Livre très intéressant mais le néophyte s'y perd un peu. J'aime beaucoup l'hypothèse de l'auteur et, clairement, il parvient à nous démontrer que la fin de l'empire romain n'est pas une période décadente et de barbarie tel qu'on la décrit souvent. Elle a été riche d'innovations dans bien des domaines. Malheureusement, je ne suis pas un grand connaisseur de l'histoire romaine et je dois bien avouer que je perdais parfois le fil de l'ouvrage. Ce n'est donc pas vraiment un livre d'initiation.
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La continuité est si parfaite qu'il est difficile, sinon même tout à fait artificiel,de situer la limite entre antiquité tardive et moyen-âge byzantin.
Pour nous, qui venons après l'Aufklärung, Hegel et Darwin, la notion de « devenir » est comme naturellement associée à celle de progrès ; pour les Anciens au contraire - on ne le répétera jamais assez -, la genesis, c'est le passage de la puissance à l'acte, du non-être à l'existence, donc avant tout un changement, qui s'oppose à l'immutabilité de l'Être : ce qui a commencé doit nécessairement finir un jour.
Depuis l'origine - enfin, disons depuis Hésiode (l'âge d'or, l'âge d'argent... l'âge de fer) -, les Anciens ont toujours été familiers avec l'idée d'un déclin inévitable.
Pour nous en tenir à Rome, comment ne pas évoquer, avec Santo Mazzarino, le passage où Polybe nous montre Scipion Émilien, le jour même de la prise et de la destruction de Carthage, citer en pleurant les vers fameux de l'adieu d'Hector à Andromaque :
Il viendra le jour où elle périra la sainte Ilion
Et Priam, et son peuple...
Scipion, nous dit Polybe qui était alors à ses côtés, pensait à sa propre patrie et craignait pour elle, en songeant à l'instabilité des choses humaines. Polybe lui-même a formulé, dans son livre VI, une théorie de l'évolution historique : les régimes politiques, assimilés à des organismes vivants, doivent nécessairement passer par trois étapes, la croissance, la maturité, le déclin.
Tous les grands historiens de Rome, Salluste, Tite-Live, Tacite, jettent sur leur temps le même regard mélancolique, expriment la même tristesse devant le déclin commencé. (pp. 120-121)
La civilisation de l'écrit n'aurait peut-être pas survécu si elle n'avait eu pour support que l'humble fonction de ces notaires dont nous avons pu mesurer les limites. L'église s'est trouvée contrainte d'assumer un tel rôle civilisateur. Le christianisme en effet est une religion savante.
la chasse [entendez le spectacle de chasse dans l'amphithéâtre],les bains, le jeux, le plaisir, c'est cela la [bonne] vie.
V
Venari, lauari, ludere, ridere, occ est uiuere,
CIL.VIII,17938.
Ils aiment mieux supporter la dissemblance des moeurs chez ces peuples-là que chez les Romains l'injustice débridée.
Salvien, De gubern Dei ,livre V.
(Au sujet des gens qui quittent le monde romain pour aller vivre chez les :,Barbares )
« Personne ne soupçonne l'existence des Murs Blancs. Pourtant cette propriété a marqué l'histoire intellectuelle du XXème siècle. Elle a été aussi le lieu, où enfants, nous passions nos dimanche après-midi : la maison de nos grands-parents…
Après la guerre, ce magnifique parc aux arbres centenaires niché dans le vieux Châtenay-Malabry, est choisi par le philosophe Emmanuel Mounier, pour y vivre en communauté avec les collaborateurs de la revue qu'il a fondé : Esprit. Quatre intellectuels, chrétiens de gauche et anciens résistants, comme lui, Henri-Irénée Marrou, Jean Baboulène, Paul Fraisse, Jean-Marie Domenach, le suivent avec leurs familles dans cette aventure. Ils sont bientôt rejoints par Paul Ricoeur.
Pendant cinquante ans, les Murs Blancs sont le quartier général de leurs combats, dont la revue Esprit est le porte-voix : la guerre d'Algérie et la décolonisation, la lutte contre le totalitarisme communiste, la construction de l'Europe. Et bien sûr, Mai 68... Une vingtaine d'enfants, dont notre père, y sont élevés en collectivité. Malheureusement, les jalousies et les difficultés nourries par le quotidien de la vie en communauté y deviennent de plus en plus pesantes… Peut-être est-ce une des raisons pour lesquelles cette histoire est tombée dans l'oubli, et que personne n'avait pris la peine de nous la raconter jusqu'alors. Pourtant, beaucoup d'intellectuels, d'artistes et d'hommes politiques y ont fait leurs armes : Jacques Julliard, Jean Lebrun, Ivan Illich, Chris Marker, Jacques Delors et aussi… Emmanuel Macron. C'est grâce à leurs récits et confessions que nous avons pu renouer avec notre histoire : transformer un idéal difficile en récit familial et politique. »
L. et H. Domenach
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