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Suzanne V. Mayoux (Traducteur)
EAN : 9782070401130
251 pages
Gallimard (05/11/1996)
3.51/5   51 notes
Résumé :
A trente ans passés, Jeremy, orphelin très jeune, épouse Jenny. Plusieurs années après son mariage, Jeremy se penche sur le passé de June, sa belle-mère, qui se bat contre la mort dans une maison de retraite. Jeremy décide d'écrire l'histoire du couple que formaient June et son mari après la Seconde Guerre mondiale. Il découvre que, soudain terrorisé par le mal, incarné par des chiens noirs, June a eu la révélation d'une présence divine en elle et s'est retirée dans... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Déniché sur les rayons rebondis de la bibliothèque d'un couple d'amis lecteurs compulsifs, ce livre constitue une expérience littéraire rare.
Une promesse, d'abord… Celle de découvrir une intrigue qui se déroule à quelques encablures de la maison familiale. Des noms que l'on ne s'attend pas à trouver dans un Folio et que je m'empresse de partager avec vous : Les Salces, Saint-Privat, Saint-Maurice Navacelles, la Prunarède… Ces lieux où j'ai travaillé, randonné, bringué… Ces lieux étranges, étranger moi-même, qui sont devenus miens par les liens que l'on dit sacrés avec une fille de cette terre âpre et envoûtante et, par transmission, mes enfants, donc, irrigués par ce puissant héritage tellurique.
Cette promesse a été tenue au-delà de l'envisageable pour la résonance particulière de certaines passages : la validation par la plume brillante d'un « estranger », que, sur ce plateau peu peuplé bruissent les échos des beautés et des laideurs de l'humanité toute entière, sans avoir besoin de mentionner les paysages géologiques et les richesses biologiques. Des phrases qui donnent sens à ce qui n'étaient jusque là que des ressentis quelque part entre malaise et colère. Ces « chiens noirs », je les connais, je les redoute…
J'ai aussi trouvé des mots qui permettent malgré tout d'envisager, que, même s'il n'y a personne là-haut, l'espoir est encore de mise… Résidant au Pouget, le village où fut tourné « Chien de la casse » (quelle coïncidence), Ian McEwan connaît aussi, par les sens, l'essence de ces terres secrètes… A travers le destin de ses beaux-parents, de ce couple où l'amour et le désamour sont inextricables, le narrateur, calme orphelin, nous plonge tout autant dans le tumulte de ce XX° siècle entre espérances et désillusions que dans l'interrogation introspective sur les tensions entre déterminisme et libre-arbitre.
Le Larzac, dont l'influence déborde largement sur ses terrasses, reflète les luttes ou les alliances entre les aspirations humanistes, les tentations mystiques, les utopies progressistes et les contingences du quotidien. Ici se côtoient les camps militaires et le pacifisme, le véganisme et le pastoralisme, les associations solidaires et les lobbys. Ici où l'on peut faire des pieds de nez aux néo-ruraux, comme inventer des nouvelles formules d'altermondialisme, où l'accent occitan se marie aux sonorités saxonnes. Dolmens, cromlechs, églises, murs de pierres sèches, glacières, hôpitaux, bagnes pour enfants, lavognes témoignent de l'inscription de ces phénomènes dans le temps long.
Les chiens noirs se déroulent aussi à Berlin où ce ne sont pas d' échos dont on parle mais du bruit et la fureur, des projecteurs aveuglants de la notoriété, pointés sur la vie des hommes et des femmes, misérables brindilles emportées dans le vent de l'histoire.
Un livre « Cinq étoiles » même si j'ai mis un temps fou à me plier aux exigences de ce récit qui m'a semblé, au début, obscur comme si je venais de plonger dans un climat digne des docks londoniens ou des novembres larzaciens…
Une expérience plus proche du stoïcisme que de l'épicurisme… Enfin, ce de ce que j'ai cru en comprendre… Un vertige davantage qu'une ivresse… Ça je maîtrise mieux !
Un voyage labyrinthique que je me garderai bien de vous inciter à accomplir sans la recommandation suivante « la direction décline toute responsabilité en cas d'égarement ».
