L'histoire n'est au fond guère plus que le registre des crimes, des folies et des malheurs de l'humanité.
Tant que l'humanité continue à accorder plus d'applaudissements généreux à ses destructeurs qu'à ses bienfaiteurs, la soif de gloire militaire sera toujours le vice des personnages les plus exaltés.
Tout homme reçoit deux sortes d'éducation: l'une qui lui est donnée par les autres, et l'autre, beaucoup plus importante, qu'il se donne à lui-même.
Marc Aurèle avait placé auprès de son fils les maîtres les plus habiles dans toutes les sciences. Leurs leçons inspiraient le dégoût, et étaient à peine écoutées, tandis que les Maures te les Parthes, qui enseignaient au jeune prince à lancer le javelot et à tirer de l'arc, trouvaient un élève appliqué, et qui bientôt égale ses plus habiles instituteurs dans la justesse du coup d'oeil et dans la dextérité de la main.
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Une longue suite d’oppressions avait épuisé et découragé l’industrie du peuple. La discipline militaire, qui seule, après l’extinction de toute autre vertu, aurait été capable de soutenir l’état, était corrompue par l’ambition, ou relâchée par la faiblesse des empereurs. La force des frontières, qui avait toujours consisté dans les armes plutôt que dans les fortifications, se minait insensiblement, et les plus belles provinces de l’empire étaient exposées aux ravages, et allaient bientôt devenir la proie des Barbares, qui ne tardèrent pas à s’apercevoir de la décadence de la grandeur romaine.
(Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain ).
L'obéissance passive, qui plie sans résistance sous le joug de l'autorité et même de l'oppression, parut sans doute à un monarque absolu [Constantin] la plus utile et la plus estimable des vertus évangéliques... Les humbles chrétiens étaient envoyés dans le monde comme des brebis au milieu des loups ; et puisqu'il leur était défendu d'employer la violence, même pour la défense de leur religion, il leur était encore moins permis de répandre le sang humain pour la conservation de vains privilèges ou pour les misérables intérêts d'une vie transitoire... On a fait une comparaison odieuse de la conduite opposée à celle des premiers chrétiens qu'ont tenue les protestants de la France, de l'Allemagne et de l'Angleterre, quand ils ont défendu avec intrépidité leur liberté civile et religieuse. Peut-être, au lieu de reproches, devait-on quelques louanges à la supériorité d'esprit et de courage de nos ancêtres, pour avoir senti les premiers que la religion ne peut pas anéantir les droits inaliénables de la nature humaine.
pp. 535-536
Après avoir suivi pendant plus de six siècles les souverains chancelants de Constantinople et de la Germanie, je vais, remontant à l'époque du règne d'Héraclius, me transporter sur la frontière orientale de le la monarchie grecque. Tandis que l'Etat s'épuisait par la guerre de Perse, et que l'Eglise était déchirée par la querelle de Nestorius et celle des Monophysites, Mahomet, le glaive d'une main et le Coran dans l'autre, élevait son trône sur les ruines du christianisme et sur celles de Rome. Le génie du prophète arabe, les moeurs de son peuple et l'esprit de sa religion sont au nombre des causes qui ont influé sur la décadence de l'empire d'Orient, et la révolution qu'il a produite, qu'on peut compter au nombre des plus mémorables parmi celles qui ont imprimé aux diverses nations un caractère nouveau et permanent, nous offrira un spectacle digne d'attirer nos regards.
L'obéissance passive, qui plie sans résistance sous le joug de l'autorité et même de l'oppression, parut sans doute à un monarque absolu la plus utile et la plus estimable des vertus évangéliques.
ll paraît que le système théologique de Julien contenait les importants et sublimes principes de la religion naturelle. Mais la foi qui ne repose pas sur la révélation, manquant d'un ferme appui, le disciple de Platon retomba imprudemment dans les habitudes de la superstition vulgaire; et il semble avoir confondu dans la pratique, dans ses écrits et même dans ses idées, les notions populaires et les notions philosophiques de la Divinité.
p.637
L'empereur Gratien était fort avancé dans sa marche vers les plaines d'Adrianople, lorsqu'il apprit, d'abord par le bruit public, et ensuite par le récit circonstancié de Victor et Richomer, que son collègue impatient avait perdu la bataille et la vie, et que les deux tiers de l'armée romaine avaient péri par le glaive des Goths victorieux.
p.783