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Voici mon retour de lecture sur Que quelqu'un le fasse ! de Soline Lippe de Thoisy.
À l'arrière d'un taxi collectif, Élise fuit vers le bidonville d'Ocean View. Elle laisse derrière elle le corps gisant de Jaco, sa dernière victime.
Quelques mois plus tôt, alors directrice d'un vignoble en Afrique du Sud, Elise s'apprête à licencier le viticulteur qui a giflé une domestique.
Le propriétaire du vignoble, un chatelain bordelais dont la fortune remonte à la traite négrière, l'en empêche. La domestique était insolente, justifie-t-il, et la gifle méritée.
Une rage sourde envahit Élise.
Ce même jour, elle reconnait épouvantée dans les traits d'un ami du propriétaire l'agresseur d'une étudiante, vingt ans plus tôt, sur le campus universitaire où vivait Élise.
Pour la jeune femme, c'en est trop. Elle quitte tout, entre dans la clandestinité et prend les armes.
Portée par une vengeance insensée qu'elle endosse au nom de toutes les femmes, elle se lance dans une chasse folle de Stellenbosch aux quais de la Garonne.
Que quelqu'un le fasse ! est un très bon roman, marquant et que je ne risque pas d'oublier de suite.
le personnage d'Elise ne plaira pas à tout le monde par rapport à sa vengeance, à sa façon bien à elle de penser, de voir les choses. Elle risque de diviser les lecteurs.
Sans cautionner son comportement, j'ai été touché par cette femme, dont j'ai compris le geste, la vengeance, malgré tout.
Le dénouement m'a plu, même si cette fin est un peu différente de ce que j'aurais imaginé. Mais elle est cohérente avec notre société.
Que quelqu'un le fasse ! est un roman, fort, très actuel, qui parle de la traite négrière, du mouvement #MeToo, de féminisme. Il se passe de nos jours et évoque la pandémie que nous venons de vivre. Il parle avec beaucoup de justesse du comportement parfois immonde de certains hommes envers les femmes. Il parle aussi du déni, qui peut résulter d'un choc intense et faire oublier des évènements traumatisants.
L'histoire fait parfois des allers retours entre certains lieux et certains périodes. Mais à aucun moment je ne me suis perdue car ils sont bien identifiés.
J'ai apprécié qu'il se déroule en partie en Afrique du Sud, dont le passé est fort, marqué par l'Apartheid.
L'écriture de Soline Lippe de Thoisy est fine, pointue. Elle va au fond des choses sans en faire trop.
Que quelqu'un le fasse ! est une très bonne surprise que je recommande à tous et note 4.5 étoiles.
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Mais que s'est-il donc passé pour qu'Elise, une jeune femme à priori sans histoire et d'un naturel discret devienne une meurtrière capable de commettre d'horribles crimes de sang-froid ? Quels ont été les éléments déclencheurs qui ont donné l'envie à cette Française venue travailler en Afrique du Sud de se venger pour toutes les femmes, car, il fallait bien " que quelqu'un le fasse ".

Dans ce quatrième roman, Soline Lippe de Thoisy nous propose ici un livre fort qui dénonce les violences faites aux femmes et ceci d'une manière peu commune, car son personnage, Élise, par ses actes de "terrorisme féministe" va devenir un véritable modèle pour ses convictions et ses actes commis. J'ai beaucoup aimé la manière dont Soline a abordé le sujet car cette lecture m'a profondément touchée et risque malheureusement de parler à de nombreuses femmes.

J'ai aussi beaucoup apprécié le dépaysement que m'a procuré cet ouvrage où l'auteure a habité quelques années. J'ai pu découvrir un pays plein de contrastes où les magnifiques vignobles côtoient des bidonvilles. Par ses descriptions très précises, Soline nous offre une totale immersion dans cette région viticole et nous n'avons plus qu'à fermer les yeux pour nous représenter ces paysages. L'auteure nous montre également une autre réalité moins reluisante car ce roman sociétal nous fait prendre conscience que même si l'apartheid est terminé depuis plus de trois décennies, il en reste toujours des vestiges. Il demeure toujours des inégalités entre les populations.