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Ce roman fut une grande découverte. J'avais déjà lu Ian McEwan, mais jamais je n'avais ressenti un tel plaisir de lecture avec les autres livres. Outre la richesse et l'originalité de la trame narrative, le questionnement philosophique qui en découle est également d'une grande densité. Nous avons à faire avec les débats éthiques de l'immédiat après seconde guerre mondiale : le mal, l'intériorité spirituelle, l'Allemagne, l'engagement, la violence des hommes mais aussi de la nature, les grands idéaux politiques comme le communisme et le capitalisme…
Pour faire court, un jeune couple britannique découvre le communisme et s'engagent dans le parti communiste anglais. Pour une juste équité entre les personnes et les peuples, ils sont convaincus du bien-fondé de leur pensée. Bien que l'idéal en prenne un coup avec Staline, Prague en 1956… Bernard, lui, croit en ses idées et devient député pour changer le monde. June, elle, d'abord convaincue, va complètement se métamorphoser suite à un événement passé dans la campagne des Causses en 1946. Elle a du affronter le Mal et a vu sa propre mort en face. de l'idéal communiste, elle se recentrera sur une vision beaucoup plus mystique de l'existence après avoir acheté une bergerie en France. Bien sûr, ils vont rapidement se séparer. Lui regagne Londres et elle restera en France. L'Allemagne joue également un grand rôle. Des camps de la mort et la Gestapo à la chute du mur de Berlin. Encore ce questionnement sur le Mal et l'avenir. Derrière le narrateur qui n'est autre que le gendre du couple, qui épousera leur fille bien plus tard, on sent l'auteur partie prenante de ces interrogations, ce qui rend le roman encore plus palpitant. Je n'insisterai pas sur la métaphore des « chiens noirs » que je vous laisse découvrir. On est pas très loin du chef-d'oeuvre, à mon avis.
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Les chiens noirs, c'est le nom que Churchill donnait aux accès dépressifs qui l'assaillaient; pour June, qui en fait la rencontre bien réelle et brutale au sortir de la guerre alors qu'elle était une jeune communiste convaincue, ce sera le symbole de la découverte du mal, et cette certitude emportera ses convictions.
Cette femme fascine son gendre, le narrateur, qui va à travers elle, son parcours, son ex-mari, sa propre histoire familiale, remonter rien moins que toute l'histoire idéologique du 20ème siècle en passant par le camp de concentration de Majdanek où s'est déchaînée l'horreur nazie, et Berlin au moment où la chute du mur entraîne celle du communisme, pour finir dans une bergerie en France dans un lieu de paix transcendant ces idéologies.

Climat intimiste, rythme lent, introspection lucide, on est bien dans un roman de McEwan chez qui comme toujours l'intelligence du propos l'emporte sur la dynamique de l'action. Ce n'est pas le plus accessible de ses romans, mais pour sa profondeur de réflexion il mérite d'autant plus que l'on s'y laisse porter, aidé en cela par la fluidité limpide de sa plume.
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Jeremy, orphelin très tôt de ses deux parents, a pris l'habitude d'adopter les parents de ses camarades.
Quand il rencontre Jenny, la femme de sa vie, il va spontanément s'intéresser à ses beaux-parents – malgré leur divorce et le peu de relations qu'ils entretiennent avec leur fille.
June – la mère de Jenny – exerce une fascination sur lui et il va entreprendre l'écriture d'un récit sur sa vie. En recoupant son témoignage avec celui de son ex-mari, Bernard, il prend conscience de la difficulté de sa tâche.
Jenny et Bernard se sont rencontrés à la fin de la 2nde guerre mondiale et ont adhéré au parti communiste. Lors de leur voyage de noces dans le sud de la France, la région du Larzac, Jenny va être confrontée à une expérience qui va modifier le cours de son existence : la rencontre de deux chiens noirs. Issus du folklore britannique, personnification du diable, annonciateurs de la mort, ils ne sont pas sans évoquer également la fameuse bête du Gévaudan qui hanta la Lorèze au 18ème siècle. Cette apparition diabolique – on est juste après la guerre, les traces des nazis sont encore profondément présentes – a une résonnance politique certaine. Jenny abandonnera le parti communiste juste après – autre forme de terreur politique.
La conséquence directe de cette apparition sera l'acquisition d'une ferme dans le Larzac, où elle passera la majeure partie de sa vie, d'abord avec son mari et ses enfants, puis seule. Elle suivra une voie de plus en plus mystique, considérant avoir eu une véritable révélation divine.
C'est un roman assez étrange, qui mêle plusieurs épisodes de l'histoire récente – occupation de la France par les Allemands, évocation du camp de concentration qui sera le lieu de rencontre de Jenny et Jeremy, chute du mur de Berlin où se rendra en direct ce dernier en compagnie de son beau-père Bernard, resté fidèle au parti communiste…Il se déroule dans une France qui demeure exotique et mystérieuse pour le narrateur, renforçant son aspect énigmatique. Au final, un récit déroutant qui mérite certainement une relecture…
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J'ai vraiment bien aimé ce roman. La première partie, où on découvre un jeune homme en quête de parents de substitution. La 2ème partie où l'on découvre Bernard et June. Et la 3ème partie où les choses se dénouent.
