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EAN : 9782710378990
384 pages
La Table ronde (03/01/2017)
3.98/5   24 notes
Résumé :
Il était vingt-trois heures quand Kléber et Sarah, qui venaient de se rencontrer, décidèrent de passer la nuit dans le fort d'Ambleteuse. A cette heure-là, une bombe sale explosait à San Francisco. A cette heure-là, un médecin du centre des maladies contagieuses d'Atlanta se suicidait en s'ouvrant les veines à l'aide d'un scalpel : il venait d'observer dans son microscope la dernière mutation du virus de la fièvre hémorragique de Marburg. A cette heure-là, trois enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Je me souviens comme si cétait hier, de cette fin d'après-midi où je m'en étais allé flâner dans les allées d'une solderie spécialisée dans la revente de stocks issus de sinistres naturels ou financiers.

Comment ne pas penser à Fahrenheit 451 lorsque parmi un lot de livres sauvés des flammes qui étaient encore pour certains couverts des outrages de la suie, je découvris quelques volumes du cabinet noir des éditions des Belles lettres, une collection dirigée par Hélène et Pierre Jean Oswald.


Je ne connaissais ni la maison d'édition ni les auteurs en dehors de Théodore Strugeon dont les romans Cristal qui songe et Les plus qu'humains m'avaient tellement impressionné. J'aurais donc très bien pu en rester là et passer mon chemin. Sans ce recueil de nouvelles de l'auteur des Talents de Xanadu je n'aurais sans doute pas commencé à compulser les autres livres pour y glaner quelques passages au petit bonheur la chance.

Après avoir lu quelques pages d'Une si douce apocalypse et de la grâce efficace j'étais sur le qui-vive car la prose de Jérôme Leroy faisait rentrer quelque chose en résonance en moi. A cette époque j'étais au plus bas, ces textes ont contribué à me faire reprendre du poil de la bête voire de la pelle de la boîte.


Un peu plus tard se tenait un vide-grenier à Lille Fives. L'accorte hasard me poussa vers un stand qui jouxtait le parc de la salle des fêtes et j'y découvris deux autres livres de Jérôme Leroy Départementales et Bref rapport sur une très fugitve beauté qui plus est avec une dédicace de l'auteur et appris que la femme rousse qui les vendait avait connu l'auteur et qu'il enseignait à Roubaix sans qu'elle voulut rentrer dans les détails. Je n'insista pas repartis ravi de ma trouvaille.

Depuis, j'ai eu l'occasion de me procurer une bonne partie de ce que Jérôme Leroy a publié sur la toile ou sur papier et à chaque nouvelle plongée/apnée dans son imaginaire je reste saisi, médusé tant il met des mots sur cette catastrophe lente qui nous tombe dessus à doses de moins en moins homéopathiques, cette fin du monde dont les chiffres sont là. "On ne nous laissait jamais le temps de les mettre en relations les uns avec les autres ou de les énumérer, et pourtant ils étaient là, monstrueux et évidents, placés devant nous comme la lettre volée d'Edgar Poe devant le chevalier Dupin."

Kléber, son double littéraire dans La minute prescrite pour l'assaut , n'a de cesse de chercher un vademecum de survie comme les différents personnages principaux de ses précédents ouvrages au travers de l'engagement, de l'HIstoire, de la littérature, du vin, des femmes et de la musique pour maintenir une certaine forme d'hédonisme dans un monde nauséeux qui nous pend au nez comme une sordide morve gluante si nous ne faisons rien pour moucher les ravages de l'ultralibéralisme qui dévaste la planète et les hommes.

J'ai par moment (souvent) été agacé par ses postures de Dandy stalinien et ses prises de positions politiques qui oscillent entre le situationnisme, le chavisme et l'orthodoxie léniniste mais il n'en reste pas moins vrai que Jérôme Leroy peaufine son style comme d'autres affûtent leur lame pour dénoncer les errements de cette espèce vivante qui n'a plus de relations sociales (ou plutôt cette hystérisation du contact ) que dans les centres commerciaux et promouvoir en creux une autre façon de vivre ensemble.