Je tiens à remercier Soline et les Éditions Ex Aequo qui m'ont offert la possibilité de découvrir un roman engagé d'une grande ouverture d'esprit qui pousse à la réflexion. Comme évoqué précédemment, cette lecture m'a énormément touchée et je pense qu'il faut être dans de bonnes conditions pour le découvrir car il peut être assez perturbant. .


J'ai été très contente de pouvoir rencontrer Soline avec qui j'ai pu échanger. J'ai pris beaucoup de plaisir à l'écouter nous lire des extraits de son ouvrage dont la lecture offrait une autre dimension et une certaine puissance au texte.
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Élise, directrice d'un vignoble sud africain, remet sa vie et ses valeurs en question suite à des violences observées dans l'exploitation. Une gifle à une employée âgée puis un mauvais souvenir ravivé par la présence d'un invité la mène à un constat : ici, comme ailleurs dans le monde, les femmes sont maltraitées, humiliées, assassinées. Il faut que ça cesse. Élise prend les armes. La violence se retourne contre les oppresseurs et la vengeance s'abat, pas aveugle mais bien précise, de Stellenbosch aux quais de la Garonne.

Élise est un personnage entier, pas une justicière de l'ombre : elle veut que ça se sache et elle assume pleinement, pas de regret, pas de remord. Elle risque d'être abandonnée de tous pour aller au bout de ses convictions. Si rien ne semble changer les choses quant aux violences faites aux femmes, la peur, au moins ici, changera de camp. Et c'est l'éternel débat sur le fait de faire justice soi même, l'emploi d'une réponse (dis)proportionnée à l'attaque et autres réflexions philosophiques sur la justice, la légalité et la morale.

Entre traite négrière, violence envers les femmes et les pauvres, destruction de l'environnement, enrichissement des plus riches, un roman actuel avec une écriture très vivante qui rend la lecture fluide. Cependant, je ne suis pas friande des allers-retours temporels, ça casse le rythme pour moi, surtout dans un roman court. Les descriptions de l'Afrique du Sud, tant au niveau social que paysager, dans sa misère et dans sa beauté, sont très appréciables, moi qui ne connais pas du tout ce pays.

Cependant, j'avoue que j'ai vraiment eu du mal à commencer ce roman et que parfois, il me tombait des mains, enfouie sous la couette…Je ressors mitigée de ma lecture sans savoir trop pourquoi : sujet trop éprouvant? Pas le bon moment? Trop d'ellipses et de fluctuations temporelles?

Je remercie Babelio et les Editions EX AEQUO pour cette Masse Critique.
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Une lecture pour le moins offensive !

Sur le papier, si on me propose une lecture axée #metoo je pense d'abord: bof.Non pas que le mouvement ( le combat plus exactement) ne m'intéresse pas, bien au contraire, mais j'aurais juste peur de tomber sur une auteure opportuniste qui surfe sur la vague. 
La réalité est tout autre.

Commencer le livre en apprenant dans le prologue que l'auteure a subi une agression sexuelle, longtemps enfouie dans les méandres de son esprit, m'a tout de suite offert une autre vision. Elle et moi nous avions donc ce point commun, que nous devons partager avec des millions d'autres femmes...Et j'ai compris la colère. 

" Que quelqu'un le fasse !" est une fiction, mais il est impossible de ne pas associer la colère de son héroïne principale, Elise, à celle sûrement contenue trop longtemps de son auteure. 

J'ai été saisie par l'écriture tellement vivante et terriblement vibrante, où on ressent pleinement la frénésie, la rage même, d'Elise..et surtout cette fièvre de vengeance qui rythme tout le récit...

