Hauts de France. Date estimée : mars 2053.
« Trop penser au passé, c'est le meilleur moyen d'y passer. »
Treize ans que Guillaume a trouvé Lou. Elle devait alors être âgée de cinq ans. Treize ans qu'ils survivent dans cet univers pourri où il n'y a plus de saisons… Plus d'électricité… Plus de vie organisée si l'on excepte de petites communautés généralement dirigées pas un dictateur… Mais par contre, il y a des cybs et des bougeurs…
Les bougeurs… Ces choses qui autrefois furent des mères, des pères, des frères, des soeurs, des enfants, et qui ne sont plus aujourd'hui que des zombies dont la morsure, ou le contact avec une plaie ou un crachat suffit à faire de vous… Un bougeur !
Les cybs, ces êtres abominables dont une seule morsure suffit à vous contaminer et à vous transformer en cyb en vingt-quatre heures… Il apparaît que des chiens aient été contaminés par des cybs, et qu'ils puissent transmettre à l'homme cette maudite contamination en moins de trois jours. Il semble aussi évident que les chiens sont devenus bien plus intelligents. Il suffit de voir comment ils s'y prennent pour attaquer…
Et malgré tout ça, Lou veut un enfant de Guillaume… Un Guillaume qui a toujours vu Lou comme une petite soeur, voire sa fille. Il aurait l'impression de commettre un inceste s'il accédait à la demande de Lou. Et puis… Quel avenir pour un enfant dans un univers aussi pourri ?
Critique :
J'ignore qui a bien pu décréter que « Lou après tout » était un roman pour adolescents. J'ai la conviction qu'il s'adresse à un bien plus large public, notamment les gens intéressés par des univers postapocalyptiques, à la Mad Max, les bagnoles en moins, ou alors en très petit nombre et sans tous les gadgets de ce film culte, la pollution et les virus en prime. C'est sûr que des adolescents devraient apprécier ce roman grâce au personnage de Lou, une fille exceptionnelle élevée par Guillaume qui ne serait probablement plus là s'il n'avait dû prendre soin de cette petite gamine, qui petit-à-petit est devenue sa partenaire de survie.
La description de cette France, tombée en rade suite au Grand Effondrement qui a touché brutalement le monde entier, est rendue crédible par les problèmes de société soulevés par l'auteur,
Jérôme Leroy. Il y est question de pollution, de changements climatiques, de racisme, d'exclusion des plus pauvres, de cyberautisme, d'ultra-dépendance pour toute activité humaine aux réseaux informatiques, de médicaments anxiolytiques… et de dictature. Une dictature assumée par une Présidente qui petit-à-petit rogne les droits des citoyens et en prive certains de tout droit. C'est aussi une profonde réflexion sur le monde de la réalité augmentée où beaucoup finissent par s'enfermer et se perdre au point de devenir des « cyberautistes ».
C'est un roman magnifique que nous offre là
Jérôme Leroy malgré son côté sombre et cauchemardesque. Il y a de très jolies pages sur l'amitié et l'amour pour casser de temps à autres cette ambiance qui est d'autant plus pesante qu'elle paraît parfaitement plausible…
Vivement les deux tomes suivants…