa maison ou les différents pays où il a séjourné, il y aurait eu matière... Et si l'éditeur n'avait pas les moyens ou l'autorisation de publier certains clichés, l'auteur, spécialiste de Loti depuis près de quarante ans, doit bien avoir dans ses archives quelques photos personnelles, non ?
J'ai également regretté de ne pas avoir directement les références bibliographiques des extraits cités. L'auteur nous renvoie à son blog pour cela. Par curiosité, j'y suis passé et je l'ai vraiment regretté. Outre qu'il est truffé de publicités, puisqu'il s'agit d'une plateforme gratuite, la mise en page est inexistante, l'écriture blanche sur fond sombre détruit les yeux et le texte change parfois de couleurs en plein milieu d'une phrase !
Je remercie Babelio et les éditions Calmann Lévy pour cette découverte.
Lien :
http://dviolante5.canalblog...