Ce livre c'est l'histoire d'un vase trop rempli qui déborde et qui emporte tout, et crée une vraie déferlante de haine qui s'abat sur les hommes. Ces hommes qui depuis toujours ont gagné le droit de tout sur des femmes par le simple fait d'être né homme et qu'Elise fait payer pour rétablir l'équilibre. 

Ce livre c'est aussi la mise en exergue de la dure place des femmes en Afrique, certains passages sont durs à lire car penser à leur condition, bien plus compliquée encore que la nôtre, est une souffrance évidemment. 
Bref, vous l'aurez compris, on ne peut pas être insensible à cette histoire ! 

Si toutefois il y avait besoin de le préciser: je ne pense pas que chaque homme est un salaud, ni que répondre à la violence par la violence est une solution.Mais par contre je pense, comme beaucoup, qu'en tant que femme tout est plus dur, à tout point de vue, et que la révolution sociale qui met doucement fin au règne du patriacat et de la misogynie en libérant la parole est une évolution qu'il était temps de voir éclore. 
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Les murmures du Cap (2017) m'avait beaucoup plu il y a cinq ans. Quant à L'Ile des Rois (2014) que j'ai lu l'été dernier après l'avoir longtemps snobé car je pensais à tort qu'il n'était pas fait pour moi, il s'est révélé être un grand coup de coeur. Lire le dernier roman de Soline Lippe de Thoisy s'imposait donc comme une évidence.

La romancière française installée depuis de nombreuses années en Afrique australe signe avec Que quelqu'un le fasse! (2022) un roman engagé dans lequel elle dénonce les violences à l'encontre des femmes tout en nous livrant quelques informations sur l'histoire de l'Afrique du Sud et sa situation socio-économique actuelle.

Elise est directrice d'un vignoble très prospère à Stellenbosch, dans la province du Cap-Occidental. Lorsqu'un énième abus de pouvoir à l'encontre, ce jour-là, d'une vieille employée noire n'est pas sanctionné comme il le devrait par le propriétaire bordelais en visite en Afrique du Sud, c'en est trop pour Elise. Incapable de supporter plus longtemps les diverses violations des droits humains qui sont commises quotidiennement au sein du vignoble notamment par le contremaître afrikaner, elle disparaît du jour au lendemain sans laisser d'adresse.

Que quelqu'un le fasse! est la chronique non linéaire d'une vengeance meurtrière. Celle d'une femme aveuglée par une rage sourde trop longtemps contenue qui après une injustice de trop décide de radicalement changer de vie et de se consacrer à la traque de trois hommes bien précis qu'elle est déterminée à faire payer pour leur arrogance et leur violence.

Intimement convaincue que l'inaction est synonyme de complicité, elle se lance corps et âme dans une lutte acharnée contre l'humiliation, l'oppression et la domination. le combat qu'elle mène revêt un caractère universel et est voué à faire entendre les voix de toutes ces femmes qui n'en ont pas, de toutes celles dont la vie a été « interrompue » par les hommes. En Afrique du Sud et en France, Elise sévit.
(...)
Bien que son roman, précédé d'un avant-propos d'une sincérité bouleversante, se veuille un pamphlet contre l'oppression des femmes, Soline Lippe de Thoisy se garde de verser dans le manichéisme simpliste et naïf. Son regard sur les rapports de force et les enjeux de pouvoir, quels qu'ils soient, est lucide et nuancé. Elle évoque ainsi la façon dont certains événements majeurs ont marqué et fortement déséquilibré les rapports de force à l'oeuvre au sein de la société sud-africaine: la colonisation européenne, la traite négrière, l'Apartheid, ou encore les terribles conséquences économiques de la pandémie du covid-19 sur les habitants déjà bien trop vulnérables des bidonvilles du Cap.

