Voici un gros pavé de presque 700 pages jeté par
Gérard Mordillat dans la mare océanique de notre système libéro-capitalistique et qui nous entraîne bien vers le fond.
L'auteur est parti d'une idée tout à fait réjouissante (du moins pour un roman) : celle d'un paquebot rempli de nantis plus ou moins responsables de la fermeture dramatique d'une entreprise fleuron de l'industrie française, détourné par ses salariés licenciés laissés sur le carreau. Une galerie de personnages que l'auteur se plaît à développer, tant du côté des riches que de celui des laissés pour compte. Viendront s'y ajouter les acteurs du pouvoir politique confrontés à cet évènement pour le moins insolite et dérangeant.
Jusqu'où iront-ils ? C'est bien la question que tout le monde se pose, protagonistes comme lecteurs.
Une chose est certaine, c'est que
Gérard Mordillat, quant à lui, a décidé de pousser loin son bouchon littéraire. Un peu trop loin à mon goût, du moins dans certaines dimensions de son récit, comme ces « télex » recensant tous les heurts et malheurs de notre Pauvre Monde dans le style des brèves de l'AFP, et qui finissent par être lourds à force d'être assénés, voire à contre-emploi de l'effet recherché. Ou encore ce catalogue des pratiques sexuelles saupoudré tout au long des chapitres, sûrement pour épicer un peu la sauce, mais tellement inutile. Et puis trop, c'est trop. À force d'enfoncer les « méchants capitalistes » et de plaindre les « gentils salariés », l'auteur finit par couler aussi son lecteur, et c'est bien dommage, car du talent, il y en a dans ce bouquin.