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EAN : 9782842639747
156 pages
Le Dilettante (02/01/2019)
3.5/5   23 notes
Résumé :
Vincent Delporte, musicien entre deux âges sur le point de partir en tournée, apprend le décès soudain de sa femme, Karen. Il s'étonne de n'éprouver aucun chagrin. Tandis qu'il prend la route, il cherche à comprendre la raison de son indifférence en se remémorant les années passées. Mais les souvenirs ne sont qu'une part de la vérité et l'amour n'est pas ce que l'on croit.
C'est un puzzle, chaque pièce compte. Surtout la dernière.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
On l'a affirmé plusieurs fois sur Baz'art : Kent est un de nos artistes chouchous et ce n'est pas (seulement?) du au fait que l'homme est un lyonnais pur jus.

Il faut dire en effet que notre Kent est carrément né sur les pentes de la mythique Croix Rousse . Figurez vous que, plus tard que la semaine dernière, il a chanté les louanges du quartier et particulièrement du lycée Saint Exupéry ( un lycée situé juste en face de mon domicile, anecdote passionnante s'il en est) sur France Inter, au micro du non moins mythique Augustin Trappenard.

Non, ce qui nous touche vraiment avec cet artiste, c'est qu'il a beau être multi-casquettes ( musicien, dessinateur, romancier), tout ce qu'il touche se transforme en or : Kent témoigne en effet de tant de sérieux et de talent que quelque soit l'oeuvre qu'il crée, celle ci épate par sa maîtrise et sa cohérence, les oeuvres en question se répondant parfois les unes avec les autres.

Ainsi, quand, dans son morceau "L'heure des adieux" ( présent sur son dernier album "la grande illusion) , Kent annonce qu'après une disparition, "il y aura des larmes, il y en a toujours dans ces moments" , "Peine perdue", son nouveau roman raconte, au contraire, l'histoire d'un musicien qui se retrouve l'oeil et le coeur complètement sec, une fois confronté au deuil de la femme qui a partagé sa vie.

Alors que cette tragédie devrait totalement anéantir Vincent (claviériste et compositeur de profession, autant parler d'un milieu que l'auteur connait quand même un peu pour asseoir la crédibilité des situations), ce dernier se rend compte que le chagrin tant attendu n'arrive pas.

On voit ainsi que le titre "Peine perdue- qui aussi celui d'un célèbre roman d'Olivier Adam- sied parfaitement à ce beau livre car Vincent va passer une bonne partie de son temps à chercher en lui sa peine à la manière d'un objet qu'il aurait simplement égaré.

Forcé de se plonger dans ses souvenirs et livrer une introspection forcément douloureuse, Vincent va se rendre compte qu'il n'aimait plus sa femme et qu'il se sentait dépossédé de son vrai soi-même par celle ci, et par les compromissions que la vie de couple implique le plus souvent.

Tentant de se ré-approprier ce qu'il pense être sa vraie personnalité, et profitant de sa vie de musicien en tournée pour se confronter à soi même, Vincent va finalement se rendre compte que la réalité est plus complexe que ce qu'il pensait et que cette souffrance égarée pourrait bien se retrouver là ou il ne pensait pas la trouver.

"En tournée, chacun est ce qu'il veut, certains tombent le masque, d'autres s'en inventent, d'autres encore demeurent eux même."

L'occasion pour Kent, qui a toujours manifesté dans ses chansons et dans ses livres, une vraie inclinaison et une vraie tendresse pour les perdus et les résignés, de "faire la nique " à ce cynique qui s'est trompé sur ce qu'il pensait savoir de sa vie.

L'occasion également de nous offrir une ballade intérieure un peu désenchantée, mais qui a le mérite de n'être jamais nihiliste ni complétement désespérée - on n'est pas chez Houellebecq- sur l'usure du couple et la renaissance d'un être au coeur gelé.

Kent, qui a commencé au début des années 80 à écrire , un peu par hasard, sur proposition d'une jeune éditeur de polars, a eu bien fait de perseverer dans cette voie : avec "Peine perdue", en cet hiver littéraire particulièrement froid, le romancier nous livre un très beau roman qui réchauffe le coeur par sa justesse et son humanité...