Si je regrette que Que quelqu'un le fasse! n'ait pas été un peu plus long, il n'en reste pas moins que j'ai apprécié ma lecture. La plume de l'autrice est toujours aussi précise et agréable à lire et se décline en diverses tonalités: parfois neutre et factuelle en raison de son caractère informatif, parfois drôle et mordante (pauvre Jean – haha) ou encore engagée. Enfin, le choix et le traitement des thématiques abordées reflètent une certaine vision de la vie que je partage. Vivement le roman suivant!

(A lire aussi sur le blog)
Lien : https://livrescapades.com/20..
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Elise est troublante, déterminée, implacable tout autant qu'elle est fragile, apeurée et sensible. J'ai eu le sentiment, dès les premières pages, qu'elle devenait une amie, très proche qui me chuchotait à l'oreille. « Ne t'inquiète pas, je suis là. » Je penserai à elle la prochaine fois que je serais effrayée parce que ce personnage m'a totalement embarquée dans son histoire. Evidemment, tuer n'est pas une option dans la réalité mais qu'il est bon d'avoir Elise à ses côtés. J'espère que beaucoup d'hommes liront ce livre. S'ils pouvaient toucher du doigt pourquoi certaines personnes attendent plus de 30 ans pour parler. N'avoir violé personne ou ne pas être sexiste, ca n'est pas suffisant, vraiment pas ! Alors, oui, même si ca n'est pas permis « il fallait bien que quelqu'un le fasse ». Merci à Elise et merci à Soline Lippe de Thoisy pour son roman qui m'a touché infiniment.
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Élise vient de tuer un homme. Et ce n'est pas la première fois.
Cet homme s'appelle Jaco, elle voulait le faire licencier pour avoir molesté une domestique prénommée Myriam. Il aurait pu porter un tout autre nom. Ou ne pas en porter du tout. Il n'est qu'un homme après tout, un symbole, un pantin. Il a giflé Myriam, et j'ai tremblé avec elle d'une rage montée d'un coup comme un raz de marée. Ce coup n'était même pas une surprise… Jaco est un homme qu'on a élevé, éduqué à grands coups de valeurs dévoyées dans cette Afrique du Sud qui ne s'est jamais vraiment relevée de l'Apartheid. À travers l'écriture fine et ciselée de l'autrice, on le comprend presque, cet homme. Sans lui trouver d'excuse, on suit son cheminement de pensée, lui qui a grandi sur le terreau immuable de la haine, à travers le récit de l'héroïne. Aurait-il seulement pu être autrement ?
Soline Lippe de Thoisy réussit le tour de force de poser ces bases dès le début du roman sans tomber dans le manichéisme facile des histoires de violences infligées aux minorités ou aux opprimés. Aucun personnage n'est parfaitement bon ou mauvais, chacun est le fruit de son histoire, un héritage de plusieurs siècles, un maelström de souvenirs qui reviennent d'un seul coup et viennent faucher l'élan du quotidien. Quel a été le déclencheur exact ? Peu importe.
À un moment, ce fut trop. Et Élise s'est soulevée, et toutes les femmes avec elle.
« […] tellement certains de la soumission des femmes, les hommes ne se méfient pas. Dans leurs nuits intranquilles, quand même garder les yeux fermés ne suffit plus à ignorer le voile qui se lève sur la grande tartufferie qu'est leur domination […], ils ignorent la rage qui monte, immédiate et silencieuse, de celles qui dorment à leurs côtés. »
Elle a tué, oui. de sang-froid,… non. Il n'y a rien de froid dans cette chasse folle à l'intégrité perdue. Elle a tué avec cette violence même qu'elle a ressentie, vue, subie dans sa chair, dans la chair et l'histoire de celles qu'on n'a jamais vraiment écoutées, que l'on a mises en doute, ridiculisées, battues, humiliées, encore, et encore.
Alors oui, ce fut trop. Et c'est ce trop qui nous aspire tel un vortex dans ces lignes, une écriture juste et nerveuse, enlevée et très addictive. Cette quête de vengeance nous fait voyager dans des paysages décrits avec une vraie délicatesse, dans une ambiance que l'on ressent comme un larsen, une tension sous-jacente, impalpable, mais impossible à ignorer.
C'est, je crois, ce qui m'a plu en tout premier lieu dans cette écriture : ce je ne sais quoi qui fait qu'on ne peut poser le livre, ce frémissement nerveux sous les mots, telle une rage contenue que l'on sent prête à déferler.
J'ai particulièrement aimé la complexité des personnages, jusqu'à cette héroïne que l'on ne peut totalement approuver dans ses gestes et pourtant… que l'on comprend tellement…
Jusqu'à cette fin tout sauf attendue et prévisible, l'autrice nous mène de ligne en ligne sans temps mort. Une très belle découverte que je ne peux que recommander avec une petite prévention : travaillez votre apnée, certains passages vous font perdre souffle, écumer de rage et donner en pensées par nous-mêmes le coup fatal. Parce que… on se l'est tous dit au moins une fois, n'est-ce pas… il fallait bien que quelqu'un le fasse !