Au delà de l'aspect prémonitoire de l'oeuvre de Jérôme Leroy (les réfugiés climatiques dans Rêves de cristal , le fichage informatique dans Big sister ) La minute prescrite pour l'assaut est un roman à clés où Jérôme Leroy livre peut-être encore plus explicitement que dans le Cimetière des plaisirs ses affres personnelles, ses références musicales, littéraires et cinématographiques, ses amitiés indéfectibles et en particulier celle qu'il porte à l'éditrice (désignée dans le roman comme la Kolkhosienne aux seins nus) avec laquelle il anime pour de bon le blog provocateur des moissonneuses dont on retrouve au fil des pages du roman l'historique des posts.

Derrière cette posture esthétique il y a une peur de la violence qui tombe sur les autres ; celle du temps qui usait les corps et les lieux aimés; celle sociale qui avait massacré ce cher et vieux pays et qui expliquait pourquoi il continuait [....] à adhérer au Parti communisme français.

Au regard de l'actualité qui annonce jour après jour une nouvelle atteinte aux acquis sociaux et aux droits civiques, on a envie d'imiter ses personnages et d'aller déboucher une bouteille de Chablis sur la plage du Fort d'Ambleteuse dans l'attente de l'inéluctable avec un vague sentiment d'ironie, [...] cette ultime consolation des civilisations exténuées.

Lien : http://muet-comme-un-carpe-d..
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Annoncée, évidente depuis plusieurs années pour Kléber, le héros du livre, la fin du monde est là - attentats et guerre nucléaire, fièvre hémorragique tueuse de masse, enfants accros aux jeux vidéos qui deviennent des assassins sanguinaires, forces spéciales de sécurité qui tuent sans sommation... - une fin du monde causée par la marchandisation, les pavillons de banlieue et les centres commerciaux et surtout par l'acceptation de ce monde.

« Elle se redressa, se cambra pour voir le plan de travail de la cuisine. Il n'y avait plus de cheverny. Qu'est-ce-qu'elle picolait tout de même. Oui, mais elle savait l'Odyssée par coeur. Kléber lui avait souvent dit qu'une fille qui savait l'Odyssée par coeur, tenait l'alcool comme elle et de plus connaissait le sens des mots « procrastination » et « obsidional », tout ça alors qu'elle était née après le premier choc pétrolier, eh bien, une fille comme ça n'avait rien à craindre, même si elle souffrait précisément, d'après lui, de procrastination obsidionale. »

Dans ce chaos, « La minute prescrite pour l'assaut » est un mode d'emploi pour la fin du monde, une ode à la littérature, à Proust, Chateaubriand, à l'Odyssée, au sexe, au plaisir, aux bons vins, au Bollinger vieilles vignes, aux séries B des années 70, à Richard Fleischer et à Amy Winehouse.

L'éloge du plaisir, du contre-courant et de ce qui est inutile.
Un vrai coup de coeur, drôle et tragique.
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Je ne sais pas si c'est le titre qui a influencé ma vision de l'histoire mais je trouve que cette fois-ci on est dans le vif du sujet. le monde hyper militarisé et les modifications dues à la pollution son en vigueur.

Bien entendu, le personnage principal est un prof de français d'une cinquantaine d'année qui transgresse tous les codes légaux de cette période. C'est un homme de « l'ancien temps » qui a son petit réseau d'épicurien, donc de borderline. Pourquoi bien entendu ?!! C'est souvent le cas dans les derniers livres que j'ai lu de Jérôme Leroy. L'auteur étant lui-même prof je superpose parfois les deux images et c'est troublant !

On voit la ville envahie peu à peu par des « travellers » des émigrés climatiques qui ont fuit les pays (comme le Danemark) noyé sous les eaux… et ils ne sont pas les bienvenus !

Les humains trentenaires font parti des « mutants » … premier choc pétrolier (1971 ?)… on est dans un monde ni tout à fait le nôtre ni tout à fait un autre… c'est un peu comme si on explorait un présent parallèle !

L'histoire à comme point de départ Lille et on va un peu bouger.

Il y a des textes en incise entre deux chapitres qui sont écrit plutôt comme des bulletins d'info.

Le petit road-trip de Sarah et Kleber quittant Lille en Mercedez en pleine nuit pour aller à Embleteuse et revenir sur Villeneuve d'Ascq m'a bien plu, car on ressent le temps d'une nuit plusieurs sentiments on sourit, on réfléchi, on est ému…

La France cherche d'autres façons de s'organiser. Zatoc : des villes, des cités ou des quartiers cherchent à vivre en autonomie politique, religieuses et financière. Mais la violence est très présente.