Je ne connaissais pas du tout cet auteur et je lui ai une certaine fluidité d'écriture. Cette fluidité n'atténue en rien le détail des nombreuses descriptions, à s'y plonger les yeux fermés, même si certaines descriptions sont peut être exagérées, mais après tout c'est un roman, tous les écarts son permis!
Les personnages sont attachants même agaçants parfois, je trouve que c'est une réussite, cela veut dire qu'on se projète complètement du côté des différents protagonistes.
Par contre, il y a quand même plusieurs passages qui m'ont, non pas choqué, mais que j'ai quand même trouvé très ambigu...et suis d'ailleurs étonné que personne ne les ais soulevés ici avant moi, est-ce mon esprit détraqué qui me joue des tours....???
" Quand elle demanda si elle pouvait visiter l'intérieur de la bergerie, elle n'avait pas terminé sa question qu'il était déjà debout et se dirigeait vers la porte d'entrée, au nord. Bernard dit qu'il se sentait trop bien pour bouger. June pénétra à la suite du berger dans une obscurité totale. Il alluma une lampe qu'il souleva à son usage à elle. Elle s'avança d'un ou deux pas et s'immobilisa. Il planait une douce odeur de paille et de poussière. C'était un long volume de grange au toit élevé, partagé en deux étages par un plafond voûté en pierre qui s'était en partie effondré, dans un coin. le sol était en terre battue. June garda le silence durant une minute. L'homme attendait patiemment. quand enfin elle se retourna pour demander: "Combien?", il tenait son prix tout prêt." Et se n'est qu'un exemple.
Bref j'ai bien aimé ce roman et le relirait à l'occasion.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Sans une révolution de la vie intérieure, si lente qu'elle soit, tous nos grands desseins ne valent rien. Le travail que nous avons à accomplir est en nous, si nous voulons un jour être en paix les uns avec les autres.
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Tout ce que j'ai accompli qui ait la moindre valeur, il m'a fallu le faire seule.A l'époque, ça m'était égal. Je m'en satisfaisais - soit dit en passant, je n'ai pas recherché le bonheur. Le bonheur est quelque chose d'occasionnel, un éclair estival.Mais ce que j'ai trouvé, c'est la paix de l'esprit, et tout au long de ces années j'estimais que j'étais très bien toute seule. J'avais ma famille, des amis, des visiteurs. J'étais contente quand ils venaient, contente quand ils partaient. Mais à présent...
[...]
- Lorsqu'on m'a révélé la gravité de ma maladie et que je suis venue m'isoler pour la dernière fois, la solitude s'est mise à m'apparaître comme mon plus gros échec. Une énorme erreur. Vivre bien, ça sert à quoi si l'on est seul ?
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Le moyen le plus simple de remplacer un parent manquant, c'est d'en devenir un soi-même ; pour secourir l'enfant abandonné que l'on porte en soi, le mieux est encore d'avoir des enfants à aimer.
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Cela me faisait du bien de m'occuper d'elle. C'était une façon de rester civilisé et de d'oublier mes propres problèmes. Il s'écoulerait deux décennies avant que je me sente aussi enraciné qu'à ce moment-là.

(p. 14 de l'édition folio)
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J'ai passé ma vie à découvrir que dès l'instant où l'on pénètre pleinement dans le présent, on trouve l'infinitéde l'espace, l'infinité du temps, appelle ça Dieu si tu veux...
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Vidéo de Ian McEwan
Rencontre avec Ian McEwan à l'occasion de la parution de son roman Leçons aux éditions Gallimard.


Ian McEwan a passé une grande partie de sa jeunesse en Extrême-Orient, en Afrique du Nord (en Libye), et en Allemagne, où son père, officier dans l'armée britannique, était envoyé. Il a fait ses études à l'université du Sussex et l'université d'East Anglia, où il a été le premier diplômé du cours d'écriture créative créé par Malcolm Bradbury. Insolite et insolente, provocatrice, hautement originale, l'oeuvre de Ian McEwan surprend par ses tours de force de concision et d'humour. L'auteur joue avec les énigmes qui sont l'essence de la narration. Tous ses romans affichent une parenté lointaine, sous forme de simulacre, avec l'énigme policière. Il a publié plusieurs nouvelles et romans pour adultes et, en 1994, le Rêveur, un recueil de nouvelles pour la jeunesse.
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13/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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