Une fois n'est pas coutume, je finirai par un mot sur le commencement. L'avant-propos de ce roman m'a heurté avec la force d'un train. Alors je vais oser une chose que je n'ai jamais faite : je vais emprunter les mots si beaux, si forts, de cette autrice de talent, et les mettre dans une autre bouche, la mienne, à destination d'une autre personne, qui se reconnaîtra peut-être.
Parce qu'on n'oublie jamais.
Et que dans cet avant-propos il y a bien plus que des mots. Il y a des poings.
« Ne te méprends pas. Je ne t'oublierai pas. Je ne te pardonnerai jamais. Si par un hasard extraordinaire ma route croise celle d'un de tes amis, d'un descendant, je parlerai et les regarderai se noyer dans la honte. Si un jour maudit le destin te met sur ma route, je te tuerai. »

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Roman court qui relate la violence sous différentes formes, celle faite aux femmes, celle faite aux minorités, celle du racisme. On voyage entre l'Afrique du Sud et Bordeaux avec Elise, personnage principal du livre, jeune femme qui a tout pour être heureuse et dont la vie va basculer.
La vengeance et la violence sont les deux axes du livre, parce qu'il y a eu violence il y aura vengeance.
La violence est à la fois physique et psychologique, elle est parfois innée, parfois grandit avec l'être mais en tout cas elle est partout.
Elise va être le poing levé et armé de toutes ces personnes violentées, tout particulièrement les femmes. Justicière des opprimées, des bafouées, des humiliées, des violées. Tous ces actes barbares et pourtant considérés par beaucoup comme sans importance. Elise est convaincue que toute non-assistance est synonyme de complicité. Que dans ce monde de machisme et de misogynie, Elise s'attaque à l'Homme qui pense que le pouvoir, l'argent, la robustesse physique, sa pseudo suprématie lui confèrent tous les droits.
Ce roman est intemporel, de nos jours de nombreuses femmes plient et baissent la tête, de nombreuses minorités quelles qu'elles soient souffrent de discrimination.
A travers le regard d'Elise on découvre l'Afrique du sud, pays marqué au fer rouge par l'apartheid, et qui malgré sa fin en 1991, en garde les stigmates, et de nombreux afrikaners souhaitent ouvertement le retour de ce pouvoir « diabolique ».
« Que quelqu'un le fasse » chronique d'une traque annoncée de 3 hommes violents et arrogants qui vont payer finalement pour tous ceux qui ont un jour attenté à l'intégrité des femmes.
La réaction de l'amie d'Elise à la fin m'a choquée même si on peut s'y attendre. Comme quoi les clichés et les habitudes ont la vie dure.
La plume de l'auteur est fluide, les mots profonds. Tout est à sa place, sans pleurnicherie ni voyeurisme. C'est bouleversant et criant de vérité.
La lecture m'a secouée, ballotée, a fait remonter des séquences presque oubliées pas si innocentes pour au final me rejeter sur le rivage de cet océan si cher à Elise. Je salue le talent de l'auteur pour faire vivre autant d'émotions dans un format si court.
Mention spéciale à l'avant-propos qui tel un boulet de canon m'a heurtée de plein fouet tellement il est puissant et que toute personne peut s'approprier.
Je remercie les Editions Ex Aequo pour leur confiance.
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C'est un roman court (152 pages) mais bien ficelé que nous propose @solinelippedethoisy_ecrivain
Élise, le personnage principale, a été témoin de violences faites aux femmes.
Elle va rendre sa justice avec dans l'esprit l'impression d'accomplir une mission d'intérêt général et de venger les femmes en particulier.
La violence est au coeur de cette histoire qui prend sa source d'un corps féminin bafoué.
Il y a la violence physique et la violence psychique.
Il y a la violence quotidienne et la violence accidentelle, maladroite qui peut faire encore plus mal.
L'auteure nous fait également découvrir l'Afrique du Sud et les inégalités qui frappent la population noire.
Une plume à découvrir et une très bonne lecture.
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« Où l'air sent l'océan et le citron… où les rangs de vignes ressemblent aux portées de notes d'une partition envolée que le vent aurait déposée sur le flanc de la montagne… Élise s'était faufilée par la porte d'entrée en bois sombre décorée de clous de laitons et de fleurs de lotus sculptées. »

