Citations sur Respire... (95)
Tu te rappelles avec horreur avoir prononcé ces mots avec bonheur. Comme si "jusqu'à ce que la mort nous sépare" pouvait être interprété ainsi: avec bonheur. (p.27)
Ce n'est pas notre souffrance, mais la souffrance des autres qui nous détruit. Pas notre mort que nous redoutons, mais la mort de ceux à qui nous ne souhaitons pas survivre.
Car quand soins palliatifs est prononcé, on reconnaît - II n'y a pas d'espoir.
Pas d'espoir. Les mots sont obscènes, indicibles. Être sans espoir, c'est être sans futur. Pire encore, pour reconnaître être sans futur - il faut avoir « abandonné ».
... il faut choisir entre une douleur (insoutenable) et la lucidité ou une douleur (anesthésiée, assourdie) et la confusion d'esprit.
Sauf que, lorsque la douleur est insoutenable, on ne peut pas être vraiment lucide.
Nous n'avons donc pas vraiment le choix, docteur. C'est ce que vous dites.
Oui, je le crains - c'est ce que je dis.
Pendant qu'il conduit Eurydice hors de l'Hadès, Orphée doit lâcher sa main sans explication alors qu'il ne marche pas à son côté, mais devant elle; troublée, Eurydice y voit un reproche, elle doute de son amour et crie son nom; sans réfléchir, Orphée se retourne pour la réconforter, comme un époux réconforterait sa femme - et à l'instant même Eurydice meurt.
Parce que Orphée l'aime au point d'oublier l'avertissement qui lui interdit de se retourner si elle l'appelle. Au moment même où Eurydice désespère de l'amour d'Orphée, son amour pour elle garantit qu'il la détruise. Les légendes anciennes. Ce qu'il y a de plus humain en nous sera notre malédiction, et assurera notre damnation.
Sapez la fierté d'un homme, vous risquez de blesser sa vanité. Et un homme est sa vanité.
L'espoir est l'appât empoisonné. Les hommes y mordent et meurent.
Les émotions l’envahissaient, le submergeaient. Les émotions auxquelles il ne pouvait donner de nom n’avaient (d’une certaine façon) pas d’existence. Ou il ne pouvait pas reconnaître leur existence. Michaela riait de ravissement devant cet homme, son corps musclé enrobé, plis de chair à la taille, ventre lourd, mais jambes minces et dures.
Il s’agite. Il s’excite. Il s’emporte. Il déprime. Il refuse de manger : ne veut/peut avaler de nourriture solide. Il refuse de boire : les liquides lui donnent des haut-le-cœur. Une cuillère portée à ses lèvres lui donne des haut-le-cœur, il repousse la main de Michaela. Elle le met en colère et lui donne des haut-le-cœur. Elle, l’épouse, le met en colère et lui donne des haut-le-cœur.
« Je te l’ai dit – il est temps de rentrer. Ils ne font absolument rien pour moi ici. »
Michaela avait été une femme qui ne voulait pas se marier. Qui se vantait de ne pas vouloir d’enfant. De ne pas avoir besoin d’enfants pour se prolonger. Un sentiment fallacieux d’immortalité.