Malgré une bibliographie impressionnante, les incursions du maître
Stephen King dans le genre de la fantasy sont assez rares pour être annoncées, attendues et largement commentées.
Malgré son titre
Conte de fées n'en est pas un.
De nombreux arguments viennent plaider pour ce choix et d'ailleurs, l'auteur, par le biais de son protagoniste le répétera jusqu'à plus soif : non il s'agit pas d'un
conte de fées. La construction du livre, son nombre de passage écartera tout doute potentiel. La manière d'écrire, les sujets traités feront de ce roman quelque chose qui sera destiné aux très grands enfants.
Passons sur la logique consistant à limiter les contes de fées à l'approche d'une certaine firme californienne.
Il faudra être particulièrement patient pour entrer dans le vif du sujet. L'introduction durera longtemps (presque trois cents pages) et aurait pu (avec une rapide conclusion qui retardera encore l'échéance finale) constituer un récit à part entière. Il va ici être question de sujets destinés aux adultes qui auront le bon goût de creuser la psychologie du personnage principal.
L'arrivée dans le conte en lui-même a été retardée pour tenter de donner à cette histoire la possibilité de croire qu'elle pourrait être réelle et que tout un chacun (ou presque) pourrait un jour ou l'autre être amené à y partir.
Hélas, ce qui va servir à attiser la curiosité ne sera plus exploité par la suite.
L'entrée dans ce monde se ferra de manière étonnement rapide.
Après une bonne dose de suspens, le protagoniste, au fil d'une quête qui l'amènera à contacter plusieurs personnages, découvrira (et le lecteur avec lui) l'essentiel de ce qu'il aura à savoir.
Passé ce temps d'initiation et à condition d'avoir accroché jusque-là, la déception arrive pour le lecteur avide de lire une intrigue digne de la fantasy. Il va ici davantage être question de monde post apocalyptique, peuplé de créatures cauchemardesque dans ce qui est une intrigue digne d'un bon roman d'horreur.
La douche sera donc froide, très froide, donc pour bon nombre de lecteurs non avertis…
Malgré tout, l'intrigue, sans être plaisante, laissera des souvenirs. Les personnages secondaires, les épisodes, l'intrigue… tout cela fait, au final, fait un très bon roman à lire sur la période d'Halloween. Mais pour l'apprécier il faudra adhérer au propos et ne pas en attendre autre chose à risque de traîner sa déception sur plus de sept cents pages (en grand format).
Le lecteur à la recherche d'un roman de ce type sera ici comblé. Tous les ingrédients sont ici réunis pour satisfaire les appétits. Quelques déceptions doivent être notés : la résolution du coeur de l'intrigue un brin précipitée, le syndrome du chevalier qui reste malgré tout omniprésent, un monde qui imaginaire qui n'a qu'une utilité purement fonctionnelle et des sbires franchement caricaturaux.
Malgré tout, et à condition de s'accrocher un peu, la lecture de ce roman reste étonnamment facile. Il est à noter que la mise en page avec des sous chapitres courts et de chapitres, présentés à l'ancienne, avec un petit résumé et des dessins, plutôt réussis, y est pour beaucoup. le travail de traduction est particulièrement réussi lui aussi rendant hommage au style de l'auteur.
Une lecture qui devra donc être réservée à un public averti, qui lui pourra y trouver son bonheur…