Poésie de l'auteure, Soline Lippe de Thoisy déroule devant nos yeux admiratifs les couleurs de l'Afrique du Sud. Nous voici plongés dans un drame sang et or.

Tragédie grecque, lyrisme et pulsion de mort, esclavage, revanche féminine face à l'ordre mâle blanc viril aux idéaux délétères.

Symbole d'un monde révolu mais encore à l'oeuvre, Jaco est ce patron machiste et impitoyable. S'appuyant sur des écrits bibliques instrumentalisés, il brutalise exploite et humilie ses ouvriers qu'il traite en esclaves.

S'oppose à lui Élise, archétype de la femme libre émancipée. Enfer, violence des townships. Grand domaine vinicole, propriété d'un Français de Saint Émilion venu investir en Afrique du Sud où il emploie de loin, déléguant à Jaco les tâches d'encadrer moult ouvriers et domestiques dans son domaine, dont la pauvre vieille Myriam surexploitée, humiliée.

Climax du roman : l'acte sacrificiel d'Élise, « Que quelqu'un le fasse », qui prend le risque ultime : libérer cette vigne de son infâme patron, verser le sang de Jaco… Mais les souvenirs d'étudiante fusent dans la tête d'Élise, les viols à l'Université. Tout cela devient insupportable, alors le mantra s'impose de nouveau dans son esprit « Que quelqu'un le fasse ».

Un notable, le Juge Cavanot – bourgeois grassouyet, sera bientôt dans sa ligne de mire : sa vie s'effacera. Un troisième homme imbu de son pouvoir paiera également… La résilience sous forme de quête de réparation aura ainsi atteint son but ultime : rendre justice à ces femmes salies, leur rendre au moins de façon posthume leur dignité. Entre-temps Élise avait rêvé l'union avec Félix. Son bel amour de jeunesse s'avérera impossible.

Desmond Tutu surnommait l'Afrique du Sud, « Nation arc-en-ciel », Soline en représente alors les plus belles couleurs. Poésie Puissance et Passion, trilogie lyrique au sein de laquelle Élise, au prix du sacrifice total change le cours du destin.

Subtilement, en filigrane, des fragrances de Marguerite Duras, Christine Angot et Tristane Banon émergent. Une auteure entre dans le cercle des Grandes : c'est Soline Lippe de Thoisy.


Lien : https://editions-exaequo.fr/..
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