Il y a nombre de livres qu`on aurait aimé écrire, pour rester dans les immédiats contemporains, le Ravel de Jean Echenoz ou Les années de Annie Ernaux. Mais ce sont des lectures stimulantes. Ce qui est médiocre et rencontre un écho démesuré, c`est cela qui décourage. Et c`est de l`ordre du quotidien.
Les Sherlock Holmes de Conan Doyle. Je les ai relus de dix ans en dix ans en découvrant à chaque fois des livres différents. Le fait d`avoir été confiné dans la littérature « jeunesse » et « policière » a amoindri l`impact de son projet littéraire.
Le comte de Monte-Cristo Là, on est vraiment jaloux de ne pas l`avoir écrit. Et cela n`a rien à voir avec les adaptations cinématographiques ou télévisuelles qui censurent tous les aspects radicalement sulfureux de ce livre de vampire.
Belle du Seigneur me décourage à chaque tentative.
Justice sanglante de Thomas de Quincey dans la traduction publiée aux éditions José Corti dans la collection Romantiques. Un texte fulgurant, écrit en 1838, et qui annonce le roman noir avec une vision prophétique sur les drames du XXe siècle. Une déclinaison abâtardie en a été publiée au Seuil (collection Baleine) à éviter.
Les œuvres romanesques complètes des frères Goncourt, dont le nom récompense le meilleur roman de l`année.
Je viens de terminer la lecture d`un manuscrit de 700 pages qui brasse toute l`histoire de la Chine contemporaine. Un très grand bonheur. Orphelin de m`en être sorti. Sinon, D`écrire, j`arrête d` Alain Nadaud aux éditions Tarabuste. Un voyage en Tunisie, aujourd`hui, grâce à un écrivain véritable que l`édition dédaigne.
Le sujet, la collision du rock and roll et de la manifestation algérienne d`octobre 1961 me trottait dans la tête depuis un moment. le rock naissant, c`est la bande son de la guerre d`Algérie. On torture et les Chaussettes Noires font un tube avec « Tu parles trop ». Et le temple du rock, le Golf Drouot, se trouvait à Richelieu Drouot, sur le parcours de la manifestation.
L`occasion s`est présentée quand Aïssa Derrouaz, le fondateur des éditions Ad libris m`a contacté et m`a demandé si j`avais une idée de scénario autour du 17 octobre, un événement qui a marqué sa famille. Je lui ai proposé un synopsis qu`il a accepté, et Mako est entré en piste.
Non, ce n`est pas une question de marketing. J`ai appris à lire dans la bande dessinée, mes premières rencontres avec les « héros » se sont produites dans les cases des illustrés. Et je pense que des dessinateurs comme Tardi, Ferrandez, Juillard, Pinelli, David B. sont de grands romanciers.
Oui, en près de 30 années, le travail des associations, des écrivains, des cinéastes, des enseignants, a eu pour effet de mettre un sens sous cette date oubliée. Elle commence à figurer dans les livres de cours. L`enjeu essentiel de la qualifier pour ce qu`elle est : un crime d`État.
Cet événement souligne toutes les contradictions de l`époque. Un état qui négocie l`indépendance en ayant dans son sein des ministres jusqu`auboutistes acquis à l`Algérie Française, d`autres qui veulent conserver le Sahara pour le pétrole, le gaz et les essais nucléaires. Un peuple français qui s`est peu à peu rallié à l`idée de la Paix en Algérie. Et une population algérienne de Paris et sa banlieue qui se bat elle pour la victoire et l`indépendance. le peuple français ne sera pas aux côtés des victimes, et le massacre suivant, celui de 9 militants communistes à Charonne, quatre mois plus tard, sera l`occasion d`opérer une sorte de rattrapage dans le non-dit. Et il y aura très rapidement la décision d`amnistie sur les crimes commis pendant la guerre d`Algérie ; amnistie qui se transformera en amnésie. du côté algérien, nombre de dirigeants de la Fédération de France du FLN qui avaient organisé la manifestation se retrouveront dans l`opposition au nouveau pouvoir. On taira leurs actions de l`autre côté de la Méditerranée.
Le scénario est directement inspiré de la tragédie qui a frappé la famille de Fatima Bédar, et le fait que la relation de cette disparition avec le 17 octobre ait longtemps été niée obligeait à cette proximité avec la reconstitution du réel.
Mako : Je suis au service d`une histoire écrite, un scénario très dense, des dialogues et des ambiances soulignées... A moi de rendre le récit le plus narratif possible et de le rendre crédible. Respecter ce que Daeninckx souhaitait.
Je considère le noir comme une couleur à part entière. Mais c`est une évidence qui n`est pas toujours acceptée. J`ai déjà eu à faire à un éditeur qui sous prétexte de mise en couleur d`un album, désirait un dessin au trait uniquement.
J`ai subi des influences, gamin, des lectures de petits formats peu chers, dont la couleur était absente, j`y ai vu le travail de dessinateurs tel que Breccia, Pratt etc... sans savoir qu`il s`agissait d`eux. A l`époque ils ne signaient pas leurs BD. Je crois avoir été très marqué par ces gens là : rester efficace, un noir et blanc tranché au service d`une lecture fluide.
La restitution de cette époque troublée m`est venue sans grande contrariété, presque naturellement. Ce n`est pas très compliqué de rendre l`effet de la pluie sur les pavés par exemple, mais la documentation, fournie par Daeninckx, a été essentielle. Cela m`a rassuré et énormément aidé. J`ai fait quelques recherches complémentaires de mon côté, portant davantage sur les intérieurs, le mobilier d`époque, les voitures, la police etc., toujours dans un souci de lecture crédible du récit ....
Oui, c`est toujours le cas pour mon travail d`écriture. Un destin individuel qui s`inscrit dans un événement historique dont le principal intéressé n`a pas conscience.
Oui, bien sûr. Quand j`ai écrit Meurtres pour mémoire, en 1983, ce regard était déjà présent avec le personnage de Kaïra Guelanine qui s`émancipe en adoptant les rites de la jeunesse des années 60 et que sa famille ne comprend pas.
Rien de précis ensemble, à part des envies de continuer le mano en la mano. J`ai un recueil de nouvelles à paraître au Cherche-Midi, je termine l`écriture d`un roman pour Gallimard. Et un petit livre terminé, illustré par Mako : « Bagnoles tires et caisses » à paraître en novembre chez Jérôme Million.
Dans le 170e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente le parcours de Missak Manouchian, récemment entré au Panthéon, à travers deux bandes dessinées sorties récemment chez Les Arènes BD et Dupuis. Cette semaine aussi, on revient sur lactualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de lalbum Copenhague que lon doit au duo Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Rijsberg, publié aux éditions Dargaud - La sortie de lalbum Le champ des possibles que lon doit au scénario de Véro Cazot, au dessin dAnaïs Bernabé et cest édité chez Dupuis - La sortie de lalbum Lhomme miroir que lon doit à Simon Lamouret et aux éditions Sarbacane - La sortie de lalbum The Velvet underground, dans leffervescence de la Warhol factory que lon doit à Koren Shadmi et aux éditions La boite à bulles - La sortie de lalbum Sept vies à vivre que lon doit à Charles Masson et aux éditions Delcourt dans la collection Mirages - La réédition de lalbum Mauvaises herbes que lon doit à Keum Suk Gendry-Kim et aux éditions Futuropolis
En quelle année se passe l’histoire ?