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Que faire quand l'amour n'est plus là ? Que faire de ce vide lorsque la personne censée être aimé n'est plus ? C'est d'un simple coup de téléphone que Vincent, musicien d'une cinquantaine d'années, apprend la mort de sa femme, Karen. Ce simple appel va bouleverser les certitudes de l'homme, qui réalise soudainement l'absence de chagrin. Parti sur les routes, scènes après scènes, le claviériste s'interroge sur cette absence de douleur, sur le couple formé avec Karen et l'ascendant de celle-ci, mais part également vers une retrouvaille intérieure. De ce bilan, Vincent remonte le fil d'une rencontre pour en faire de nouvelles, nostalgique d'un passé et d'une vie de liberté. Mais l'était-il vraiment ? C'est avec distance et retenue que Kent nous embarque dans les méandres de l'esprit de son personnage, prit entre l'étau de la mélancolie et des instants volés.

Depuis la mort brutale de sa femme Karen, star du street art, Vincent Delporte se penche avec minutie sur les souvenirs qui hantent son esprit. De cette perte sans douleur, le musicien en fait une introspection intérieure pour mieux s'interroger sur le couple qu'il formait et sur la place que chacun occupait. 

Ainsi, le claviériste et compositeur réalise la domination de sa femme dans leur couple, pose la question de la rivalité artistique sous-jacente, mais cherche avant tout à se réapproprier sa propre personnalité jusque-là bousculée depuis Karen. Ou quand le deuil devient une réaffirmation de soi. 

C'est donc à travers une tournée que Vincent renoue avec cette vie qu'il croyait perdue. Mais le temps est passé par là, les amis d'hier ne sont plus forcément ceux d'aujourd'hui et l'âge y faisant, les fantasmes et les jouissances n'ont plus la même saveur. De cette solitude intérieure menée par une douce amertume, Kent y dépeint avec honnêteté et réalisme une vie de musicien et fait de son personnage un homme confronté à l'illusion de ces certitudes. 

