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Citations sur La Liberté ou la mort (12)

Il y a des peuples, des hommes, qui appellent Dieu par la prière et les pleurs, d'autres par la patience et la résignation, d'autres encore en blasphémant. Les Crétois, eux, l'appellent à coups de fusil. Ils se postent à la porte de Dieu et tirent des coups de fusil pour qu'Il les entende. "Rébellion !" hurle le sultan qui le premier perçoit la pétarade et, furieux, envoie des pachas, des soldats et des pals. "Insolence !" crient les Européens et ils lâchent leurs cuirassés de fer sur la frêle embarcation en détresse entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique. "Patience, et prudence, ne me plongez pas dans le sang !" supplie la pauvre Grèce. "La liberté ou la mort", ripostent les Crétois et ils cognent à la porte de Dieu.
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Je voudrais que les étrangers sachent ce que nous avons enduré, quel chemin escarpé et ensanglanté nous suivons et combien lourd est le destin de la Grèce… Pleines de larmes et de plaies sont la Grèce et la Crète.
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L'aïeul sourit.
"Tu comprends maintenant ma lubie d'apprendre à écrire ? fit-il. J'avais mon idée. Je compte couvrir le village d'inscriptions. Je ne laisserai pas un mur, je monterai même sur le clocher, j'irai à la mosquée et partout j'écrirai : La Liberté ou la Mort ! La Liberté ou la Mort !... avant de mourir..."
Tout en parlant, il écrivait les mots magiques à grands coups de pinceau et reculait de temps en temps pour admirer son travail. Il suffisait donc d'aligner quelques bâtons et quelques ronds pour que tout cela se mette à crier comme une bouche d'homme, un gosier, une âme. Ce mystère continuait à l'étonner. "Dis-moi, Thrassaki, demandait-il parfois à son petit-fils, c'est vrai que ces signes-là sont des choses vivantes qui parlent ? Comment se fait-il qu'elles parlent ? Ô Seigneur, tu es un magicien !"
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Il y avait trois espèces de gens, Bertoldo commençait à s'en rendre compte : ceux qui mangent les oeufs sans la coquille, ceux qui les mangent avec la coquille, et ceux qui, les ayant mangés avec la coquille, mangent aussi la marmite qui les contenait. Ceux-là, s'appellent des Crétois...
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La mariée descendit, fraîchement fardée et Idoménée approcha, tenant le marié par la main. Mourtzouflos garnit son encensoir de charbons ardents et la psalmodie commença. Vanguélio baissait la tête. Tout autour, la gent sauvage, velue, fortement charpentée, toute en moustaches et en barbes, la regardait. Cette femme à la chair flasque allait entrer dans leur famille, son sang allait se mélanger au leur. Le croisement réussirait-il ou non ? Presque tous bergers ou laboureurs, ils connaissaient bien la question et savaient choisir le bélier et la brebis, ou le taureau et la vache qui donneraient la plus saine portée de façon à faire prospérer le troupeau. Les femmes s'occupaient de poules, de coqs et de lapins et considéraient le couple avec inquiétude. « Elle est trop maigre la mariée, elle n'a pas de poitrine, elle n'aura jamais de lait ! » « Ne t'en fais pas, va, elle en aura. Tu te rappelles, l'année dernière, ma chèvre Mavrouka ? Elle n'avait que la peau et les os, on ne voyait même pas ses pis, pourtant elle a été prise, elle a mis bas, et tu ne me croiras pas... elle donnait une oke de lait à chaque traite. » « Mais elle n'a pas de hanches ! Où se logera l'enfant ? » « Ne te fais pas de mauvais sang, elle va élargir. Quand les filles se marient, elles élargissent. »
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Ils allaient prier le beau cavalier aux tempes grises, patron de Candie, saint Minas, et écouter le métropolite qui devait faire un sermon ce jour-là et distribuer le pain bénit de ses propres mains. Car c'était dimanche. Pas de commerce, les magasins n'ouvriraient pas et le plus fameux des marchands, Satan lui-même, dormirait toute la journée. On n'avait donc qu'à aller entendre la parole de Dieu, c'était gratuit, on n'y perdait rien et le lendemain, de bonne heure, on recommencerait à marchander et ce serait à qui roulera l'autre. Six jours consacrés au diable et un à Dieu, allumez un cierge à chacun et vous serez tranquille.
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Comme elle est belle, la Crète, murmura-t-il. Comme elle est belle! Je voudrais être un aigle pour l'admirer du haut du ciel. En vérité, si un aigle passait au-dessus d'elle au beau milieu du jour, il jouirait de toutes ses beautés: des ondulations de son corps bronzé par le soleil, de ses rivages lumineux, les uns clairs et sablonneux, les autres sauvages, abrupts et rouges comme du sang.
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"Le coran dit ce qu'il y a dans l'esprit de celui qui le lit, fit-il en bâillant. Tu veux un massacre ? Tu ouvres le Coran et il te parle de massacre. Si Sélim Aga l'ouvre à son tour, il trouvera une autre parole de Dieu : le calme, la paix. Alors, ça suffit !"
Il se tourna enfin vers Nouri Bey.
"Ton opinion, Nouri Bey ? demanda-t-il. Massacre ou calme ? Que te dit le Coran, à toi ?"
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L' AÏEUL est assis sous le vieux citronnier de la cour. Il a une ardoise sur les genoux et tient un crayon. Par la porte ouverte, il surveille la montagne, au loin, l'air soucieux. La lumière est douce, aujourd'hui, tamisée par le brouillard. L'air est humide, chargée de gouttes de rosée, un temps brumeux. La pluie se prépare à tomber sur la terre. Il fait froid.