D'autres communautés cherchent aussi à se rassembler autours de valeurs communes, avec une organisation qui utilise les compétences de chacun, par complémentarité.

A travers les confidences sur l'oreiller de Sarah et de Kleber, on découvre d'autres évolutions de la société française.

Une autre narratrice s'immisce dans le roman, c'est la Kolkozienne au sein nu, l'éditrice de Kleber qui à travers ses monologues et son blog éclaire l'histoire avec d'autres données.

La vie continue avec ses rencontres, l'amour, l'amitié et la lutte mais je ne voudrais pas trop vous en dire pour que ce roman garde son charme.
Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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Kléber, un prof quadragénaire d'un collège de Lille, rencontre à une soirée entre professeurs la gendarme Sarah. Ce soir-là le conflit indien se transforme en guerre nucléaire, un virus africain mortel extrêmement contagieux fait ses premières victimes en France, des forces spéciales massacrent des communautés, des enfants shootés au jeu vidéo tuent leurs parents... Entre humour noir, entre-soi littéraire et intellectuel, et désespérée fin du monde, un roman dans lequel le sexe est omniprésent, un peu trop pour que j'adhère totalement.
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Description d'une fin du monde presque probable.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Et si Kléber n’avait eu comme repères les livres qu’il écrivait et publiait, le temps se serait écoulé indistinctement dans l’attente inquiète, désespérée, de ceux que l’on veut combattre à tout prix alors que l’on sait qu’ils vont nous détruire : des cavaliers tartares, des pirates du Farghestan ou les hordes du Grand Forestier.
Nous passons une vie à les attendre, à les espérer. Quand ils arrivent, rien n’est prêt, nous sommes trop vieux, nous serons balayés sans pitié avec, pour les plus chanceux d’entre nous, un vague sentiment d’ironie, l’ironie qui est cette ultime consolation des civilisations exténuées.
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C’était un de mes ultimes plaisirs dans un monde d’où la beauté s’exilait. On avait beau savoir que leur organisation physiologique et psychologique était plus proche de celle de l’androïde avec clitoris que de Paquita, la fille aux yeux d’or, ou de la laveuse blonde et mignonne de Mallarmé, cela restait tout de même un plaisir. Un plaisir doux-amer comme la nostalgie, qui n’est jamais que la douleur du retour. Un peu comme lorsqu’on se promène sur l’Acropole et qu’on se dit : « Ici, on a vécu, mais on ne pourra plus jamais y vivre.
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Le pouvoir comme une pulsion érotique, avec son désir de mort niché tout au fond, car on savait bien, là-haut, dans les Falcon qui brûlaient les derniers hectolitres de kérosène, dans les palais de la République qu’il fallait toujours davantage protéger des groupes extrémistes, on savait qu’il n’y en avait plus pour longtemps.
Fin de règne, fin de tous les règnes, minuit dans les jardins de l’Occident, minuit sur l’Afrique, l’Asie, l’Amérique, minuit sur les pôles qui fondaient, minuit sur les icebergs au large des Açores.
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Les travellers s’infiltrent partout... Tant que vous n’aurez pas mis des barrières électroniques à rayons comme le long du mur israélo-palestinien ou autour de certaines résidences sécurisées des États-Unis qui vous grillent en dix secondes quand on tente de passer sans autorisation – ce que, à titre personnel, je ne souhaite pas du tout –, eh bien les travellers pénétreront toujours dans le labyrinthe des quartiers dangereux, des friches industrielles, des grands projets immobiliers abandonnés à cause des spéculations ratées ou tout simplement du Pic.
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La France ressemblait de plus en plus à une république bananière assistée par ordinateur, au bord du chaos. Flics et gendarmes percevaient leur solde de manière de plus en plus irrégulière. Le Net et les journaux alternatifs tenaient pour certaine l’entrée imminente sur le terrain de forces paramilitaires qui pourraient agir en s’affranchissant de tout cadre juridique.
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Vidéo de Jérôme Leroy
Maître et rénovateur du roman noir français, Jean-Patrick Manchette a réinventé le genre du polar dans les années 1970 et 1980. Nicolas Herveaux invite le spécialiste Nicolas le Flahec et l'auteur Jérôme Leroy pour découvrir ou redécouvrir la vie et l'oeuvre de l'écrivain.
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