Désenchanté, ce roman un peu linéaire souffrant parfois d'un manque de rythme, séduit toutefois par d'intéressantes réflexions sur le couple et le rôle que chacun veut bien y jouer. Porté par une fin surprenante, ce roman est une jolie découverte littéraire ! Merci lecteurs.com pour la création de ces Explorateurs Littéraires et ainsi offrir cette jolie prose. 
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Vincent a abandonné ses rêves de gloire pour se fondre dans la troupe des musiciens qui accompagnent les chanteurs dans leurs tournées. C'est au moment où il s'apprête à prendre la route qu'il apprend le décès de Karen qui a apparemment perdu le contrôle de sa mini et subi un choc mortel. Face au policier venu lui apprendre la nouvelle, il est sans réaction, dans une sidération qui l'étonne. Aimait-il vraiment Karen? N'a-t-il pas été plutôt le jouet d'une illusion? C'est dans un état second qu'il va vivre les jours qui suivent, y compris ceux des obsèques. Tandis que François, son beau-père, s'occupe de l'organisation et des formalités, il essaie de mettre un peu d'ordre dans leur appartement et dans l'atelier de Karen qui jouissait d'un statut réputé dans le milieu du street art. Lui qui aimait papillonner et changeait volontiers de partenaire avait fini par s'assagir dans les bras de Karen. A moins qu'il n'ait été phagocyté par cette femme qui avait besoin de lui pour ses performances artistiques, qui le considérait plutôt comme un collaborateur talentueux? Tout l'ameublement et la décoration portait sa trace. «S'il voulait effacer l'empreinte de Karen dans la maison, ce n'était pas de cartons ni de valises qu'il avait besoin, mais d'un conteneur. Il fallait virer tous les meubles et leurs contenus, les bibelots, les lampes, les lustres, les tableaux, les affiches; aussi démonter la cuisine, la salle de bains, les toilettes, enlever les carrelages, les parquets, gratter les peintures des murs; dans le jardin, déraciner toutes les plantes et les arbres. Il fallait encore embarquer sa propre garde-robe, du manteau d'hiver au slip qu'il portait, et ne laisser qu'une brassée de teeshirts de merchandising récupérés lors de tournées diverses. Karen s'était aussi occupée de l'habiller. Au fond, Vincent avait été un objet de déco pour elle…»
C'est sur les routes, avec les musiciens et au rythme des concerts qu'il va sonder sa personnalité et essayer de retrouver une liberté nouvelle. Aux côtés de Kevin Dornan, dont le succès va grandissant, il va se reconstruire. Mais le temps du sex, drugs and rock'n roll est aussi passé. Il va s'en rendre compte dans les bras de ses ex ou dans les rencontres d'un soir qui ne le satisfont plus.
L'heure du bilan et des jugements à l'emporte-pièce est venue. Il apprend ainsi que Karen avait envoyé des maquettes de sa musique à des maisons de disque et souhaitait relancer sa carrière qu'elle trouvait prometteuse. Au fil des jours, il lui faut réviser son jugement. Lors d'un voyage à New York, il aura l'occasion de tirer un trait sur le passé.
Mais Kent ne lâche pas son lecteur. Bien au contraire, il lui réserve un épilogue digne d'un thriller de haute volée et confirme ainsi ses talents d'écrivain.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Vincent, un musicien désabusé, talentueux, vient de perdre sa femme dans un accident de voiture. Bizarrement il ne ressent aucune tristesse et cherche cette "peine perdue" tout au long du récit. Une question se pose : Ne l'aimait-il plu ? Pour se protéger, il pense que Karen a régit sa vie, son environnement et même sa personnalité.... Est-ce une façon de faire son deuil ? Il se débarrasse de tous les meubles, vêtements et objets que son épouse avait choisis.
Un joli roman bien écrit du chanteur Kent, sous fond de musique rock. quelques retournements en fin de récit. Très agréable à lire...
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Le titre est bien trouvé et se justifie dans une grande partie de ce roman écrit par ce soixantenaire connu pour sa collaboration à "Métal Hurlant", et surtout comme chanteur du groupe"Starshooter"(cela ne date pas d'hier).
Même si j'ai toujours quelques à priori pour les touche-à -tout, j'avoue avoir été conquise par ce roman. Je ne sais si c'est du vécu, ou une projection future ( je plaisante) mais la mauvaise foi -purement masculine- de Vincent, le personnage principal est jubilatoire.
Vincent est un musicien de groupe un peu sur le retour, il est marié à Karen, une artiste spécialisée dans les graffiti de rue.
La police lui apprend son décès, elle s'est tuée en voiture. Vincent ne réagit pas vite, et pour tout dire ne réagira pas dutout dans le sens où aucune once de chagrin ne le secoue, et ça dure! bref il a perdu sa peine. D'ailleurs , il en vient à se persuader que tout ce qui cloche dans sa vie est la faute de Karen.
Plus tard, dans la seconde partie, ayant repris les tournées et les frasques qui les accompagnent, il apprendra pourquoi il est de nouveau reconnu parmi ses pairs et un ultime coup de théatre( que j'avais vu venir)cloturea cette lecture.
Kent vient renconter ses lecteurs au Forum du Livre à Rennes le 2 mars et j'ai déjà retenu ma chaise.
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critiques presse (1)
LeFigaro
17 janvier 2019
Dans son sixième roman, le chanteur livre un récit d'une grande fluidité avec une galerie de portraits vivants, loin des stéréotypes et des poncifs.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
