James Purdy trace un tableau de jeunes gens sans repères qui se fréquentent au sein d'un lieu géographique assez proche. Ils vivent de façon autonome, se racontent leurs vies et aventures, sans morale ni contraintes.
Mais, la liberté a un prix.
L'expérience de la vie aussi.
Et c'est plus amusant que de s'enfermer dans une vie provinciale, avec des visites hebdomadaires à l'église (voir la planche de salut adressée par sa mère en citation)
Je n'ai pas l'impression que cette promiscuité (cf ci-dessus) que l'on a pu connaître par le passé pourrait avoir lieu aujourd'hui avec le développement des "amis " sur les réseaux sociaux et l'ultra individualisme. Un morceau d'anthologie: l'avortement de Maureen dans un repaire. Comme dans "le Satyre", et pareillement à Michel Houellebecq, James Purdy que l'on a qualifié "d'écrivain maudit" monte crescendo dans le génie mais, il a comme l'écrivain français cette propension à tout mettre par terre vers la fin de son récit. Par peur de la joie? Par peur de plaire et d'être aimé? Par volonté d'être désagréable envers le lecteur? C'est dommage d'avoir de l'or dans les mains et d'en faire de la bouillie. Si vous trouvez ce livre, comme "Le satyre", "le neveu" ou "couleurs de ténèbres", ils sont à garder car, épuisés, ils ne seront sans doute jamais réédités et témoignent d'une époque et d'une manière de construire la trame du roman (""couleurs de ténèbres " est un recueil de nouvelles) à comparer avec d'autres auteurs.
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"Je t'ai constamment présent au coeur et à l'esprit,commençait-elle car je te sens trop jeune pour vivre dans cette grande ville cruelle, sans personne pour te guider et les gens dont tu parles dans tes lettres, mon chéri, sont trop vieux et trop désabusés, trop dépourvus de bonté et d'amour pour être de bons exemples.(...) Reviens chez nous , Amos, laisse au révérend MacIlheny le soin e te trouver quelque chose à faire ici. Je sais que tu n'aimes pas l'église, mais tu es né dans la religion, chéri, et peut-être qu'un jour tu voudras y revenir. Je voudrais tant que tu croies en un Créateur, car cela te rendrait la vie plus facile, c'est un rocher où on peut prendre appui."
p. 109
Ta grand-mère n'a jamais voulu que personne t'aime. Elle ne t'a jamais aimé et elle n'aurait pas supporté que quelqu'un d'autre vienne lui montrer à quel point elle en était incapable. Elle n'a jamais aimé personne. Voilà comment tu te retrouves coincé. Et ce que tu peux être coincé! Et sans ton fric pour te maintenir en état de marche, mon vieux, tu serais dans une situation pire que la mienne.(...) Elle te tient pour la vie Reubie et quand on l'enterrera on enterrera aussi une bonne part de toi. Voilà pourquoi tu as raison d'aller danser ce soir Ca deviendra une bouée de sauvetage pour le reste de ta vie. "Je suis allé danser le soir où grand-maman mourait" pourras-tu dire à tes descendants, si tu en as.
pp.168,169