Le texte s’adresse à tous les humains en quête du sens (« ce qui est encore sans réponse »), à tous ceux qui vivent un conflit éthique, une « collision de devoirs » (« ce qui est en quête de solution »), et plus généralement à tous ceux qui souffrent, qui vivent douloureusement leur incarnation (« ceux qui sont en mal de délivrance »).
Il s’agit […] d’enseigner aux âmes à savoir distinguer le Principe absolu de sa manifestation, afin que, ne s’identifiant plus à la seconde, elle puisse reconnaître son identité essentielle avec le premier.
L’interaction des deux principes opposés, chacun double (et formant ensemble une quaternité) est la condition de la coniunctio. Ce qui signifie, sur le plan éthique, que le bien périra de son propre mal s’il n’est pas fécondé et incité à se dépasser lui-même par l’échange avec le mal ; que la conscience s’atrophie de sa propre entropie si elle n’est pas confrontée à l’Ombre qui met en route la fonction transcendante. C’est dans cette mesure que tendre vers le bien est un mal.
Jung reprochera toujours à la religion chrétienne d’inciter l’homme à refouler son ombre, attitude qui est à la source de toutes sortes de névroses.
Lorsque l’énantiodromie, l’inversion des tendances, se produit sur le plan collectif et que des peuples entiers sont saisis par les « puissances », il est trop tard. Il faut que la fureur des dieux se passe.
L’individuation se comprend, avant toute autre tentative de définition, par son opposition à toute intégration dans une instance collective. […] L’individuation pousse à la rupture, qui considérée d’un point de vue collectif, fait de l’individuation une faute […]. Etre capable de mourir aux valeurs collectives est la première condition de l’individuation, et cette vacuité créée par l’effondrement d’un système de normes fiables est générateur d’une angoisse qui a tôt fait de ramener à l’intérieur du système maints candidats à l’émancipation. L’adieu aux valeurs collectives n’est rien d’autre qu’une « entrée en solitude, dans le couvent du Soi intérieur » [Jung, G. W.], une sorte de mort initiatique, condition de possibilité de la « seconde naissance ».
Par son centre, chaque individu aurait le pouvoir de communiquer à tout moment avec le tout, et ce centre, le Soi, serait le lieu de la complétude, de la totalité à partir duquel toujours pourrait être complété le point de vue conscient, fragmentaire et partiel.
L’absence de liberté est le lot de ceux qui ne savent pas composer avec l’Ombre, ceux qu’effraie le commerce avec le Diable comme ceux qui une fois entrés en contact avec lui, restent prisonniers de ses liens.
Saisir le mouvement de l’absolu dans les êtres et les choses et non pas s’efforcer de prouver en quoi ceux-ci coïncident ou ne coïncident pas avec cet absolu, telle semble être la préoccupation de la métaphysique chinoise, fondamentalement relativiste.
Pour certains patients, la « guérison » consiste à pouvoir fonctionner à nouveau dans le cadre d’un système symbolique prédéfini par le dogme. Leur chemin ne mène pas au-delà, et il serait dangereux de prétendre les entraîner sur des sentiers plus aventureux, où ils seraient obligés d’avancer seuls.