L'oreille de l'autre ouvrait la sienne. Seb trouvait a sa musique une tristesse noble, une mélancolie océanique. La nostalgie cachée d'un homme pour une vie manquée. Il n'avait pas dit ces derniers mots, mais c'est ce que Vincent avait perçu en sa présence. Ses mains, courant librement sur les claviers, avaient puisé dans son tréfonds la musique de ses regrets refoulés, cette hypersensibilité sous scellés, inavouable, dont il ne voulait rien entendre. Le mystificateur était démasqué, trahi par lui-même, mais au lieu de tomber, il s'élevait. C'eût été cocasse comme scénario de comédie, avec fin heureuse et baiser d'amour à la clé. Mais celle qu'il devait embrasser n'était plus et il s'était acharné des mois durant à l'accuser de tous les torts.
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INCIPIT
– Allo? Allo?
À peine avait-il décroché qu’un bruit indistinct mit fin à la communication. Il refit le numéro de Karen affiché sur l’écran, mais tomba sur la boîte vocale. Il laissa la phrase d’usage : « On a été coupés, rappelle-moi », et il reprit son travail. Karen ne rappela pas. Ce ne devait pas être urgent. Il oublia. C’était le mois de juillet, une canicule à incendier les pelouses. Il s’obstinait sur un synthé, fenêtre ouverte, le torse nu et en caleçon. Sans doute aurait-il été mieux à somnoler dans le hamac du jardin, sous un sombréro. Mais il n’avait pas le choix, il devait suer sur ses claviers, dans son home studio sous les combles. Par la fenêtre ouverte, il voyait les toits des pavillons environnants, étendue de tuiles brûlantes sur laquelle aucun oiseau ne se posait par crainte de rôtir. À ses côtés, un ventilateur coréen interprétait en boucle un succédané de brise monotone.
Vincent était musicien-mercenaire selon sa propre définition. Il accompagnait qui le payait sans porter de jugement. Il avait une très bonne technique ainsi qu’une ouverture d’esprit tout-terrain tant que le cachet était décent. Il n’avait pas toujours agi ainsi. Il n’avait pas toujours été aussi pragmatique, mais il avait passé l’âge de l’intransigeance artistique depuis longtemps. Subsistait en lui pourtant, dans une oubliette, une sensibilité bannie qu’il dénommait sensiblerie pour couper court aux remords. Il avait eu l’ambition, plus jeune, de vivre de son art, sans concession, persuadé que le talent, le vrai, était inaliénable et que c’était en cela qu’il se distinguait de l’habileté. La reconnaissance mettant du temps à venir, Vincent avait commencé à gloser intérieurement sur le sens et les vertus de l’ambition et, par glissement sémantique, il avait fini par n’y voir que prétention, un défaut majeur dont il fallait se guérir. Ainsi s’était-il justifié de laisser le champ libre à la facilité, cette flemme sournoise et flatteuse. Facilité qui ne s’était pas limitée à la musique et avait empiété sur une vision plus globale de la vie et de l’amour, son corollaire. Longtemps Vincent ne s’était pas trouvé attirant. C’est pour cela qu’à l’âge des premiers émois il s’était replié sur son piano. Il ne se trouvait pas séduisant et il ignorait que les filles le voyaient autrement. Son manque d’assurance l’enfermait dans une réserve mutique et l’empêchait de jouer le jeune coq. Dans son for intérieur, il était trop mou, trop maigre, pas assez grand, le nez gauchi, les yeux marqués. Du point de vue féminin, il était ce musicien doué, secret, à la voix sourde et grave, aux mains fines et au physique attachant. Il en a pris conscience quand il a commencé à se produire avec des groupes et des chanteurs, quand il est devenu un camelot sonore pour subsister.
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Karen avait une Austin Mini, l’ancienne, l’originale, coquetterie de fan des sixties. Petite auto toute mignonne, toute fragile. Vincent imagina qu’il n’en restait rien. Karen était morte avant l’arrivée des secours. Il redoutait l’épreuve qui l’attendait à la morgue. Il gara la voiture sur le parking des visiteurs, vérifia que les roues ne mordaient pas sur les lignes peintes au sol et se rendit à l’accueil. Il déclina son nom et la raison de sa visite. On le fit attendre quelques secondes, le temps qu’un responsable arrive et le guide à travers l’établissement. Vincent suivait l’homme en observant les sabots en caoutchouc qu’il avait aux pieds. « J’aurais pu venir en sandales. »
Il fut à deux doigts de tourner de l’œil à la vue de la civière et du corps recouvert d’un drap. On lui parla avec beaucoup de gentillesse. On lui expliqua les circonstances du drame. Il entendit tout cela au travers d’un bourdonnement cotonneux. Il lui sembla qu’on s’adressait à lui dans une langue étrangère, un créole bureaucratique qu’il maîtrisait mal. Il devait se concentrer pour comprendre.
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Le vouvoiement. Cela l'a d'abord fait sourire la première fois qu'il y eut droit, avec Kevin et le reste de l'équipe. Ce n'était qu'une politesse convenue dictée par une différence d'âges, mais qui ecartait d'emblée une possible connivence. Il a rapidement imposer le tu à la place du vous. Néanmoins il a dû se rendre à l'évidence qu'il demeurait un vouvoye pour leur entourage élargi.
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Vincent avait l'intention de faire le deuil de Karen en renouant avec le libertinage. C'était sa manière de reprendre du poil de la bête. Il n'aimait pas l'homme médiocre qu'il était devenu. Il voulait retrouver sa personnalité d'antan que Karen, il en était convaincu maintenant, avait affadie au fil de leur relation.
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