"Voilà l'hiver ..." murmura le vieillard en soupirant.

Il pensait aux femmes et aux enfants chassés de leurs maisons par les Turcs et entassés dans les cavernes, sans pain, sans vêtements et sans hommes pour les protéger. Il pensait à la Crête qui se révoltait à nouveau, essayant de briser les chaînes de l'esclavage et ne sachant de quel côté tendre les bras.

" Les Francs, ces chiens de Francs n'ont pas de coeur, la pauvre Grèce n'a pas de force, les Crétois sont trop peu nombreux, ils n'ont pas assez de fusils et encore moins de pain. Comment résister, dans ces conditions ? Et voilà le bon Dieu avec son hiver ; il lutte contre nous, lui aussi, avec les Turcs... Pauvre Crète, tu n'as pas encore fini de souffrir ", murmura le vieillard en fermant les yeux.

La Crète tout entière s'étendait sur son front, d'une tempe à l'autre, avec ses montagnes, ses plaines et ses rivages, avec ses oliviers, ses caroubiers et ses vignes, avec ses villages, ses enfants et leur sang ... Il en avait vu des révolutions ! Combien de fois les maisons avaient-elles été brûlées, les récoltes saccagées, les femmes violées et torturées !

Combien d'hommes étaient morts ! Pourtant, Dieu refusait de tourner son regard vers la Crète. Lui, le Capétan Sifakas, un seul homme, une seule vie, avait vu la Crète se soulever sept fois, se couvrir de sang et retomber de nouveau sous le joug ...

_ La justice, ça n'existe pas sur cette terre, la pitié non plus. Et Dieu ? Existe-t-il ? cria le vieillard en frappant du point sur l'ardoise. Il ne nous entend pas. Il est sourd, ma foi, ou bien alors incapable de pitié !

Mais à ce moment, Thrassaki, son petit-fils, sortit de la maison et le visage de l'aieul s'apaisa, brusquement, comme si Dieu lui répondait : " Tout finira bien, ne crie pas, vieillard, voilà ton petit-fils ! "

Thrassaki était bronzé par le soleil ; en quelques mois, la vie de montagne l'avait fait grandir et forcir. Il ressemblait de plus en plus à son père _ yeux, sourcils, bouche, opiniâtreté. Il s'approcha de son grand-père, lui prit l'ardoise des mains et le regarda en fronçant les sourcils
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Dans ma vie, mes plus grands bienfaiteurs ont été les voyages et les rêves
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