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EAN : 9782864806318
288 pages
Presses universitaires de Nancy (13/01/1993)
4/5   2 notes
Résumé :
EAN13
9782864806318
ISBN
978-2-86480-631-8
Éditeur
Presses Universitaires de Nancy
Date de publication
1993
Collection
Germaniques
Nombre de pages
288
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
300 g
Langue
français
Code dewey
150.195
Fiches UNIMARC
UTF-8 / MARC-8
Que lire après Les sept sermons aux morts de Carl Gustav JungVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre n'est plus réédité depuis un moment. Normal, il est trop cool. C'est comme « Réponse à Job » de C. G. Jung : plus réédité non plus depuis des décennies. On pourrait sans ambages affirmer que le monde de l'édition vivote dans un entre-deux limbique peuplé par ces mêmes morts qui viennent se lamenter auprès de Basilide dans les « Sept Sermons aux Morts ».


Christine Maillard propose plusieurs mets fort croustillants : une traduction du texte original de Jung, bien meilleure que celle proposée dans la version de l'Herne ; une interprétation érudite du texte ; une lecture comparée avec l'oeuvre globale (l'à-venir) de Jung. C'est dense, c'est riche, c'est fou. Si on avait aimé les SSAM, on avait pensé toutes ces choses-là, mais jamais on n'aurait su les exposer et les dire avec un tel art de la condensation et de l'expansion. C'est l'amour qui se fait théorie sans jamais s'assécher.


Jung s'était amusé à nous présenter un certain Basilide d'Alexandrie, gnostique des premiers siècles, mystification qui suppose de se découvrir à soi-même un initiateur qui permettra au mort que nous sommes (le névrosé) d'atteindre le Soi en accomplissant son individuation.


Ce commentaire des SSAM ne permet pas seulement de comprendre le texte, à lui-même particulièrement intéressant en ce qu'il caractérise la centroversion de Jung suite à sa rupture avec Freud, mais aussi parce qu'il permet de s'imprégner de l'oeuvre entière de Jung et d'en comprendre les moindres subtilités. En fait de gnosticisme, Jung se réfère surtout à des principes connus de l'hindouisme (prakriti, âtman, brahman). Il pioche dans les trois Livres des Morts de notre humanité (égyptien, gnostique, taoïste) mais ne s'identifie jamais exclusivement à l'un ou à l'autre.


Tout, dans l'oeuvre de Jung, procède de cette différenciation fondamentale pour distinguer notre nature réelle de celle qui procède des identifications et des projections. Si Jung se moque autant des Morts de ses Sermons, disant qu'ils sont effrayés par les propos de Basilide parce qu'ils sont des « Morts chrétiens », c'est parce qu'il construit une « religion de la sortie de la religion », condamnant le christianisme exotérique pour avoir projeté le Soi sur le Christ, et pour l'avoir soustrait à l'homme empirique. « C'est pourquoi le christianisme est la religion de l'inachèvement de l'homme, de la déchirure entre l'homme empirique condamné à s'expérimenter dans sa nullité, et l'homme transcendantal dont le modèle christique est une projection ». Si Basilide vient d'Alexandrie, ville de la conjonction de l'Orient et de l'Occident, c'est parce que Jung a voulu faire se rejoindre les deux traditions pour nous permettre de sortir de l'inachèvement dans lequel le christianisme a poussé l'homme occidental.


Jung n'est compliqué que pour celui qui ne voudrait pas amorcer le chemin de l'individuation. Sinon, ce mec donne des ailes, et Christine Maillard nous le rappelle encore une fois.


« En réponse à ceux qui avaient tué le monde de l'âme au nom du dogme de la raison, comme à la vision religieuse classique du christianisme, Jung propose une troisième voie ; celle de la pure et simple expérience de l'âme qui se vit, depuis la fondation du monde, comme un mythe. Pour Jung, le mythe se vit au quotidien, dans chaque geste, chaque rencontre, à travers les phases de l'existence humaine, qui redevient alors le parcours initiatique qu'elle n'avait cessé d'être qu'aux yeux de ceux qui vivaient sous l'ordre de la foi ou sous celui de la raison. »
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Citations et extraits (75) Voir plus Ajouter une citation
Le texte s’adresse à tous les humains en quête du sens (« ce qui est encore sans réponse »), à tous ceux qui vivent un conflit éthique, une « collision de devoirs » (« ce qui est en quête de solution »), et plus généralement à tous ceux qui souffrent, qui vivent douloureusement leur incarnation (« ceux qui sont en mal de délivrance »).
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L’individuation se comprend, avant toute autre tentative de définition, par son opposition à toute intégration dans une instance collective. […] L’individuation pousse à la rupture, qui considérée d’un point de vue collectif, fait de l’individuation une faute […]. Etre capable de mourir aux valeurs collectives est la première condition de l’individuation, et cette vacuité créée par l’effondrement d’un système de normes fiables est générateur d’une angoisse qui a tôt fait de ramener à l’intérieur du système maints candidats à l’émancipation. L’adieu aux valeurs collectives n’est rien d’autre qu’une « entrée en solitude, dans le couvent du Soi intérieur » [Jung, G. W.], une sorte de mort initiatique, condition de possibilité de la « seconde naissance ».
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L’interaction des deux principes opposés, chacun double (et formant ensemble une quaternité) est la condition de la coniunctio. Ce qui signifie, sur le plan éthique, que le bien périra de son propre mal s’il n’est pas fécondé et incité à se dépasser lui-même par l’échange avec le mal ; que la conscience s’atrophie de sa propre entropie si elle n’est pas confrontée à l’Ombre qui met en route la fonction transcendante. C’est dans cette mesure que tendre vers le bien est un mal.
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La première [voie possible pour le devenir posthume des êtres], que l’on pourrait appeler « entropique », se définirait par le complexe destruction-chaotisation-errance-rejet dans le cycle des renaissances. La seconde est la voie néguentropique, celle de l’accession de l’âme à sa destination principielle, à sa dimension incréée, divine voire supra-divine. En termes jungiens, la première consiste en une résorption dans l’inconscient, […] la seconde est la voie de la conscience.
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Il s’agit […] d’enseigner aux âmes à savoir distinguer le Principe absolu de sa manifestation, afin que, ne s’identifiant plus à la seconde, elle puisse reconnaître son identité essentielle avec le premier.
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